pour construire une maison pour les oblates de l Assomption en pays Massaï



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Transcription:

pour construire une maison pour les oblates de l Assomption en pays Massaï Rapport de mission Août 2007 Coup de pouce humanitaire Association d intérêt général

Table des matières Résumé des deux missions 2 Notre partenaire : les oblates de l Assomption 5 La Tanzanie, un havre de paix en Afrique de l Est 7 Un pays charmeur 7 Les cases Masaï 7 Le swahili, la langue africaine 8 L équipe : quelques paroles des volontaires 9 Les chantiers 10 A l extérieur : le mur de clôture 10 A l intérieur : la peinture et les finitions des pièces 13 Notre vie sur place 15 Au fil des jours 15 La visite du dispensaire de sœur Godelieve 17 La balade du WE 19 Budget 28 L association "Coup de pouce" 30 1

Résumé des deux missions Deux missions de 13 et 11 volontaires de Coup de pouce sont parties en prenant le relais l une de l autre du 28 juillet au 25 août pour 15 jours chacune sur le site des oblates de l Assomption à Chekereni, village de brousse proche de la ville d Arusha, pour construire un centre de formation. 24 volontaires ont donc alterné entre les travaux en intérieur (ponçage, masticage, peinture, re-ponçage, re-masticage, re-peinture ) et les travaux en extérieur (creuser 1 trou, 2 trous, 201 trous poser des piliers en béton très armés tendre 5500 m de fil barbelé creuser une tranchée de 164 m et monter 8 hauteurs de parpaings tout le long). Combien de litres de peinture, de litres d eau, de tonnes de piliers et parpaing transportés? Au final, ce coup de pouce est devenu «coup de pied» selon les dires de Sœur Régine, mais un coup de pied amical et dynamisant qui a permis de bien accélérer l avancée du chantier. Surtout, une amitié est née entre Coup de pouce et cette communauté de sœurs dévouées implantée dans la brousse africaine. Les sœurs ne sont pas en manque d idées et de projets, loin s en faut, alors, à bientôt en Tanzanie? Coup de pouce est une association humanitaire qui vient en aide à des projets de développement de long terme. Les «oblates de l Assomption» sont installées depuis 1998 à Arusha. Elles travaillent dans une école primaire et se dévouent dans des centres de santé. Elles sont une vingtaine de sœurs africaines (Congo, Tanzanie, Burundi, Rwanda) et reçoivent très souvent la visite de leur provinciale, sœur Régine (irlandaise d origine). Elles construisent maintenant leur nouveau centre pour toute la région Afrique de l Est couplé avec une école. C est pour ce chantier que nous les avons aidées. Elles ont participé aux travaux du chantier. 2

C était là 3

In memoriam Cédric de la Combe avait décidé de partir avec la deuxième mission Coup de pouce en Tanzanie. Sa joie tranquille et son entrain avaient déjà commencé à marquer notre équipe pendant les temps de préparation. La présence de cet amoureux du rugby promettait de donner beaucoup d énergie et de sympathie au chantier et aux rencontres sportives et amicales que nous avons eues avec les Tanzaniens. Il nous a quitté accidentellement un soir de fin juillet à quelques jours du départ. Il est parti avec ce beau projet en tête et ce désir généreux au cœur. Le projet s est réalisé. Pour nous tous il en est totalement partie prenante. Cette mission porte son souvenir et sa marque. Elle est indissociable des amitiés et les murs que nous avons construits en Tanzanie. Les oblates de l Assomptions d Arusha ont aussi voulu s associer à cette intention en faisant célébrer une messe spéciale en notre présence sur le site même du chantier. Toute la communauté de Coup de pouce s associe à la douleur de sa famille et l assure de toute son amitié et de son affection. 4

