Vendredi, 29 octobre 2010, dès 9 h

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Transcription:

Éthique et culture religieuse Mireille Estivalèzes, professeure Faculté de théologie et de sciences des religions Université de Montréal Avec ce nouveau programme d Éthique et de culture religieuse, implanté dans toutes les écoles en septembre 2008, on se situe véritablement au cœur de la problématique de ce colloque, celle de la transmission de la culture aux jeunes. De quelle culture s agit-il, en particulier sur les religions, puisque l intitulé même du programme fait référence au concept de culture religieuse, et comment transmettre cette culture aux jeunes? Vendredi, 29 octobre 2010, dès 9 h Auditorium / Grande Bibliothèque Bibliothèque et Archives nationales du Québec 475, boulevard de Maisonneuve Est, Montréal Entrée libre Le colloque est coordonné par Mme Lise Bissonnette avec la collaboration de MM. Yvan Lamonde et Georges Leroux Il sera suivi d une réception et du lancement des Actes du colloque 2009 Avant d examiner la façon dont cette culture est présentée dans le programme, je vais faire un bref rappel historique pour situer les étapes qui ont conduit à l implantation de ce nouveau programme d Éthique et de culture religieuse et, dans un troisième temps, je proposerai quelques éléments de réflexion plus spécifiquement sur la notion de culture religieuse. Historique de ce cours Vous me permettrez une brève mise en perspective historique : au Québec, la réflexion sur la place des religions dans la culture scolaire, dans les savoirs transmis aux élèves, est longue de plusieurs décennies, mais elle a connu un développement accru ces dernières années. Les principales étapes s inscrivent dans un processus de déconfessionnalisation de l école. En 1997, un groupe de travail sur la place de la religion à l école est mis en place, dont le mandat était de déterminer les principes, les finalités, les diverses orientations qui pourraient guider l État dans sa définition de la place de la religion à l école. Ce rapport, intitulé Laïcité et religion : perspectives nouvelles pour l école québécoise,

est publié en 1999. Il recommande de laïciser le système scolaire public en abolissant le statut confessionnel des écoles, en supprimant tout enseignement confessionnel (au nom de l égalité des individus et de la liberté de conscience et de religion, d une part, et d autre part, à cause du nouveau contexte socioculturel québécois marqué par un processus de sécularisation et par l accroissement du pluralisme culturel et religieux) pour le remplacer par un enseignement culturel des religions obligatoire pour tous les élèves. La publication de ce rapport a donné lieu à un très important débat démocratique, politique et médiatique et à l une des plus importantes commissions parlementaires. En juillet 2000, le projet de loi qui prévoit la déconfessionnalisation complète du système scolaire est adopté. En 2005, le ministère annonce la mise en place d un nouveau programme d Éthique et de culture religieuse. Ce programme doit s ancrer dans la culture québécoise et ses valeurs, mais il doit également prendre acte de la diversification croissante de la culture religieuse québécoise. Il a pour objectif de favoriser la reconnaissance de l autre et le vivre ensemble, dans le respect de la liberté de conscience et de religion. Il est ainsi présenté dans le document de 2005 : et culture religieuse» est implanté en 2008 dans toutes les écoles primaires et secondaires des réseaux publics et privés. Il prend acte de la diversification religieuse et culturelle de la société québécoise et il vise deux grands objectifs de nature philosophique et politique, qui sont la reconnaissance de l autre et la poursuite du bien commun. Ces deux finalités concourent à la construction d une culture publique commune. Je dois signaler que, dès son implantation, ce programme a fait l objet de plusieurs contestations. Certaines, qui ont connu des développements de nature juridique, l accusent de porter atteinte à la liberté de religion des enfants et de leurs parents et soutiennent que d exposer les jeunes à la diversité religieuse met leur foi en danger par une relativisation de celleci. D autres accusent le programme de favoriser une idéologie multiculturaliste qui fragilise l identité nationale. D autres, enfin, regrettent qu on n ait pas supprimé tout enseignement des religions et pensent que ce cours fait l apologie des religions sous une pseudo approche culturelle qui peut donner lieu à une manipulation de l esprit des jeunes. Il s agit, pour les jeunes, d «enrichir leur culture générale, leur permettre de s ouvrir aux autres avec tolérance et respect, les outiller pour qu ils puissent agir de façon responsable envers eux-mêmes et envers les autres et leur apprendre à vivre ensemble au sein d un Québec démocratique et ouvert sur le monde 1. Dans la foulée de ces recommandations, le programme «Éthique 1 Ministère de l Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) 2005. La mise en place d un programme d éthique et de culture religieuse. Une orientation d avenir pour tous les jeunes du Québec. Québec : MELS, p. 12. Présentation du cours Un certain nombre de critiques, en particulier dans les médias, témoignent d une très mauvaise connaissance du programme. Il n est donc pas inutile de rappeler en quoi ce programme consiste exactement. Comme il s inscrit dans le Programme de formation de l école québécoise, il préconise une approche culturelle de l enseignement qui est organisé autour du développement de compétences chez les élèves. L enseignant est considéré comme un passeur culturel, c est-à-dire un héritier, un critique, un interprète d objets de savoir ou de culture dans l exercice de ses

