LE PROTOCOLE DE VERMIFUGATION DES CHEVAUX Alain Villeneuve, D.M.V., Ph.D. Professeur de parasitologie Faculté de médecine vétérinaire Université de Montréal Saint-Hyacinthe 21 juin 2010 Chez l ensemble des animaux domestiques, le cheval constitue un cas particulier dans le sens où un bon nombre d espèces de parasites, et parmi les plus fréquentes, menace sa santé. Le strongle commun endommage la paroi de l artère mésentérique, les cyathostomes se logent dans la paroi du gros intestin, un organe majeur du système digestif du cheval, un cestode s attache en marge de la valvule iléocaecale, un ascaridé atteint une taille problématique dans le petit intestin et un asticot s accroche à la paroi de l estomac pendant des mois. Chacun de ces parasites communs peut entraîner des problèmes de santé majeurs, en particulier des coliques, parfois suffisamment importants pour mettre la vie de l hôte en péril. De plus, le cheval est réputé développer difficilement une immunité naturelle contre ces envahisseurs et les traitements antiparasitaires s imposent. Plusieurs médicaments ont été développés à cet égard et ce, depuis 20 à 40 ans. Toutefois, depuis plusieurs années, les rapports de résistance de parasites, en particulier Parascaris et les cyathostomes, apparaissent un peu partout. Ces nouveaux éléments nous amènent à nous questionner sur la validité des protocoles existants. Plusieurs éléments peuvent être pris en considération dans l élaboration d un protocole de vermifugation pour un cheval ou pour un troupeau. Il s agit de déterminer quels sont les éléments les plus importants à prendre en considération pour nous guider dans notre démarche pour le cas qui nous intéresse. En priorité, la santé de l animal importe surtout chez les jeunes animaux, c'est-à-dire ceux âgés de deux ans et moins. Dépassé cet âge, une forte proportion de chevaux ont développé une résistance naturelle acceptable, mais ce n est pas généralisé. D autre part, la prévention de la résistance a toujours été prise en considération, mais avec des approches variables. Devant la situation actuelle, il nous faut maintenant accepter qu il ne soit pas possible, de respecter l ensemble des recommandations proposées, dans tous les cas. Pire, certaines d entre elles se contredisent même les unes et les autres. Il faut alors trouver un compromis qui réponde aux priorités identifiées.
LES BASES DU PROTOCOLE DE VERMIFUGATION Parmi les informations essentielles à l établissement du protocole, il nous faut connaître les espèces de parasites présentes dans un troupeau, la meilleure façon de lutter contre chacune de ces espèces, savoir prévenir la résistance et connaître les qualités des médicaments utilisés. Au départ, l analyse de matières fécales et l historique du troupeau vont nous aider à choisir la meilleure stratégie à implanter pour contrôler le parasitisme. A L analyse des matières fécales : Le cheval est l espèce animale chez qui les analyses de matières fécales s imposent et pour plusieurs raisons : établir les espèces présentes, évaluer la ponte parasitaire, choisir le médicament le plus approprié, et vérifier l efficacité des médicaments. Chez les chevaux très jeunes (trois premières années) et dont on connaît mal l historique de vermifugation, il importe de détecter la présence de Parascaris. Lorsque l on détecte la présence de ce parasite de 15 à 50 cm de long, on saura que l expulser du corps de l hôte présente certains dangers à la santé. Le parasite peut prendre autant que 3 à 5 mois pour atteindre sa pleine taille et sa pleine dangerosité à cet égard. Plus petit, les risques diminuent d autant. Chez le cheval plus âgé, il importe de connaître l importance de la ponte des strongles, laquelle servira de base à la décision de traiter ou non. La ponte est évaluée en œufs par gramme et elle varie selon la technique utilisée. L utilisation de la lame MacMaster présente l avantage d être très rapide et de ne demander aucun équipement coûteux, si ce n est un microscope. Le compte se fait normalement à un grossissement de 100X seulement et un microscope bas de gamme peut très bien convenir. La technique de Wisconsin implique une double centrifugation avant l examen au microscope, mais s avère beaucoup plus sensible, en particulier pour les parasites peu prolifiques tels Anoplocephala et Oxyuris, et précise que la première. Elle surévalue même