Notre partenaire : les oblates de l Assomption Les oblates de l Assomption, une congrégation missionnaire de plus en plus africaine. Les «oblates de l Assomption» sont une des 5 branches de la famille religieuse de l Assomption. Fondées par le Père Emmanuel d Alzon en 1865, également fondateur des Assomptionnistes (branche masculine), elles accompagnent souvent ceux-ci dans leurs missions. Elles ont essaimé en Afrique, à partir du Congo, leur base africaine historique. Elles se sont installées en 1998 à Arusha à la demande de l archevêque qui avait déjà confié une paroisse aux Assomptionnistes. Elles travaillent dans une école primaire et se dévouent dans des centres de santé. En Tanzanie, elles ont également une maison à Loliondo, en pays Masaï très reculé, proche de la frontière kenyane. Elles ont là de grandes activités d éducation, notamment de formations professionnelles (artisanat) et des actions de santé primaire auprès des femmes. Nous avons été accueillis par une vingtaine de sœurs africaines originaires du Congo, de Tanzanie, du Kenya, du Burundi et du Rwanda ainsi que par leur provinciale, sœur Régine (irlandaise d origine), qui leur rend de fréquentes visites. Soeur Régine, pont entre la communauté locale et la maison mère parisienne, est une sœur pleine d humour qui déplace les montagnes avec flegme. Arrivée à l âge de la retraite et arrêtée par une double fracture de cheville, elle s est sentie pousser des ailes pour aller s occuper de cette nouvelle province de l Afrique de l Est que sa congrégation avait décidé de constituer. Il n y a qu à la voir dérapant au volant de son 4X4 dans la boue pour comprendre qu elle y est comme un poisson dans l eau. Elle pousse sans hésiter toutes les portes et secoue «évangéliquement» les puces des entrepreneurs locaux pour que ses chères soeurs voient leur projet se réaliser. Les soeurs africaines ne manquent pas de personnalité non plus. Très enjouées et chaleureuses, elles ont partagé toute notre vie, nous initiant aux spécialités culinaires locales, le foufou, comme aux danses africaines. Mais nous n aurons jamais dansé qu un esperanto de la danse africaine, initiés par une congolaise sur de la musique ivoirienne, en terre tanzanienne. «Admises» généralement à l issue de leurs études dans la congrégation, elles y sont venues très simplement attirées par la générosité des soeurs qu elles ont côtoyées, par le désir de se donner dans le célibat pour l éducation, en particulier celle des pauvres, dans un élan missionnaire : nombre d entre elles ont du quitter le pays qui les a vu naître, seul pays qu elles connaissaient pour s embarquer dans ces nouvelles aventures. C est dans cet élan pionnier que nous les avons rencontrées. Nous les avons connues grâce au fantastique Père Protais, assomptionniste congolais, incardiné à Nairobi. Il avait accueilli deux missions de Coup de pouce en 2006, pour une histoire qui ne faisait que commencer. 5

Le projet de Chekereni Les oblates devenues très nombreuses en Afrique de l Est ont décidé de créer une nouvelle province. C est-à-dire un chèque sur l avenir pour accueillir de nouvelles vocations, créer un noviciat, lancer de nouvelles écoles Pour tout cela, leur maison de ville n y suffisait plus. Les soeurs ont donc décidé d aller planter leurs piquets en brousse dans la direction où la ville d Arusha est censée grandir. Un terrain leur a été accordé par le chef du village en échange de quelque monnaie, d un tas de brique pour construire une classe de plus à l école primaire la plus proche et une guérite à l entrée de l enclos paroissial. Les soeurs ont déjà construit 7 classes qui accueilleront une école secondaire dès la rentrée prochaine, en janvier 2008. Bien surprenante école plantée au milieu de la brousse. Mais nous avons vite découvert que la brousse n est jamais vide et que plus basses que les maïs se cachent des maisons. Les Masaï qui vivent là n ont aucun accès à l éducation secondaire et constitue le premier vivier de recrutement. Plus tard les soeurs imaginent construire un internat pour accueillir des anciens élèves de leur école primaire en ville : ce sont les parents d élèves qui l ont demandé. Les soeurs ont travaillé avec nous sur le chantier, armées chacune d un rouleau à peinture, ou même d une pelle. 6

