Jean Ravestein, Caroline Ladage. To cite this version: HAL Id: hal-00005774 https://telearn.archives-ouvertes.fr/hal-00005774

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Pour une didactique du référencement Apprentissage et enseignement sur des espaces de communication informels sur Internet : l exemple du référencement Jean Ravestein, Caroline Ladage To cite this version: Jean Ravestein, Caroline Ladage. Pour une didactique du référencement Apprentissage et enseignement sur des espaces de communication informels sur Internet : l exemple du référencement. 2005. <hal-00005774> HAL Id: hal-00005774 https://telearn.archives-ouvertes.fr/hal-00005774 Submitted on 1 Jul 2005 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of scientific research documents, whether they are published or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

371 Pour une didactique du référencement Apprentissage et enseignement sur des espaces de communication informels sur Internet : l exemple du «référencement» Jean Ravestein*, Caroline Ladage** * Université de Provence, UMR ADEF Département des Sciences de l Education 1, Avenue de Verdun. 13 410 Lambesc jean.ravestein@up.univ-mrs.fr ** Université de Provence, UMR ADEF Département des Sciences de l Education 1, Avenue de Verdun. 13 410 Lambesc ladage@analyze.fr RÉSUMÉ. L introduction de plus en plus généralisée des nouvelles technologies dans tous les niveaux de la vie en société entraîne des modifications profondes dans la production et le transfert des connaissances. Constatant le flux souvent chaotique et labile des savoirs à travers l Internet, cet article s interroge d un point de vue didactique sur la problématique de l apprentissage et de l enseignement du référencement sur Internet. Une enquête, auprès d un public de référenceurs sur leurs différents modes d apprentissage, a révélé une prédominance de supports internet et un recours important à des forums et groupes de discussion. Nous partons des résultats de l enquête et du cadre théorique de la transposition didactique pour amorcer une recherche sur l identification d épisodes didactiques sur les espaces de communication sur Internet, comme réponse possible à la problématique de l enseignement d un savoir labile. MOTS-CLÉS : communauté d apprenants, recherche d information, outil de communication, didactique, transposition didactique, référencement, NTIC. Environnements Informatiques pour l Apprentissage Humain, Montpellier 2005

372 Environnements Informatiques pour l Apprentissage Humain, Montpellier 1. Introduction La recherche d information est aujourd hui un des usages les plus courant d Internet et la plupart des utilisateurs recourent à des «moteurs», dont quatre à cinq drainent à eux seuls 90 % des requêtes. Quelles sont les conséquences de cette médiation pour l utilisateur? En effet, on remarque que les mêmes requêtes donnent des résultats différents à quelques heures d intervalle et les informations trouvées un jour peuvent disparaître le lendemain. Pour «l utilisateur moyen» tout est parfaitement opaque : pourquoi telle référence est proposée plutôt que telle autre? Pourquoi une telle volatilité de l information? De la même manière, celui-ci est incapable d estimer le silence des outils de recherche, c est-à-dire le nombre de références qui pourraient lui être utiles et qui ne lui sont pas proposées. Pourtant, il est souvent satisfait car les moteurs effectuent un classement dont les critères déclarés sont la pertinence et la popularité des sites. Or, ces critères de classement restent flous et sont construits selon des règles peu explicites. Ainsi, la recherche d information avec un moteur peut être perçue par l utilisateur comme automatisée alors qu il s agit d un filtrage de l information très sophistiqué. Ce filtrage, souterrainement imposé, sans cesse changeant, soulève la question de l autonomie de l usager. En termes de recherche documentaire on est passé d une importante dépendance vis-à-vis du documentaliste à l autonomie dans l usage des outils de recherche. Mais, seuls face à la masse d information triée pour eux par les moteurs, les usagers possèdent-ils les outils critiques pour discerner la pertinence des résultats? Les techniques de «référencement» ou d optimisation de pages web, dépendantes du fonctionnement des moteurs, intéressent principalement des individus ou organisations, désireux de faire connaître une information au moyen des moteurs de recherche. Elles constituent le principal moyen pour arriver en tête des classements des pages de résultats sans recourir à des démarches publicitaires. La connaissance de ces techniques devient dès lors primordiale, mais problématique, car elles ne cessent de changer parallèlement aux avancées technologiques en informatique et en traitement automatique du langage. Parallèlement et consécutivement à cette difficulté d accès à la connaissance des techniques du référencement, il n existe que très peu de formations officielles pour leur apprentissage. Le frein majeur pour la réussite d un tel enseignement semble être lié au caractère labile des connaissances sur ces techniques ainsi qu une absence d institution de référence pour fonder la légitimité des contenus. L apprentissage de ces techniques passe donc le plus souvent par des processus d autoformation sur Internet. Les bouleversements rapides et souvent profonds des TIC rendent cependant leur mise en texte - donc leur transmission - problématiques. 2. Qu est-ce que le référencement? Le référencement est une pratique reposant sur l application d un ensemble de techniques complexes qui ont pour objectif d'optimiser les pages web et leur système

