Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles Mise en place et gestion d un réseau de piégeage de Drosophila suzukii Matsumara - Année 2013 Mâle (gauche) et femelle (droite) de D. suzukii Source: FREDON Corse
Figure 1 : Dégâts de D. suzukii sur cerise et abricot Figure 3 : Emplacement des pièges D. suzukii en 2012 Figure 2 : Piège McPhail utilisé pour la capture D. suzukii Tableau 1 : Installation et désinstallation des pièges sur des différentes communes Commune Culture Début de piégeage Fin de piégeage Nb. Pièges sur parcelle Bastelicaccia Fraisier 30/05/2013 --- 2 Peri Pêcher 01/08/2013 04/09/2013 2 Peri Figuier 10/09/2013 11/10/2013 2 San Guiliano Abricotier 12/06/2013 09/09/2013 1 Santa Lucia di Moriani Fraisier 15/04/2013 01/07/2013 2 Santa Maria Poggio Fraisier 10/06/2013 19/08/2013 1 Serra di Ferro Fraisier 29/04/2013 21/10/2013 2 Vescavato Cerisier 24/05/2013 26/06/2013 1 Vescavato Abricotier 26/06/2013 07/08/2013 1 Vescovato Pêcher 24/05/2013 07/08/2013 1 Vescovato Pêcher 24/05/2013 07/08/2013 1 Vescavato Pêcher 26/06/2013 10/09/2013 1
Contexte : Drosophila suzukii est une mouche des fruits originaire d'asie. Elle a été observée pour la première fois au Japon en 1916. On la retrouve en Chine, Inde, Russie, Thaïlande, Birmanie, Corée et à Hawaï. En 2008, des populations ont été recensées en Amérique du Nord, au Canada (Fraser Valley) ainsi qu'aux États-Unis (Californie, Oregon, Floride et Washington). En 2009, l'espèce est détectée en Europe : en Italie (province de Trento), en Espagne (Catalogne) et hypothétiquement en France (dans la région de Montpellier). En 2010, la présence de D. suzukii est confirmée en Corse. Il s agit d un organisme inscrit à la liste d alerte OEPP. Différente de la plupart des autres espèces de mouches des fruits, D. suzukii se nourrit des fruits sains. Les fruits attaqués sont reconnaissables à la présence de petites cicatrices à la surface du fruit (trous) engendrées par les piqûres d'oviposition. En se développant, la larve se nourrit de la pulpe, ce qui entraine un affaissement de l'épiderme autour du site de nutrition. Les plaies créées facilitent l'installation d'autres maladies et ravageurs (maladies cryptogamiques, bactéries...) qui contribueront à la détérioration du fruit (Figure 1). Les dégâts causés par une attaque de D. suzukii peuvent provoquer une perte de la totalité de la production. D. suzukii présente une large gamme de plantes hôtes. Elle se développe principalement sur les fruits rouges et arbres fruitiers. En Corse elle a été découverte pour la première fois sur des cerisiers puis sur pêchers, abricotiers et aussi pommiers (une parcelle voisine de cerisiers et abricotiers infestés avec seulement quelques fruits touchés). Mise en place d un réseau de piégeage : Au cours de l été 2010 la FREDON a mis en place un réseau de piégeage de D. suzukii en Corse sur cultures fruitières et légumières. Ce réseau nous a permis de nous apercevoir que le ravageur était déjà répandu sur toute la Corse. Nous avons poursuit cette action pour mieux connaître le ravageur qui a causé localement des dégâts très importants, en Corse comme dans d autres régions françaises. Dispositif : En 2013 nous avons installé 17 pièges sur 12 sites à partir du mois d avril (Figure 2). Il s agit des pièges de type Mc Phail avec un filet type «mouche de l olive» collé sur l entrée pour empêcher les grands insectes (guêpes, frelons ) d entrer. L attractif est un mélange de deux parts égales d eau et de cidre de pomme auxquelles on ajoute 1 cuillerée à café de sirop de canne et une goutte de produit vaisselle. Ce mélange est changé toutes les semaines, lors du relevé du piège. Le contenu des pièges, relevé de façon hebdomadaire, est filtré avec une passoire à très petite maille, puis les insectes capturés sont triés et déterminés par un agent de la FREDON à l aide d une loupe binoculaire. Les pièges ont été installés d abord dans des parcelles de fraisiers, puis, dans les parcelles de cerisiers et abricotiers ensuite dans les parcelles de pêchers et figuier. Le piégeage s est déroulé du mois d avril (parcelle de fraisier à Santa-Lucia-di-Moriani) jusqu au mois de novembre (piègeage toujours en cours sur une parcelle). Les pièges ont été installés sur 17 parcelles différentes sur les communes de Bastelicaccia, Péri, San Giuliano, Sainte Lucie de Moriani, Santa-Maria-Poggio, Serra di Ferro et Vescovato (voir Tableau 1 et Figure 3).
Graphique 1 : Résultat du piégeage D. suzukii en 2013 Graphique 2 : Comparaison du nombre de capture entre 2011,2012 et 2013 Graphique 3 : Des températures enregistrées à Ghisonnaccia entre 2013 2012 et 2011. La courbe rouge représente les temp. max, la verte les temp. moy. et la bleue les temp. min. La cercle orange visualise la période plus froide en 2013.
Résultats du piégeage année 2013 Les premières captures ont été faites dès l installation du premier piège dans un champ de fraisiers à Santa-Lucia-di-Moriani le 15/04/2013 : 1 femelle. Au fur et à mesure les autres pièges ont été installés. On a observé des captures régulières jusqu au premier pic au mois de juin se prolongeant au mois de juillet (voir Graphique 1). Après ce pic nous n avons quasiment plus fait de captures pendant le mois d août et de septembre (quelques captures vers la fin du mois d aout). Les captures reprennent à la mi-octobre avec un pic important en début du mois de novembre. Les captures ont encore lieux au mois de novembre sur la parcelle de fraisier (seul piège qui est encore en place après le mois d octobre). Résultats du piégeage de l année 2013 en comparaison avec les années précédentes Depuis la mise en place du réseau de piégeage en 2010 on a enregistré très peu de captures en juillet et août. Puis à partir de septembre les captures ont augmenté considérablement jusqu à la fin du mois d octobre/début novembre (Graphique 2). Cette année est un peu différente des autres. D une part, on observe beaucoup moins de capture au moment du pic estival et d autre part on capture un nombre assez important de drosophile au mois d aout. Les captures plus importantes que d habitudes à la fin du mois d août peuvent peutêtre s expliquer par une légère baisse des températures qui aurait permis à l insecte de reprendre son activité à une période où il fait habituellement trop chaud pour celui-ci. Le Graphique 3 permet de comparer les températures sur la période entre 2012 et 2013. Pour ce qui des captures estivales faibles, il n y a pas d hypothèse satisfaisante mise à par une année qui serait climatiquement moins favorable à la drosophile. Conclusion : Cette année, il est probable que le climat ait été défavorable à la drosophile avec un pic d activité au mois de juin assez faible, quelques captures au mois d août qui peuvent être imputées à des températures assez basses la deuxième quinzaine de ce mois. Puis un pic d activité au mois d octobre/novembre qui peine à arriver. Même si peu de dégâts ont été rapportés au niveau de la Corse, D. suzukii est un ravageur à ne pas sous-estimer. Dans les autres régions françaises des dégâts importants ont été observés sur fraise remontante (PACA, Rhône-Alpes, Aquitaine) et sur petits fruits (Rhône-Alpes). Les dégâts, plutôt faibles sur fraise en Corse, sont probablement liés au fait qu il ne s agit rarement de plantes remontantes.