Ci-dessus : Reiser, Chroniques de l énergie solaire, Revue La Gueule ouverte, mai 1973



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Transcription:

1/42

Ci-dessus : Reiser, Chroniques de l énergie solaire, Revue La Gueule ouverte, mai 1973 Le bâti ancien : Une conception et un comportement cohérents, à mieux comprendre. Ci-dessous : APUR, Panneaux des Journées Parisiennes de l Energie et du Climat, octobre 2009 2/42

Patrimoine architectural parisien & développement durable En dépit de l intérêt qu elle suscite, l architecture parisienne demeure pourtant mal connue quant au comportement physico-chimique et notamment thermique de ses matériaux. Alors que sont adoptés des normes et des objectifs ambitieux dictés par le souci d économie d énergie et de limitation des gaz à effet de serre, il devient urgent de s interroger sur leurs conditions de mise en œuvre. La journée d étude du 12 octobre 2011, en cohérence avec les missions de la Commission du Vieux Paris, propose une approche aussi simple qu originale : partir de l analyse du bâti parisien. Un préalable consiste à réaffirmer la qualité et l intérêt du parc parisien, toutes époques et typologies confondues, au-delà des seuls bâtiments protégés. Une attention doit être portée au bâti courant, afin de lui éviter des mises aux normes trop standardisées ou trop brutales, menaçant sa pérennité. A l inverse, le patrimoine exceptionnel, aujourd hui largement exempté de l injonction énergétique, peut offrir un stimulant champ de réflexion et d invention. Pour sortir de la confrontation entre impératifs énergétiques et préservation du patrimoine architectural et historique, il est indispensable de constituer un socle de savoirs, à ce jour embryonnaires, s appuyant sur l expertise du comportement et du potentiel des structures et prenant en compte les logiques d adaptation, de réemploi et de recyclage qui ont fondé la cohérence du bâti existant. Alors pourront être développées des stratégies d intervention durables, participant au renouvellement des pratiques architecturales. Cette journée d étude a l ambition de contribuer à ce partage des connaissances et d esquisser les modalités possibles de l évolution du bâti parisien et, par conséquent, sa pérennité. Danièle Pourtaud Adjointe au Maire de Paris chargée du Patrimoine Présidente de la Commission du Vieux Paris 3/42

Ci-dessus et ci-contre : Plaquette programme ATHEBA (MEDDMM) Le bâti ancien : des consommations réelles largement moindres que ce que les outils de modélisation thermique affirment, un comportement physicochimique très spécifique et fondamentalement différent du bâti moderne, notamment du point de vue hygrométrique. Ci-dessous : Opération façade et OPATB des Grands Boulevards de Grenoble (cliché Ville de Grenoble) Quelle que soit l ancienneté du bâti historique ici un corpus très homogène des années 1950 -, valorisation culturelle et énergétique doivent aller de pair. 4/42