Pour une didactique du référencement 373 de liens en vue d'améliorer la présence de ces pages dans les outils de recherche et par là d'optimiser leur visibilité sur l Internet. Actuellement le référencement professionnel se décline en : la consultation, l audit, l optimisation de sites, le suivi des indexations, les stratégies marketing, ainsi que l écriture et réécriture de contenus pour les moteurs de recherche. Quand on parle de référencer un site, il ne s agit donc pas seulement de l inscrire dans les bases de données des outils de recherche (c est le référencement au sens strict), mais aussi et surtout de tenter de le placer en tête des listes de sites proposées par ces outils en réponse à une requête posée par l internaute. Il s agit d optimiser un site en vue de le positionner en première ou deuxième page de résultats. Peut-on considérer le référencement comme un «savoir expert labile» dont la légitimité est souvent remise en cause du fait d un manque de savoirs et d institutions de référence? Il faut remarquer qu on rencontre de la part de certains professionnels une volonté d opacité, avec l affirmation de l intransmissibilité des connaissances sur leurs pratiques. Le motif premier se situe au niveau du caractère concurrentiel de l activité, mais rappelons aussi que lorsqu une pratique sociale se trouve assignée à une institution déterminée, elle devient de ce fait dépendante des savoirs de cette institution et de la communauté qui les produit et les gère, car «par le biais de ces savoirs, dont les contenus, discursivement exprimés, ne tardent pas à s imprimer et sont dès lors largement accessibles, chacun pourra à l occasion s octroyer un droit de regard qui fait violence à l intimité institutionnelle. L ésotérisme de la pratique cède du terrain devant l exotérisme obligé des savoirs ; d où, en ces cas, une attitude de dénégation des besoins en savoirs, des besoins épistémologique propres à la pratique sociale à laquelle on se voue» [CHEVALLARD 94]. Comment donc enseigner un objet de savoir à caractère instable, produit au sein d une communauté émergeante mal définie? Le cas du référencement n est pas isolé, on observe une transition entre des formations bien institutionnalisées et une situation où l échange généralisé des savoirs hors institution est technologiquement possible et se réalise de façon informelle sur certains espaces de communication sur l internet [RAVESTEIN & SIMONIAN 03] ; [HENRI & LUNDGREN-CAYROL 01]. Il est maintenant admis que l Internet a provoqué l émergence de nouvelles formes de création de contenus et de nouveaux rapports aux savoirs [KOLLOCK & SCHMIDT 99], facilitant les échanges et le transfert d informations spécialement autour des listes de diffusion [KALOGIANNAKIS 04]. Ce phénomène est également observé dans le cadre des espaces de travail hybrides [FARELL & HOLKNER 04]. Comme le constate Lévy, «les nouvelles possibilités de création collective distribuée, d apprentissage coopératif et de collaboration en réseau offertes par le cyberespace remettent en question le fonctionnement des institutions et les modes habituels de division du travail aussi bien dans les entreprises que dans les écoles.» [LEVY 97]. Cela entraîne selon nous la nécessité d une réflexion sur la qualité des savoirs véhiculés dans ce cyberespace et nous invite à élaborer de nouveaux modèles d acquisition des connaissances et de transposition des savoirs.

