Mercredi 19 octobre 2011 -> Explications sur la fugue Définition générale : Une fugue, en musique, est une forme d'écriture contrapuntique exploitant le principe de l'imitation. Une fugue peut être comparée à une discussion entre plusieurs personnages sur un même thème (appelé sujet). Ce sujet va être présenté par un premier personnage sur la tonique, puis repris en le transposant à la quinte par un deuxième personnage (= la réponse sur la dominante) pendant que le 1 er continue son discours. Un troisième personnage reprend le sujet ou la réponse, à l octave puis un 4 ème pendant que les autres continuent à parler. -> Exemple fugue n 1 en Do majeur BWV 816 du clavier Bien tempéré de J.S. BACH (début). C est une fugue à 4 voix. -> Exemple : fugue de la toccata et fugue en ré mineur de J.S. BACH BWV 565 http://www.youtube.com/watch?v=ipzr9bhei_o 5) Analyse détaillée des pièces au programme Le credo (Symbolum Nicemnum) -> Le Symbolum Nicenum (Symbole de Nicée) fait référence au Concile de Nicée de 325 lors duquel fut élaborée la profession de foi considérée comme œcuménique par les confessions latines, réformées et orientales et que la liturgie catholique romaine connaît sous le nom de Credo. Cette troisième partie de la Messe en si fut élaborée en 1748-1749 (donc à la fin de la vie du compositeur). Elle est constituée de 9 parties : Credo (la majeur) Patrem omnipotentem (ré majeur) Et in unum Dominum (sol majeur) Et incarnatus est (si mineur) Crucifixus (mi mineur) Et resurrexit (ré majeur) Et in spiritum sanctum (la majeur) 1
Confiteor (fa dièse mineur) Et expecto (ré majeur) LATIN Credo in unum Deum, patrem omnipotentem, factorem caelis et terrae visibilium omnium et invisibilium. Et in unum dominum Jesum Christum, filium Dei unigenitum, et ex patre natum ante omnia saecula. Deum de Deo, lumen de lumine, deum verum de Deo vero, genitum, non factum, consubstantialem patri : per quem omnia facta sunt. Qui propter nos homines et propter nostram salutme descendit de caelis. Et incarnatus est de spiritu sancto ex maria virgine, et homo factus est. Cruxificus etiam pro nobis sub pontio pilato ; passus et sepltus est, et resurrexit tretia die, secindum scriptura, et ascendit in cealum, sedet ad dexteram patris. Et interum venturus est cum gloria, judicare vivos et mortuos, cujus regni non erit finis. Et in spiritum sanctum, dominum et vivificantem : qui ex patre filioque procedit. Qui cum patre et filio simul adoratur et conglorificatur : qui locutus est per prophetas. Et unam, sanctam, catholicam et apostolicam ecclesiam. Confiteor unum baptisma in remissionem peccatorum. Et expecto resurrectionem mortuorum. Et vitam venturi saeculi. Amen. Français Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, Créateur du ciel et de la terre ; et en Jésus- Christ, son Fils unique, Notre Seigneur, qui a été conçu du Saint Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, est ressuscité des morts le troisième jour; est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant; d'où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois au Saint Esprit, à la sainte Eglise catholique, à la communion des Saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen. L'épreuve facultative concerne les parties suivantes : Credo (la majeur) Patrem omnipotentem (ré majeur) Et incarnatus est (si mineur) Crucifixus (mi mineur) Et resurrexit (ré majeur) a) Le credo (= 1 ère pièce du credo) 2
Texte : Credo in unum deum = Je crois en un seul Dieu -> Dans cette 1 ère pièce, BACH n exploite que cette phrase. Effectif : choeur à 5 voix (soprano I, soprano II, alto, ténor, basse) Violons I et II + basse continue (orgue positif et viole de gambe) Tempo : plutôt rapide Mesure : 4/2 Tonalité : La majeur mais on ne remarque que 2 dièses à la clef, cela donne à cette pièce un caractère modal, le sol est tantôt dièse, tantôt bécarre (le thème utilisé provient du Moyen-Age, la musique du Moyen-Age est écrite sur des modes) Thème utilisé tout au long du credo : le credo grégorien (il date du XIè siècle) Ci-dessous, début et fin du credo grégorien : 3
Dans cette 1ère partie du credo, BACH n'utilise que la 1ère mesure du credo grégorien, celle chantée sur les paroles «Credo in unum Deum» -> On remarque une inversion de la 4ème et 5ème note. Dans le cantus firmus utilisé par BACH, il y a un mi à la place du ré et un ré à la place du mi. -> Ce petit motif devient un cantus firmus Dans la musique médiévale et celle de la Renaissance, le cantus firmus est une mélodie préexistante (généralement religieuse ou populaire) servant de base à une polyphonie. BACH va le faire entendre à toutes les voix de la pièce, vocales comme instrumentales, seule la partie de continuo ne l'exploite pas. Le cantus firmus est en fait le sujet d une fugue, il va être présenté en tantôt sur la note mi, (dominante) tantôt transposé à la quinte sur la note la (tonique). Il apparaît à toutes les parties (voix et instruments). Les 7 premières entrées se font dans l'ordre suivant : 1) Ténors (mi) mes. 1 2) Basses (la) mes. 4 3) Altos (la) mes. 6 4) Sopranos I (mi) mes. 9 5) Sopranos II (la) mes. 12 6) Violons I (la) mes.14 7) Violons II (mi) mes. 17 -> C est donc une fugue à 7 voix (avec Sujet / réponse et contre-sujet) Le cantus firmus réapparaît ensuite 10 autres fois jusqu'à la fin et est parfois transposé (7 fois). 1) Ténors (fa) mes. 18 (= transposé) 2) Altos (si) mes 21 (= transposé) 3) Sopranos II (mi) mes. 24 4) Sopranos I (fa) mes. 26 (= transposé) 5) Violons II (si = transposé) ) mes. 29 6) Violons I (do = transposé) ) mes.30 7) Basses (la) mes. 33 = en augmentation 8 et 9) Altos (sol= transposé) et sopranos II (mi) mes. 34 10) Sopranos I (do = transposé) mes. 34 -> On remarque que la 7ème entrée, à la voix de basse, est traitée en augmentation. C'est à dire que le rythme est deux fois plus long. 4
La partie de continuo n' utilise donc jamais le cantus firmus mais elle représente le socle sur lequel s'appuie toute la polyphonie. Elle est en effet faite du début à la fin de gammes descendantes et ascendantes sur un rythme de noires continues. C est la base sur lequel repose tout l édifice contrapunctique. Selon les musicologues, BACH veut ainsi évoquer la puissance de la croyance en un seul Dieu. Voir sur les deux documents PDF suivants - Partition piano/ chœur du credo de la messe en si annotée - Partition orchestre du credo de la messe en si orchestre 5