Récit et théâtre A RETENIR La comédie et la tragédie classiques Comédie Tragédie Émotions suscitées Rire, sourire. Le héros tragique doit inspirer «terreur et pitié». Pour cela, il ne doit être ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocent. Personnages Langage Dénouement Ils appartiennent à la classe moyenne de la société. Ils ressemblent aux spectateurs, dont ils caricaturent les défauts (on parle de «personnages types»). Même si les comédies classiques sont souvent écrites en vers, le langage de la comédie est un vocabulaire courant, voire familier. Il est heureux. Les tensions entre les personnages sont résolues. Une comédie se termine généralement par un mariage. Ils sont issus de l Histoire ou de la mythologie antiques et ils se situent tout en haut de la hiérarchie sociale. Ils appartiennent à un autre monde que celui du public. Le langage est soutenu. La tragédie classique est toujours écrite en vers (en alexandrins). Il est malheureux. Malgré leurs efforts, les personnages ne parviennent pas à échapper à leur destin. La tragédie se termine généralement par la mort d un des héros.
Visée La comédie a pour but de divertir, mais aussi de corriger les défauts des hommes. Elle tend un miroir au public : vous riez de ce personnage, mais n avezvous pas le même défaut? La tragédie a une visée de catharsis, c est-à-dire de purification. Le spectacle permet au public de se libérer de la violence et des sentiments négatifs qu il a en lui. Une fois la pièce terminée, les spectateurs sortent apaisés.
Récit et théâtre 1 LE RÉCIT : DIFFÉRENTS GENRES NARRATIFS A Le roman, la nouvelle Roman/nouvelle La forme longue du roman permet à l écrivain de proposer une intrigue riche et complexe. La nouvelle, de format court, repose sur une action plus simple, centrée autour de quelques personnages. Rappel La nouvelle Une nouvelle se lit d une traite. Pour que le lecteur s en souvienne, il faut qu elle frappe l imagination. Pour cette raison : la nouvelle se termine souvent par une chute (une fin surprenante qui nous invite à relire l histoire d une autre manière) elle est l une des formes privilégiées du registre fantastique (ex. : La Morte, de Guy de Maupassant) ; quand elle est réaliste, elle comporte souvent une dimension morale, suscite une réflexion (ex. : L'Homme qui plantait des arbres, de Jean Giono) B Récits d enfance et d adolescence
L autobiographie L autobiographie est un récit rétrospectif qu une personne fait de sa propre vie. Ex. : Jean-Jacques Rousseau, avec Les Confessions (fin du XVIII siècle) est considéré comme le fondateur du genre autobiographique. Dans le récit autobiographique : e «je» = l auteur (la personne réelle qui écrit le texte) = le narrateur (celui qui raconte l histoire) = le personnage principal du récit on distingue deux «je» : celui de l enfant ou adolescent dont on raconte l histoire, et celui de l auteur adulte qui raconte l histoire l auteur établit avec le lecteur un pacte autobiographique : il s engage à raconter sa vie de façon sincère et authentique (ce qui est parfois difficile à respecter, parce que l on veut donner une image positive de soi, que notre mémoire a déformé la réalité, etc.) Les mémoires Une personne ayant joué un rôle important dans l Histoire témoigne des événements qu elle a vécus. Ex. : Les Mémoires d outre-tombe, de Chateaubriand
Le journal intime Ce n est pas l adulte qui se souvient de sa jeunesse, mais l enfant ou l adolescent qui raconte sa vie jour après jour. Ex. : Le journal d Anne Frank Remarque Comme pour le journal intime, sur les blogs ou sur les réseaux sociaux, il s agit d une écriture «au jour le jour». La différence est essentiellement dans la diffusion : les blogs et réseaux sociaux sont faits pour partager sa vie avec d autres, tandis que le journal intime n a normalement pas pour but d être lu par d autres. Rappel Le roman autobiographique ou l autofiction L écrivain s inspire de sa vie pour écrire un roman, une œuvre de fiction. La part de vérité autobiographique peut être plus ou moins grande. Un récit d enfance et d adolescence peut bien évidemment être totalement fictif, sans rapport avec la vie de l écrivain. Ex. : À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust ou La Promesse de l'aube, de Romain Gary (proches de l autobiographie) L Éducation sentimentale, de Gustave Flaubert ou Le Blé en herbe, de Colette (romans fictifs, sans rapport avec la vie de l écrivain)