La Tanzanie, un havre de paix en Afrique de l Est Un pays charmeur «Tanzania is beautiful, peaceful country» : les tanzaniens sont fiers de leur pays, pays qui a su toujours rester en paix depuis l indépendance et la fusion entre le Tanganyka et Zanzibar, l île des délices, perle du sultanat d Oman perdue au milieu des eaux turquoises de l Océan indien. Le pays est beau, c est extraordinaire : nous étions sous la pente du Mont Meru, à vue des dernières neiges du Kilimanjaro, le toit de l Afrique. Mais aussi à proximité du Rift africain, qui nous a valu notre baptême de secousses terrestres. Les parcs animaliers tanzaniens regorgent de grands animaux de légende : lions, éléphants, hippos, rhinos, zèbres, buffles, grues huppées, babouins certains ont même vu trois lionnes attaquer un zèbre sans bavure-. Hymne national tanzanien Mungu ibariki Africa 1. God Bless Africa. Bless its leaders. Let Wisdom Unity and Peace be the shield of Africa and its people. Chorus : Bless Africa, Bless Africa, Bless the children of Africa. 2. God Bless Tanzania. Grant eternal Freedom and Unity To its sons and daughters. God Bless Tanzania and its People. La réalité politique est moins riante. La période socialiste forcenée des débuts de la république a laissé un pays de 36 millions d habitants exsangue financièrement, se traînant dans les bas fonds des indices de développement humain : 46 ans d espérance de vie, un PIB par habitant de 300$ (100 fois moins que la France), la moitié de la population au-dessous du seuil de pauvreté, une prévalence du sida officiellement de 6% et peut-être en fait 30% à Dar es Salaam. Les cases Masaï Notre maison simple en béton détonne tout de même dans un environnement de masures et de cases Masaï traditionnelle. Le Masaï est éleveur, superbement fier, son bâton à la main, gambadant sur ses jambes fines comme de longs linéaments, avec son éternelle couverture rouge et des lobes d oreilles élargis en grande anse porte-bijoux. Il habite une case rectangulaire ou ronde en treillis de brindille aspergé de terre mêlée à de la paille. L ensemble ne tient guerre dans un pays de grosses pluies. Mais le Masaï répare 7

inlassablement sa case entre les pluies. La case jouxte l étable, simple 4-murs couverts de bardage en dosse d arbre. Nous avons été invités par quelques amis du chantier à venir faire un tour chez eux, rencontrer femmes et enfant et les vieux du voisinage, ou voir les tombes des leurs au milieu des champs. Inoubliable visite! Les traditions restent très fortes chez les Masaï : les Allemands ont essayé de les mettre à la culture ; ils sont aujourd hui encore très mal vus. Cependant certains des jeunes avec qui nous travaillions n ont pas adopté la tenue traditionnelle ancienne qu ils considèrent comme pas assez «civilisé». Nous avons également rencontré le chef du village, qui avertit de notre arrivée, avait fait passer le message de laisser les wazungu (blancs) aller et venir. Jeune, élu, il rempli les fonctions d un maire moderne et celles du chef traditionnel, rendant la justice sur les petites affaires et attribuant les terres. Il se félicitait de notre présence et souhaitait savoir si nous ne pourrions pas aussi aider les autres villageois qui n ont pas un accès direct à l aide internationale. Le swahili, la langue africaine Cette étonnante langue africaine unit au moins 5 pays, Kenya, Tanzanie, Burundi, Rwanda et Ouganda, ce qui est bien une exception en Afrique. Langue bantoue, matinée d arabe, elle emprunte avec aisance des mots à tout idiome qui passe sur son territoire, comme l anglais, l allemand et même le portugais. Elle doit son extension aux routes marchandes qui ont sillonné l Afrique de l est et la côte et surtout à l esclavagisme arabe des siècles passés. Elle a maintenant fait le tour du monde avec le Hakuna matata (pas de problème) du roi Lion. Mais les ardents apprentis que nous sommes ont aussi vite appris maji (eau), belechi (pelle), toroli (brouette), sururu (pioche), vocabulaire de survie sur le chantier. 8