le nombre d œufs, si on compare les comptes avec ceux obtenus par la technique de Wisconsin. Cette dernière pourrait être utilisée pour l établissement du profil biologique du troupeau et la première pour le suivi, ce qui en fait un bon compromis au point de vue coût. Idéalement, il faudrait soumettre plusieurs crottins d un même cheval, soit environ 250 grammes (de la taille d un pamplemousse). À cause du grand volume de matières fécales produites par un cheval, les œufs de parasites ne sont pas distribués de façon uniforme. L échantillon est soumis au laboratoire dans les meilleurs délais (sinon le réfrigérer), tot simplement dans un gant de fouille comme contenant. L interprétation du compte obtenu peut se résumer simplement. Durant la saison où les larves peuvent se développer facilement sur le pâturage, grossièrement de juin à août, on vise une ponte parasitaire nulle ou presque (moins de 10 œufs/g), pour éviter la contamination des pâturages. Un cheval adulte excrétant 10 œufs de strongles par gramme de fumier déverse quotidiennement environ 150 000 œufs sur le pâturage, ce qui entraîne sa contamination rapide. Le reste de l année, on traite si le compte indique un
nombre d œufs suffisamment important, soit entre 200 et 400 œufs/g, lequel semble déjà compatible avec l apparition de signes cliniques (coliques). Il importe d aborder le plus souvent possible, le diagnostic et le traitement en fonction du troupeau, dans un premier temps. Il n est donc pas nécessaire de tester chaque animal, mais plutôt un nombre représentatif d animaux, soit environ 6 ou 10% de l effectif. Comme beaucoup de nos antiparasitaires sont sur le marché depuis plus de 25 ans (ivermectin, fenbendazole, pyrantel), il ne serait pas surprenant que l efficacité ait diminué avec le temps. De nombreuses publications le suggèrent. La sagesse nous suggère de vérifier l efficacité des médicaments utilisés, et de façon périodique. Il existe plusieurs façons de le faire. Idéalement, on identifie 6 chevaux d un troupeau (plus le troupeau regroupe un grand nombre d animaux, plus celui-ci est ouvert, et plus l historique de vermifugation est ancienne, plus le risque de manque d efficacité ou de résistance est élevé). Ces 6 animaux seront testés au moment du traitement puis 10 à 14 jours plus tard. Il importe de ne pas faire ce test au moment du réveil des larves ayant hiverné dans l animal, soit en avril et en mai, mais plutôt à l automne, de juillet à octobre. Il faut adopter une évaluation quantitative de la ponte en pesant précisément l échantillon analysé. On accepte comme normale une diminution de la ponte de plus de 95%, chez la majorité des animaux testés. D autres façons plus économiques peuvent aussi être utilisées : vermifuger les animaux et faire un pool des matières fécales d animaux à tester 10 à 14 après le traitement. Si le compte d œufs est près de zéro, on en déduira que le traitement a été efficace. L analyse des matières fécales peut aussi être utilisée, et on le suggère de plus en plus, pour déterminer les animaux adultes résistants naturellement aux parasites. Plusieurs études ont montré que dans un troupeau normal, environ 50 à 80% des chevaux ont une charge parasitaire acceptable qui ne nécessite pas vraiment de traitement. Cette résistance semble génétique et demeure stable avec le temps. Annuellement, et au moment le plus approprié (avril et mai pour le Québec), on peut tester (MacMaster si on a déjà déterminé le profil parasitologique de ce troupeau au préalable) tous les animaux et déterminer ainsi ceux que l on traitera dans l année. L avantage économique de cette approche a été montré et est assez important. Moins de vermifuge est utilisé et la pression de sélection pour le développement de résistance est aussi moindre. Ne pas utiliser la coproscopie dans le programme de traitement d un troupeau et de traiter plutôt en aveugle nous expose à utiliser des médicaments non appropriés, de traiter inutilement des animaux non ou peu parasités, de favoriser l apparition de résistance, ou encore pire, de laisser un parasite dans un troupeau sans intervenir. B L histoire de cas. La littérature et nos données obtenues en laboratoire depuis 1995 (date à laquelle nous avons implanté la technique dite de Wisconsin pour tous nos tests) nous donnent des informations pouvant être utilisées dans notre processus de décision.
