Institut Babcock pour la Recherche et le Développement International du Secteur Laitier Université du Wisconsin à Madison Essentiels Laitiers PRINCIPES DE TRAITE Michel A. Wattiaux Institut Babcock LA TRAITE: UN TRAVAIL D EQUIPE ENTRE LA VACHE, LA MACHINE ET LE TRAYEUR La traite permet de récolter le lait de la vache après une stimulation qui provoque son éjection naturelle des cavités alvéolaires (réflexe d éjection du lait). La récolte du lait n est pas une simple extraction mécanique appliquée au pis de la vache. Sans une contribution coordonnée de la vache et du trayeur, la traite ne peut pas se produire. La traite est donc un travail d équipe entre Bruit de la pompe à vide ou des unités de traite Influx nerveux Oxytocine Vue d'un veau Toucher de la peau du pis Figure 1: Réflexe d éjection du lait; lorsque la vache est stimulée par le toucher de la main du trayeur, le son de la machine à traire, ou la vue d un veau, des influx nerveux arrivent au cerveau (dans l hypothalamus). L hypothalamus stimule l hypophyse postérieur qui libère l oxytocine. Le sang transporte cette hormone jusqu aux cellules myoépithéliales (cellules musculaires) qui entourent les alvéoles du pis. La contraction des cellules myoépithéliales éjecte le lait de la cavité alvéolaire dans les canaux lactifères et la citerne de la glande. La souffrance ou la peur peut inhiber le réflexe d éjection du lait.
la vache, le trayeur et la machine. La vache doit recevoir des signaux clairs que sa traite est imminente. Une fois que le réflexe d éjection du lait a pris effet, la contraction des cellules myoépithéliales éjecte le lait de la cavité alvéolaire dans les canaux lactifères et la citerne de la glande. Ce n est qu alors que la bouche d un veau à la tétée ou les gobelets trayeurs d une machine à traire peuvent récolter le lait par aspiration à travers le canal de la mamelle. REFLEXE D EJECTION DU LAIT Activation de la descente du lait La lait produit s accumule dans les cavités alvéolaires entre les traites. Le réflexe d éjection du lait commence avec l activation des nerfs en réponse au toucher, au bruit de la machine à traire, ou à la vue d un veau. L hypothalamus, un organe à la base du cerveau, interprète ces signaux. Un ou plusieurs des facteurs suivants peut initier le réflexe d éjection du lait (Figure 1): Le contact physique entre le pis de la vache (qui est sensible au toucher et à la température) et le veau à la tétée ou le matériel (tissu ou papier) utilisé par le trayeur pour nettoyer les mamelles; La vue d un veau (spécialement chez les espèces de vache Bos Indicus les zébus); Le bruit de la machine à traire. Une fois que ces stimuli se produisent, l hypothalamus envoie un signal à l hypophyse postérieur, une glande à la base du cerveau, qui libère l hormone oxytocine dans le courant sanguin. Le sang transporte l oxytocine vers le pis où elle provoque la contraction des cellules myoépithéliales (cellules musculaires) qui entourent les alvéoles. Cette contraction se produit 20 à 60 secondes après la stimulation et provoque une augmentation de pression à l intérieur du pis. Le lait est alors éjecté de la cavité alvéolaire vers les canaux lactifères et finalement la citerne de la glande. L action de l oxytocine ne dure que 6 à 8 minutes. Ensuite, sa concentration dans le sang diminue fortement. Il est donc important d attacher l unité de traite (ou de commencer la traite manuelle) pas plus tard qu une minute après avoir commencé la préparation du pis. Un retard peut réduire la quantité de lait récolté. Quoiqu il soit possible de provoquer une seconde décharge d oxytocine, elle est en général moins efficace que la première. Inhibition de la descente du lait Le réflexe d éjection du lait peut être inhibé dans certaines situations. Lorsque ceci se produit, le lait n est pas éjecté des alvéoles et la quantité récoltée est fortement réduite. Un influx nerveux arrive aux glandes surrénales lorsque des événements externes provoquent le malaise, la souffrance, la peur ou l agitation. L hormone adrénaline est alors libérée par les glandes surrénales et provoque la constriction des vaisseaux et capillaires sanguins et inhibe la contraction des cellules myoépithéliales du pis. La diminution du flux sanguin vers le pis réduit la quantité d oxytocine qui y arrive et l intensité du réflexe de descente du lait. En général, la traite des vaches sera lente et incomplète dans les situations suivantes: Préparation du pis inadéquate; L unité de traite est attachée au pis en retard (plus d une minute après avoir commencé la préparation du pis); Circonstances inhabituelles qui provoque la souffrance (des coups donnés à l animal) ou la peur (aboiement d un chien); Fonctionnement inadéquat de la machine à traire.
