J.-F. Robert OUTILS et MACHINES n Jean-François Robert Éditions Vial ISBN : 2-85101-038-7 Éditions Vial
Sommaire Avant-propos 8 Essai de chronologie 11 Les haches et herminettes 15 Les scies 73 Les vilebrequins 133 Les marteaux 173 Les couteaux 197 Les machines d atelier 231 Glossaire 246 Crédits photographiques 251 Bibliographie 252 5
Les haches de forestiers Les haches bûcheronnes étaient toutes pourvues d un aiguisage sur les deux faces, avec un double biseau. Leur forme en coin est à l origine du mot cognée. La hache d abattage ou cognée La cognée, jusqu au 18 e siècle, servait à abattre les arbres, et à débiter les billes. Son tranchant est court afin que chaque coup ait un impact maximal. La lame est longue jusqu à 30 cm. Elle permet de créer des entailles profondes sans que le manche ne soit endommagé. Conduite à deux mains, son manche est long de 80 à 85 cm. Le poids de l outil varie entre un et deux kilos. La hache universelle C est un compromis entre les trois haches bûcheronnes. Elle permet d abattre, d ébrancher, de refendre. Elle permet de réduire le volume de l outillage à transporter sur les chantiers et dans les terrains accidentés. Les haches à bûcher Plus petites, que les précédentes, ces haches sont emmanchées court et relativement légères. On les conduit d une seule main. Elles servent à fendre les bûches pour le foyer. Il existe de nombreux modèles, variant plus par le poids que par la forme. La hache à ébrancher Ces haches ont le fer qui s évase plus généreusement afin d allonger le tranchant, tandis que le manche se raccourcit sensiblement jusqu à 70 cm de long. Le tranchant est à peine plus mince que dans les haches d abattage. Pour ces haches qui attaquent les fibres presque perpendiculairement et qui souvent doivent sectionner des nœuds secs, la qualité de l acier et de sa trempe est déterminante. La hache à refendre Cette hache bien plus lourde que la précédente pèse 2 à 4 kg, ce qui économise l énergie déployée par le bûcheron. Le manche atteint un mètre, ce qui augmente la force de frappe. Cela permet de travailler des bois gisant sur le sol. La largeur du talon est caractéristique ainsi que la forme épaisse de ces coins, indispensable pour séparer les fibres dans le sens de la longueur. Pour être efficace, l angle du tranchant doit être de 25 à 30 degrés. Six cognées de bûcheron de formes différentes ayant la même fonction. Cahiers du musée de l outil d Aubonne. Le merlin ou marteau-hache Le merlin est comparable à une hache à refendre dont la masse se serait tassée sur elle-même pour devenir un marteau-hache, ou, plus simplement, un coin trapu emmanché perpendiculairement à son axe de pénétration. Haches longues à doubles biseaux. Elles pouvaient servir aux scieurs de long, aux charpentiers et peut-être aussi aux bûcherons. Cahiers du musée de l outil d Aubonne. 38
Les formes de haches sont nombreuses et diversifiées. Chaque région de France a adopté une forme qui lui est propre. Il en va de même avec les pays germaniques et nordiques. Les anciens traités d exploitation des bois (celui de Gayer-Fabricius pour l Allemagne, d Alphonse Mathey pour la France) en présentent chacun une quinzaine et donnent une bonne image de cette diversité liée au fait que les haches et les cognées sortaient des mains des forgerons et taillandiers locaux. Ces spécificités régionales disparaissent progressivement au profit des formes standardisées diffusées par les aciéries industrielles. Mathey répertorie les types de haches et les types de cognée dans son traité : «Les haches aux fers larges et courts, sont utilisées pour l exploitation des taillis, alors que les cognées, à fer long et étroit, plus lourdes, servent à l exploitation des seuls arbres de futaie.» Hachette à bûcher. Collection J.-P. Melin. Hache d abattage, du moins par la forme des fers, mais double ce qui est rarissime ne serait-ce que pour des raisons de sécurité! Collection J.-P. Melin. Petite hache à bûcher. Collection J.-P. Melin. 39
Les ragasses En Suisse, les ragasses s appellent «scie à épars». Les épars sont des traverses chassées à mi-bois, qui rendent solidaires les planches jointives d une porte ou d un panneau. Toutes les anciennes portes de granges ou de chalets étaient assemblées ainsi. La rainure est en queue-d aronde, c est-à-dire que ses flans sont inclinés à 70 ou 75 degrés, le fond étant plus large que le haut. Pour exécuter la taille de cette rainure, on utilisait une lame de scie courte, fixée sur une pièce de bois lui donnant la rigidité voulue et se prolongeant par une ou deux poignées opposées. Pour le travail, la lame devait être appuyée contre une latte ayant la bonne inclinaison et placée le long du trait de scie à donner. Les dents le plus souvent de formes triangulaires droites, peuvent être aussi en «M» ou de forme triangulaires inclinées, agissant en principe à la traction. Certaines scies avaient un dispositif permettant de régler la profondeur de la taille, soit par la position de la lame, soit par la pose de butées sous forme de chevilles de bois fichées dans des trous percés dans l épaisseur de l outil. Les ragasses étaient façonnées par les artisans eux-mêmes, d où l énorme diversité des formes. Elles pouvaient avoir une ou deux poignées. Collection P. Perrin. Collection P. Perrin. Curieuse petite ragasse avec sa lame en drapeau et ses deux poignées divergentes. Collection P. Perrin. 100
Collection J.-P. Melin. Collection P. Perrin. Ragasses de différentes provinces, scies courtes utilisées par le parqueteur, l escaliéteur ou le menuisier. Collection P. Perrin. 101