Résumé général des tables rondes 1 Un principe de précaution a été explicitement adopté par le Ministère du Développement Durable concernant le bâti datant d avant 1948, considéré comme ancien au sens réglementaire, en lui évitant des travaux qui pourraient nuire à sa pérennité. Ainsi, un régime spécifique la «Réglementation Thermique des bâtiments existants» s applique au niveau national. Au niveau parisien, Elisabeth Borne, Directrice de l Urbanisme de la Ville de Paris, s attachera à exposer la politique municipale relative aux enjeux énergétiques, guidée par les orientations du Plan Climat. Elle développera les résultats souhaités sur le bâti existant, en fonction de son époque et de ses caractéristiques, puis détaillera les évolutions qu elle entrevoit, tant vis-à-vis des aspects patrimoniaux que de ceux de la création architecturale. Jean-Marc Blanchecotte, Chef du STAP Paris, traitera quant à lui du constat des effets des règles énergétiques et constructives actuelles, nationales comme parisiennes, et de leur interaction avec ses propres missions réglementaires de sauvegarde et de valorisation du Patrimoine historique, ancien ou non. Il évoquera également le cas des architectures inscrites ou classées monuments historiques, et de celles situées en secteurs sauvegardés, qui, bien que bénéficiant d un régime d exemption totale ou partielle, peuvent souvent apparaître comme des modèles pour le développement durable. 2 Dans l objectif de favoriser et d optimiser des projets de rénovation énergétique vertueux du point de vue patrimonial et culturel, dont les enjeux économiques seraient conçus à long terme au-delà des effets d aubaine de telle ou telle incitation financière, les programmes collectifs jouent un rôle déterminant. Les opérateurs sociaux sont en première ligne : Isabelle Petitperrin et Marine Maire, œuvrant toutes deux au sein de la SGIM, respectivement en tant que Directrice du Développement et Chargée d opérations, relateront une étude sur le parc en brique des années 30 et un projet de réhabilitation lourde sur un patrimoine inscrit. La production de la RIVP sera présentée à la suite par son Directeur général, Serge Contat, avec le même souci du retour sur expérience, tel qu il peut être perçu du côté du maître d ouvrage. Il est également possible d intervenir à l échelle de quartiers entiers via des opérations programmées d amélioration thermique et énergétique des bâtiments (OPATB). Sylvie Laget, chef de projet au sein du PACT Paris, détaillera le montage et le suivi du programme en cours sur le 13e arrondissement. Sylvie Amselem, chef du Service réhabilitation et patrimoine urbain de la Ville de Grenoble et Arnaud Segon, directeur technique de l Agence locale de l énergie et du climat de l agglomération grenobloise, reviendront quant à eux sur des programmes pionniers achevés ou en cours, portant sur des quartiers d ancienneté et de nature très diverses (Ancien régime, haussmannien, XXe siècle ). 5/42

3 Aux fins de cerner l éventail des interventions envisageables pour profiter des capacités du parc architectural historique parisien et les améliorer, il est indispensable de partir du bâti lui-même. Il s agit d en dresser le portrait, et de mettre en évidence ses caractéristiques historiques, constructives, physicochimiques et de son comportement hygrométrique. Julien Bigorgne, ingénieur en environnement à l APUR, exposera les études de thermographie et de consommation énergétique des logements parisiens, aux conclusions et prescriptions particulièrement nuancées et attentives. Cette entreprise de cartographie analytique du patrimoine domestique parisien sera poursuivie par un architecte et historien de la construction, Jacques Fredet, auteur de recherches «anatomiques» et encyclopédiques au long cours sur le bâti «mineur» de la capitale, qui en détaillera la logique fondamentalement composite. Puis, Morgane Colombert, enseignante chercheuse, présentera des programmes de recherche de l Ecole des Ingénieurs de la Ville de Paris : PAAPE (Patrimoine Ancien et Amélioration des Performances Energétiques) et RETRACE (Réhabilitation thermique du patrimoine ancien [avant 1940] : intégration des enjeux culturels, historiques, environnementaux et économiques dans le projet). Enfin, l ingénieur thermicien André Pouget, praticien pionnier en matière de «physique de l habitat», développera l approche globale qu il juge indispensable pour adapter et transformer le bâti ancien à Paris, au-delà des seuls aspects thermiques. 4 Enfin, les outils d action et de réflexion spécifiquement architecturaux dont disposent les maîtres d œuvre face aux particularités du bâti historique parisien seront développés par deux architectes. L approche du bâti ancien à l aune des problématiques énergétiques est une occasion de redécouvrir les subtils équilibres matériels et bioclimatiques longtemps au cœur de l activité séculaire de construction, ce que l historienne Françoise Choay résumait sous le concept de «la compétence d édifier» dans son célèbre essai L allégorie du patrimoine, et dont elle craignait la perte progressive. Les enjeux du développement durable peuvent conduire les acteurs de l architecture à (re)penser la construction en fonction du lieu, de la durée, des circonstances et de l usage, en liant héritage architectural et urbain, invention et cohérence énergétique. Marc Benard, engagé dans des opérations de qualité environnementale militantes et innovantes et dans un large travail de sensibilisation et de diffusion, présentera certains de ses chantiers, et se livrera à quelques prospectives sur les évolutions de conception architecturale que pourraient porter à l avenir les enjeux énergétiques vis-à-vis de l intervention sur le bâti existant. Christophe Amsler, professionnel suisse de la restauration des monuments historiques et de la réhabilitation architecturale, très attentif dans ses projets à révéler et renouveler les flux, équilibres et propriétés spontanées du bâti ancien, évoquera de façon plus large, à travers son regard sur des exemples du passé et certaines des expériences qu il a menées, une démarche de projet architectural parfaitement extrapolable au contexte parisien. 6/42