fonctions. L une de ses principales missions, c est de développer l acquisition de compétences chez les élèves. Comme le montre cet extrait, les références à la culture sont nombreuses. La notion de culture est au cœur du programme. Le programme d Éthique et culture religieuse est organisé autour de trois compétences : 1. réfléchir sur des questions éthiques. 2. comprendre le phénomène religieux. 3. pratiquer le dialogue. Outre les contenus prescrits, le programme comporte une section qui s intitule «repères culturels» : Les élèves vivent dans un contexte culturel auquel ils contribuent et qui influence leur vision du monde. Tout au long du secondaire, le programme d éthique et culture religieuse les aide à saisir la diversité et la richesse culturelle qui les entourent. De plus, ce programme offre aux élèves l occasion d élargir leur culture générale. L examen de repères, tels que des us et coutumes, des vérités d expérience, des codes de vie ainsi que des chartes de droits qui fondent des principes, des normes et des valeurs démocratiques que partagent les membres de la société dans laquelle ils évoluent, leur permet de s en donner une représentation significative. Des récits, des symboles du religieux dans des œuvres d art religieuses ou profanes, des rites et des règles sont autant de repères qui leur permettent de s ouvrir au monde et d enrichir leur bagage culturel 2. 2 Éthique et culture religieuse, programme du premier cycle et du deuxième cycle du secondaire, 2008, p. 35, https://www7.mels.gouv. qc.ca/dc/ecr/pdf/ethiquecultrel_secondaire.pdf. C est moi qui surligne. Je vais surtout traiter des deux premières compétences, faute de temps. La formation en éthique offre aux élèves la possibilité de développer «une réflexion critique sur la signification des conduites ainsi que sur les valeurs et les normes que se donnent les membres d une société ou d un groupe pour guider et réguler leurs actions. Cette réflexion éthique, qui permet le développement du sens moral de la personne est indispensable pour faire des choix judicieux» (p.1 du programme), basés sur la connaissance des valeurs et des repères présents dans la société, aussi bien au niveau individuel que collectif. Cette réflexion critique sur des questions éthiques prend en compte des systèmes de croyances ou de représentations du monde et de l homme aussi bien religieuses que séculières. La situation, pour être étudiée, doit être porteuse de tensions ou de conflits de valeurs. En ce qui concerne les compétences, en éthique, selon les composantes de chacune, on va analyser une situation d un point de vue éthique (à la lumière de points de vue susceptibles de provoquer des tensions ou des conflits de valeur). On va aussi examiner une diversité de repères d ordre culturel, moral, religieux, scientifique ou social, sur lesquels reposent les différents points de vue. Et, finalement, on va évaluer des options ou des actions possibles et leurs effets sur soi, sur les autres ou sur le vivre ensemble. Au premier cycle du secondaire, les thèmes prescrits par le programme sont la liberté, l autonomie, l ordre social. Au deuxième cycle, la tolérance, l avenir de l humanité, la justice et l ambivalence de l être humain. La formation en culture religieuse est présentée comme visant

