L étrangère revue de création et d essai 4 0 41 Pierre Chappuis. Michel Collot. Séverine Daucourt- Fridriksson. Stéphanie Ferrat. Henri-Pierre Jeudy. François Lallier. François Migeot. Jacques Moulin. Li Yu. Michel Pagnoux. Sarah Plimpton. Christophe Van Rossum. Christian Ruby. Pierre Voélin. Bart Vonck
FRANÇOIS LALLIER Né en 1947. Il est poète et essayiste. Parmi ses livres de poésies, on retiendra Le Silence de la vision (Paris, Deyrolle éditeur, 1996); La Semence du feu (Paris, L atelier de la Feugraie, 2003); et Les Archétypes (Cognac, Le Temps qu il fait, 2012). Au cours de toutes ces années, il se consacre à la critique et travaille notamment sur les œuvres de contemporains comme Pierre Jean Jouve, Yves Bonnefoy, André Frénaud, Roger Munier. Mais également sur les œuvres de Baudelaire, de Mallarmé et d Edgar Allan Poe. Il a publié dans de nombreuses revues dont : Sud, N.R.F., Critique, Lignes, Europe, Cahiers de l Herne. Trois volumes de ses essais sont parus sous le titre La Voix antérieure (I, II et III) (Bruxelles, La Lettre volée, 2007, 2010 et 2015). Il a également dirigé (en collaboration avec Jérôme Thélot) le Cahier Roger Munier publié aux éditions Le Temps qu il fait (Cognac, 2010).
5 FRANÇO IS LALLIER Var iantes Jetant un filet, ce qu il rapporte il le dépose dans le dire. Mais disparate, et d inégale valeur! Comment choisir? D autant que ce qu il rapporte, ce sont des mots. Et que le filet lui-même
4 PIERRE-YVES SOUCY Variante du souvenir 1 Ce corps sous la paume des mots Qui se penchent sur lui cherchant son poids et sa forme Tel il se détachait de la foule Dans la déchirure du regard Visage plus clair parmi les ombres. Dans les méandres du hasard Comme il luttait pour illuminer l heure Et effacer l ennemi invisible partout présent Pierre vivante irisée autour du même orifice noir Qui m invite au bord de sa profondeur Pour me donner la forme de son corps.
SUR LE SENS ET LES MOTS 5 2 Rien ne fut que ce bord Où tout devient dans la mémoire Image mais vivante De ce rien qui l habite Un clou de nuit planté au cœur du souvenir
6 PIERRE-YVES SOUCY 3 Encore avec le nom jadis insaisissable De s être dispersé dans les atomes du monde, Puis devenu le temps, et qui se recompose Parfois dans le voir, sa demeure. Encore avec la voix morte jadis En sa source violente d un instant Et inaudible dans la grammaire de l avenir, Mais revenue aujourd hui qu elle n a plus de mots Pour la rendre muette Encore avec le corps et le visage Qui ont un jour au regard désirant Fait la promesse impossible d être éternels Et que rien à jamais ne hante d absent La paume qui se creuse et le même vœu D une chair qui s anime par des regards Puisant au dehors la force qui jaillit en eux.
SUR LE SENS ET LES MOTS 7 Variante de l autre monde Ancré aux courbes que gouverne Le miroir aveugle d un visage, Une porte sur la nuit Allège l âme discontinue, Pas qui s efface vite du souvenir. Et trop tôt on revient de cet autre monde. Mais s il diffère Chaque fois la variante accroît toutes les autres, Et recueillant au puits du regard Un peu de l eau du temps, comble l oubli. Ce dehors que nul n atteint S il éteint la voix hésitante, Il s efface où elle prend, Devenue fatale en lui. Et par l aimant qui l oriente Se jette vers ce qui vient, Oracle, vocable, ou cri De sa chair et de sa lumière.
8 PIERRE-YVES SOUCY Variante de la fenêtre Murée sur la façade cette fenêtre Qui parle du fond du temps, Un peu plus de clairvoyance y discernerait, Jour après jour déchiffré, un négoce de désir, Au prix de ce qui manque. (L arbre, la place, son aire divisée Par la nuit qui vient nous parler de nous, nous arracher de nous, Nous recouvrir de sa vêture invisible, Où brille l iris des regards Secrètement répandus sur les corps) Elle sur la paroi de pierre, Jadis m aurait saisi comme un regard, J aurais voulu passer ma vie à l ouvrir d un ciseau de fer, Fixer la vitre, puis offrir des amas d objets et d images A sa lumière, aux ombres du fond du temps.