Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi



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Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi

ATTIAS Florian BENAYOUN Anna BESCHMOUT Ruth BOUTHIBA Meriem TS2 De quelles façons les enfants ont-ils été les victimes du régime nazi pendant la Seconde Guerre Mondiale?

Sommaire I]Pourquoi et comment les enfants et les adolescents ont-ils été impliqués dans le système concentrationnaire nazi a) Les enfants persécutés dans le système raciste de l'époque b) Le traitement et la répression des populations (enfants, adolescents ) dans les pays occupés II] Le sort des enfants et des adolescents dans le système concentrationnaire a) Le cas particulier de Terezin un camp-ghetto pour famille juive b) Vers l'extermination c) Les différents enfants dans les camps III] Les mémoires et les hommages se rapportant à cette période a) Les témoignages 1) Les poèmes 2) Les dessins 3)Leurs récits b) Les hommages et les films Conclusion

Introduction Durant la Seconde Guerre Mondiale, qui débuta en 1939 et prit fin en 1945, le nombre de morts qui fut à déplorer reste encore de nos jours le plus lourd bilan de toutes les guerres. Parmi ces victimes se trouvaient des personnes qui étaient envoyés par les nazis dans des camps. Deux sortes de camps étés mis en place par Hitler: les camps de concentration et les camps d extermination. Les camps de concentration étaient des camps refermant des résistants, des ennemis du régime nazi, des personnes jugés indésirables, suspects ou bien des otages. Dans ces camps le but des allemands était de les regrouper et de pouvoir les surveiller. Cependant la possibilité de rester en vie était très faible. Les camps d' extermination étaient quant à eux de véritable «usines de mort», ils étaient mis en place pour le seul et unique but de massacrer des peuples entiers. Les juifs et les tsiganes étaient les principaux ciblés. Cependant les victimes n étaient pas que des hommes robustes, des soldats ou des femmes, on y trouvait également de nombreux enfants et adolescents. En effet, un million et demi d entre eux ont été tuer par les nazis. C'est pourquoi nous pouvons qualifier cette guerre de réellement inhumaine. A travers ce dossier nous allons voir comment et pourquoi les enfants et les adolescents se sont trouvés dans ce système concentrationnaire établit par les nazis. Ensuite nous verrons les différentes catégories d enfants qui étaient les cibles des nazis pendant cette guerre. Et enfin nous étudierons les différents témoignages liés aux enfants et aux adolescents de l époque.

I] Pourquoi et comment les enfants et les adolescents ont-ils été impliqué dans le système concentrationnaire nazi?

L arrivée d enfants et d adolescents dans le système concentrationnaire correspond à la mise en application de politiques spécifiques par le III Reich. Trois pistes sont à explorer: celle des persécutions et exterminations «raciales», celle de la colonisation et de la germanisation des territoires conquis, celle de la répression des populations en rébellion contre la domination nazie. Qui, toutes les trois, ont abouti à l envoi d enfants et d adolescents dans le système concentrationnaire nazi. a)les enfants persécutés dans le système raciste de l époque L extermination, des Juifs représente entre 5 et 6 millions de victimes dont deux millions d enfants de moins de 18ans dont 11 000 enfants déportés de nationalité française. Ce sont surtout les enfants qui étaient visés car les nazis voyaient en leur mort le mode d extermination de la «race juive» le plus parfait. Heinrich Himmler (SS et le chef de toutes les polices allemandes) disait : «Je ne me crois pas autorisé à exterminer des hommes si je laisse grandir leurs enfants qui se vengeront sur nos fils et nos petits-enfants. La pénible décision est prise: ce peuple doit disparaître de la surface de la terre». Dans les convois de déportés qui les menaient aux camps de concentration, il y avait, en plus des adultes, de nombreux adolescents et même des enfants de moins de 14 ans. D après les listes partiellement conservées concernant les convois arrivés au KL Auschwitz entre le 17 avril et le 17 juillet 1942, il est possible d établir qu il y eut parmi eux 656 enfants et adolescents. Les plus jeunes enfants étaient âgés de 11 et 12 ans. Leur présence au camp fut très brève car peu après leur arrivé, la plupart moururent. Des travaux (ou corvées) sont imposés aux adultes, pas ou peu rémunérés; ce n est toutefois pas encore le cas des enfants, considérés comme improductifs et qui sont plus rapidement «évacués» vers les centres d extermination. En revanche la tranche d âges 13-18 ans, mise au travail forcé, peut bénéficier d un sursis, temporaire. Les ghettos deviennent rapidement des pièges mortels. Quelques enfants parviennent à franchir les enceintes pour se livrer au szmugiel, contrebande de vivres qui, au péril de leur vie, permet parfois à la famille de ne pas mourir de faim.