L équipe : quelques paroles des volontaires Martin 32 ans Avec coup de pouce ça marche à tous les coups : 15 jours c est peu dans une vie mais on s en souvient toujours et l amitié qui naît entre nous tous est cimentée plus solidement encore que nos maisons. Quand je me suis proposé pour organiser cette mission, je voulais revenir en Afrique retrouver cette chaleur indolente que nous réservent les Africains de la brousse. La mission a totalement dépassé mes espérances. Serge - 30 ans Mes attentes ont été largement comblées. J ai ainsi mis à profit mes congés pour participer à un projet de développement durable. Au lieu de verser des dons j ai préféré une action tangible conformément à mes valeurs profondes. Cette mission de solidarité m a permis de m enrichir sur le terrain, partager avec les autres volontaires, rencontrer la population locale et des personnes engagées sur le terrain au quotidien. Les échanges tant avec les autres membres de l association qu avec les religieuses m ont conforté que des actions de solidarité, même ponctuelles, permettront le développement durable des populations défavorisées à travers le monde. Enfin, j ai été agréablement surpris par l enthousiasme et l optimisme des religieuses et impressionné par la générosité et l élan des autres volontaires. Sylvie 31 ans Je souhaitais partir en mission en Afrique pour rencontrer le peuple africain, comprendre son mode de vie et découvrir ses coutumes. L échange avec les locaux par le travail a permis d établir des relations humbles et fraternelles. J ai vécu cet été des instants magiques, chaque jour était ponctué de petits bonheurs d'une richesse exceptionnelle. Aujourd hui, je porte en moi la force que m'a donnée cette mission : croire en l'humanité et au partage entre peuples. 9

Les chantiers A l extérieur : la clôture 1100 m 1100m de clôture à poser, tout autour du terrain des sœurs. C est un des coups de pouce que nous avait demandé Sœur Régine, afin de protéger l accès au site. Nous avions alors vite fais le calcul : 1100 m, à raison d un poteau tous les 3 m. 367 trous à creuser, 367 poteaux à monter, 367 trous à cimenter! Sans compter les 5 rangées de barbelés : 5500 m à dérouler!!! C est donc avec ces chiffres en tête que nous avons débuté le chantier le lundi 30 août, après les présentations aux «locaux» travaillant avec nous et la répartition des coup de pouciens aux différentes tâches. Les premiers affectés aux poteaux découvrirent avec joie le sol tanzanien : sec, dur, inattaquable. Les premiers coups de bêches et de barre à mine n inaugurèrent rien de bon et les centaines qu il restait à creuser nous paraissaient une épreuve insurmontable. Mais c était sans compter sur l ingéniosité de l équipe qui trouva le moyen simple de ramollir la terre afin de la rendre plus meuble. Il suffisait simplement d y verser de l eau et de laisser infiltrer. Notre salut était là!! Commençait alors un étrange balai de sœurs, coupdepouciens, tanzaniens avec sur la tête des seaux remplit d eau ou de pierres permettant de fixer les poteaux avant le ciment. Pendant que s infiltrait le précieux liquide salvateur, nous entamions les trous suivant. 10, 20, et jusqu'à 30 par jours! Le rythme était trouvé et les quelques trous des premiers jours n était plus que considéré comme un «entraînement» ; Derrière les «creuseurs», les hommes forts dressaient un à un les poteaux de béton armé. Alignés à l aide de deux fils (pour ajuster hauteur et verticalité), les trous ont souvent dû être repris pour être ajustés. Une fois bien disposés, ils étaient immédiatement fixés, puis cimentés. Prenez 2 brouettes de sable, ajoutez y 2 brouettes de gravier saupoudrez d 1 sac de ciment, accompagnez cela d une bonne dose d eau votre ciment est prêt. Versez votre préparation dans de grands trous préalablement creusés, laissez reposer 24h : et voilà! 10