Détail des tables rondes Le colloque se décline comme une journée d échanges, propice à la confrontation des idées. La journée est rythmée par une succession de tables rondes thématiques. Le modérateur introduit chacune d entre elles, donne la parole successivement aux intervenants et anime ensuite les débats. 9h00 Accueil & collation 9h30 Introduction & présentation colloque Danièle Pourtaud, Adjointe au Maire de Paris, chargée du Patrimoine Philippe Prost, architecte et enseignant, modérateur de la journée 9H45 1 ère table ronde Les leviers d action : comprendre les règles, les pratiquer, les adapter au contexte parisien Elisabeth Borne, Direction de l Urbanisme, Ville de Paris Jean-Marc Blanchecotte, STAP Paris 10H40 2 ème table ronde De Paris et d ailleurs : programmes collectifs passés ou en cours d amélioration énergétique du bâti ancien Isabelle Petitperrin & Marine Maire, SGIM Serge Contat, RIVP Sylvie Laget, Pact Paris Sylvie Amselem, Ville de Grenoble & Arnaud Segon, ALEc Grenoble 12H40 Déjeuner Libre 14H15 3 ème table ronde Connaissance matérielle du bâti ancien parisien et enjeux énergétiques : identifier ses caractéristiques et potentiels pour mieux le transformer Julien Bigorgne, APUR Jacques Fredet, architecte Morgane Colombert, EIVP André Pouget, ingénieur 16H30 4 ème table ronde L architecture parisienne renouvelée par les enjeux énergétiques : démarches de projet et prospectives Marc Benard, architecte Christophe Amsler, architecte 17H45 Conclusion Danièle Pourtaud, Adjointe au Maire de Paris, chargée du Patrimoine 18h00 Clôture 7/42

Ci-dessus : extrait de plaquette ATHEBA, fiche 4 : «Bâti ancien : quelles exigences?» Ci-dessous : extraits de rapport programme BATAN 8/42

1ère table ronde : Les leviers d action : Comprendre les règles, les pratiquer, les adapter au contexte parisien 9H45 Modérateur Au niveau national, le bâti courant d avant 1948 est l objet de nombreuses dispositions spécifiques et modulations. Parmi les obligations, figure le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE), qui doit être réalisé sur la base des factures réelles, en raison de l inadéquation des modes de calcul actuels. Des programmes sont en cours pour mettre au point de nouvelles méthodes de calcul (programme BATAN) : ils ont prouvé que leurs consommations sont généralement " modérées " (entre 150 et 230 kwh ep /m².an). Dans le même temps, le Ministère du Développement Durable met en avant des programmes destinés à mieux comprendre le comportement hygrométrique et thermique du bâti ancien et à améliorer ses performances (programme ATHEBA). De ces deux programmes pourront résulter des approches réglementaires futures plus fines et adaptées. En attendant, leurs premiers enseignements permettent d ores et déjà d éviter de nombreux écueils dans le cadre d opérations en cours. Parallèlement, la connaissance du bâti spécifique à chaque aire géographique et culturelle s impose. Au-delà du bâti d avant-guerre, le cas du bâti plus récent des Trente glorieuses mérite aussi un regard circonstancié dans une perspective tant technique que patrimoniale. Favorisant, lors de sa fabrication, l économie de matière et de main d œuvre, mais plus énergivore à l usage, il nécessite souvent des réhabilitations assez lourdes ; au sortir de nombreuses années de désamour, une partie de ce parc est en train d entrer dans l Histoire et d être ré-évaluée à sa juste mesure. A l échelle parisienne, Elisabeth Borne, Directrice de l Urbanisme de la Ville de Paris, s attachera à exposer la politique municipale relative aux enjeux énergétiques, en s appuyant sur les orientations du Plan Climat. Elle développera les résultats souhaités sur le bâti existant, en fonction de son époque et de ses caractéristiques, puis détaillera les évolutions qu elle entrevoit, concernant tant les aspects patrimoniaux que ceux de la création architecturale. Jean-Marc Blanchecotte, Chef du STAP Paris, traitera quant à lui du constat des effets des règles énergétiques et constructives actuelles, nationales comme parisiennes, et de leur interaction avec ses propres missions réglementaires de sauvegarde et de valorisation du patrimoine historique, ancien ou non. Il évoquera également le cas des architectures inscrites ou classées monuments historiques, et de celles situées en secteurs sauvegardés, qui, bien que bénéficiant d un régime d exemption totale ou partielle, peuvent souvent apparaître comme des modèles pour le développement durable. 9/42