Nous avons compilé les résultats de plus de 2 000 chevaux testés durant cette période et ils vous sont présentés dans les tableaux suivants : Espèce Prévalence (%) Strongles 46,7 Anoplocephala 8,1 Parascaris 6,8 Eimeria leuckarti 1,7 Strongyloides 1,5 Oxyuris equi 0,4 Tableau I. Prévalence des espèces de parasites trouvées au Laboratoire de parasitologie de Saint- Hyacinthe. Commentaires : Les chevaux compris dans notre échantillon représentent un groupe d animaux très variés, mais il est possible qu ils représentent mal l ensemble de la population équine. Par exemple, en 1995, nos données de laboratoire pour Anoplocephala montrent une prévalence de 1,8% alors que l étude de Chantal Croteau, effectuée sur plus d une centaine de troupeaux recrutés sur une base volontaire, dans toutes les régions du Québec, montrait une prévalence de 12,2% (soit une prévalence 6,7 fois plus élevée). - Nous n avons pas fait de coproculture pour déterminer la prévalence des grands strongles mais les publications récentes révèlent une prévalence d environ 25% ou moins. - La majorité des chevaux ayant accès à l extérieur en été peuvent héberger des gastérophiles. Espèce Âge Prévalence (%) Strongles < 5 ans 15-68 Anoplocephala 0-4, > 10 6-18 Parascaris < 7 mois 3-38 Eimeria leuckarti < 5 mois Strongyloides < 1 an Oxyuris equi Variable Tableau II. Âge typique des animaux hébergeant des parasites. Commentaires : Le pourcentage d animaux infectés de strongles ne varie guère avec l âge du cheval, de même que la ponte parasitaire. Cependant, les signes cliniques de parasitoses sont vus surtout dans ce groupe d âge, malgré l absence d immunité réelle chez les animaux plus âgés.
Espèce Strongles Anoplocephala Parascaris Eimeria leuckarti Strongyloides Oxyuris equi Saison Peu prononcée Déc-mai Aucune Aucune Aucune Aucune Tableau III. Incidence saisonnière des espèces de parasites trouvées au Laboratoire de parasitologie de Saint-Hyacinthe. C - Stratégie propre à chacune des espèces. Cinq espèces ou groupes d espèces sont prises en considération pour le besoin de cette discussion : grands strongles, petits strongles, Anoplocephala, Parascaris et gastérophiles. 1. Grands strongles. Ces espèces sont dites migratrices et on les considère très pathogènes (coliques, embolies) et leur période de prépatence est très longue, soit de 6 à 12 mois. Deux approches peuvent satisfaire au contrôle : deux traitements par année pour empêcher la ponte, ou plusieurs traitements pour empêcher toute infection (la larve migre très tôt après l ingestion et endommage déjà des structures importantes telles la paroi de l artère mésentérique, dans le cas de Strongylus vulgaris), le calcul de l intervalle entre les traitements étant basé sur la durée de l effet résiduel de la lactone macrocyclique utilisée (4 semaines pour l ivermectine, 8 semaines pour la moxidectine). L infection est plus probable lorsque les animaux sont au pâturage et lorsqu ils ont moins de 3-5 ans, et les traitements devraient cibler cette période en priorité. 2. Cyathostomes ou petits strongles. Plus d une quarantaine d espèces constituent ce groupe. Leurs caractéristiques biologiques ne sont pas toutes connues et il est probable qu elles diffèrent. On les dit non migrateurs puisqu ils envahissent seulement la muqueuse du gros intestin avant de revenir dans la lumière. Plusieurs espèces sont capables d hypobiose. En grand nombre, ces parasites peuvent provoquer une cyathostomiose de même que des coliques. Certaines espèces peuvent même entrer en hypobiose dès leur ingestion. Pour lutter contre ce groupe de parasites, il est primordial de les empêcher de pondre. On tente de le faire surtout durant les mois de juin, juillet et août parce que la température externe permet le développement des larves sur le pâturage, principalement à cette période. Le choix des médicaments est grand et le calcul de l intervalle entre les traitements est basé sur la période de prépatence des espèces en cause, soit 4 à 6 semaines, à laquelle il faut ajouter la durée de l effet résiduel (voir Tableau IV). Chez un animal n ayant pas été vermifugé adéquatement l année antérieure, il faut ajouter une vermifugation à la fin de la levée de l hypobiose, laquelle se fait vraisemblablement en avril-mai. Il est préférable de le faire le plus tardivement possible parce que peu de médicaments (à l exception de la moxidectine) ont un effet intéressant contre ces larves inhibées. Ce traitement se fera toutefois au moins une à deux semaines
