MARDI 31 MARS 2015 INTERVENTION DE NINA HUBINET, JOURNALISTE ET RÉALISATRICE DU WEBDOC «SOUT EL SHABAT»
Chronologie de la révolution égyptienne 25 janvier 2011 : début du soulèvement contre Hosni Moubarak. Dix-huit jours plus tard, le 11 février, le président de la République, au pouvoir depuis 30 ans, démissionne. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) prend le pouvoir. Mars : nouvelles manifestations sur la place Tahrir, violemment dispersées par l armée. Des dizaines de manifestants sont arrêtés, battus ou torturés, des manifestantes sont soumises à des «tests de virginité». Mai : premières violences entre coptes* et musulmans depuis le départ de Moubarak, dans le quartier d Imbaba, au Caire. Au moins 15 morts. Octobre : massacre de Maspero : l armée réprime très violemment une manifestation de coptes, des véhicules blindés foncent dans la foule et les soldats tirent au hasard. Au moins 23 morts. Novembre : Affrontements de la rue Mohamed Mahmoud, entre les forces anti-émeutes et les jeunes révolutionnaires, qui protestent, à l origine, contre la mainmise de l armée sur le processus de transition. Les violences, concentrées dans une rue près de la place Tahrir, durent cinq jours. Elles font plus de 50 morts et des centaines de blessés. Novembre 2011 à février 2012 : Elections législatives (Assemblée du peuple et Chambre haute), les premières élections libres de l histoire de l Egypte. Les Frères musulmans rassemblent plus de 45% des voix, les salafistes 22%. Les libéraux et les jeunes révolutionnaires sont quasiment absents du nouveau Parlement. 1 er Février 2012 : massacre du stade de Port-Saïd. Lors d un match de football entre le club du Caire Al Ahly et le club de Port-Saïd, 74 supporters sont massacrés dans le stade de la ville portuaire, qui accueille la rencontre. Les circonstances du drame suscitent de nombreuses questions : beaucoup y voient une vengeance de la police et de l armée contre les «ultras» du club d Al Ahly, qui ont joué un rôle important lors de la révolution. Juin : Elections présidentielles. Au premier tour, le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, arrive en tête mais ne rassemble que 25% des voix : la confrérie islamiste a perdu près de la moitié de ses électeurs depuis les présidentielles. Mohamed Morsi l emporte malgré tout au second tour, parce que de nombreux Egyptiens votent pour lui uniquement pour faire barrage à Ahmed Shafiq, ancien premier ministre de Moubarak, soupçonné de vouloir revenir à l ancien régime. Entre les deux tours, la Cour constitutionnelle dissout le Parlement majoritairement islamiste. Novembre : Déclaration constitutionnelle, par laquelle Mohamed Morsi s arroge des pouvoirs démesurés et se place au-dessus des décisions de justice. Enormes manifestations pour dénoncer le «nouveau tyran». Décembre : Vote de la nouvelle Constitution. Le texte, rédigé par les islamistes, est validé par un référendum auquel seuls 32% des électeurs ont participé. Janvier 2013 : Affrontements dans plusieurs villes du pays à Port-Saïd notamment - à l occasion du deuxième anniversaire de la révolution. Violente répression, dizaines de morts. La popularité des Frères musulmans est en chute libre. 30 juin : Manifestations monstre dans toute l Egypte pour demander la démission du président Mohamed Morsi. 3 juillet : Coup d Etat de l armée. Mohamed Morsi est arrêté et détenu au secret. Début des grandes manifestations et des sit-ins des partisans des Frères musulmans qui rejettent le coup d Etat.
14 août : Massacre des manifestants de la place Rabaa, qui soutiennent les Frères musulmans, par l armée et la police. Plus de 800 morts en quelques heures, un millier dans la journée. Août : Attaques contre les coptes en Haute-Egypte par les partisans de Mohamed Morsi, en représailles au coup d Etat. Au moins 15 morts. Regain d attaques contre l armée et la police dans le Sinaï. Décembre : attaque à la voiture piégée contre un bureau des forces de sécurité dans le delta du Nil, 14 morts. Janvier 2014 : Vote d une nouvelle Constitution, 38% de participation au référendum. Mai 2014 : Le maréchal Abdel Fattah Al Sissi est élu président de la République. *Coptes : les chrétiens d Egypte, qui représentent entre 8 et 10% de la population Chronologie des révolutions arabes 17 décembre 2010. En Tunisie, l immolation par le feu d un jeune vendeur ambulant, Mohamed Bouazizi, marque le début du mouvement de protestation contre le régime de Ben Ali. Fin décembre 2010. La contestation s étend au Yémen. Le mouvement de contestation, mené par les étudiants, est rapidement rejoint par une partie de l armée et de l opposition. 13-14 janvier 2011. La Libye de Mouammar Kadhafi s embrase à son tour. Ce dernier interdit tout rassemblement mais promet quelques réformes. En Tunisie, face à une contestation amplifiée et mieux organisée, Ben Ali quitte le pouvoir et se réfugie en Arabie saoudite. 