Récit et théâtre 2 LES POINTS DE VUE NARRATIFS A Narrateur et points de vue Le narrateur Dans un récit qui n est pas autobiographique, il ne faut pas confondre l auteur avec le narrateur, ni avec un personnage. Le narrateur peut être un personnage de l histoire ou être extérieur à l histoire. Le narrateur et les points de vue Quand le narrateur est extérieur à l histoire, il choisit un angle de vue pour raconter une scène, comme un réalisateur choisit de placer sa caméra à tel ou tel endroit pour filmer. Pour identifier le point de vue narratif, tu dois répondre à la question : «Que sait le narrateur?» point de vue interne : il en sait autant qu'un personnage point de vue externe : il en sait moins que les personnages point de vue omniscient : il en sait plus que les personnages Remarque
Il est rare qu'un récit soit entièrement rédigé selon le même point de vue. Généralement, l'auteur passe d'un point de vue à l'autre, en sélectionnant l'angle de vue le plus intéressant pour ce qu'il veut écrire. B Le point de vue interne Le point de vue interne Le point de vue est interne quand le narrateur est un personnage de l histoire ou adopte le point de vue d un personnage de l histoire. On voit ce que le personnage voit, on entend ce qu'il entend, on sait ce qu'il pense. Mais on ne voit, entend ou sait rien de plus que lui. Remarque Pense au cinéma Le point de vue interne, c est comme quand la caméra est «dans les mains» d un personnage ou qu elle suit un personnage. Exemple Le narrateur est un personnage de l histoire : Je n'avais plus de souffle alors j'ai dû m'arrêter de courir. Je ne savais pas combien de temps il me restait, j'ai demandé l'heure à un passant, mais je n'ai même pas entendu sa réponse. J'étais complètement paniqué Le narrateur est extérieur à l histoire mais adopte le point de vue d un personnage : Il n avait plus de souffle alors il a dû s arrêter de courir. Il ne savait pas combien de temps il lui restait, il a demandé l heure à un passant, mais il n a même pas entendu sa réponse. Il était complètement paniqué
C Le point de vue externe Le point de vue externe Le point de vue est externe quand la scène est décrite comme si elle était vue par un témoin extérieur. Le narrateur décrit ce qu il voit et entend, mais il n intervient pas dans l action. L histoire est décrite de manière neutre. Elle semble se dérouler toute seule. Avec un point de vue externe, on entend ce que les personnages disent, on voit ce qu'ils font, mais on ne sait rien de ce qu'ils pensent. Exemple Le jeune homme s'arrête de courir, il demande l'heure à un passant. Ses mains tremblent. D Le point de vue omniscient Le point de vue omniscient On dit que le point de vue est omniscient quand le narrateur est extérieur à l histoire mais qu il sait tout (omnis = tout et sciens = sachant). Comme le scénariste-réalisateur d un film, il connaît tout du passé mais aussi de l'avenir des personnages, il voit tout, sait ce que chacun pense, etc.
Exemple Samir n'en peut plus et s'arrête de courir. Il se rendra compte plus tard de son erreur, mais pour l'heure il panique. Ses mains tremblent, il n'arrive plus à réfléchir. Il demande l'heure mais n'écoute pas la réponse. Il est comme ça Samir, il n'écoute jamais ce que lui disent les gens. Remarque Pense au scénariste d un film : s'il nous montre une ville, il peut nous dire ce que chacun fait, imagine, ou fera dans n'importe quel endroit de la ville et à n'importe quel moment. Règle Les points de vue Résumons : point de vue interne : on en sait autant qu'un personnage ; point de vue externe : on en sait moins que les personnages ; point de vue omniscient : on en sait plus que les personnages.