374 Environnements Informatiques pour l Apprentissage Humain, Montpellier Suivant l idée que l enseignement et l apprentissage du référencement s inscrivent dans ces nouvelles formes de création de contenus et de rapports aux savoirs, notre recherche part de l hypothèse que ce savoir professionnel labile ne peut être qu enseigné et appris par l utilisation d espaces numériques de communication sur l internet, plus spécifiquement les forums publics. 3. Objectif général de la recherche Notre objectif méthodologique était de recueillir l expression de référenceurs experts et/ou amateurs à l aide d un questionnaire proposé à un échantillon important de participants de cette population à un groupe de discussion et à des forums dédiés au référencement 1. Nous interrogeons leurs représentations et leurs comportements selon les différents modes d apprentissage de cet objet de savoir et cherchons à détecter en particulier la présence d épisodes didactiques dans les interactions des acteurs selon différents modes d apprentissage. Enfin, nous cherchons à recueillir les avis des participants sur l incidence du caractère labile du référencement sur son enseignement et son apprentissage. 3.1. Terrain, population, échantillon et technique de l enquête Le terrain est constitué par les différents lieux d Internet où l apprentissage du référencement se fait majoritairement et où participent de façon active ou passive des personnes intéressées, de différents point de vue : amateur ou expert, débutant ou confirmé. Ces communautés étant virtuelles, la méthode du questionnaire autoadministré et intégré dans un site web s imposait comme mode d administration. Un message d invitation à participer au questionnaire a été adressé sur une liste de discussion et sur différents forums anglophones. Notre échantillon s est ainsi constitué de 186 volontaires intervenant sur ces lieux de discussion. 3.2. Les résultats de l enquête Les participants étaient majoritairement spécialistes dans le domaine du référencement. Un nombre important déclare l enseigner, précisant que cette activité de formation se traduisait dans leurs interventions de modérateurs sur les forums spécialisés. Une très grande majorité des participants, soit 97 %, a appris le référencement par autoformation. Dans les rares cas où une formation organisée a été suivie, c était dans le cadre d un cours en ligne. Les supports les plus utilisés pour l apprentissage par autoformation, sont ceux présents sur Internet, avec une large majorité en faveur des forums et des groupes de discussion. Les tendances qui ressortent des résultats marquent une nette préférence 1 Il s agit du groupe de discussion anglophone LED Digest (http://www.led-digest.com) modéré par Adam Audette, et des forums suivants : http://www.highrankings.com ; http://www.seoforum.com ; http://www.searchguild.com ; http://www.webworkshop.net ; http://www.webmasterworld.com/; http://forums.seochat.com ; http://www.cre8asiteforums.com.

