La prise en compte du risque dans l aménagement du territoire

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Transcription:

La prise en compte du risque dans l aménagement du territoire Comparaison entre trois pratiques Valais-Suisse, Vallée d Aoste-Italie, Rhône-Alpes et PACA-France

Des convergences importantes Dans les trois pays, la gestion des risques naturels s appuie fortement sur la prévention par la réglementation de la construction dans les zones à risque. Une telle politique n est pas présente dans tous les pays européens. Les 4 régions partenaires sont à la pointe des pratiques en ce domaine Similitudes entre les 3 types de zonage : zonage de l aléa (et non du risque)

Un certain nombre de différences 1. Nombre de zones réglementaires (outre une zone sans contraintes) Suisse : combinaison intensité et probabilité d occurrence de l évènement 3 zones +1 Rouge : danger élevé Bleue : danger moyen Jaune : danger faible Hachuré jaune/blanc : danger résiduel inondations

Nombre de zones Italie : hétérogénéité - Autorités de bassin et régions Vallée d Aoste : 3 zones Rouge : aléa fort ou bande A (inondations) Jaune: aléa moyen ou bande B (inondations) Verte : aléa faible ou zone C (inondations) Inondations : zonage du PSFF

Nombre de zones France : Plan Prévention des Risques (PPR) 2 zones Rouge : inconstructible Bleue : constructible avec prescriptions Zones particulières (expansion des crues, zones d aggravation du risque non directement exposées ) 3 niveaux d aléas fort : interdiction moyen : interdiction / prescriptions strictes faible : prescriptions simples

2. Les contraintes Suisse Zone rouge : périmètre d interdiction Zone bleue : périmètre de réglementation, construction autorisée, une expertise fixe les mesures constructives Zone jaune : construction autorisée, prescription de mesures de protection individuelles au niveau du bâtiment Zone hachurée jaune/blanc : habitants assujettis à un plan d évacuation d urgence

2. Les contraintes Vallée d Aoste Il n existe pas, pour chaque type de zone, de règle générale clairement affichée (à l inverse de la Suisse). Dans chaque zone, les obligations varient en fonction des aléas. Mais les contraintes sont assez sévères. Les zones d aléa fort et moyen sont inconstructibles (exception faite pour le risque d avalanche).

2. Les contraintes France Le PPR définit La réglementation des projets : urbanisme : interdiction, prescriptions règles de construction : prescriptions constructives conditions d utilisation Les mesures de prévention, protection, sauvegarde pour les collectivités publiques, les gestionnaires de réseaux et d établissements, les particuliers.

2. Les contraintes France Le PPR définit aussi Les mesures sur les biens et activités existants. Ces mesures peuvent concerner l aménagement des biens, leur utilisation et leur exploitation. Elles ne sont obligatoires que dans la limite de 10 % de la valeur des biens. Des financements par le Fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRMN) sont possibles depuis 2005. La cartographie des aléas s inscrit dans une perspective plus large que le simple zonage réglementaire.

3. Modalités d application Suisse Les cartes de danger ne sont reportées sur les plans de zones communaux qu à titre indicatif. Caractère évolutif du danger (dans un sens ou l autre) Les aspects contraignants (législation,aménagement, autorisation) sont du ressort des autorités cantonale et communale. Valais L usage veut qu une carte de danger soit prise en compte par l autorité communale dés qu elle a été validée par le spécialiste cantonal (avant même enquête publique et homologation par le Canton)

3. Modalités d application Italie Le zonage indicatif à la charge de l Etat ne s impose qu aux collectivités locales et à l Etat Vallée d Aoste La cartographie des risques fait partie intégrante du Plan régulateur général communal (PRGC) réalisé par les Communes France Le PPR approuvé vaut servitude d utilité publique et est opposable aux tiers. Le maire a ensuite l obligation de l annexer au Plan Local d Urbanisme (PLU)

