Les prévisions saisonnières pour le trimestre novembre-décembre-janvier 2015-2016 Qu'est-ce que la prévision saisonnière? La prévision saisonnière a pour objectif de déterminer le climat moyen sur les trois mois à venir, à l'échelle d'une région comme l Europe de l Ouest. Contrairement aux prévisions à échéance de quelques jours, l information n est pas détaillée ni chiffrée, mais présentée sous forme de prévisions qualitatives qui renseignent sur les grandes tendances (plus chaud ou plus froid, plus sec ou plus humide que la normale). Les climatologues analysent les résultats de modèles numériques comparables à ceux utilisés pour réaliser les prévisions à court terme, mais intégrant la modélisation des océans. Dans certains cas, aucun scénario dominant ne se dégage : faute d éléments probants susceptibles d'influencer le climat des prochains mois, il est impossible de privilégier une hypothèse. Les performances des prévisions saisonnières sont très variables. Elles sont meilleures pour la température que pour les précipitations, et, pour la température, meilleures en hiver qu'en été. La fiabilité de ces prévisions est bien meilleure outre-mer qu en métropole, en particulier pour les précipitations. En savoir plus : notre dossier «la prévision saisonnière» Prévisions pour le trimestre novembre-décembre-janvier 2015-2016 Le phénomène El Niño en cours sur le Pacifique Equatorial est l élément majeur de l état actuel du système climatique planétaire. Il se traduit par des anomalies de température de surface de l océan qui peuvent dépasser localement +4 C dans l est du bassin. Cet événement El Niño est d ores et déjà un des plus intenses enregistrés depuis 1950. Tous les modèles de prévision saisonnière prévoient qu il va suivre un schéma temporel classique : il devrait atteindre un maximum d'intensité vers la fin de l'année, puis les anomalies de températures dans le Pacifique devraient commencer à décroitre début 2016. Les impacts dans les régions tropicales pourront perdurer pendant plusieurs mois. Pour en savoir plus sur l événement El Niño en cours, consulter notre actualité. http://www.meteofrance.fr/actualites/30013293-un-episode-el-nino-de-tres-forte-intensite Un autre phénomène, appelé PDO (oscillation décennale du Pacifique, ou Pacific Decadal Oscillation en anglais) est à l œuvre dans le Pacifique. Il induit des variations lentes de la température de l océan sur une échelle de temps d environ une décennie, et engendre depuis plusieurs mois de fortes anomalies chaudes au large des côtes de l Amérique du Nord et dans le sud-est du Pacifique Nord, de la Californie à Hawaï et à la ligne de changement de date.
Figure 1: Anomalies de température de surface de l'océan en septembre 2015 en C par rapport à la normale 1992-2013 (source : Mercator Océan) Ces deux phénomènes interagissent et se renforcent mutuellement, influençant profondément et durablement la circulation atmosphérique. Les répercussions prévues sont très significatives pour les températures (Figure 2) et les précipitations (Figure 3) sur les régions voisines du Pacifique ainsi que dans toutes les régions tropicales.
Figure 2: Probabilité d anomalies de température prévues pour le trimestre prochain (novembre-décembre-janvier) par la moyenne des modèles de l'ensemble EUROSIP (Météo- France, Centre Européen de Prévision Météorologique à Moyen Terme, Met Office, National Centers for Environmental Prediction). Du bleu clair au bleu foncé, les zones où les températures devraient être inférieures à la normale. Du jaune au rouge, celles où elles devraient être supérieures à la normale. En blanc, les zones où aucun scénario chaud ou froid ne prédomine (le scénario normal prédomine ou les 3 scénarios sont équiprobables).