Pour une didactique du référencement 375 pour des combinaisons de supports numériques, qui s explique certainement par le fonctionnement réactif des sites Internet dédiés par rapport aux évolutions du marché, mais aussi par leur interactivité dans le cas des forums. On note une insistance sur l importance d y trouver des modérateurs et des intervenants de qualité. Ainsi un sentiment très répandu qui se dégageait des réponses et qui confirme notre hypothèse concerne l idée selon laquelle un savoir labile comme le référencement est construit, partagé et appris de façon privilégiée sur les forums de discussion. Nous avons cherché à explorer au travers de différentes questions les représentations des participants au sujet du référencement en tant que savoir, afin de voir si le caractère labile était perçu et de quelle manière. Le thème du changement rapide des techniques de référencement était fortement présent et apparaissait comme thème de fond dans un nombre important de réponses. Une certaine disparité dans les thèmes identifiés témoigne à notre sens du manque de références institutionnelles de la pratique du référencement et de son caractère encore fortement informel et dépendant des évolutions du marché des moteurs de recherche. 4. Discussion Dans cette recherche était mise à l épreuve l hypothèse selon laquelle l apprentissage et l enseignement d un savoir professionnel labile comme le référencement est facilité par l utilisation d espaces numériques de communication sur Internet. Notre enquête a confirmé qu Internet n offre pas seulement une masse d informations disponibles, mais également des espaces multiples dédiés à l appropriation organisée de savoirs, comme les différentes formations en ligne qui se développent considérablement aujourd hui. Toutefois, nous avons pu observer qu elles ne sont pas considérées comme adaptées à l apprentissage d un savoir labile et que, dans ce cas, une nette préférence s exprime pour un recours aux supports numériques et aux espaces de communication en réseaux. La qualité et de la légitimité des transmissions de savoirs qui ont lieu dans ces nouveaux espaces reste problématique. Cette recherche met en évidence, dans ces espaces, des épisodes d enseignement dans lesquels des processus de transposition didactique semblent être à l œuvre et sont souvent produits par les modérateurs des forums et des groupes de discussion. Ils restent toutefois peu ou mal formalisés. Nos résultats semblent ainsi montrer que les phénomènes en jeu sont sans doute plus complexes. Nous devons aussi nous rappeler que le référencement est un métier qui s est greffé en grande partie sur la contingence qui marque le fonctionnement et la vie des moteurs de recherche. Certains experts se nourrissent ainsi du caractère labile des connaissances sur les techniques de traitement de l information des outils de recherche en se créant une expertise jalousement gardée et chèrement vendue. D autres au contraire développent leur expertise en s efforçant de divulguer leurs connaissances. Ces enjeux de diffusion concernent à notre avis un phénomène social et culturel plus large. La connaissance du référencement ne devrait pas se limiter à une

376 Environnements Informatiques pour l Apprentissage Humain, Montpellier communauté réduite d experts, mais pourrait être distribuée auprès d autres institutions, qui, de près ou de loin, pourraient s y intéresser, et en premier lieu l Université. Une certaine prise de conscience apparaît, exprimée notamment par des associations de référenceurs, qui devrait contribuer à la promotion démocratique des connaissances sur le fonctionnement des outils de recherche et de l Internet en général. Ainsi, le référencement, voué à disparaître selon certains, commençant à peine à naître selon d autres, n aura cessé de nous intriguer pour le rôle clé qu il pourrait jouer dans la recherche et l échange d informations sur tout type de réseaux, posant par là des problèmes éthiques. Il n aura cessé de nous intriguer aussi pour la problématique de la constitution de son savoir de référence et pour les problèmes de son apprentissage et de son enseignement, à travers des nouveaux milieux pour l étude, encore «sauvages», qui émergent de l activité humaine sur Internet. La confiscation des savoirs par les communautés d experts, sous des prétextes divers, repose toujours la question de la nécessité de l éducation. Celle d une éducation à la recherche d information sur Internet, pratique si répandue aujourd hui et échappant à tout contrôle, ne pourra plus contourner longtemps le problème du référencement vu comme objet d enseignement. 5. Bibliographie [CHEVALLARD 94] Chevallard Y., «Les processus de transposition didactique et leur théorisation», In G. Arsac, Y. Chevallard, J-L. Martinand & al. (1994), La transposition didactique à l épreuve. Grenoble : Éditions La pensée sauvage, p. 135-180. [FARRELL & HOLKNER 04] Farrell L., Holkner B., Points of vulnerability and presence: knowing and learning in globally networked communities, Discourse, Carfax Publishing, June 2004, vol. 25, n o. 2, p. 133-144, 2004. [KALOGIANNAKIS 04] Kalogiannakis M., Réseaux pédagogiques et communautés virtuelles : de nouvelles perspectives pour les enseignants, Paris : l Harmattan, 2004. [LEVY 97] Levy P., L intelligence collective, Paris : La Découverte, 1997. [RAVESTEIN & SIMONIAN 03] Ravestein J., Simonian S., «Emergence d un groupe virtuel ; l exemple des courriers électroniques en formation à distance», Actes du colloque international de Guéret, CD ROM, 2003. [KOLLOCK & SMITH 99] Kollock P., Smith M. (Eds.), Communities in Cyberspace, London: Routledge, 1999. [HENRI & LUNDGREN-CAYROL 01] Henri F., Lundgren-Cayrol K. Apprentissage collaboratif à distance, Canada : Presses de l Université du Québec, 2001.