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Artilleur Du 6 e Régiment d'artillerie Souviens-toi, en lisant ces pages, que ma plume a été trempée dans le sang de ceux qui ont sauvé la France et fait la gloire de ton étendard. HISTORIQUE Les origines du 6e régiment d'artillerie remontent au 1 er janvier 1757, date à laquelle fut créé le 6 e bataillon du Royal Artillerie, devenu successivement 6 e brigade, puis régiment d'auxonne et enfin, le 1 er avril 1791, 6 e régiment d'artillerie. Les noms de Fleurus 1794, Hohenlinden 1800, Iéna 1806, Saragosse 1809, inscrits sur son étendard, attestent la gloire qu'il conquit en ces batailles. Il suivit les glorieuses traces de ses aînés pendant l'héroïque période 1914-1919. Il ne peut entrer dans le cadre de ce court mémoire de relater tous les faits d'armes accomplis par l'une quelconque de ses batteries ; contentons-nous de faire un bref historique des 6 e, 206 e, 219 e et 176 e régiments, dont les divers éléments, regroupés à Valence après la Victoire, ont constitué le 6 e régiment d'artillerie de campagne portée actuel. Nous pourrions revendiquer aussi la part de gloire du 266 e d'artillerie, formé initialement par les 2 e et 4 e groupes du 6 e d'artillerie, gloire héroïquement acquise et reconnue par deux citations à l'ordre de l'armée et la Fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre. Mais notre part est assez belle sans cela, laissons à d'autres camarades le droit de s'enorgueillir. Pendant cette Grande Guerre, le 6 e régiment d'artillerie n'a pas failli à son passé, il a conservé intactes les traditions d'honneur et de sacrifices à la Patrie que ses aînés avaient eu élever si haut. Bretons et Méridionaux, Poitevins et Dauphinois, Lyonnais et Savoyards qui avez contribué à " bouter l'ennemi hors de France» : VOUS AVEZ BIEN MÉRITÉ DE LA PATRIE. 2

LE 206 e REGIMENT D'ARTILLERIE Le 206 e régiment d'artillerie constituait l'artillerie de corps du XIV e C. A. Il a été formé le 1 er avril 1917 avec les deux groupes que comprenait alors l'a. C. 14, le 5 e groupe du 6 e régiment et un groupe du 20 e régiment d'artillerie. Au début de la guerre, l'a. C. 14 était constituée des quatre groupes du 6 e régiment d'artillerie. Embarquée à Valence, les 7 et 8 août, elle rejoint le XIV e C. A. dans les Vosges, près d'arches. Le 12 août, le premier groupe est détaché à la 2 e brigade coloniale ; il deviendra l'élément principal de l'artillerie de campagne de la 77 e division, laquelle, le 1 er avril 1917, prendra le nom de 6 e R. A. C. Vosges-Alsace, 1914. - Ainsi constituée à trois groupes, l'a. C. 14 prend part, avec le XIV e C. A., aux combats des Vosges, région du col du Bonhomme, de Sainte Marie-aux-Mines et d'urbeis, puis en Alsace, région de Saales et de Shirmeck. Elle repasse ensuite les cols, coopère à la bataille de Raon-l Étape, défend les passages de la Meurthe à Saint-Michel, puis à Nompatelize, enfin à la Croix-Idoux où, pendant cinq jours (31 août -4 septembre) le 6 e d'artillerie causa de grands ravages dans les rangs ennemis. Quelques jours après. lors de la reprise de Saint-Dié, les habitants déclarèrent que beaucoup d'officiers allemands attribuaient leurs échecs à l'ignorance de l'existence du «fort» de la Croix-Idoux, pourvu d'une artillerie nombreuse et puissante qui leur causait des pertes énormes : 6 à 700 hommes par jour. Nul compliment ne pouvait être plus flatteur pour nos braves et héroïque artilleurs du 6 e d'artillerie. Somme, 1914-1915. - L'A. C. 14 joue un rôle très actif dans les combats de la Somme, près de Chaulnes et de Bray, en septembre 1914. En octobre, elle participe à la reprise du Quesnoy et lors de la stabilisation du front reste en