Extrait du cahier de recommandations environnementales, Ville de Paris, juin 2006 10/42

9H50 Règles, principes et pratiques à Paris, évolutions souhaitables Elisabeth Borne, Directrice de l Urbanisme, Ville de Paris Paris est une ville ancienne comptant plus de 100 000 immeubles construits pour près des trois quarts entre le début du 19e siècle et le milieu du 20e. Cette particularité détermine le paysage de la ville, qu il s agisse de l échelle de ses bâtiments, de leurs couleurs, matériaux, façades ou toitures. Une part significative de ces bâtiments fait l objet de mesures de protection patrimoniale encadrées par la loi, à travers les nombreux monuments classés ou inscrits, sans oublier les secteurs du 7ème arrondissement et du Marais dont les Plans de Sauvegarde et Mise en Valeur (PSMV) sont en cours de révision. Le plan local d urbanisme et le projet d aménagement et de développement durable adoptés en 2006 par le Conseil de Paris prennent en compte dans leurs orientations et dans leur transcription réglementaire les grands principes du développement durable. Ils se conjuguent avec le programme de résorption totale de l insalubrité et le Plan Local de l Habitat (2011) qui fait de la construction de logements une des priorités de la municipalité. Voté en 2007, le plan climat de Paris impose des normes exigeantes en matière de consommation d énergie, d émissions de gaz à effet de serre et de développement des énergies renouvelables. Ces normes concernent les constructions neuves comme le bâti existant ; rappelons que 27% des émissions de gaz à effet de serre produites à Paris proviennent de la consommation d énergie de ses bâtiments (chauffage, eau chaude, éclairage ). Alors que le tissu construit de la ville se renouvelle lentement, à un taux d environ 5% par an, les enjeux environnementaux imposent d agir avec efficacité sur le patrimoine bâti actuel. Rénover l existant, ou «construire la ville sur la ville» en respectant cette double contrainte, patrimoniale et de développement durable, suppose d adapter certaines procédures, de trouver des techniques et des matériaux nouveaux, de favoriser l innovation en architecture. A partir notamment de l étude menée par l APUR sur la thermographie du patrimoine bâti ancien, des pistes d actions techniques ont été dégagées. Dispositifs réglementaires, outils et aides financières sont progressivement mis en place pour faciliter ces évolutions qui constituent un enjeu majeur pour Paris. Le développement durable repose sur le trépied formé par l économie, la politique sociale et l environnement. Dans cette optique, préservation patrimoniale et évolution environnementale du bâti parisien ouvrent un champ d objectifs stimulants et créatifs. Pour prolonger : - Site de la Ville de Paris. [http://www.paris.fr/pratique/environnement/energie-plan-climat/p8411]. - Téléchargement du Plan Climat parisien. [http://www.paris.fr/pratique/energie-plan-climat/le-plan-climat-de-paris/le-plan-climat-deparis/rub_8413_stand_69591_port_19609]. 11/42

Extrait du compte-rendu réalisé par C. Paillet (Ville de Grenoble) et D. Chancel (Conseil général de l Isère), du colloque ICOMOS EUROMED Héritage «Le Patrimoine : un modèle pour le développement durable», tenu à Paris les 4 et 5 octobre 2010. 12/42