4.Modalités d élaboration Suisse Carte des dangers réalisée sous l autorité de la Commune (Canton pour ses infrastructures). La commune mandate des bureaux d études spécialisés agréés par le Canton. Celui-ci valide la carte Italie Zonage indicatif réalisé par Autorités de bassin Vallée d Aoste Responsabilité communale (comme en Valais) mais réalisation par bureaux d études choisis librement par la Commune. Les cartes sont approuvées par la Région

4. Modalités d élaboration France L Etat (Préfet) prend la décision de prescrire le PPR, le réalise et l approuve par arrêté préfectoral Phase étude menée par bureaux spécialisés publics (RTM ) ou privés A chaque étape du travail, concertation avec la Commune qui doit délibérer sur le projet d ensemble Si désaccord, le Préfet peut passer outre l avis de la Commune (cas rare)

4. Degré d acceptabilité du risque Compte tenu de ces modalités différentes d élaboration, on constate que les cartes de danger (aléas) sont généralement mieux acceptées en Suisse et Vallée d Aoste Acceptation liée au caractère «local» des décisions mais aussi : - critères précis pour délimiter les zones : seuils et temps de retour - gestion de l existant - souplesse du document réglementaire

5. Seuils et temps de retour Phénomènes répétitifs : les niveaux d aléas (fort, moyen, faible) sont déterminés en fonction des paramètres physiques de l évènement de référence Inondations : hauteurs d eau et vitesses d écoulement pris en compte en Suisse et France Suisse : aléa fort H > 2m V x H > 2 m2/s France : aléa fort H > 1m et si H < 1 m losque V > 0,5 m/s Vallée d Aoste : autres critères (bandes A, B, C du PSFF) Avalanches : même critères utilisés dans les 3 pays (pression exercée par avalanche) Seuil d aléa fort identique : 3 t/m2

5. Seuils et temps de retour Avalanches - seuil aléa moyen p compris entre 3 t/m2 et 0,1 t/m2 (France), 0,3 t/m2 (Suisse), 0,5 t/m2 (Vallée d Aoste) Instabilités de terrain Comparaisons difficiles Chutes de blocs: critères semblables Suisse et France Dans l ensemble : La Suisse est la plus permissive, la France est plus stricte (seuils plus contraignants) Vallée d Aoste : seuils uniquement pour les avalanches

6. La gestion de l existant Mesures prises pour les constructions déjà implantées dans les zones à risque? Suisse Si déficit de protection, mesures prises pour le réduire Vallée d Aoste : loi 1998 Zone à risque fort : sont interdits les travaux autres que sécurisation, remise en état et entretien des ouvrages (avec des nuances selon aléas) Zone à risque moyen : les travaux de réhabilitation, de restauration ou d agrandissement des bâtiments existants sont autorisés Loi 2005 assouplit règles pour mouvements de terrain

France 6. La gestion de l existant Le PPR permet aux pouvoirs publics d agir sur l existant Bâtiments existants : intervention autorisée si pas augmentation vulnérabilité (pas accroissement surface, capacité d accueil) Travaux réduisant le risque autorisés Reconstruction après catastrophe autorisée si sécurité des habitants assurée et vulnérabilité des biens réduite Le PPR peut imposer des mesures aux particuliers (dans limite 10 % valeur) et aux aménageurs

7. Prise en compte des ouvrages de protection Suisse La prise en compte des ouvrages est assumée, après réalisation et si entretien à long terme Valais - Cours d eau : ouvrages pris en compte, une zone inconstructible peut être transformée en zone constructible ( mais pas zone blanche - risque résiduel) Avalanches : politique moins souple - ouvrages zone de départ, pas modification zone de danger, modification possible pour digues déviation et retenue Mouvements de terrain : cela dépend de la nature du phénomène

7. Prise en compte des ouvrages de protection Italie Les PAI et PS 267 tiennent compte des travaux de protection Vallée d Aoste Les cartes de danger ne doivent (en théorie) pas tenir compte des ouvrages de protection mais de nombreuses exceptions sont possibles France Politique plus stricte et restrictive. La construction dans les zones protégées y reste une exception et est subordonnée à de nombreuses conditions.