Les enfants alors très sensibles gardent un souvenir très marquant et encore intact de cette expérience très traumatisante comme le montre ces témoignages: - Témoignage de Thérèse Krol née à Lodz en Pologne en 1935. Sa famille est prise dans le ghetto de Varsovie en 1940. En 1943, Thérèse et sa mère sont cachées hors du ghetto et le père participe (non armé) à l'insurrection du ghetto. Ils parviennent à trouver refuge dans une famille polonaise de la banlieue. Les autres branches de leur famille disparaissent à Treblinka. Lors du soulèvement de Varsovie, Thérèse et ses parents trouvent refuge dans un immeuble détruit où le père se blesse gravement. La paix revenue, ils retournent à Lodz qu'ils quittent finalement pour Prague sous la pression de l'antisémitisme : et de la police secrète. Ils émigrent ensuite à Paris en 1947 puis à Bruxelles en 1955. Un nouveau décret interdit aux Juifs d'occuper plus d'une chambre. Mes parents en ont trouvé une chez un vieux couple sans enfants. La pièce que nous occupions, Twarda 132, nous servait à la fois de salle à manger, de chambre à coucher et de cuisine. Il y avait un lit sur la droite face à la porte. Je m'en souviens distinctement parce que c'est là que maman m'a appris où était le côté droit et le côté gauche. À l'autre bout, il y avait l'unique fenêtre qui donnait sur la rue et devant la fenêtre une table couverte d'une toile cirée. Un petit lit, où je dormais, dans le prolongement de celui de mes parents. Je sais que les familles de maman et de papa habitaient à proximité, et que je voyais souvent le petit frère de maman et ses soeurs. Moshe, le plus jeune frère de mon père était aussi souvent là. J'ai cru comprendre qu'il se tissait quelque chose entre lui et Symcia, une des soeurs de maman. Ils étaient jeunes, ils ne savaient pas ce qui les attendait, mais peut-être en avaient-ils la prémonition. Ils voulaient vivre vite, mais ils n'en ont pas eu le temps. En 1943, ils ont tous été déportés à Treblinka. Il y avait dans l'immeuble un homme très distingué, d'un certain âge qui faisait encore des affaires avec la Suisse par l'intermédiaire d'un officier allemand, Hans Paul Richter, qui par la suite nous sauva la vie. Mon père a beaucoup plu à son voisin qui lui a demandé d'être son homme de confiance. Cette offre inespérée a permis à toute la famille de survivre pendant quelque temps. Papa gagnait assez pour subvenir aux besoins très modestes d'une famille élargie. Cela tenait du miracle. Les gens avaient peu d'états d'âme. Ceux qui avaient encore des moyens, vivaient comme si la guerre ne devait pas durer, ou peut-être, au contraire, savaient-ils que la fin était proche. Les autres mouraient de faim dans la rue et on les couvrait de journaux. Mes parents m'ont toujours épargné la vue des cadavres, mais par la fenêtre ouverte j'entendais psalmodier: «A stikele broït» («Un morceau de pain»). Je l'entends encore, plus de soixante ans après, et il m'arrive de me boucher les oreilles. À la maison, des mots nouveaux pour moi revenaient sans cesse: Umschlagpat. (Il s'agit de la place où on triait pour les camps le «bétail humain», c'est-à-dire les Juifs du ghetto) et Blokade («rafle»).

-Témoignage de Charlene survécut et fut libérée par les troupes soviétiques: «Avec ingéniosité, nous avons creusé deux trous sous les barrières, aussi un enfant pouvait-il se glisser de l'autre côté et, vous voyez, enlever son Étoile jaune et essayer de vivre comme n importe quel être humain et essayer de trouver de la nourriture. De temps en temps, les enfants ramenaient dans le ghetto de la nourriture qu'ils étaient allés chercher chez eux. Je l'ai fait de nombreuses fois. C'était très dangereux parce que si on était pris, on le payait de sa vie. Je veux dire, c'étaient les ordres, de tuer, d'abattre la personne, l'auteur du «crime». J'ai eu beaucoup de chance et, de temps en temps, je ramenais une tranche de pain, une carotte, une pomme de terre ou un œuf et c'était une performance exceptionnelle. Ma mère m'avait fait promettre de ne plus recommencer, mais je lui ai désobéi.» Jeune garçon juif mendiant dans le ghetto de Varsovie. 19 septembre 1941. Photo prise par Heinrich Jöst, soldat allemand.