secteur dans cette région jusqu'en août 1915. L'A. C. 14 avait été reconstituée le 3 mars 1915 à quatre groupes,, par l'adjonction du 5 e groupe venu des 1 er et 2 e régiments de montagne. Le 7 août 1915 deux de ses groupes, le 2 e et le 4 e, passent à une division sans artillerie, la 154 e D. I., et deviennent le 1 er avril 1917 le 266 e régiment. Champagne, 1915. - Ainsi réduite, l'a. C. 14 se rend en Champagne, où elle doit participer à l'offensive du 25 septembre 1915. Elle prend position dans la région au sud de Perthes, jour un rôle important dans les destructions précédant l'attaque, et le jour de celle ci soutient efficacement l'infanterie durant la prise de Trou-Bricot ; dans les combats du 25 septembre au 7 octobre, malgré de fortes pertes, elle contribue par ses barrages à repousser toutes les contre-attaques ennemies. 3

Une avance de 4 kilomètres, 4000 prisonniers, 30 canons pris à l'ennemi, tel était le bilan de cette glorieuse journée du 25 septembre 1915. Un repos bien mérité fut alors accordé à l'a. C. 14. Le 3 e groupe du 6 e, désigné pour l'armée d'orient, quitte l'a. C. le 30 décembre; il est remplacé, quinze jours après, par un groupe du 20 e régiment. Verdun, 1916. - Après un séjour en janvier et en février en Alsace, l'a. C. 14 est envoyée au début de mars dans la région de Verdun, où les Allemands viennent de commencer leur grande offensive. De mars à mai, l'a. C. 14 prend part à la défense des Haute de Meuse et réussit à en interdire l'accès à l'ennemi. De mai à juillet, elle coopère à toutes les actions successives de la défense de Verdun, sur la rive droite de la Meuse, entre la rivière et le fort de Vaux. En octobre, elle participe à l'attaque qui nous redonne le fort de Vaux, le village de Damloup. Elle quitte la région de Verdun le 1 er avril 1917. Somme, 1917. - En mars 1917, l'a. C. 14, qui était en position à l'ouest de Roye, appuie l'infanterie pendant toute l'avance consécutive au repli de l'ennemi. Elle a à soutenir de durs combats au cours du passage du canal de la Somme à l'oise et à l'arrivée sur la ligne «Hindenburg», au sud de Saint-Quentin. De mai à juillet l'a. C. 14, devenue depuis le 1 er avril 206 e R. A. C., contribue à la défense du Chemin-des-Dames, aux combats acharnés qui ont lieu dans la région de Cerny-en-Laonnois et brise par ses barrages les attaques allemandes dans cette région. La Malmaison, 1917. - Après un séjour dans la forêt de Saint-Gobain, en août et septembre 1917, le 206 e R. A. C. vient prendre position près de Vauxaillon, en vue de l'attaque projetée sur la partie occidentale du Chemin-des-Dames. Durant l'installation de ses positions, comme pendant les jours précédant l'attaque, le 206 e R. A. C. subit des tirs très violents et répétés. Malgré les pertes sévères subies, malgré l'intensité du bombardement, il parvient à s'établir sur ses positions et, lors de la préparation de l'attaque, tire sans discontinuer pendant huit jours consécutifs. Le succès couronne l'effort : avance de 6 kilomètres, 5.000 prisonniers et 37 canons pris devant le front du XIV e C. A. Le 206 e régiment est cité à l'ordre de l'armée, le 13 novembre 1917, par le général Maistre, commandant la VI Armée (voir à la fin du fascicule les citations). Le 20 décembre le 206 e, destiné à être transformé en régiment d'artillerie portée, est dirigé sur le C. O. A. C. de Neuilly-sur-Thelle. Le 10 juin 1918, 1e 206 e cesse de constituer l'a. C. 14 pour être rattaché à la 5 e division de la R. G. A. 4

