La motivation et l ennui à l école : le point de vue des élèves Résultats du sondage n=297 Janvier Introduction. Résultats

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Transcription:

Introduction Ce sondage fait partie du processus consultatif et participatif du Pacte pour un Enseignement d'excellence. Il a été réalisé entre octobre 2015 et janvier 2016 à partir d'un questionnaire mis en ligne. Son but était de recueillir le point de vue d élèves fréquentant l enseignement fondamental ou secondaire concernant ce qui suscite chez eux de la motivation ou de l ennui dans le cadre scolaire. Ce thème a également été soumis à un public cible d enseignants (voir les résultats spécifiques de ce sondage sur le site du Pacte pour un Enseignement d'excellence), avec une série de questions en commun. Par effet miroir, l analyse ici proposée met donc en perspective certaines tendances observées chez les élèves avec celles traduisant les vues des enseignants sur le même objet. En lisant les résultats qui suivent, il convient de garder à l esprit que l échantillon n a pas la prétention d être représentatif de l ensemble de la population de référence des élèves en Fédération Wallonie-Bruxelles. En effet, ce sondage n avait pas une visée scientifique mais consultative : y ont répondu des jeunes qui ont eu l opportunité et l envie de le faire. En l absence d échantillon contrôlé, il convient donc d éviter de généraliser les résultats, mais de les considérer comme une indication de tendances s étant exprimées. Résultats Le sondage s amorçait par quelques indicateurs destinés à prendre le pouls de l intérêt versus de l ennui que les élèves éprouvent face à ce qui se passe à l école. 1

La grande majorité des élèves disent apprécier ce qu ils apprennent à l école et s intéresser aux cours selon les cas! Leurs réponses nuancées montrent qu il n y a de leur part ni rejet en bloc ni adhésion systématique. Ils sont assez critiques concernant l originalité des activités réalisées en classe. A peine un peu plus d une dizaine de pourcents des sondés déclarent que c est souvent ou toujours le cas. Quant à la participation des élèves aux choix de ces activités développées en classe, elle apparait assez exceptionnelle. Une quinzaine de pourcents des élèves disent avoir régulièrement cette opportunité ; 4 sur 10 l ont parfois, et la même proportion s en dit totalement privée. Il arrive à quasi tous les élèves interrogés de s ennuyer pendant les cours. Pour la moitié d entre eux, c est même un sentiment éprouvé souvent (4 sur 10) voire en permanence (1 sur 10). Les jeunes qui s ennuient pendant les temps libres à l école sont, par contre, une minorité. 2 sur 10 éprouvent parfois ce sentiment, et 1 sur 10 y est malheureusement confronté très fréquemment. La problématique de l ennui à l école est donc intéressante à prendre en considération, et ce dans sa complexité. Qu en est-il des raisons et circonstances qui suscitent de l ennui chez les élèves? 2

La principale source d ennui déclarée est le manque d intérêt pour la matière enseignée : 7 jeunes sur 10 s ennuient en pareille circonstance. Les préoccupations qu ils peuvent avoir par ailleurs pointent comme deuxième facteur d ennui à l école : deux tiers des élèves sondés avouent qu ils peuvent y être confrontés lorsqu ils ont l esprit ailleurs. Plus d 1 sur 2 ressent une forme de vacuité à l école quand il sent que l enseignant ne l implique pas. Bien qu il ne s agisse pas des plages lors desquelles ils s ennuient le plus, les élèves sont majoritairement d accord avec l idée que le manque d activités sportives ou culturelles pendant les récréations peut générer de l ennui. Une courte majorité des répondants dit aussi pouvoir plonger dans l ennui si l ambiance dans la classe fait défaut. D autres cas de figure semblent, quant à eux, moins nettement à l origine d ennui chez les élèves. Si la matière vue est trop difficile, moins de la moitié des jeunes répondants éprouve de l ennui ; et si elle est trop facile, la proportion se tasse encore. De même, les problèmes ou manques relationnels (concernant les enseignants ou les copains) n occasionnent de l ennui qu à une minorité d élèves. Néanmoins, comme celle-ci correspond à environ une proportion d un tiers, on ne peut négliger ce résultat. 3