10H10 Enjeux énergétiques versus procédures patrimoniales? Jean-Marc Blanchecotte, Chef du STAP Paris La Réglementation Thermique des bâtiments existants s applique aux constructions d avant 1948, non inscrites ou classées monuments historiques, avec des aménagements pour celles situées en secteurs sauvegardés. Néanmoins, cette logique d exclusion de certains ensembles ou objets du cadre réglementaire général ne saurait suffire à constituer à elle seule une politique patrimoniale vis-à-vis des problématiques d économies d énergie, à la fois pour le bâti courant non concerné par ces exemptions tout comme pour le bâti exceptionnel pour lequel on a jugé que la conservation dans un état d authenticité matérielle devait primer. Dans les deux cas, la mission réglementaire de sauvegarde et de valorisation du patrimoine historique ne s oppose pas à une réflexion et à la mise en place de réponses soutenables, conciliant les objectifs des textes patrimoniaux de référence, en particulier la Charte de Venise, et le pari politique ambitieux du Plan Climat parisien. Au contraire, le bâti ancien a à nous apprendre et peut en lui-même bien souvent proposer au praticien d aujourd hui un modèle pour le "développement durable". Un des enseignements les plus frappants serait de considérer que la nécessité d un regard au cas par cas, à la fois ouvert et attentif, doive présider à l examen du bâti reconnu comme monument comme de celui plus dévalorisé, anonyme le bâti faubourien parisien, par exemple ou plus récent le bâti des Trente Glorieuses. Pour prolonger : - Charte Internationale sur la Conservation et la Restauration des Monuments et des Sites, ICOMOS, 1965. [http://www.icomos.org/docs/venise.html]. - CHOAY F., La conférence d Athènes sur la conservation artistique et historique des monuments (1931), Besançon, Les éditions de l Imprimeur, 2002. 10H30 Modérateur : échanges (10 min) 13/42

Le patrimoine de la SGIM : un bâti très représentatif du parc parisien, soumis à un renouvellement attentif de ses qualités d habitabilité et de confort thermique. Ci-contre : patrimoine en brique de l Entre-deux-guerres Ci-dessous : - 6 logements sociaux rue du Maire, Paris 3e, réhabilités en 2010 [Couchouron, arch.] - Relevé des menuiseries du 74, rue de la Verrerie, Paris 4e, étude en cours [Brugel, arch.] (clichés DR) 14/42

2eme table ronde : De Paris et d ailleurs : programmes collectifs passés ou en cours d amélioration énergétique du bâti ancien 10H40 Modérateur Dans l objectif de favoriser et d optimiser des projets de rénovation énergétique vertueux du point de vue patrimonial et culturel, dont les enjeux économiques seraient conçus à long terme au-delà des effets d aubaine de telle ou telle incitation financière, les programmes collectifs jouent un rôle déterminant. Les opérateurs sociaux sont en première ligne : Isabelle Petitperrin et Marine Maire, œuvrant toutes deux au sein de la SGIM, respectivement en tant que Directrice du Développement et Chargée d opérations, relateront une étude sur le parc en brique des années 30 et un projet de réhabilitation lourde sur un édifice protégé au titre des monuments historiques. La production de la RIVP sera présentée à la suite par son Directeur général, Serge Contat, avec le même souci du retour sur expérience, tel qu il peut être perçu du côté du maître d ouvrage et de ses procédures. Il est également possible d intervenir à l échelle de quartiers entiers via des opérations programmées d amélioration thermique et énergétique des bâtiments (OPATB). Sylvie Laget, chef de projet au sein du PACT Paris, détaillera le montage et le suivi du programme en cours sur le 13e arrondissement. Sylvie Amselem, chef du Service réhabilitation et patrimoine urbain de la Ville de Grenoble et Arnaud Segon, directeur technique de l Agence locale de l énergie et du climat de l agglomération grenobloise, reviendront quant à eux sur des programmes pionniers achevés ou en cours, portant sur des quartiers d ancienneté et de nature très diverses (Ancien régime, haussmannien, XXe siècle ). 10H45 Regard d un opérateur parisien, retour sur expériences (1) Isabelle Petitperrin, Directrice du Développement & Marine Maire, Chargée d opérations, Société de Gérance d Immeubles Municipaux (SGIM) La culture de l évaluation chez les opérateurs est fondamentale pour améliorer les procédures, en lever les impasses et difficultés et diffuser les bonnes pratiques, tout en évitant les solutions génériques trompeuses. La SGIM gère un parc de logements pour partie ancien et mène des programmes nouveaux d acquisition-amélioration dans un contexte largement concerné par les problématiques du bâti historique parisien. A ce titre, son expérience peut contribuer à illustrer le délicat équilibre entre patrimoine architectural, performances énergétiques et contraintes de financement ou de montage d opérations propres au logement locatif. 15/42