De juillet à octobre 1918, il coopère avec des unités américaines à la défense du secteur des Vosges. Enfin, le 14 octobre, il est envoyé dans la région de l'aisne et participe du 25 au 30 à l'attaque de la «Hunding-Stollung». Le régiment ne revient pas indemne de ce combat, le dernier auquel il ait pris part au cours de cette longue campagne. Continuant les traditions de bravoure et d'abnégation des anciens conducteurs du régiment, roulant sans relâche par tous les temps et par tout les chemins, au volant la nuit comme le jour, malgré leur fatigue, sous un bombardement presque incessant, les chauffeurs n'ont pas failli à leur tâche. Ils peuvent dire avec le poète : «Menant mon vieux tacot d'un geste nonchalant. Je pousse mes leviers sans me faire de bile... Je franchis monts, vallons, ornières et ravins Nul ne peut m'arrêter sauf le marchand de vins!» 5

LE 6 e REGIMENT D'ARTILLERIE Le 6 e régiment d'artillerie, celui d'arras, du Plessis et des Flandres, a été formé le 1 er avril 1917 par le 1 er groupe du 6 e régiment, par un groupe de renforcement du même régiment et par des éléments des 9 e, 38 e et 58 e régiments. Ces éléments, réunis dès le début d'octobre 1914, ont constitué l'artillerie de campagne de la 77 e division d'infanterie. Vosges, 1914. - Le 1 e groupe du 6 e, détaché de l'a. C. 14 et mis à la disposition de la 2 e brigade coloniale prend contact avec l'ennemi sur les crêtes de Walzcheid, le 19 octobre, et protège la retraite de nos troupes débordées par l'ennemi. Le 21, la 1 ère batterie, après avoir maintenu l'adversaire jusqu'à 200 mètres des pièces, ayant épuisé ses munitions et ses cartouches de mousquetons, met son matériel hors de service et quitte le terrain sous le feu de l'ennemi. Le 1 er groupe continue à couvrir la retraite jusqu'à Baccarat et Mesnil-sur- Belleville. Au col de la Chipotte, malgré des pertes sévères, il empêche l'ennemi de déboucher sur Rambervillers et Charmes. Le 28 septembre, il s'embarque pour Arras où il va écrire une de ses plus belles pages de gloire. Artois, 1915. - Après avoir participé à la défense d'arras, octobre 1914, et en avoir interdit l'accès à l'ennemi, l'a. C. D. 77 mène jusqu'en février 1916 la rude et déprimante vie de tranchées dans les boues légendaires de l'artois. Elle participe dans ce secteur à l'immortelle attaque du 9 mai. Les noms de Vimy, Givenchy, Carency, Bouchez rappellent suffisamment l'héroïsme, la bravoure de tous ceux qui prirent part à ces sanglants combats. Verdun, 1916. - Le 17 février 1918, l'a. C. D. 77 entre dans la fournaise ; elle a pour mission de défendre et d'empêcher la progression de l'ennemi sur le front Vaux- Douaumont. La vie est dure, l'ennemi ne laisse aucun répit. Le personnel fait des prodiges de courage dans cet enfer; tous savent que le cœur de la France est menacé. «Ils ne passeront pas» est le mot d'ordre. En 20 jours de combat, le régiment perd le tiers de son effectif en tués et blessés, dont 18 officiers. Mais il avait le grand honneur de léguer intact à ses successeurs le secteur qu'il avait eu mission de défendre. Avril 1916 à Mars 1918. - Pendant cette période, l'a. C. D. 77 parcourt les différents fronts de l'artois à la Suisse : Attaque de la Somme en août 1918. Repli stratégique des Boches sur la ligne Hindenburg (mars 1917). - Chemin des Dames (juin-juillet 1917). - Alsace (décembre 1917). Partout elle accomplit courageusement son devoir, en gardant le sourire malgré les dures fatigues imposées. 6