Commençait ensuite la pose des barbelés. Sur 5 rangées, la quasi-totalité de l équipe a été mise à profit. Nous les fixions en effet sur 3 poteaux à la fois pendant qu ils étaient tendus et subissaient un contrôle visuel d horizontalité. Une coordination parfaite, pour un travail millimétré! Malheureusement, nous avons dû faire face à de nombreux imprévus, les poteaux par exemple n étaient livrés qu au compte goutte, souvent cassés. Les creuseurs prenaient alors souvent de l avance sur les «poseurs»!! Nous avons ainsi été à cours de poteaux et il nous a été annoncé qu ils ne nous seraient livrés que... 2 semaines après la fin du chantier. Hakuna araka (le temps est élastique)!! Au final, ce furent 201 trous creusés, 160 poteaux posés, fixés et cimentés et plus de 3500 m de barbelés tendus!! Bravo les coupdepouciens!! Les réactions des passants, à voir des «wazungus» dresser ainsi une clôture de béton et de barbelés, ont été divers. Pas toujours bien comprise, les sœurs et les tanzaniens nous ont servis d interprètes pour leur expliquer le pourquoi de cet obstacle à leur passage. Il leur fallait maintenant faire un détour, porter leurs vélos sur des chemins pas encore tracés. Ceci pour préserver des futurs élèves de l internat et délimiter clairement le terrain. A l extérieur : le mur de clôture L une des tâches que nous avions à réaliser était de construire un mur qui prolongeait la clôture en barbelés mise en place par l équipe qui nous précédait. Ce mur longe l un des futurs bâtiments de l école : 8 rangs de parpaings locaux ( 10-12 Kilos l unité!!!), calepinés joints lissés croisés, sur une longueur de 164 mètres 11

Beau dans le texte, mais rude en exécution, car avant de voir s élever le mur, il nous a fallu fonder le sousoeuvre, autrement dit, piocher, creuser, pelleter inlassablement sur une profondeur d un mètre dans une terre comprimée, pauvre en eau donc riche en difficultés. Après 4 jours de dur labeur, et une bonne collection d ampoules, les terrassements (terre recouverte d une première couche de béton ) étaient finis. Une fois cette première phase exécutée, nous nous sommes attelés à la distribution des parpaings. Pour rendre la tâche moins monotone et moins pénible, toutes les techniques ont été employées : - sous le bras (comme une baguette, mais plus lourd) - avec les deux bras (le moins fatigant, mais pas très amusant) - à l épaulée jetée (technique relativement démonstrative de notre force, mais provoquant de fortes irritations à l épaule). Nous sommes même allés jusqu à créer le concours du «manœuvre de l année», ce, en réalisant des courses d un bout à l autre de la tranchée, avec, un, voire deux parpaings pour les plus ambitieux! Aussi avons-nous décidé d appliquer cet élan sportif au transport du sable et du ciment en chronométrant nos courses de brouette sous les applaudissements et la «ola» des ouvriers. Trêve d amusement : après avoir pioché les fondations et porté à pied d œuvre les «ingrédients et condiments» (parpaings, ciment, eau ) nécessaires à notre ouvrage, chacun s est employé à la truelle et la taloche pour «parpiner» ( action de mettre un parpaing sur un autre parpaing, puis sur un autre les séparant par un liant appelé ciment). Suivant les bons conseils des maçons, l ouvrage prenait forme. Malheureusement, faute de temps, nous n avons pu voir le mur fini. Mais le renfort de notre équipe sur le chantier ainsi que le dynamisme que cela donnait aux ouvriers sur place de travailler tous ensemble ont permis de bien faire avancer cette partie du chantier! 12

A l intérieur : la peinture et les finitions des pièces Pendant qu une partie de l équipe suait sang et eau dans la tranchée, sous le soleil ou sous la pluie, pour élever le mur, un autre groupe respirait la poussière et les relents de peinture à l intérieur des bâtiments. Si le travail à l extérieur dont l avancement était plus visible se révélait à ce titre plus gratifiant, le travail à l intérieur moins visible immédiatement demandait quant à lui patience et application, et peut se résumer en quatre mots clés : poncer, enduire, peindre et vernir. PONCER Le ponçage des plafonds lambrissés Avant de pouvoir les vernir, il nous a fallu poncer les lambris des plafonds. En effet, en raison d un défaut de stockage et à cause de l humidité, les lambris avaient verdi. Après avoir tenté un ponçage manuel, peu concluant, l utilisation d une ponceuse électrique branchée sur le groupe électrogène du chantier s est donc avérée nécessaire. Tous les jours, et en nous relayant les uns les autres, l un des ouvriers du chantier ou de notre équipe s attelait à ce travail pénible et répétitif. Pénible, car il convenait de travailler debout ou courbé sur un échafaudage, et porter à bout de bras une ponceuse qui n était pas des plus légères pour inlassablement poncer les lambris les uns après les autres! Le ponçage des murs Avant de pouvoir peindre murs et plafonds, il convenait de les poncer pour préparer une surface lisse et sans aspérités. Une armée de mains noires et blanches équipées de papier de verre est donc partie, dans un nuage de poussière, à l assaut des km² de murs préalablement chaulés, de bas en haut et de l aile droite à l aile gauche du bâtiment. PEINDRE ET ENDUIRE Le travail de peinture se déroulait en plusieurs phases : - Poncer les surfaces à peindre - Passer une première couche de peinture, du blanc cassé dilué à l eau, pour en rendre visible les imperfections. - Enduire les murs pour en faire disparaître les imperfections - Ne surtout pas oublier de poncer les surfaces enduites - Passer une deuxième couche de peinture, laisser sécher puis passer une troisième et dernière couche de peinture diluée. 13