Les réactions et attitudes que l ennui à l école peut produire ont été soumises aux répondants. Ils en reconnaissent certaines plus que d autres comme effectivement les leurs. Si l on en croit les jeunes concernés, bavarder est le premier symptôme d ennui en termes de fréquence ; suit la rêverie. Ces deux réactions sont automatiques en cas d ennui selon environ un tiers des répondants. Crayonner, chahuter ou bien jouer avec son téléphone portable apparaissent ensuite dans le classement des attitudes consécutives à l ennui. Plus en retrait, arrivent enfin le fait de faire passer des messages aux copains, de trouver un prétexte pour sortir de la classe et de manquer les cours. Concernant ce dernier type de réaction, 7 répondants sur 10 déclarent que jamais l ennui ne les conduit à brosser. Il n en reste pas moins que 3 sur 10 admettent avoir recours de temps à autre à cette stratégie d évitement. Les circonstances propices à la motivation à apprendre ont aussi été abordées par le biais de ce questionnaire. 4

5

Les élèves approuvent majoritairement l ensemble des propositions ici énoncées comme favorisant leur motivation. Ils valident le pouvoir motivationnel de tous ces leviers. Cependant, il est peu commode d en dégager certains qui, de leur point de vue, primeraient vraiment sur les autres. Les écarts sont peu marqués d un item testé à l autre. On peut toutefois relever une forme de continuum dans leur ordonnancement. Ainsi ceux dénotant une maitrise de la part de l enseignant ou de la leur semblent-ils figurer en ordre utile (enseignant dominant sa matière ou s assurant que l élève suive, élève confiant en ses capacités ou en situation de réussite ). Suivent des conditions subjectives d ordre psychologique ou relationnel (sérénité, plaisir, fierté, encouragements reçus, atmosphère détendue en classe ). Enfin, les paramètres relatifs aux approches et dispositifs pédagogiques clôturent la liste (défi à relever, travail de recherche, en groupe, participation, liens entre matière et applications dans la vie réelle, recours à des outils techniques ). En ce sens, et c est bien logique, les élèves perçoivent moins que ne le font leurs instituteurs ou professeurs les atouts motivationnels de ces modalités didactiques. A noter, dans le même ordre d idées, que l incidence des multiples facteurs envisagés sur leur motivation scolaire transparait moins nettement de leur diagnostic que de celui posé par les enseignants, également interrogés concernant cette même batterie d items. En effet, de manière générale, les jeunes optent pour la position affirmative modérée autant que pour la radicale, ce qui n est pas le cas du public enseignants, davantage convaincu de la puissance motivationnelle des paramètres envisagés (voir les résultats spécifiques de ce sondage sur le site du Pacte pour un Enseignement d'excellence). Conclusion Il arrive bien évidemment à la plupart des jeunes de s ennuyer à l école. Ils ne se désintéressent pas des cours la majeure partie du temps, mais cela leur arrive ; et lorsque c est le cas, l ennui survient généralement. Il en va de même quand leurs pensées sont accaparées par des préoccupations personnelles extérieures au champ scolaire. Les activités en classe ne sont pas souvent jugées originales. En fait, il existe une multiplicité de facteurs susceptibles d entrainer de l ennui. Celui-ci se manifeste alors par une attitude consistant le plus souvent à bavarder, rêvasser, dessiner ou faire chambard. Cela étant dit, les élèves interrogés identifient aussi de nombreux éléments comme propices à leur motivation à apprendre. Dans cette perspective, ce qui leur semble le plus important est que la situation soit sous contrôle, tant de la part de l enseignant que de leur propre part. Les conditions qui leur ménagent du bien-être dans leur rapport à l école jouent également un rôle motivationnel à leurs yeux, plus (consciemment en tout cas) que les caractéristiques des dispositifs 6

pédagogiques déployés. Ainsi leurs vues à cet égard apparaissent-elles sensiblement divergentes de celles des enseignants soumis à ces mêmes questions dans un sondage miroir qui les visait eux. 7