b) Le traitement et la répression des enfants et des adolescents dans les pays occupés Dans les pays occupés des arrestations étaient organisées afin d envoyer les juifs des pays occupés dans les camps, comme le montre cette missive qui s adresse au gouvernement Français : le président Laval a proposé que, lors de l évacuation des familles juives de la zone non occupée, les enfants de moins de 16 ans soient emmenés eux aussi. Quant aux enfants juifs qui resteraient en zone occupée, la question ne l intéresse pas. Dannecker, qui était le chef du service des affaires juives à la Sipo-SD (Gestapo) de Paris, a demandé une décision urgente par télégramme pour savoir si, par exemple à partir du quinzième convoi de Juifs partant de France, il pouvait inclure également des enfants de moins de 16 ans. Les arrestations restent aussi un coup dur pour les enfants de l époque comme nous le montre ces témoignages: - Témoignage de Maurice Cling est le seul survivant de sa famille directe : Aujourd hui, Monsieur J. ne plaisante pas, après un petit chahut, il annonce: «Interrogation écrite!». Le silence retombe. Chacun s affaire sur sa feuille. Le temps s étire très lentement quand, tout à coup, on frappe à la porte de la classe. Monsieur Ledoux, le secrétaire du «surgot», apparaît : On demande Cling avec ses affaires. Vous savez pour quoi c est faire? Me dit Monsieur J. inquiet. Non, M sieur, mais je suis bien content! Et je sors le cœur léger. Au bas de l escalier m attend le «surgé», le redoutable Monsieur Boscq dont la manche vide intimide tant les élèves. Il me regarde avec gravité et dit : Mon pauvre petit, il t arrive un coup dur. J ai comme un éblouissement. Un grand et gros policier en civil attend derrière lui, indifférent. [ ] La grande porte en verre et fer forgé s ouvre sur la rue Denfert-Rochereau. Une «traction» noire luisante [ ] est rangée sagement le long du trottoir. Un homme est assis au volant. Sur la banquette arrière, maman les larmes aux yeux, entourées de paquets. Nous échangeons un regard tendre. Comme il ne reste plus de place, le gros policier me fait asseoir sur ses genoux à l avant. [ ] Peu après la voiture s engage dans une rue étroite et animée. «Rue des Saussaies», indique la plaque. [ ] Au fond à gauche, nous prenons un ascenseur. Dans l antichambre où nous pénétrons, Papa et Willy sont assis entourés de paquet et de couvertures. Nous voici réunis. On appelle des noms. [ ] Mon tour arrive. On me désigne une chaise devant un large bureau. Derrière, un grand inspecteur blond aux yeux gris que les autres appellent Schmidt, et qui a l air de commander. [ ] À côté, une secrétaire tape à la machine. Il lui dit : «Passez moi le fichier chuif». [ ] Je retrouve ensuite mes parents et Willy qui ont dû se faire un sang d encre. Un autobus à moitié plein attend dans la cour. Nous rejoignons d autres familles portant baluchons et valises. [ ] L autobus démarre. - Témoignage d une famille arrêtée à Paris: Nous avons été emmenés dans le camp de Drancy au matin du 5 février 944. Dans la nuit du 4 au 5, les policiers français nous ont surpris, très brutalement, dans notre sommeil. Notre porte a été fracturée. La peur m a alors saisi. Les «vaches à roulettes2» nous ont encadrés jusqu au commissariat central du XXe arrondissement, des locaux au rez-dechaussée de la mairie. Il faisait un froid sec, sans neige. Au out d un moment dans la nuit, sont arrivés des hommes de la Gestapo qui ont voulu regarder de près la liste des personnes prises en même temps que nous dans leur coup de filet. Les Allemands se sont arrêtés sur les noms de Bigielman et fils. Ils ont dit : «qu avec un nom pareil, ils ne pouvaient pas être juifs et que l on pouvait les relâcher». Mais le policier français, tout à son zèle, a répondu textuellement, en parlant de mon patronyme : «Bigielman, il est sur ma liste, je le garde.» Vers sept ou huit heures du matin, des autobus de la Compagnie du Métropolitain sont venus nous chercher.