- Passer la couche de finition avec une peinture à l acrylique à l aspect brillant. Au cours de nos deux semaines de mission, nous avons donc pris le relais de l équipe de volontaires qui nous précédait et poursuivi le travail de peinture. Nous avons rencontré quelques petites difficultés dans la réalisation de nos travaux : - une rupture de stock et difficultés d approvisionnement en matières premières (enduit, peinture ) - une coordination pas toujours évidente entre les différents artisans qui travaillaient en même temps que nous dans les différentes pièces du bâtiment : les maçons, les électriciens, les plombiers - une interrogation concernant le degré de finition des travaux de peinture. Malgré ces difficultés, nous avons quand même pu peindre une grande partie de l ensemble des pièces du bâtiment, mais les travaux à l intérieur du bâtiment étant loin d être finis, nous n avons pas passé la couche finale de peinture. VERNIR Une autre de nos activités était de vernir les linteaux des portes. Ce travail s effectuait en deux étapes : poncer le bois pour enlever les tâches de peinture puis le vernir. 14

Notre vie sur place Coup de pouce ce n est pas que le coup de pouce. C est aussi une façon peu commune de découvrir un pays de l intérieur, par le biais des mille et une occasions de rencontres créées par le chantier. L équipe des sœurs, par sa maîtrise de la langue et sa disponibilité de chaque instant, nous a servi d interprète tout au long du séjour, et nous a permis de belles rencontres. Au fil des jours A notre arrivée à l aéroport de Kilimandjaro, toujours impeccablement ciré!, les Oblates nous attendaient avec leur immense sourire et leur bonne humeur contagieuse. Et c est au son de leurs Karibu («bienvenue»), que nous sommes arrivés sur notre chantier à Chekereni. Nous étions logés, juste à côté, dans le futur collège des soeurs. A côté du petit village, avec ses cases en terre cuite, les conditions étaient princières, un petit peu plus sommaires pour la France. Il n y avait pas l électricité, mais après quelques jours à tendre machinalement la main sur le mur en entrant dans une pièce, tout en se demandant ce que les autres font dans le noir, on se débrouille très bien avec une frontale et des lampes à pétrole. Sans frigidaire, c est en mettant les fruits et légumes à même le sol que l on parvient à mieux les conserver. Nous avions, en revanche, la chance d avoir l eau courante, issue d un forage et amenée par une pompe, qui alimentait une citerne sur le chantier et notre propre citerne. Ainsi nous avions des douches (à l eau froide) et des toilettes «en chute libre» dixit nos sœurs. On réapprend la patience, le courage et l on comprend surtout à quel point on est privilégié en France, lorsqu il s agit de transporter de l eau qui doit être filtrée pour être bue, qui doit servir à nettoyer la nourriture, à faire la vaisselle : trois à cinq bidons de vingt litres à chaque repas, soit cent litres à multiplier par le nombre de repas pris par jour, on imagine Il était une fois sœur Alexandrine, une sœur congolaise d'une cinquantaine d'années qui nous a accompagnés pendant 15 jours... Alexandrine fait partie de la communauté des Oblates de l'assomption, et réside en temps normal dans la communauté de Loliondo, village au beau milieu de la Tanzanie, dans la partie non touristique du pays. Pendant 15 jours, sœur Alexandrine est venue sous des cieux plus citadins, à proximité de la ville d'arusha, pour nous accompagner dans notre vie de tous les jours. Elle démarrait sa journée par un lever aux aurores, suivi d'une quantité d'activités, toujours tournées vers le service des autres : taches matérielles et ménagères de filtrage de l'eau, de rangement des lieux de vie, de préparation des repas avec les volontaires et des extras bien appréciés pendant les pauses (des beignets tout dorés)... Sans beaucoup parler, sa présence était réelle et constante. Elle partageait nos moments de joie, comme nos moments de fatigue. Mais c'est elle qui a pleuré la 1ère en nous voyant partir pour notre excursion pendant le WE. Et nous avons tous été heureux de la retrouver après 48h! Bref, Alexandrine a été comme notre mère pendant ces 15 jours, nous nous souvenons toujours avec joie de sa façon d'allonger indéfiniment la dernière voyelle de chaque phrase. En nous parlant de ses activités à Loliondo, elle nous a aussi convaincus que les sœurs Africaines font un travail incroyable pour sortir le pays et les habitants des situations les plus précaires, et que grâce à elles, l'espoir pour ces gens là prend un vrai visage. 15