Figure 3: Probabilité d anomalies de précipitation prévues pour le trimestre prochain (novembre-décembre-janvier) par la moyenne des modèles de l'ensemble EUROSIP (Météo- France, Centre Européen de Prévision Météorologique à Moyen Terme, Met Office, National Centers for Environmental Prediction). Du vert clair au vert foncé, les zones où les précipitations devraient être supérieures à la normale. Du marron au beige, celles où elles devraient être inférieures à la normale. En blanc, les zones où aucun scénario sec ou humide ne prédomine (le scénario normal prédomine ou les 3 scénarios sont équiprobables). Sur l Europe et la France métropolitaine : L Europe est une des régions les moins directement impactées par les conséquences du phénomène El Niño. Cependant, les simulations des modèles de prévision saisonnières convergent majoritairement vers un scénario plus chaud que la normale sur notre continent, sauf sur les îles Britanniques. Cette relative douceur serait engendrée par une prédominance de l influence océanique au détriment de l influence continentale plus froide. Figure 4 : Synthèse pour les températures des prévisions probabilistes issues des modèles de l ensemble EUROSIP. Pour chaque zone géographique délimitée par les pointillés : en bleu : la proportion de simulations correspondant à des températures inférieures à la normale ; en gris : celle des simulations correspondant à des températures proches de la normale ; en rouge : celle des simulations suggérant des températures supérieures à la normale. Concernant les précipitations, les modèles s accordent sur un scénario plus humide que la normale sur les îles Britanniques et plus sec que la normale sur l Afrique du Nord et le sud de la Méditerranée. Entre les deux, aucune tendance nette ne se dégage. Pour la France, en particulier, aucun scénario n est privilégié.
Figure 5 : Synthèse pour les précipitations des prévisions probabilistes issues des modèles de l ensemble EUROSIP. Pour chaque zone géographique délimitée par les pointillés : en orange, la proportion de simulations correspondant à des précipitations inférieures à la normale ; en gris celle des simulations correspondant à a des précipitations proches de la normale ; en vert, celle des simulations suggérant des précipitations supérieures à la normale Outre-mer : Compte-tenu du fort évènement El Niño en cours et prévu pour les prochains mois, la prévisibilité est accrue dans les régions tropicales. La confiance est donc particulièrement bonne pour ces régions. Océan Atlantique : Antilles et Guyane : Un scénario sec et chaud semble très probable. Saint-Pierre et Miquelon : Les simulations réalisées penchent légèrement en faveur de températures plus douces que la normale. Aucun scénario ne se dégage pour les précipitations. Océan Indien : Sur le sud-ouest de l'océan Indien, le début de la saison cyclonique devrait être significativement plus fort que la normale. La Réunion et Mayotte : Sur l océan Indien, les modèles s'accordent sur un trimestre plus chaud et plus humide que la normale. Ce scénario concerne notamment Mayotte et la Réunion. Pour des prévisions
saisonnières plus détaillées sur l île de La Réunion, consultez la page http://www.meteofrance.re/climat/previsions-saisonnieres. Océan Pacifique : Nouvelle-Calédonie : Un scénario plus frais et plus sec que la normale se dessine pour le trimestre à venir. Wallis et Futuna : Le même scénario qu en Nouvelle-Calédonie, plus frais et plus sec que la normale, est probable. Polynésie : Les cyclones épargnent généralement la Polynésie. Toutefois, dans un contexte de fort El Niño, ils voient leurs zones de formation et leurs trajectoires modifiés et peuvent venir menacer cette région du globe. En cas de cyclone, les cumuls de précipitations peuvent alors être temporairement très importants, indépendamment du type de temps dominant le reste de la saison. Le trimestre à venir devrait être plus chaud et plus humide que la normale au nord, sur l'archipel des Marquises, et plus frais et plus sec que la normale au sud-ouest sur les archipels de la Société et des Australes. Entre les deux, températures et précipitations devraient être proches des normales. Le prochain bulletin sera publié fin novembre 2015. Les prévisions utilisées par Météo-France dans cette analyse sont issues des résultats des modèles de Météo-France (MF), du Centre Européen de Prévision Météorologique à Moyen Terme (CEP), du Met Office britannique (Met Office), du National Centers for Environmental Prediction américain (NCEP), de la Japan Meteorological Agency (JMA) et des résultats des programme multi-modèles Eurosip (composé des modèles de Météo-France, du CEP, du Met Office et du NCEP) et de l'expérience multi-modèles menée en Corée du Sud sous l égide de l OMM (LC-MME)