Ecrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes)

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Ecrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes) Taille : moyenne 8 cm, maximum 12 cm Poids : maximum 90 g Morphologie et anatomie Description physique : L'écrevisse à pattes blanches ou écrevisse à pieds blancs se distingue par ses pinces massives et rugueuses au toucher. Un point rouge se trouve à la commissure des pinces et la face inférieure des pinces sont blanches. Sa couleur, unie, est majoritairement verte, mais elle peut être grisâtre, marron, voire bleue. Les critères de reconnaissance de cette espèce sont les suivants : le céphalothorax présente une série d'épines bien visibles en arrière du sillon cervical. Le rostre, à bords convergents, se termine par un triangle. La crête postorbitale ne possède qu'une seule épine. La crête médiane dorsale est peu marquée et non denticulée. (Cf. Annexe V). Biologie Alimentation : Elle se nourrit de macroinvertébrés, de plantes terrestre et aquatiques, mais le cannibalisme peut être fréquent, ce qui permet de maintenir une homogénéité des populations. L adulte se nourrira donc des plus jeunes, c est la sélection naturelle. Reproduction : La reproduction se déroule à l'automne, d'octobre à Novembre lorsque la température de l'eau est inférieure à 10 C. Il y a accouplement, puis les œufs sont expulsés par la femelle qu'elle gardera sous son abdomen durant toute la phase d'incubation. La femelle pond entre 40 et 150 œufs. L'incubation, très longue, dure de 6 à 9 mois. Le taux d'éclosion est faible. Une femelle qui porte les œufs sous son abdomen est dite «grainée». Maturité sexuelle : entre 3 et 4 ans Durée de vie : environ 10 ans Page : 216

Écologie Habitat : Elle vit dans les eaux froides et vives et réduit son activité l'hiver. Zonation piscicole : Zone à truite. Sensibilités : C est l espèce d écrevisse la plus menacée, car extrêmement vulnérable. Elle est très exigeante sur la qualité de l'eau, la température et le taux d'oxygène dissous. Elle est également très sensible à la dégradation physique des cours d'eau. L'introduction d espèces allochtones (écrevisses américaines) est catastrophique pour cette espèce à 2 niveaux. Au niveau territorial, car elle ne peut pas concurrencer ces espèces dont la taille est plus importante, la fécondité plus importante et la concurrence inégale pour la nourriture et les habitats. Et au niveau sanitaire, car les écrevisses américaines sont porteuses saines de la peste des écrevisses (maladie mortelle pour les écrevisses autochtones, due à un champignon, l'aphanomyces). Yannick Gouguenheim - image-riviere.com Page : 217

Distribution MNHN L Écrevisse à pattes blanches est une espèce européenne, principalement présente en Europe de l Ouest. Peuplant naturellement l ensemble du territoire français, elle a cependant disparu de certaines régions sous la pression des perturbations environnementales (Nord, Nord-Ouest). Encore représentée dans la moitié Sud-Est, elle y est parfois abondante mais dans des zones restreintes. On la retrouve à la fois sur les zones de plaines et les zones montagneuses. Page : 218

Page : 219

Répartition dans le département Contrairement à certaines idées reçues, le département de la Drôme recèle de nombreuses populations d écrevisses à pattes blanches. L exigence extrême de cette espèce vis-à-vis de la qualité du milieu font qu on ne la retrouve souvent que de manière ponctuelle (faible abondance, faible linéaire). Cependant, on retrouve parfois de grosses populations (telles que sur la Vernaison, la Drôme amont, le Roubion amont, le Bentrix ou la Méouge) avec parfois plusieurs kilomètres (jusqu à une dizaine) colonisés. La plus part du temps, ce sont de petites populations de quelques centaines de mètres. Les abondances peuvent néanmoins varier de quelques individus pour 100 mètres linéaires à parfois plus de 1000 pour 100 mètres. On dénombre actuellement environ 130 populations sur l ensemble du département, mais il en existe certainement plus. En effet, cette espèce peut être présente dans de touts petits chevelus avec de très faibles débits. De nombreux secteurs n ont ainsi pas encore été prospectés, et pour certains, ne pourront jamais être prospectés de par leur encombrement. De plus, il est possible que l espèce soit présente sur des secteurs où les conditions hydrologiques (fort débit, importante hauteur d eau) rendent les observations impossibles. Il est toujours possible de poser des nasses ou balances pour tenter d en capturer, mais il faut compter sur l activité de l espèce, ce qui n est pas toujours garanti. De plus, il faut auparavant soupçonner la présence de l espèce sur le secteur concerné. En 2013, 2 nouvelles populations ont été découvertes : une sur le Costadon (affluent de la Saleine) et une sur la Lozière (affluent de la Drôme). Enjeux / Actions de préservation De nombreuses actions peuvent être mises en place pour assurer la préservation de cette espèce. Il est indispensable que le milieu soit d une qualité générale irréprochable, en particulier sur la physicochimie. Il faut lutter contre tous les types de pollutions, lutter contre le lessivage des sols, l ensablement, contre l introduction d espèces indigènes, agir sur la diversification des milieux, bannir les travaux en rivière, réaliser des entretiens raisonnés de la végétation, etc En outre, il est également possible de mettre en place des protections plus strictes telles que la mise en place d arrêtés de protections de biotopes (APPB), en particulier sur des populations «vulnérables». Un APPB est en cours sur le ruisseau de la Vauverière (Nord Drôme) pour 2 raisons essentielles : la vulnérabilité de la population (faible densité, faible longueur, pressions anthropiques) et sa qualité de «réservoir biologique», classé en tant que tel dans le SDAGE, mais c est surtout le seul site de présence de cette espèce sur le sous bassin «Bièvre-Liers- Valloire», le seul pouvant alimenter la partie aval du bassin, lorsque celui-ci sera en «Bon état écologique». L intérêt patrimonial de cette population est donc extrême. Il est possible également de réaliser des introductions, cependant, tout comme la truite fario, l écrevisse à pattes blanches est doté d un polymorphisme génétique développé, c'est-à-dire que chaque population d écrevisse possède un patrimoine génétique qui lui est propre. L introduction d individus de souche non native du cours d eau concerné est ainsi très souvent vouée à l échec, même si la qualité du milieu est irréprochable et correspond parfaitement aux exigences de l espèce. Page : 220