assez la musculature des biceps des sœurs! En effet, ces dernières nous ont en en permanence aidés, guidés, simplifié la vie, chouchoutés et choyés avec une propension à rire de tout sans jamais s énerver ou s inquiéter. Les repas demandaient un temps certain de préparation et occupaient facilement quatre personnes. Cela allait du traitement de l eau à boire : bouillie puis filtrée après refroidissement, au râpage des carottes sans épluche légume, ni mixer, à la préparation de frites, ratatouille, poisson La viande était achetée tous les jours par les sœurs lors de négociations tanzaniennes interminables, lorsqu elle n arrivait pas carrément sur pattes et qu il s agissait alors de la tuer et de la dépecer Mais jamais «nos sœurs» ne se sont départies de leur bonne humeur et il n était pas rare de les retrouver dansant et chantant! Notre journée commençait par le petit déjeuner à 6 h 30 : Un d entre nous, après un nuit d affres : vais-je me réveiller à l heure, nous servait ce festin avec le sourire : œufs sur le plat, nutella ou feta pour prendre des forces. Puis s enchaînait la journée type : chantier à 7 h 30, pause goûter à 10 h, chantier à 10 h 15, pause déjeuner à 12 h 30, chantier à 14 h 30, goûter à 17 h 30, promenade ou temps libre, dîner à 19 h 30 puis lecture de contes maliens par notre professeur de français préférée Amélie ou jeu du loup garou. L on comprend donc à quel point les repas étaient importants! Nous avons aussi profité de cette chance extraordinaire qui nous était offerte de côtoyer la population locale. Nous travaillions avec des ouvriers tanzaniens et nos journées se ponctuaient de Habari, Nzuri, Jambo, Sijambo, Badai. Certains ouvriers connaissaient quelques mots en anglais. Sinon, le langage des signes et le sourire étaient de mise. Chacun a pu lier des liens particuliers et amicaux avec les ouvriers avec lesquels il travaillait. C est ainsi que Joseph et Peter ont emmenés certains voir leur village et leur famille. Le soir, c était tout aussi couleur locale : atelier de tressage de chevaux avec Sœur Adelphine pour les uns, cours de cuisine pour les autres avec Sœur Janine pour apprendre à faire des beignets, ou encore promenade. 16