Après le premier vêlage, les primipares doivent être habituées à la routine de traite. L incertitude, la peur ou l agitation qui se produit peut suffire à inhiber la descente du lait chez ces vaches. Une injection d oxytocine au moment de la traite peut faciliter la descente de lait. Cependant, cette pratique ne peut être utilisée que pendant quelques jours parce que la vache devient rapidement dépendante de l injection d oxytocine si son utilisation est prolongée. RECOLTE DU LAIT Une bonne préparation du pis provoque la donc la descente du lait. Cependant, il ne s écoule pas à l extérieur parce que l ouverture au sommet de la mamelle reste fermée grâce à un groupe de muscles circulaires (sphincter). Normalement, le lait ne s écoule pas de la mamelle sans l action d une force externe qui surpasse la force de contraction naturelle du sphincter (une différence de pression entre l intérieur et l extérieur de la mamelle). Mais parfois, le lait de certaines vaches qui ont un sphincter faible ou endommagé peut commencer à s écouler après avec un réflexe d éjection du lait puissant. Ces vaches perdent leur lait parce que la pression interne du pis surpasse la résistance naturelle du sphincter. En général, le lait est récolté (1) par la bouche d un veau à la tétée, (2) par la main d un trayeur, ou (3) par l unité de traite d une machine à traire. La traite manuelle utilise la pression Lors de la traite manuelle, la main empoigne la mamelle sur toute sa longueur. Le pouce et l index ferme la partie supérieure de la mamelle et les autres doigts compriment la mamelle de haut en bas (Figure 2). L augmentation de pression à l intérieur de la mamelle (comparé à la pression externe) force le lait à travers le sphincter. Un veau à la tétée utilise la succion Un veau à la tétée utilise la succion (le vide) plutôt que la pression pour extraire le lait de la mamelle. Lorsqu une succion suffisamment forte est appliquée au sommet de la Figure 2: Pendant la traite manuelle, la pression à l intérieur de la mamelle devient plus élevé qu à l extérieur. mamelle, la pression à l extérieur est inférieure à celle qui règne à l intérieur, et le lait est aspiré vers l extérieur. La bouche d un veau à la tétée enveloppe la mamelle entre son palais et sa langue. Un vide se produit lorsque les joues s écartent et la langue se rétracte dans la gorge. Le lait est alors aspiré dans la bouche. Mais l aspiration provoque aussi l accumulation de sang et autres fluides corporels (la lymphe) dans la mamelle. Le lait s arrête de s écouler lorsque le veau avale car la pression à l intérieur et à l extérieur de la mamelle redeviennent alors identiques. Pendant cette phase de massage, la circulation normale du sang et de la lymphe dans la mamelle peut se produire. La phase de massage permet donc d éviter la congestion des mamelles. Pendant la tétée, le cycle de succion et de massage de la mamelle se produit entre 80 et 120 fois par minute. La machine à traire utilise la succion La machine à traire utilise aussi la succion (le vide) de manière similaire à un veau
dans la chambre de pulsation Phase de traite Mamelle Coquille externe métallique Manchon en caoutchouc Ouvert Fermé Chambre de pulsation Sous vide La chambre de pulsation sous vide Sous pression pour extraire le lait de la mamelle. Une description détaillée des différentes parties de la machine à traire se trouve dans L Essentiel Laitier intitulé La machine à traire. La section suivante ne décrira que l action de l unité de traite. Lorsque la machine à traire est utilisée, le gobelet trayeur et le pulsateur permettent d appliquer alternativement le vide (phase de traite) et la pression (phase de massage) autour de la mamelle (Figure 3). Lorsque l air est soutiré de la chambre de pulsation (la partie entre la coquille métallique et le manchon en caoutchouc), le manchon s ouvre parce que la pression (vide) à l intérieur de la chambre de pulsation est la même que celle air Cycle de pulsation (45 à 65 par minute) 50 à 60% d'un cycle 40 to 50% Figure 3: Action de l unité de traite. Phase de massage (30 mm Hg) La chambre de pulsation est à la pression Pression dans le tube à lait. Le vide aspire le lait de la citerne de la mamelle dans le manchon en caoutchouc. Cependant, lorsque l air est admis dans la chambre de pulsation, le manchon en caoutchouc se ferme et comprime la mamelle parce que la pression à l intérieur du tube à lait est inférieure à celle dans la chambre de pulsation. Pendant cette période de massage, le canal de la mamelle se ferme, le flux de lait s arrête et les fluides qui ont été aspirés dans la paroi de la mamelle peuvent être évacués. Cette action alternative de traite et de massage par l unité de traite pendant un cycle de pulsation permet d extraire le lait du pis tout en évitant la congestion et l œdème des mamelles. Cependant, si la machine à traire est mal réglée, le vide qui règne à l extérieur de la mamelle peut devenir trop fort ou durer trop longtemps, le sang et la lymphe s accumulent et provoquent une congestion de la mamelle qui finit par obstruer le passage du lait. En général, le manchon en caoutchouc de L'Institut Babcock pour la Recherche et le Développement International du Secteur Laitier est un programme de l'université du Wisconsin. Le support financier pour le développement de cette publication provient du USDA CSRS Special Grant 92-34266-7304 et du U.S. Livestock Genetics Export, Inc. Traduction: M. A. Wattiaux, Ph.D. Support éditorial: Judith Nysenholc Publication #: DE-LM-3-031596-F Cette publication ainsi que d'autres peuvent être obtenues en contactant: L'Institut Babcock, L'Université du Wisconsin 240 Agriculture Hall, 1450 Linden Drive Madison, WI 53706-1562 USA Tel. (608) 262 4621; Fax (608) 262 8852
la machine à traire s ouvre et se ferme 45 à 65 fois par minute (taux de pulsation). Dans un cycle de pulsation, la phase de traite dure en général plus longtemps que celle de massage. Parfois ces deux phases ont la même durée. Le temps de traite et le temps de massage exprimé en pourcentage du temps d un cycle de pulsation, s appelle le rapport de pulsation. Par exemple, un rapport de pulsation de 60:40 signifie que le niveau de vide augmente ou est à son maximum pendant 60% d un cycle de pulsation et qu il diminue et revient au niveau pendant les 40% restant (Figure 3). Ainsi, lorsque le taux de pulsation est de 60 et le rapport de pulsation est de 60:40, le cycle de pulsation dure 1 seconde, la phase de traite dure 0,6 seconde et celle de massage dure 0,4 seconde.