Récit et théâtre 3 DISCOURS DIRECT, INDIRECT ET INDIRECT LIBRE Remarque Le narrateur peut rapporter les paroles des personnages de différentes manières. Le discours direct Le discours direct donne l impression que l on assiste à la scène. Il la rend plus vivante, plus authentique. Le discours direct reproduit les paroles telles qu elles ont été prononcées. Ex. : Jules dit : «J'ai envie d'aller au cinéma. Je viens avec toi» s'exclama Élodie.
Discours indirect Le discours indirect permet de ne pas rompre le fil du récit. Le narrateur rapporte le sens global des paroles, qu il modifie pour les intégrer au récit : les pronoms de 1 et 2 personnes sont remplacés par des pronoms de 3 personne e ère e si le récit est au passé, les temps des verbes sont adaptés (concordance des temps) la ponctuation expressive [.?] et les mots marqueurs d oralité («oh», «bof») sont supprimés Ex. : Jules dit qu'il avait envie d'aller au cinéma. Élodie s'exclama qu'elle venait avec lui. Discours indirect libre Le discours indirect libre donne l impression d'accéder directement aux pensées d'un personnage. Il reprend certaines caractéristiques du discours direct et d autres du discours indirect : Il conserve du discours direct la ponctuation expressive (?, ), les mots marqueurs d'oralité. Il conserve du discours indirect la 3 personne et la modification des temps si le récit est au passé. Ex. : Élodie était surprise. Quoi? Paul irait au cinéma sans elle? e Remarque Avec le discours indirect libre, il est parfois difficile de distinguer qui parle : le
narrateur ou le personnage?
Récit et théâtre 4 LE LEXIQUE DU THÉÂTRE Remarque Quand on commente un extrait de théâtre, il ne faut jamais oublier que ce texte est destiné à être joué. Le théâtre est un art du spectacle. Ainsi, pour bien comprendre un texte théâtral, il faut tenter de se représenter la scène. Que font les personnages lorsqu ils disent ceci ou cela? A Les métiers Un dramaturge Un dramaturge est un auteur de pièces de théâtre. Un metteur en scène Le metteur en scène est celui qui, à partir d un texte théâtral, crée un spectacle : il donne son interprétation de la pièce, dirige les comédiens, choisit un décor, une lumière, éventuellement une bande son, etc.
Un comédien Un comédien interprète un personnage (le mot acteur est plutôt utilisé pour le cinéma). B L action L intrigue L action d une pièce de théâtre est appelée intrigue. Les actes et les scènes L intrigue est généralement divisée en grandes parties, les actes, euxmêmes divisés en scènes. Dans le théâtre classique, on change de scène à chaque fois qu un personnage arrive ou s en va. La scène d exposition La ou les scènes d exposition sont les premières scènes, qui présentent l intrigue et les personnages.
Nœud/dénouement Le nœud est le point culminant de la pièce, le moment où tous les fils de l intrigue se rejoignent. Le dénouement de l intrigue correspond à la fin de la pièce. C Le texte de théâtre Didascalies/répliques Dans un texte théâtral, on peut distinguer deux types d énoncés : les didascalies, parties du texte qui ne sont pas destinées à être prononcées sur scène (indications de changements d actes et de scènes, indications sur le jeu des acteurs : gestes, ton, etc.) les répliques (prises de parole des personnages), qui sont destinées à être prononcées sur scène on distingue également certains types particuliers de répliques : la tirade, le monologue, etc. Tirade/monologue Une tirade est une réplique longue. La tirade ralentit le rythme de l intrigue ; cela correspond à un moment important, où l attention est centrée sur un personnage qui développe ses pensées. Un monologue est une tirade prononcée par un personnage seul sur scène (au théâtre, le spectateur ne peut connaître les pensées d un personnage que si celui-ci les exprime à voix haute.)