Là sur les chemins, nous croisions nos voisins vêtus de couleurs vives, portant de l eau, du bois, de la nourriture, à pied, en âne, à vélo, des écoliers en uniforme aux couleurs de leur école Chaque fois c était l occasion de faire montre de notre plus beau swahili et de leur permettre de pratiquer leur plus bel anglais. Un des premières phrases qu ils apprennent est «What s your father s name? C est ainsi que tout le village de Chekereni connaît les prénoms de nos pères! Chaque journée pourrait ainsi être décortiquée avec tout son cortège d anecdotes et de surtout de joies. Elle était le reflet de la richesse de toute mission coup de pouce : travailler avec la population locale et apprendre à la connaître, vivre avec un groupe et bénéficier des talents et qualités de chacun La visite du dispensaire de Sœur Godelieve Sur proposition de sœur Godelieve, nous sommes parties à trois, un matin, pour visiter le dispensaire où elle travaille. Le dispensaire se situe à mi-chemin entre la ville d Arusha et le village de Chekerini. Sœur Godelieve nous a réservé un très bon accueil. Elle nous a d abord présenté l histoire de ce dispensaire dont elle assure la responsabilité depuis deux ans environ. Nous avons ensuite visité les lieux ensemble. Le dispensaire comprend une grande salle d attente, un laboratoire, une pièce pour les consultations, une salle où sont stockées les archives, une salle de soins et pansements, une salle de repos avec deux lits, une salle d accouchement, une salle de consultation dédiée à la maternité et à la pédiatrie, une pièce ou sont stockés les dossiers, ainsi qu une autre pièce ou sont stockés les médicaments, et enfin une petite cuisine. Une dernière salle, en retrait, est en cours de construction. Elle est destinée à la formation des accoucheuses de brousse, afin que ces dernières, tout en respectant les traditions locales, intègrent dans leurs pratiques des notions d'hygiène et sachent orienter les femmes aux grossesses plus difficiles vers le dispensaire. Le dispensaire accueille en moyenne une quinzaine de patients par jour, venus des environs. Les patients se présentent dans la salle d attente et sont reçus au fur et à mesure par Sœur Godelieve pour les consultations. Il n y a pas de médecin et Sœur Godelieve, infirmière diplômée, assure donc à la fois les consultations, les examens et les prescriptions médicales. Trois jeunes filles travaillent au laboratoire, avec peu de matériel : un vieux microscope européen, quelques béchers et pipettes, un chalumeau et un vieux frigo, voilà tout le matériel du laboratoire. Le laboratoire permet d analyser les prélèvements réalisés sur les patients. Le sida est une problématique très forte en Tanzanie. Il est primordial pour les soignants de savoir si leurs patients sont séropositifs ou non, notamment lors des accouchements. Au dispensaire, elles possèdent les tests nécessaires pour le dépistage, qu'elles proposent à tous les patients. Certains refusent, ce qui ne les empêche pas de le pratiquer quand même. 17

Le dispensaire a une action essentiellement tournée vers la maternité et la protection infantile. Cette protection se traduit par la vaccination des enfants, dont le coût est assumé par le gouvernement, et par le suivi mensuelle de leur développement. Sœur Godelieve nous a expliqué les problématiques liées à l accouchement des femmes. Elle ne possède qu'un kit d'accouchement, relativement obsolète pour des Européens. Ce manque de matériel impose des contraintes difficiles à gérer notamment lors d'accouchements simultanés quand une des patientes est atteinte du VIH. Sœur Godelieve était très fière de la table d accouchement qu elle avait reçue quelques mois auparavant d une école d infirmières belges. «Il n y a pas eu de décès depuis que nous l avons reçue» nous a-t-elle fièrement expliqué. Nous souhaitons bonne chance à Sœur Godelieve dans le développement du dispensaire 18

La visite de l école de Sœur Siriwenge Nous voilà embarqués un beau matin pour une aventure exceptionnelle : la visite de l école primaire dirigée par Sœur Siriwenge près d Arusha. enfants se lèvent en cœur et nous lancent à plein poumon «good morning teacher!... How are you?» et ce n est qu au signal du professeur qu ils se rassoient docilement. Intimidés par la horde d enfants en uniforme gris dont les jeux se stoppent net par notre seule arrivée, nous entrons dans le bureau de la directrice. Soeur Siriwenge nous accueille à bras ouverts, sourire aux lèvres, œil malicieux. D elle se dégage un charisme impressionnant et une générosité hors pair. Elle nous explique rapidement le fonctionnement de l école primaire. Afin que l éducation soit accessible à tous les paroissiens, elle a mis en place une entraide entre les familles riches et celles plus pauvres, les premières payent les inscriptions des élèves et les uniformes alors que les secondes en sont exemptées. L école possède également une cantine donnant la possibilité à tous de disposer d au moins un repas par jour. Préparant la venue des parents pour le spectacle de fin d année et les dossiers administratifs des enfants, la soeur confie notre visite à une enseignante. A chacune de nos entrées dans les dizaines de classe dont l école est dotée, les «good morning 19