la compréhension éclairée des multiples expressions du religieux présentes dans la culture québécoise et dans le monde. Elle est dite «culturelle» parce qu elle est axée sur la capacité de saisir le champ religieux dans ses diverses expressions dans le temps et l espace. Elle permet la compréhension des signes dans lesquels s exprime l expérience religieuse des individus et des groupes qui contribuent à façonner la société. De plus, elle ne propose pas à l élève un univers particulier de croyances et de repères moraux 3. compte tenu de leur âge, le phénomène religieux dans ses dimensions expérientielle, historique, doctrinale, morale, rituelle, littéraire, artistique, sociale ou politique.» Les récits, les rites (célébrations, pratiques), les règles ou normes de vie, constituent les principaux aspects examinés des religions. Il s agit de comprendre les diverses expressions du religieux et la façon dont elles sont des réalités culturelles vivantes. Ce qui est très intéressant dans ce programme, en comparaison avec ce qui se fait ailleurs, c est le fait qu il traite les religions comme des réalités vivantes. Les religions sont des systèmes de sens qui continuent aujourd hui à faire sens pour des millions de personnes. Dans la compétence qui concerne la culture religieuse, il s agit de manifester une compréhension du phénomène religieux. On est ici au cœur d une réflexion sur la culture. Cette formation en culture religieuse n a pas pour but de proposer un univers particulier de croyances et de repères moraux, ce qui était le cas des programmes précédents. Qu est-ce que la culture religieuse? Le programme ne définit pas le concept de religion ni de phénomène religieux; c est un débat extrêmement complexe et riche en sciences humaines. Néanmoins, le programme définit le concept de culture religieuse : «La culture religieuse consiste en une compréhension des principaux éléments constitutifs des religions qui repose sur l exploration des univers socioculturels dans lesquels celles-ci s enracinent et évoluent 4.» La culture religieuse s intéresse aux textes sacrés, aux croyances, enseignements, rites, fêtes, règles de conduite, lieux de culte, productions artistiques, pratiques, institutions et modes d organisation. Et le programme de poursuivre : «La connaissance de ces éléments permet aux élèves de saisir progressivement, 3 Ibid., «Préambule du programme». 4 Ibid. p. 1 Quelles traditions sont abordées? Dans la mesure où l on privilégie la société québécoise, on privilégie le patrimoine religieux du Québec, l importance historique et culturelle du christianisme dans ses doubles confessions, le catholicisme et protestantisme. On fait également une place importante au judaïsme et aux spiritualités des peuples autochtones. Et l on s ouvre à la diversité religieuse qui est celle du Québec d aujourd hui, en prenant en compte l Islam, l hindouisme, le bouddhisme et les représentations séculières du monde et de l être humain. En fonction des réalités culturelles des classes, on peut aborder à l occasion d autres religions. Ce programme veut donc amener l élève à se familiariser avec les diverses expressions du religieux. Comme en éthique, il y a trois composantes à la compétence en culture religieuse : il s agit d analyser des expressions du religieux, en expliquant leur signification et leur fonction et en les associant à leur tradition; d établir des liens entre des expressions du religieux et l environnement social et culturel d ici et d ailleurs, en approfondissant des aspects communs et spécifiques de ces