avant la sortie au pâturage. Si les chevaux ont accès au pâturage très tôt au printemps, il faudra prévoir un traitement au début du mois de mai, indépendamment de tout autre facteur. 3. Anoplocephala. Selon les données obtenues dans notre laboratoire et issue de la littérature, les animaux s infectent tard à l automne, soit en septembre et en octobre. Le traitement se fera donc à l entrée en écurie, en octobre, ou un peu plus tard pour les chevaux gardés plus longtemps sur le pâturage. Chez les chevaux non traités contre ce parasite l année antérieure, un traitement avant la mise au pâturage s impose. À cause de la survie possible à l hiver de l hôte intermédiaire sur le pâturage, un traitement à la fin du mois de juin complète l efficacité du programme débuté l année antérieure (le traitement d octobre détruit les parasites dans les chevaux, le traitement de juin de l année suivante détruit les parasites provenant de la survie au pâturage). Dans les années subséquentes, le traitement d automne pourrait suffire. 4. Parascaris. Comme il n y a pas de pic saisonnier avec cette espèce, le traitement sera basé sur l âge. Il est recommandé de débuter tôt, dès l âge de 4 à 6 semaines si possible, et de traiter aux 4 à 6 semaines jusqu à l âge de 6 mois. Si le traitement débute tardivement, les risques pour la santé augmentent. Il est plus prudent d éviter le pyrantel comme premier traitement, dans de tels cas (poulains jamais traités auparavant ou depuis 3 mois et plus), puisque le mode d action de cette substance (paralysie spastique) peut entraîner la formation de bouchons vermineux intestinaux, des coliques et la mort dans certains cas. 5. Gastérophiles. L infection est possible durant toute la saison chaude. Comme cette infection est généralement considérée comme anodine, le traitement ne se fera qu en toute fin de saison, après les premières fortes gelées ou dès l entrée en écurie, moment où les mouches adultes sont mortes ou ne peuvent plus pondre sur les animaux. D Lutter contre la résistance. Ce phénomène prend de plus en plus d ampleur, un peu partout à travers le monde, mais surtout dans des troupeaux ou des régions où on abuse des vermifuges. Le Québec n y échappe pas, sauf qu on ne s attend pas à le trouver fréquemment, vu que la majorité des gens n utilisent les vermifuges que rarement. Le critère de sélection pour la résistance est l utilisation du même médicament à répétition, chez les mêmes animaux. La résistance se manifeste dans tout le troupeau et est transmise de façon génétique. Donc, il importe de se préoccuper de résistance lorsque les animaux ont été vermifugés plus d une fois par année depuis au moins quelques années, si le troupeau est constitué de plusieurs animaux qui fréquentent le même pâturage, et si l herbe constitue une part importante de leur alimentation. Une évaluation de l efficacité d un des vermifuges utilisés s impose alors, annuellement. Elle se fait comme décrit