Le Plessis-de-Roye, Avril 1918.- Après une marche forcée de 170 kilomètres effectuée en 70 heures, le 6 e régiment arrive à Ressons-sur-Matz dans la nuit du 27 au 28. Le 30 trois divisions allemandes se ruent sur la 77 e division. L'Allemand escompte atteindre Compiègne le soir. L'arrivée du brave 6 e allait anéantir ce beau projet. Au pris de pertes énormes, malgré l'héroïque défense de nos fantassins, l'ennemi réussit à s'emparer du Parc du château de Plessis. Il était là, contraint de limiter son avance; le 6 e l'enfermait dans ce parc par une muraille de feu, l'assommait par ses obus. L'Allemand ne put en déboucher. L'infanterie française passe alors à la contre attaque, le parc est contourné et tout son contenu - 800 hommes, dont 30 officiers - abrutis par le déluge de fer qu'ils reçoivent depuis le matin, sont cueillis comme en un tour de main. C'est la victoire du canon. Le Parc et les abords de Lassigny sont jonchés de cadavres. Au delà de Lassigny les Allemands fuient éperdus. poursuivis à coups de canons jusqu'à la limite de portée des pièces. Pour ce fait d'armes, le 6 e régiment est cité à l'ordre de l'armée. Champagne, 1918. - C'est la dernière offensive allemande. Le 15 juillet l'ennemi a réussi à passer la Marne entre Château-Thierry et Epernay. Avec sa division, le 6 e va prendre position près d'igny-le-jard. I1 s'agit d'arrêter la progression ennemie au sud de la Marne, puis de le refouler. Martelé sans cesse, violemment contre-attaqué par les nôtres, l'ennemi est contraint, le 21 juillet, de repasser la Marne. Pour sa bravoure, le 6 e régiment est cité à l'ordre du 1 er Corps de Cavalerie. Mais à quelques kilomètres de là, vers la Montagne de Reims, la lutte est rude ; le 6 e régiment arrive à l'aide de nos alliés Italiens et Anglais. Ses 75 vomissent à nouveau une pluie d'obus sur Courmas et les bois avoisinants. (Plus de 1.000 coups par pièce sont tirés le 24 juillet par le régiment.) L'ennemi, submergé par la mitraille, finit par céder; le 31 juillet il commence à se replier. Flandres, 1918. - Le 6 e régiment va terminer victorieusement la guerre en coopérant à la délivrance de la noble Belgique. Le 10 octobre, ses batteries se portent à Staden ; elles s'installent dans le plus grand silence. L'attaque par surprise a lieu le 14. Après cinq minutes de préparation, précédée par, un barrage roulant impeccable, notre infanterie s'élance et progresse rapidement de plus de 4 kilomètres. Des pièces sont détachées auprès de l'infanterie, à raison d'une section par bataillon, pour réduire les nids de résistance. L'attaque reprend le lendemain; l'ennemi bousculé exécute un premier repli de quinze kilomètres. Le 18 le moulin d Hoithoeck est enlevé brillamment par nos 7

troupes, la 2 e pièce de la 8 e batterie participe glorieusement à ce succès et obtient une citation à l'ordre du Corps d'armée. L'ennemi continue à se replier et va s'accrocher à la Lys. Le 22, après une courte préparation, l'offensive reprend : fantassins et artilleurs traversent la rivière, le Boche réagit le plus qu'il peut, de violentes contre-attaques sont effectuées par des régiments de la garde ; mais l'élan de nos troupes est invincible, nous développons notre conquête. A son tour, la 2 e pièce de la 5 e batterie est citée à l'ordre de la Division pour son héroïque conduite. Enfin, le 31, l ennemi battu se retire sur l'escaut. C'est la fin. Le 6 e régiment est en position à 1.500 mètres de l'escaut, en face de Gravère, lorsque Enfin, le 31, l'ennemi battu se retire l'allemand demande grâce et signe l'armistice. A la suite des opérations des Flandres, le 6 e régiment est cité une deuxième fois à l'ordre de l'armée et obtient de ce fait la Fourragère. 8