Dans la seconde moitié de 1942, on établit les plans d aménagement d un camp de concentration pour mineurs à Lódz. L ouverture du camp, planifiée pour le 1er décembre 1942, fut décidée le 28 novembre 1941 par l Office central de sécurité du Reich (RSHA). Les services de sécurité et de la SS (Sipo et SD) justifiaient ainsi l existence de ce camp: «Dans nos territoires orientaux, en particulier le Warthegau, le laisser-aller de jeunes Polonais a atteint un tel point qu ils constituent un grand danger pour la jeunesse allemande. Il faut chercher les causes de ce laisser-aller avant tout dans le niveau de vie invraisemblablement primaire des Polonais. La guerre a désuni nombre de familles et ceux qui sont autorisés à éduquer ne sont pas en état de remplir leurs devoirs. Par ailleurs, les écoles polonaises ont été fermées. Les enfants polonais vagabondent donc sans aucune surveillance, mendient, font du commerce, volent, et sont source de menace morale pour la jeunesse allemande.» La genèse même de la création de ce camp montre que ce n était nullement une institution à caractère préventif ou éducatif. Les enfants polonais avaient été privés de toute protection juridique. Ils étaient envoyés dans ce camp sur la base de décisions administratives non contrôlées, prises à partir d informations fournies en général par la police, sans souci de justice ni de vérité. Ce camp était destiné à des enfants et des jeunes de moins de 16 ans, de nationalité polonaise. Ils étaient envoyés au camp pour vagabondage dans les lieux publics, absence de domicile, refus de partir pour le travail obligatoire en Allemagne, participation soupçonnée au mouvement de la résistance, refus des parents de signer la Deutsche Volksliste, séjour des parents dans un camp, ou en prison, ou parents morts en détention, handicaps physiques et mentaux, et parfois aucune raison plausible. Sur un nombre global d environ 88 000 déportés de France, pour d autres raisons que parce que Juifs selon les critères de l époque, les recherches entreprises par la Fondation pour la mémoire de la Déportation, permettent d établir que 2 508 jeunes, français et étrangers, ont été déportés, surtout à partir de l année 1944 caractérisée par une radicalisation de la répression, à moins de 18 ans (93 % de garçons et 7 % de filles), 53 %sont rentrés de déportation à la libération. Parmi eux on dénombre près de 2300 Français et de nombreuses autres nationalités dont des groupes de Belges, des Espagnols, des Italiens, des Polonais, Néerlandais et quelques individualités: Anglais, Américains, Russes, Roumains, Yougoslaves, Serbes, Luxembourgeois, Suisses et Tchèques. Photo de Guy Faisant jeune combattant volontaire de la résistance :

II] Le sort des enfants et des adolescents dans le système concentrationnaire

La vie sordide de Terezin a repris...et les enfants de Terezin ont disparu... a) Le cas particulier de Terezin un camp-ghetto pour les familles juives. En 1941, Terezin, ville au Nord de Prague, est devenue un camp-ghetto de transit vers Auschwitz. Là, des familles entières vivent l horreur du système nazi : l humiliation, l extermination par la faim, la mort par exécution sommaire, le départ vers une destination inconnue d où on ne revient pas. Des enfants juifs font leurs adieux à leurs parents à travers la clôture de la Prison centrale, le point de rassemblement avant leur déportation. Leur crime? Etre juif. Des familles entières, 15000 enfants... et si peu de survivants pour raconter la réalité de Terezin. Terezin n est pas un camp comme les autres. La propagande nazie veut donner une image rassurante du sort des juifs déportés. Un film est tourné : " Le führer offre une ville aux juifs" et le 23 juin 1944, la Croix-Rouge est invitée à venir constater que le sort des juifs disparus dans toute l Europe n est pas "si terrible". Et les nazis présentent à l organisation internationale un camp modèle : des familles confortablement logées, des enfants jouant paisiblement, des prisonniers sereins, une intense vie artistique...,.. une mascarade dont les régimes totalitaires ont le secret. La Croix-Rouge a vu et filmé le "camp modèle" de Terezin... Et la Croix-Rouge est repartie...