Extrait plaquette PACT Paris : OPATB du 13 e arrondissement 16/42

Pour ce faire, Isabelle Petitperrin évoquera en particulier les résultats de l étude récemment livrée sur l amélioration environnementale du très remarquable et caractéristique parc «HBM» de l Entre-deuxguerres de la SGIM. Cette recherche, qui se présente comme un commencement davantage qu un aboutissement, explore des pistes très diverses, sans idées préconçues, et autorise un travail circonstancié de comparaison et d'appréciation, susceptible de guider de futurs programmes. La réflexion se poursuivra plus concrètement du côté opérationnel avec la présentation par Marine Maire du complexe chantier de réhabilitation d un petit bâtiment du XVIIe siècle, qu elle a accompagné en tant que représentante de la Maîtrise d ouvrage : 7 logements ont ainsi été aménagés dans cette construction emblématique, située au cœur de Paris et inscrite à l inventaire supplémentaire des monuments historique, hors plan Climat parisien, mais avec un souci bien réel de valorisation architecturale et énergétique. Pour prolonger : - Site de la SGIM [http://www.sgim-paris.fr/]. 11H10 Regard d un opérateur parisien, retour sur expériences (2) Serge Contat, Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP) La présentation évoquera l importance et la nature du parc bâti de la RIVP et énumérera les problématiques et enjeux spécifiques à chacune des typologies rencontrées. La politique générale d évolution d un tel parc au regard des enjeux énergétiques et culturels sera questionnée, puis des programmes de travaux significatifs et leurs premiers résultats seront exposés et analysés. Pour prolonger : Site de la RIVP [http://www.rivp.fr/]. 11H35 Paris : Opération Programmée d Amélioration Thermique et Énergétique des Bâtiments du 13ème arrondissement Sylvie Laget, chef de projet OPATB, PACT Paris Dans le cadre de son plan climat, la Ville de Paris a pour objectif l abaissement de 30 % des émissions de gaz à effet de serre par l amélioration de 100 000 logements d ici 2050. Après le lancement du COC (Copropriété Objectif Climat) et en parallèle de la campagne de thermographie de l APUR, une nouvelle opération, l OPATB, est lancée en novembre 2009 pour aider les parisiens à prendre conscience de l obligation d agir. Ce dispositif vise 330 immeubles construits entre 1940 et 1981 25 000 logements et a pour opérateur le PACT Paris, association à vocation sociale, spécialiste de l amélioration de l habitat. Après plus d une vingtaine d OPAH (Opération programmée d amélioration de l habitat) et d OAHD (Opération d amélioration de l habitat dégradé), ce projet d OPATB est nouveau pour le PACT Paris et très révélateur du lien direct entre enjeux énergétiques et sociaux. A ce titre, l expérience d assistance à maîtrise d ouvrage du PACT, associé au BET POUGET Consultants, est particulièrement bienvenue dans l objectif de concilier respect patrimonial du bâti, engagement des citoyens et amélioration thermique. 17/42

Ci-dessus : Ville de Grenoble plaquette cahier de recommandations «Le bâti ancien, le patrimoine et l énergie» 18/42