LE 219 e REGIMENT D'ARTILLERIE Apparu sous le nom d'a. C. D. 158, en mars 1917, le 219 e fut formé le 1 er avril de la même année. Il est constitué par un groupe du 219 e, un groupe du 52 e et un groupe du 35 e régiment. Le 18 mars, à peine formée, l'a. C. D. 158 est appelée à prendre part à la poursuite des Boches qui effectuent un repli stratégique. Elle est arrêtée sur la ligne Vauxaillon-Ouest et Laffaux. Devenue en plein combat le 219 e régiment, elle participe dans ce même secteur à la préparation des offensives du 16 avril et du 6 mai 1917. Pendant ces trois mois, le 219 e s'est battu sans arrêt, sans jamais faiblir, surmontant d'énormes fatigues - 18 tués, dont 2 officiers; 86 blessés, dont 6 officiers et plus de 300 citations individuelles classent déjà le 219 e à l'égal de beaucoup de ses aînés. Après quinze jours de repos, le 219 e reprend sa place au feu et pendant un mois, du 7 juillet au 4 août, en position devant le Chemin-des-Dames, il continue à maintenir sa réputation naissante d'endurance et d'allant. Puis il va occuper le secteur à, l'ouest de Saint-Quentin ; il le quittera le 1 er novembre, après avoir fourni un travail énorme d'organisation de positions de batteries et d'observatoires. Le 6 novembre 1917, la 158 e D. I, était dissoute et le 219 e envoyé en Italie. Pendant les cinq mois que dura cette expédition, le 219 e reste en action sans repos et sans autre gîte que les trous qu'il se creusa. Cette période restera néanmoins comme un rayon de soleil dans son souvenir. I1 eut l'honneur de participer le 30 décembre à l'attaque du Mont Tomba dont la prise déchaîna un enthousiasme indescriptible chez nos alliés. De retour d'italie, le 219 e passa avril et mai 1918 sur les bords de la Somme, derrière nos alliés. Le 31 mai, il reçoit la noble mission d'empêcher l'ennemi de déboucher de Château-Thierry. Le 219 e vécut là quelques heures tragiques, mais vite oubliées, car il avait la légitime fierté d'avoir puissamment contribué à endiguer le flot allemand qui déferlait vers la capitale. Ayant reçu l'ordre d'aller se transformer à Nemours en artillerie de campagne portée, le général Dillemann, commandant la 47 e D. I., lui prouve sa profonde admiration en le citant à l'ordre de sa Division. Le 219 e R. A. C. P. fit ses débuts par une étape de 200 kilomètres, effectuée en trente-six heures, suivie d'une mise en batterie de nuit avec ses autos, sous la préparation d'artillerie ennemie du 14 juillet 1918. Les braves petits chauffeurs reçurent ce jour là à leur volant un impressionnant baptême du feu. Puis ce fut l'offensive américaine, le 219 e est mis le 2 septembre à la disposition du 1 er C. A. U. S. et participe efficacement à la réduction du saillant de Saint-Mihiel. Le 18 septembre, le régiment fait des reconnaissances dans la région de Vauquois. A partir de ce moment commence pour le 219 e une période extrêmement pénible. Dans la pluie, la boue, sans abris, sans matériaux, le 219 e occupe une série de positions loin de toute voie de communication; on doit amener les pièces à bras, coltiner les munitions sur le dos. Impossible de s'abriter, les tranchées se remplissaient d'eau. 9

Les pertes furent lourdes, nombreux tués et blessés et quantité, de malades. Mais malgré tout on avançait toujours. Les attaques ennemies se poursuivaient sans arrêt, de nombreuses positions furent successivement occupées au prix de difficultés inouïes. La dernière fut celle de Fléville, ou pour la dernière fois le 219 e faisait entendra sa voix dans la bataille. Plus de la moitié de l'effectif manquait à l'appel ; le matériel était à bout. Mais le Boche fuyait toujours. C'était la Victoire. Deux élogieuses citations, l'une de la 1 re D. I. U. S. et l'autre du Maréchal commandant en chef les armées françaises venaient donner confirmation officielle de la valeur du noble et héroïque 219 e régiment d'artillerie. 10