Plan du camp de Terezin : Vue du camp :

b) Vers l'extermination Les enfants furent des victimes des Nazis particulièrement vulnérables. On estime que plus d'un million d'enfants juifs fut exterminé en Allemagne et en Europe occupée. Dans les ghettos, nombreux furent les enfants qui moururent en raison du manque de nourriture, de vêtements ou de soins. Les Nazis considéraient que les enfants des ghettos étaient improductifs. Ils n'étaient en général pas utilisés pour le travail forcé, ce qui augmentait leurs risques d'êtres déportés plus tôt vers les camps de concentration et les camps d'extermination. Les enfants juifs furent parmi les premières victimes lorsque les Allemands et leurs collaborateurs cherchèrent à détruire les communautés juives en assassinant par fusillades ou en déportant vers un camp d'extermination. Après la sélection à Auschwitz et dans les autres camps d'extermination, la majorité des enfants était envoyée directement dans les chambres à gaz. Il n'avait aucune chance d'être sélectionnés pour le travail. Quelques enfants des camps, en particulier des jumeaux, furent utilisés pour les expériences médicales nazies. Des enfants furent également abattus par les SS et les forces de police en Pologne et en Union soviétique. Les présidents des Conseils juifs (Judenrat) étaient contraints de prendre des décisions déchirantes pour remplir leurs quotas d'enfants destinés à la déportation. Janusz Korczak, célèbre pédiatre polonais et directeur d'un orphelinat dans le ghetto de Varsovie, refusa d'abandonner les enfants dont il avait la garde. Il les accompagna dans le transport jusqu'à Treblinka, où il fut assassiné avec eux. Malgré les persécutions, de nombreux enfants trouvèrent des moyens de survivre. Beaucoup d'enfants firent passer clandestinement de la nourriture dans les ghettos. Certains enfants ou adolescents participant à des mouvements de jeunesse furent actifs dans la résistance ; d'autres participèrent à des évasions vers des camps de familles de partisans. Certains non- Juifs fournirent des cachettes aux enfants juifs et parfois, comme dans le cas d'anne Frank, à d'autres membres de leurs familles. Kindertransport (Transport des enfants) fut le nom non officiel donné à une opération de secours qui amena des milliers d'enfants juifs réfugiés d'allemagne nazie et des territoires occupés par l'allemagne en Grande-Bretagne entre 1938 et 1940. En France occupée, par exemple, les habitants du Chambon-sur-Lignon cachèrent des enfants juifs, les sauvant ainsi de la déportation. Après la Shoah, les survivants cherchèrent à travers toute l'europe les enfants disparus. Des milliers d'orphelins se trouvaient dans les camps de personnes déplacées. Il fallait aussi retrouver les enfants cachés dans des familles non-juives. De nombreux enfants s'enfuirent d'europe de l'est dans le cadre de l'exode de masse (Brihah) vers les zones d'occupation alliées, en route vers le Yishuv (la population juive en Palestine). Par le biais de l'aliyah des jeunes, des milliers d'enfants émigrèrent vers le Yishuv, puis dans l'etat d'israël après sa création en 1948.