expressions et en expliquant leur signification et leur fonction; et finalement, d examiner une diversité de façons de penser, d être et d agir à l intérieur d une même tradition religieuse, dans différentes religions de même que dans la société. Parmi les thèmes au secondaire, on compte le patrimoine religieux québécois et son influence sur la culture, sur les valeurs et normes au Québec, parmi lesquels on compte des fondatrices et fondateurs, des personnages marquants et des institutions, leurs influences sur les valeurs et sur les normes, des œuvres patrimoniales, par exemple. Autre thème : les éléments fondamentaux des traditions religieuses : des récits, des rites, des règles. Ou encore, des représentations du divin et des êtres mythiques et surnaturels : des noms, des attributs et des symboles du divin, des êtres mythiques et surnaturels. Au deuxième cycle du secondaire, on trouve les religions au fil du temps, avec une importance toute particulière accordée au christianisme, les questions existentielles, l expérience religieuse et les références religieuses dans les arts et la culture. Il s agit d un programme très riche en matière de culture. Le fait que les élèves connaissent les valeurs, les normes de la société québécoise, mais aussi l héritage symbolique religieux et humaniste de celle-ci leur permet de savoir d où ils viennent, dans quel univers de sens ils vivent. L insistance sur la dimension patrimoniale du religieux à transmettre permet de souligner l importance du christianisme dans l héritage occidental, dans son patrimoine matériel (édifices religieux, œuvres d art, musique, noms de rues, etc.) et immatériel (valeurs, traditions, pratiques sociales, etc.). Pour autant, cet héritage n est pas figé, mais dynamique et il continue à s enrichir de nouveaux apports culturels en terme de valeurs ou de pratiques. Car cet enseignement doit partir d abord et avant tout de la réalité des milieux dans lesquels vivent les jeunes, de leur environnement social, culturel et religieux, ce qui leur permet ainsi d en découvrir les richesses. Mais ces jeunes doivent aussi découvrir la réalité d autres jeunes, d autres espaces culturels, au Québec ou ailleurs dans le monde. On a ainsi un mouvement dynamique entre culture première et culture seconde. La culture religieuse ne relève plus d une transmission de la foi et ne s inscrit plus dans une démarche confessionnelle où enseignant et élèves partageaient des convictions religieuses communes, mais elle développe une approche culturelle du religieux où celui-ci est d abord un élément de la culture, culture québécoise de façon prioritaire (avec son héritage religieux pluraliste) mais aussi culture universelle avec l ouverture sur différentes traditions spirituelles et humanistes. Cette culture doit faciliter l accès à la compréhension du monde, par exemple à des œuvres littéraires, artistiques, mais aussi à des orientations éthiques et politiques dans les sociétés. Les liens avec les domaines des lettres (littérature de jeunesse, romans, contes, légendes, mythes), des arts (langages symboliques) et de l univers social (réalités culturelles de différentes civilisations, dont croyances et religions) constituent des pistes privilégiées pour une interdisciplinarité des plus fécondes. Dans la perspective du renouveau pédagogique, où les compétences à développer chez les élèves jouent un rôle central, la culture religieuse est appréhendée comme une compétence qui permet de connaître, de comprendre, de décoder les signes et les expressions du religieux, qui sont de l ordre de l observable, de l objectivable, expressions qui constituent des manifestations du phénomène religieux, par exemple, des rites, des institutions, des lieux de culte, qui traduisent une certaine vision du monde. Il s agit également d être capable de les situer dans les environnements

socioculturels dans lesquels elles se déploient, mais aussi d établir des liens entre elles. Conclusion En conclusion, il ne peut y avoir compréhension de la culture religieuse sans connaissances, et les compétences doivent être étroitement articulées aux connaissances. Il est essentiel de travailler sur la signification, une simple description ne saurait en effet rendre compte d une pleine compréhension du phénomène religieux et d une réelle culture religieuse. Enfin, il ne faut pas perdre de vue les doctrines ou les évolutions historiques des religions. Une pleine intelligibilité des rites passe nécessairement par une bonne compréhension des croyances et les religions sont toujours à situer dans leur contexte sociohistorique et culturel.