LE 176 e REGIMENT D'ARTILLERIE DE TRANCHÉE Le 176 e régiment d'artillerie de tranchée a été créé le 1 er avril 1918. Il a été formé par la réunion sous un même commandement de quarante batteries ayant appartenu à des régiments différents, ayant parcouru tout le front de l'alsace aux Flandres, ayant déjà toutes un passé glorieux. Et cependant ce n'est qu'au bout d'une année de guerre que les batteries d'artillerie de tranchée furent créées et déjà leur rôle était joué en juillet 1918. Elles n'ont donc que trois années de guerre, mais que de durs combats elles ont menés, quelle vie pénible elles ont vécue, quelles pertes élevées elles ont subies, mais aussi quelle gloire elles ont acquise et quelle reconnaissance la Patrie leur doit. Le port de la fourragère conféré aux 2 e, 14 e et 37 e batteries, Cinq batteries citées à l'ordre de l'armée, Neuf batteries citées à l'ordre du Corps d'armée, Cinq batteries citées à l'ordre de la Division, Quatre batteries citées à l'ordre de la Brigade ou du Régiment. Tel est le glorieux palmarès qui prouve mieux qu'un long historique les hauts faits du 176 e régiment d'artillerie de tranchée. 11

CITATIONS A L'ORDRE DE L'ARMEE obtenues par les Régiments qui constituent le 6 e Régiment d'artillerie actuel. ORDRE GÉNÉRAL N 529 DE LA VI e ARMÉE, du 13 Novembre 1917. 206 e Régiment d'artillerie de campagne. «Depuis le début de la campagne, n'a cessé de donner partout où on l'a employé, en Champagne, à Verdun, sur l'aisne, les plus belles preuves d'entrain, de courage et de dévouement. Vient de donner une fois de plus à l'attaque des 23 et 25 octobre 1917, sous les ordres du lieutenant-colonel Bichard, un bel exemple de perfection dans le tir, de ténacité et de bravoure. Eu action jour et nuit, pendant plus de huit jours de feu, sans désemparer, a continué, malgré de violents tirs ennemis, à assurer remarquablement sa mission». ORDRE DU MARÉCHAL DE FRANCE commandant en chef les Armées françaises de l Est 6 e Régiment d'artillerie de campagne. «Le 6 e régiment d'artillerie de campagne, après s'être distingué aux combats de juin et juillet 1917, au Chemin-des-Dames, a participé le 30 mars 1918, sous les ordres du lieutenant-colonel Lannes, assisté des chefs d'escadron Santuel, Naud et Lacombe, à la défense d'une position de la plus haute importance. Après avoir brisé par ses feux l'attaque ennemie a participé à la préparation et à l'accompagnement d'une contreattaque couronnée de succès. Pour pouvoir battre dans les meilleures conditions le terrain gagné par l'ennemi au parc du Plessis-de-Roye a dû déplacer deux batteries sous un bombardement des plus violents, improvisant des barrages roulants et des tirs d'appui impeccables. Le 6 e R. A. C. a fait preuve au cours de cette journée de capacités manœuvrières remarquables, d'un moral des plus élevés et a contribué pour une large part au succès des opérations». ORDRE N 679 DE LA VI e ARMÉE du 23 Novembre 1918. «Le 6 e régiment d'artillerie de campagne, après s'être distingué pendant toute la durée de la campagne, dans tontes les affaires où la division a été engagée, a, dans la période du 10 octobre au 10 novembre 1918 dans les Flandres sous les ordres du lieutenant-colonel LANNES, adapté avec, la plus grande souplesse l'emploi de ses moyen au terrain, et aux circonstances. Malgré des pertes sérieuses, n'a jamais cessé d'appuyer son infanterie soit par des actions d'ensemble, soit en la suivant au plus près avec des groupes d'appui direct, détachant des batteries entières et jusqu'à des pièces près des bataillons engagés eu première ligue. A fait preuve constamment de la plus grande ardeur, des plus hautes qualités de moral et d'endurance. A remarquablement coopéré aux succès de la division lui permettant de bousculer l'ennemi sans répit, de faire un plus grand nombre de prisonniers et de forcer d'une façon particulièrement brillante le passage de la Lys». 13