Four crématoire dans un camps de concentration

c)les différents enfants dans les camps Avant les camps Aprè s les c a mp s

L arrivée des enfants dans les camps de concentration ( par Anne Franck) «Jamais je n oublierai cette nuit, la première nuit de camp, qui a fait de ma vie une nuit longue et sept fois verrouillée. Jamais je n oublierai cette fumée. Jamais je n oublierai les petits visages des enfants dont j avais vu les corps se transformer en volutes sous un azur muet [...] Jamais je n oublierai cela, même si j étais condamné à vivre aussi longtemps que Dieu lui-même. Jamais". Ces lignes ont été écrites par Elie Wiesel, dans son ouvrage "La nuit". Déporté avec sa famille à Auschwitz, il en sera délivré à l âge de seize ans. Certains enfants, après un long convoi, n avaient pas même le temps de franchir la porte des camps. Jorge Semprun, en a témoigné en 1963 dans «Le grand voyage». Espagnol exilé en France où, jeune adulte, il a rejoint la Résistance, Arrêté en 1943 par la Gestapo ( police politique) et déporté à Buchenwald. Il livrera des témoignages de ce vécu aussi esthétiques sur la forme que terribles sur le fonds. Comme le souvenir de l arrivée d un convoi de déportés, parmi lesquels des enfants : «A la gare du camp, quand on ouvrait les portes coulissantes des wagons, rien ne bougeait, la plupart des Juifs étaient morts debout, morts de froid, morts de faim. ( ) Un jour, dans un de ces wagons où il y avait des survivants, quand on a écarté l entassement de cadavres gelés et raides, on a découvert tout un groupe d enfants juifs. Tout à coup, sur le quai de la gare, sur la neige parmi les arbres couverts de neige, il y a eu un groupe d enfants juifs, une quinzaine environ, regardant autour d eux d un air étonné, regardant les cadavres entassés comme des troncs d arbres déjà écorcés sont entassés sur le bord des routes, attendant d être transportés ailleurs, regardant les arbres et la neige sur les arbres, regardant comme des enfants regardent. Et les S.S., d abord, ont eu l air embêtés, comme s ils ne savaient que faire de ces enfants de huit à douze ans, à peu près, bien que certains, par leur extrême maigreur, par l expression de leurs regards, eussent l air de vieillards. Mais les S.S., aurait-on dit tout d abord, ne savaient que faire de ce enfants et ils les ont rassemblé dans un coin, peut-être pour avoir le temps de demander des instructions, pendant qu ils escortaient sur la grande avenue les quelques dizaines d adultes survivants de ce convoi-là. ( ) Les S.S. sont revenus en force, alors, ils avaient du recevoir des instructions précises, ou bien leur avait-on donné carte blanche, peut-être leur avait-on permis la façon dont ces enfants allaient être massacrés. En tout cas, ils sont revenus en force, avec des chiens, ils riaient bruyamment, ils criaient des plaisanteries qui les faisaient s esclaffer. Ils se sont déployés en arc de cercle et ils ont poussé devant eux, sur la grande avenue, cette quinzaine d enfants juifs. Je me souviens, les gosses regardaient autour d eux, ils regardaient les S.S., ils ont du croire au début qu on les escortait simplement vers le camp, comme ils avaient vu le faire pour leurs aînés, tout à l heure. Mais les S.S. ont lâché les chiens et ils se sont mis à taper à coups de matraque sur les enfants pour les faire courir, pour faire démarrer cette chasse à courre sur la grande avenue, cette chasse qu ils avaient inventé, ou qu on leur avait ordonnée d organiser, et les enfants juifs, sous les coups de matraque, houspillés par les chiens sautant autour d eux, les mordant aux jambes sans aboyer, ni grogner, c étaient des chiens dressés, les enfants juifs se sont mis à courir vers la porte du camp». ( ) Et il n en resta bientôt plus que deux, un grand et un petit ayant perdu leurs

Le quotidien des enfants dans les camps «Durant tout l hiver on obligea des petits enfants, nus comme des vers, sans souliers, à rester dehors pendant des heures d affilée, à attendre leur tour de passer dans les chambres à gaz de plus en plus actives. Leurs plantes de pied gelaient et restaient collées au sol glacé. Ils attendaient et pleuraient : certains d entre eux moururent de froid. Pendant ce temps-là, les Allemands et les Ukrainiens ne cessaient d arpenter les rangs, frappant et bourrant de coups de pied les victimes. Un des allemands, un dénommé Sepp était une brute sadique et sauvage, qui prenait un plaisir tout particulier à torturer les enfants. Lorsqu il bousculait les femmes et qu elles le suppliaient d arrêter parce qu elles avaient des enfants avec elles, il lui arrivait souvent d arracher un enfant des bras de la femme et de le mettre en pièces ou de le saisir par les jambes, de l assommer contre un mur et de jeter son cadavre au loin» Yankel Wiernick, survivant de Treblinka, cité dans «Dites-le à vos enfants», S. Bruchfeld, P-A Levine, Ed. Ramsay, 2000 Le sort des bébés nés dans le camp de Ravensbrück J ai dit qu en 1942 les services du Revier* provoquaient l avortement des femmes enceintes ; quand l enfant naissait vivant, il était étouffé ou noyé dans un seau devant la mère et, étant donné la résistance du nouveau-né à l asphyxie par l eau, l agonie du bébé durait souvent vingt à trente minutes. A partir d octobre 1944, les nourrissons ne furent plus tués mais moururent tous de misère physiologique. Ils eurent même une pièce réservée, et notre camarade médecin Zdenka put obtenir pour eux un peu de lait en poudre que les infirmières mélangeaient avec des farines cuites, données par les prisonnières qui recevaient des colis ; dans cette période, les bébés purent vivre jusqu à trois mois, mais aucun ne survécut au-delà. En décembre 1944, quelques mères avec leur bébé, envoyées dans un commando de travail, furent aidées sur le plan alimentaire par des prisonniers de guerre français. Quelques enfants ont alors survécu, dont trois petits Français, un petit Polonais et un petit Autrichien - sur 845 décédés d octobre 1944 à avril 1945. En janvier 1945, période où l extermination est déjà en cours, la pièce réservée jusque-là aux nourrissons fut supprimée au Revier*, et les mères avec leur bébé furent mises avec les Tsiganes et leurs enfants de tous âges dans une moitié du block** 32 [...]. Quand les mères avec enfant avaient été installées avec les Tsiganes au block 32, celui-ci avait été entouré d un grillage à barbelé et, le 28 février, tout le block sauf les malades partit pour Bergen-Belsen*** (27 bébés moururent dans le train). Dans le courant de mars, les 12 bébés survivants furent gazés, dans un groupe de 250 jeunes femmes enceintes ou allaitant des nourrissons. NOTES : * le Revier : lieu où l on concentre les malades ** block : baraque du camp. Germaine Tillion, Ravensbrück, Seuil, 1973, 1988.