25 janvier 2011. Première "journée de la colère" en Egypte, qui voit, malgré les interdictions et les répressions policières, des milliers de manifestants réclamant "pain, liberté, et justice sociale". La Jordanie connaît également ses premières manifestations, poussant le roi Abdallah II à renvoyer le gouvernement. 1 er février 2011. Marche du million au Caire : des millions de personnes manifestent place Tahrir et dans tout le pays. Le président Hosni Moubarak promet alors de réformer la Constitution et de ne pas se présenter aux prochaines élections. 4-5 février 2011. Premiers appels à manifester en Syrie, peu suivis, à cause de la répression mise en place par Bachar al-assad. Au Bahreïn, le mouvement se propage également. 11 février 2011. Le président égyptien Moubarak quitte le pouvoir, assuré désormais par l armée au sein du Conseil supérieur des forces armées (CSFA). Des élections libres sont annoncées. 18-21 février 2011. Les insurgés libyens s emparent de Benghazi qui devient leur fief. Un Conseil national de transition y est constitué, reconnu par la France comme "seul représentant légitime" de la Libye. 17 mars 2011. Le Conseil de sécurité de l ONU adopte la résolution 1973 autorisant l intervention armée en Libye dans le but de protéger la population des bombardements de l armée libyenne. Les forces alliées (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Belgique, Italie, Norvège,
Danemark, Pays-Bas, Qatar, Canada) démarrent leur intervention le 19 mars. Le commandement est assuré par l OTAN. 18 mars 2011. En Syrie, la contestation s amplifie, les forces de l ordre tirent à balles réelles sur les manifestants. Au Yémen, 56 personnes sont tuées au cours d une manifestation. 15 avril 2011. Le président algérien Bouteflika, face à une contestation grandissante, annonce une réforme constitutionnelle. 3 août 2011. Début du procès d Hosni Moubarak. 2 octobre 2011. Création à Istanbul d un Conseil national syrien regroupant les opposants au régime baasiste. 20 octobre 2011. Le colonel Kadhafi est tué à Syrte, son dernier bastion. 23 octobre 2011. A la suite de l élection de l Assemblée constituante en Tunisie, le parti islamiste modéré Ennahda arrive en tête en obtenant 89 sièges. Fin octobre, l opération militaire de l OTAN en Libye se termine. 25 novembre 2011. Au Maroc, le parti islamiste modéré, le Parti de la justice et du développement, remporte les élections législatives. 27 février 2012. Le Président du Yémen Ali Abdallah Saleh cède le pouvoir à Abd Rabbo Mansour Hadi, élu le 21 février, à la suite d'un accord de transition négocié sous l'égide du Conseil de coopération du Golfe (CCG). 24 mars 2012. Election de l Assemblée constituante par les députés égyptiens, qui voit les Frères Musulmans remporter 65 % des sièges. 14 et 21 avril 2012. Les résolutions 2042 et 2043 du Conseil de sécurité de l ONU autorisent le déploiement d observateurs en Syrie. 10 mai 2012. Double attentat qui fait 55 morts et 372 blessés à Damas (Syrie), revendiqué par le groupe islamiste du Front al Nousra. Dans le même temps, la répression du mouvement de contestation contre le régime de Bachar el-assad se poursuit. 21 mai 2012. Près de 100 soldats sont tués et 300 autres blessés dans un attentat-suicide à Sanaa (Yémen) revendiqué par Al-Qaïda, alors qu'une vaste opération de l'armée est en cours dans le sud du Yémen contre le réseau islamiste. 25 mai 2012. Un massacre dans la ville de Houla, au centre de la Syrie, fait 108 morts, dont 49 enfants, ainsi que 300 blessés et conduit de nombreux pays occidentaux à expulser des représentants diplomatiques syriens. La guerre civile s amplifie ( ) 6 février 2013 : assassinat de Chokri Belaïd, leader politique de gauche, en Tunisie 25 juillet 2013 : assassinat de Mohamed Brahmi, député de gauche, appartenant au même courant politique que Chokri Belaïd Janvier 2014 : vote de la nouvelle Constitution en Tunisie (la première dans le monde arabe à reconnaître la liberté de conscience) Début 2014 : apparition de l Etat islamique en Irak Eté 2014 : l Etat islamique conquiert le nord de l Irak et s installe durablement en Syrie
Décembre 2014 : Béji Caïd Essebsi est élu président de la République en Tunisie >>> Mars 2015 Quatre ans après le début de la guerre en Syrie, le conflit a fait plus de 220 000 morts, a permis le développement du mouvement djihadiste de l Etat islamique, et a poussé quatre millions de Syriens à fuir leur pays (se réfugiant principalement dans les pays voisins, Liban, Turquie, Jordanie, Egypte ), tandis que 7 millions ont été déplacés à l intérieur des frontières de la Syrie. La moitié des Syriens ont donc quitté leur maison, entraînant une catastrophe humanitaire de très grande ampleur. La Libye et le Yémen sont plongés dans le chaos. La répression a eu raison de la contestation au Bahrein. La contre révolution domine en Egypte. Seule la Tunisie continue, bon an mal an, sur la voie de la transition démocratique. Un attentat frappe Tunis le 18 mars 2015.