ORDRE N 13.342 «D» DU MARÉCHAL DE FRANCE commandant les Armées françaises de l'est. 219 e Régiment d'artillerie de campagne. «Sous le commandement du lieutenant-colonel Créange, a pris, malgré des pertes sévères, une part glorieuse à la poursuite de l'ennemi au nord de Soissons; de mars à mai 1917 aux actions du Chemin des dames; de mai à juillet 1917 eu Italie à la prise dit Mont-Tomba; à l'arrêt de l'offensive ennemie au nord de Château-Thierry.» «Transformé en régiment porté, est intervenu dans la bataille du 14 juillet 1918 après une marche forcée de 200 kilomètres en 36 heures et a pris position sous un feu intense. Mis à la disposition d'une Armée alliée a soutenu en septembre et octobre 1918, six divisions dans leurs attaques sans prendra aucun répit et en perdant pendant ces deux mois le quart de son effectif. N'a mérité que des éloges pour ses superbes qualités d'entrain et d'endurance.» ORDRE N 291 DE LA III e ARMÉE, du 8 Avril 1917. - 11 e Batterie du 176 e Régiment d'artillerie de tranchée (ex 104 e et 174 e Batteries du 7 R. A. C.). «A accompagné au cours des combats des 17-18-19-20 et 21 mars 1917 le bataillon de tête de la division sur une profondeur de 40 kilomètres passant partout avec eux malgré les difficultés sans nombre (terres labourées, tranchées ennemies bouleversées, voies de chemin de fer eu déblai, deux canaux, une rivière, toutes coupées par les mines, etc...) donnant ainsi l'exemple des plus belles qualités d'endurance et de volonté.» ORDRE GÉNÉRAL N 426 DE LA IV Armée, du 14 Mai 1917. - 14 e Batterie du 176 R. A. T. (ex 111 Batterie du 6 R. A. C.). «Chargée de coopérer à l'attaque des organisations défensives de la région de A... défendues avec acharnement par l'ennemi, a pendant les journées des 18 au 21 avril 1917, sous les ordres de ses chefs le capitaine Morel et le lieutenant Chamblier, soutenu au combat, des grenadiers avec un acharnement farouche, éprouvant de lourdes pertes et forçant l'admiration du bataillon de la Légion dont elle appuyait la progression». ORDRE GÉNÉRAL N 1399 DE LA II ARMÉE, du 9 Novembre 1918. «La 14 e batterie du 176 e régiment, sous les ordres du sous-lieutenant Beigbeder, s'est portée au trot malgré le tir violent de l'artillerie ennemie à hauteur des unités de première ligne de l'infanterie pour appuyer sa progression; l'a constamment soutenue pendant cinq jours de bataille malgré les pertes causées par l'artillerie ennemie». ORDRE GÉNÉRAL N 456 DE LA II e Armée 15 e Batterie du 176 R. A. T. (ex 102 e Batterie du 105 e R. A.). «Ayant pris position au mois de mai 1916 en première ligne dans un secteur continuellement attaqué par l'ennemi, a pris une part très efficace à la résistance en contribuant par ses tirs remarquablement conduits à repousser les colonnes d'assaut. 14

Grâce à l'énergie de son chef, le lieutenant Plessiers, qui a su inculquer à sa troupe les nobles sentiments qui l'animent, a toujours maintenu ses positions, servant avec un personnel très réduit un nombre de pièces parfois triple du nombre réglementaire et, toujours en éveil, répondant avec une ponctualité parfaite, de jour comme de nuit, aux appels de l'infanterie.» ORDRE GÉNÉRAL N 958 DE LA II e ARMÉE- 30 Batterie du 176 R. A. T. (ex 124 e Batterie du 46 R. A. C.). «Sous le commandement du lieutenant Bouysse, a fait preuve au cours des attaques d'août et septembre 1917 des plus belles qualités d'entrain, d'énergie et d'endurance, s'acquittant sans aucune défaillance de la mission, particulièrement difficile qui lui avait été confiée. Malgré des tirs continus et précis d'obus de très gros calibre qui lui ont causé des pertes élevées, a continué à tirer jusqu'à ce que toutes ses pièces fussent mises hors de service.» 15