Le regard que peut porter un enfant sur un monde si cruel et brutal, une si grande inhumanité n est sans doute pas le même que celui porté par un adulte. Les enfants et adolescents ont vu leur parents souffrir, humiliés, certains en ont étés séparés, d autres les ont vu mourir. Ils ont aussi parfois étés séparés de leurs camarades. Ces enfants voyaient la réalité tout en conservant un œil d enfant. Plusieurs années après, il reste de ces victimes les plus innocentes des poèmes, dessins et autres témoignages de cette période. a) Les témoignages 1)Le s poème s Beaucoup de poèmes écrits par des enfants dans les camps ou des hommes ayant étés parmi des enfants des camps témoignent de la douleur vécue dans les camps. La plus-part des poèmes écrits évoquent la douleur, le désir de partir, la peur et la nostalgie. Certains poèmes évoquent l espoir d un retour à la vie normale. En voici quelques-uns: Papillon Le dernier le tout dernier D un jaune si vif, amer, si éblouissant Comme le chant d une larme De soleil tombant sur un caillou blanc Un jaune tel Il est monté si haut, léger Il allait sûrement, sûrement pour embrasser son dernier monde Sept semaines que je suis ici Ghettoisiert Ici les miens m ont retrouvé Ici les pissenlits m appellent Et la branche blanche du marronnier dans la cour Ici je n ai pas vu de papillon Il fut le dernier Il n y a pas de papillon ici

L attente Le vent chante au sommet des arbres Cette triste chanson emplie de désir: Nous voulons rentrer, rentrer Le temps est si long, Dans l attente, avant que ne s accomplisse notre ardent souhait Mais peut-être, attendrons-nous jusqu à la mort. Quand finira cette vie, pleine de souffrances et de misères, Aurons-nous encore d heureuses années? Aucune réponse et toujours l attente sans fin, Peut-être dans un an, un mois, peut-être demain Il faudra bien que cela vienne! Ce sera un beau matin Alors nous recommencerons à vivre! Iris Je voudrais partir seule Où les gens sont autres, meilleurs Quelque part vers l inconnu Où personne n est tué ; Peut-être plusieurs d entre nous atteindront ce but rêvé Peut-être des milliers Peut-être bientôt. Alena Synkova, 24.9.1926 a survécu

2)Le s de s sin s Dans certains camps ou ghettos tels que Terezin, les dessins (ainsi que les poèmes) écrits par les enfants étaient instaurés par les Nazis comme une étape temporaire avant le voyage vers la mort. Les enfants dans leurs dessins exprimaient leurs désirs, craintes espoirs, ou dessinaient simplement ce qu ils voyaient. Ce dessin a été réalisé par Thomas Geve, enfant de Buchenwald, à sa sortie du camp. Il illustre la résistance interne et l'auto-libération des détenus, peu avant l'arrivée des Américains. Dessin d'un jeune enfant, Josef Novak, interné à Theresienstadt.

Voici un dessin réalisé en 1990 par Nicole, veillant son Papa malade à Auschwitz. Dessin d'enfant qui apporte la lumière dans ce monde d'horreur qu'est notre génération.