Cette première OPATB parisienne est conçue comme devant servir de test en amont des opérations suivantes, qui intégreront un bâti pour partie différent, comme c est le cas avec l étude préopérationnelle de l OPAH «développement durable et économies d énergie» lancée sur le secteur de la Place de la République. Pour prolonger : - Site du PACT Paris [http://www.pacte-de-paris.asso.fr/]. - Plaquettes OPATB Paris 13e arrondissement sur : [http://www.paris.fr/pratique/portal.lut?document_id=79526&document_type_id=4&page_id=9717&portl et_id=24120]. [http://www.ancc.fr/documents/pact%20paris.pdf]. 12H00 Opérations programmées d amélioration thermique et énergétique en Rhône-Alpes : cas de bâti de l Ancien Régime aux Trentes Glorieuses Sylvie Amselem, Chef de Service Réhabilitation et Patrimoine Urbain, Direction de l Urbanisme, Ville de Grenoble & Arnaud Segon, Directeur technique, Agence locale de l énergie et du climat de l agglomération grenobloise (ALEc) : La Ville de Grenoble mène une réflexion volontariste sur l amélioration du bâti, avec l objectif de concilier économies d énergie, diminution de rejets de gaz à effet de serre et valorisation architecturale. Dans ce cadre, elle a conduit différents programmes pionniers. Ainsi, vient de s achever l OPATB des Grands Boulevards (24 000 habitants) en parallèle d une campagne de ravalement obligatoire. La simultanéité de ces opérations a permis un renouvellement du regard sur des architectures mésestimées des Trente Glorieuses, qui forment une part appréciable du patrimoine architectural de Grenoble. Ce succès a conduit l agglomération grenobloise à reproduire la démarche à son territoire 27 communes, 66 000 logements pour les copropriétés construites entre 1945 et 1975. Simultanément, la Ville a lancé un programme de recherche sur le bâti ancien du centre-ville, majoritairement construit entre le XVIe siècle et 1920. On y trouve aussi bien des bâtiments de l Ancien Régime que des immeubles de rapport du XIXème siècle, de type haussmannien. Les audits énergétiques et architecturaux exécutés ont abouti à la mise en place d un cahier de recommandations, applicable à la ZPPAUP du centre ancien et ses abords. Y sont détaillées les caractéristiques physiques et hygrothermiques des bâtiments, la nature des modénatures, matériaux de façade, toitures, planchers et menuiseries extérieures, ainsi que les préconisations s y rapportant en matière d isolation, de chauffage, de ventilation et de systèmes d énergies renouvelables. Pour prolonger : - Ville de Grenoble, plaquette «Cahier de recommandations - Le bâti ancien, le patrimoine et l énergie». [http://www.grenoble.fr/tpl_code/tpl_actualite/par_tpl_identifiant/92/80-urbanisme.htm]. - LEMPEREUR H., " Grenoble : rénovation énergétique ", AMC, n 209, février 2011. 12H25 Modérateur : échanges (15 min) 19/42

Ci-dessus : APUR, Analyse de la performance thermique des logements parisiens, mars 2011 20/42

3ème table ronde Connaissance matérielle du bâti ancien parisien et enjeux énergétiques : identifier ses caractéristiques et potentiels pour mieux le transformer 14H15 Modérateur Afin de cerner l éventail des interventions envisageables pour profiter des capacités du parc architectural historique parisien et les améliorer, il est indispensable de partir du bâti lui-même. Il s agit d en dresser le portrait, du point de vue de ses caractéristiques historiques, constructives, physicochimiques et de son comportement hygrométrique. Julien Bigorgne, ingénieur en environnement à l APUR, présentera les études de thermographie et de consommation énergétique des logements parisiens, aux conclusions et prescriptions particulièrement nuancées et attentives. Cette entreprise de cartographie analytique du patrimoine domestique parisien sera poursuivie par un architecte et historien de la construction, Jacques Fredet, auteur de recherches «anatomiques» et encyclopédiques au long cours sur le bâti «mineur» de la capitale, qui en détaillera la logique fondamentalement composite. Puis, Morgane Colombert, enseignante chercheuse, présentera des programmes de recherche de l Ecole des Ingénieurs de la Ville de Paris : PAAPE (Patrimoine Ancien et Amélioration des Performances Énergétiques) et RETRACE (Réhabilitation thermique du patrimoine ancien [avant 1940] : intégration des enjeux culturels, historiques, environnementaux et économiques dans le projet). Enfin, l ingénieur thermicien André Pouget, praticien pionnier en matière de «physique de l habitat», développera l approche globale qu il juge indispensable pour adapter et transformer le bâti ancien à Paris, au-delà des seuls aspects thermiques. 14H20 Analyse de la consommation énergétique des logements parisiens, cartographie du bâti ancien parisien en fonction de ses caractéristiques matérielles et énergétiques Julien Bigorgne, ingénieur environnement, Atelier Parisien d Urbanisme A partir de la campagne thermographique menée en 2009 sur 505 bâtiments parisiens à la demande de la Ville, l APUR a édité en mars 2011 huit cahiers analysant les performances thermiques des bâtiments, classés par périodes chronologiques. Chacune des périodes est successivement envisagée du point de vue : - du contexte de sa production, des logiques historiques d accès à l énergie, de la nature des matériaux et des énergies disponibles ; - de ses formes urbaines et de ses techniques constructives ; - des atouts et faiblesses de ses bâtiments en tant que consommateurs d énergie ; 21/42