précédemment et il est préférable mais non essentiel de tester les animaux les plus susceptibles d être fortement parasités, soit les animaux de moins de 5 ans. De nombreuses approches pour contrer la résistance ont été mises de l avant, par le passé, et la résistance est tout de même apparue. Il a été recommandé d alterner entre différents produits de mode d action différent. La rotation présente des difficultés majeures. Chez les jeunes animaux et en particulier chez ceux destinés à la compétition, il importe d assurer une protection la meilleure possible contre les effets possiblement permanents de Strongylus vulgaris sur les artères. Les lactones macrocycliques sont les seuls médicaments à pouvoir donner cette protection. À l automne, le traitement contre les gastérophiles ne peut se faire qu avec une lactone macrocyclique. Par ailleurs, le traitement le plus efficace contre Parascaris semble impliquer les benzimidazoles. Ces mêmes benzimidazoles sont réputés être fréquemment la cible de résistance de la part des cyathostomes. Force nous est de conclure qu au moins chez les chevaux de moins de 3 ans, la rotation des vermifuges ne peut se faire qu aux dépens de la santé des animaux traités. Dans la lutte contre l apparition de résistance, une constante semble apparaître, soit la constitution d une portion de la population parasitaire, dans un troupeau, qui ne soit pas exposée aux vermifuges. Une excellente approche pour y arriver est de ne pas traiter tous les animaux du troupeau. En utilisant les analyses de matières fécales, il est possible d identifier les chevaux moins affectés par le parasitisme et de les laisser sans traitement. Aussi, comme l on sait maintenant que l apparition de résistance se fait sur de nombreuses années, on peut utiliser un même médicament, déterminer son efficacité, et monitorer par des coproscopies annuelles ou bisannuelles, l évolution de cette efficacité. De faire de rotations entre différents produits, à l aveugle, nous expose à traiter avec un produit à efficacité réduite, d exagérer la résistance contre ce produit, et à laisser des animaux parasités pour des périodes de temps plus ou moins longues. E Caractéristiques des médicaments utilisés Médicament Âge minimal au traitement Effet résiduel contre les strongles Intervalle suggéré entre les traitements Fenbendazole non indiqué nul 4 sem Ivermectine 4 sem 4 sem 8-10 sem Moxidectine 16 sem 8 sem 12 sem Oxfendazole non indiqué nul 4 sem Oxibendazole non indiqué nul 4 sem Pyrantel non indiqué nul 4 sem Praziquantel 4 sem nul ne s applique pas Tableau IV. Caractéristiques des médicaments utilisés
Médicament Indications Cyathostomes Anoplocephala Parascaris Gastérophiles Grands strongles L 4 ad fenbendazole oui oui oui* ivermectine oui oui oui oui oui moxidectine oui oui oui oui oui Oxfendazole oui oui oui Oxibendazole oui oui oui Pyrantel oui oui oui* oui Praziquantel oui * = Il faut doubler la dose normale pour atteindre l efficacité Tableau V. Caractéristiques des médicaments utilisés PROGRAMME DE VERMIFUGATION Il est primordial d assurer aux chevaux l accès à un pâturage sain. Il s agit essentiellement d un pâturage non utilisé l année antérieure par des chevaux, ou utilisés par des animaux placés sur un programme de vermifugation adéquat. Les animaux placés sur un pâturage contaminé ingèrent à chaque jour des formes infectieuses de parasites. Plusieurs des vermifuges utilisés n exercent aucun effet résiduel, ce qui signifie que dans les jours qui suivent le traitement, l animal se réinfecte rapidement. Qui plus est, plusieurs espèces du groupe des cyathostomes entrent aussitôt en hypobiose et ne seront pas affectées par le traitement subséquent (seule la moxidectine exerce cet effet chez les chevaux adultes). Un cheval traité régulièrement mais ayant accès à un pâturage contaminé peut alors héberger une charge parasitaire suffisante pour induire chez lui des problèmes de santé. L approche de traitement se fait sur la base du troupeau et non sur une base individuelle (exemple, dans une pension pour chevaux, l approche doit être intégrée par une même personne) Un pâturage sain n a pas été brouté l année antérieure ou a été brouté par des chevaux vermifugés. Si un pâturage est contaminé, il faudra alors attendre au mois de juin pour que les larves infectieuses qui ont survécu à l hiver soient mortes. En plein été, les larves peuvent survivre, en conditions idéales, jusqu à 6 semaines. De même, il importe que l herbe soit suffisamment abondante sur le pâturage. Les chevaux vont alors réserver une partie du pâturage pour y déféquer; si l herbe vient à se faire rare, ceux-ci devront se résoudre à paître dans ces zones fortement contaminées. Si une herse est utilisée pour uniformiser le fumier sur un pâturage, il faut transférer les animaux ailleurs pour une période de 6 semaines. 1. Chevaux de moins de 6 mois. L analyse de matières fécales s impose chez les poulains de plus de 3 mois et jamais vermifugés auparavant. Le traitement est axé sur l âge et non sur la saison. Les parasites trouvés sont : Strongyloides, Parascaris,
Cyathostomes et grands strongles (Anoplocephala et Gasterophilus sont des parasites à transmission saisonnière). - Débuter dès l âge de 4 à 6 semaines. - Répéter les traitements selon les périodes de prépatence des parasites trouvés, soit 2 sem pour Strongyloides, 4 à 6 sem pour les cyathostomes, 80 jours pour Parascaris et 6 à 12 mois pour les grands strongles. Le parasite le plus à craindre parmi ceux présents est Parascaris. Il est recommandé de traiter aux 4 (benzimidazoles et pyrantel) ou aux 6 semaines (lactones macrocycliques), et non pas selon la période de prépatence pour ce cas précis, parce qu il n est pas rare que les produits utilisés aient une efficacité incomplète. Les lactones macrocycliques sont à privilégier de même que les intervalles courts chez les animaux destinés à la compétition et ceux chez qui on veut une protection la plus complète possible contre Strongylus vulgaris. On considère que les médicaments généralement utilisés sont moins efficaces chez les jeunes animaux que chez les animaux âgés. 2. Chevaux ayant accès au pâturage. L analyse de matières fécales annuelle est particulièrement importante dans les troupeaux regroupant plusieurs animaux. L analyse d au moins 6 chevaux parmi les plus jeunes est recommandée. Le traitement est axé sur la saison. Parasites trouvés : grands strongles, cyathostomes, Anoplocephala et Gasterophilus. Avril-mai : Détruire les strongles émergeant et les parasites adultes. Comme peu de produits, à l exception peut-être du moxidectin, exercent un effet marqué contre les formes en hypobiose, il importe de retarder au maximum le traitement à la fin de cette période. Juin-juillet-août : Le traitement vise à empêcher les chevaux de répandre des œufs de strongles sur le pâturage. À cette période, des larves peuvent se développer rapidement et en grands nombres, et devenir facilement disponibles pour les animaux. Selon le médicament utilisé, l intervalle entre les traitements varie (voir Tableau IV). Octobre : Traiter contre les gastérophiles avec une lactone macrocyclique et s il y a lieu, contre Anoplocephala avec le praziquantel. Janvier-février : Chez les animaux âgés de moins de 3 ans, un traitement supplémentaire en milieu d hiver permet de diminuer la charge parasitaire souvent importante. 3. Chevaux n ayant pas accès au pâturage. Comme ces animaux sont peu susceptibles d héberger des parasites en nombre important, l analyse des matières fécales permet d évaluer les besoins en vermifugation. Chez les chevaux de grande valeur, il est possible que l on veuille traiter préventivement, sans recourir au laboratoire.
Mai : Comme les grands strongles dont Strongylus vulgaris en particulier sont les plus craints, une lactone macrocyclique est utilisée. Août : Traitement contre les strongles avec tout produit efficace. Octobre - novembre : Utiliser une lactone macrocyclique pour lutter contre Gasterophilus en particulier. N.B. : Le problème de résistance est peu préoccupant dans ce contexte puisque ces animaux ont peu de parasites. 4. Chevaux nouveaux arrivants. Ces animaux devraient être traités 2 semaines avant le départ de l endroit d origine avec une lactone macrocyclique. Sinon, le traitement se fait dès l arrivée et l animal est isolé pour les deux semaines subséquentes et son fumier est disposé de façon à ce qu il ne puisse contaminer quelque espace que ce soit accessible aux chevaux.