Un aparté Un aparté est une réplique prononcée «à part» (pour qu elle soit entendue par un personnage mais pas par un autre, ou alors quand elle n est pas adressée aux autres personnages mais aux spectateurs). La stichomythie La stichomythie est une succession de répliques brèves ; elle crée un rythme très rapide, dynamique, qui convient bien aux scènes d affrontement entre deux personnages. Ex. : Le comte. Ce que je méritais, vous l avez emporté. Don Diègue. Qui l a gagné sur vous l avait mieux mérité. Le comte. Qui peut mieux l exercer en est bien le plus digne. Don Diègue. En être refusé n en est pas un bon signe. [...] Corneille, Le Cid
Récit et théâtre 5 COMÉDIE ET TRAGÉDIE A Distinguer la comédie et la tragédie classiques La comédie et la tragédie classiques Souvent, une pièce suscite chez le spectateur une succession de sentiments variés : on pleure, on rit, on se révolte, on éprouve de l admiration, etc. À l époque du classicisme (qui reprend les codes, les règles de l Antiquité), on distingue nettement les comédies des tragédies. La comédie vise à faire rire ou sourire ; la tragédie doit inspirer «terreur et pitié».
Exemple Comédie Tragédie Émotions suscitées Rire, sourire. Le héros tragique doit inspirer «terreur et pitié». Pour cela, il ne doit être ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocent. Personnages Langage Dénouement Visée Ils appartiennent à la classe moyenne de la société. Ils ressemblent aux spectateurs, dont ils caricaturent les défauts (on parle de «personnages types»). Même si les comédies classiques sont souvent écrites en vers, le langage de la comédie est un vocabulaire courant, voire familier. Il est heureux. Les tensions entre les personnages sont résolues. Une comédie se termine généralement par un mariage. La comédie a pour but de divertir, mais aussi de corriger les défauts des hommes. Elle tend un miroir au public : vous riez de ce personnage, mais n avez-vous pas le même défaut? Ils sont issus de l Histoire ou de la mythologie antiques et ils se situent tout en haut de la hiérarchie sociale. Ils appartiennent à un autre monde que celui du public. Le langage est soutenu. La tragédie classique est toujours écrite en vers (en alexandrins). Il est malheureux. Malgré leurs efforts, les personnages ne parviennent pas à échapper à leur destin. La tragédie se termine généralement par la mort d un des héros. La tragédie a une visée de catharsis, c est-à-dire de purification. Le spectacle permet au public de se libérer de la violence et des sentiments négatifs qu il a en lui. Une fois la pièce terminée, les spectateurs sortent apaisés. Remarque Il y a différentes manières de faire rire au théâtre. On distingue : le comique de gestes : coups de bâton, gifles, chutes, mimiques, etc. le comique de mots : jeux de mots, grossièretés, problèmes de prononciation, accents, etc.
le comique de situation : un personnage qui se retrouve dans une situation délicate, qui ignore quelque chose que le public sait, etc. le comique de caractère : un personnage stupide, menteur, jaloux, prétentieux, etc. le comique de répétition : une situation ou une phrase est répétée plusieurs fois, ce qui finit par la rendre drôle B Les règles du théâtre classique La règle de bienséance Dans le théâtre classique, les pièces devaient suivre des règles strictes. Sur scène, il ne devait pas y avoir de mort, de violence, de nudité, de grossièretés, afin de ne pas choquer le public : c est la règle de bienséance.
La règle des trois unités Dans le théâtre classique, l intrigue devait être conforme à la règle des trois unités : unité de lieu : comme le spectateur reste à la même place pendant toute la pièce, il est plus vraisemblable que l action qu il voit se déroule dans un seul et même lieu. unité de temps : comme le spectateur ne reste que 2 ou 3 heures dans la salle, l intrigue ne doit pas se dérouler sur un temps long ; par convention, elle tient en 24 heures. unité d action : afin que l attention du public ne se disperse pas, et parce qu il n est pas vraisemblable que trop de choses aient lieu en même temps dans un même lieu, l intrigue se concentre sur une action principale. C La tragédie et son évolution
De la tragédie antique au tragique contemporain La tragédie naît en Grèce antique, avec des auteurs comme Eschyle, Sophocle, Euripide. Elle s inspire beaucoup de la mythologie, comme l indiquent les titres de pièces. Ex. : Prométhée enchaîné (Eschyle), Antigone (Sophocle), Œdipe Roi (Sophocle), Médée (Euripide) La tragédie redevient à la mode à l époque classique (au XVII siècle), e puis au XX siècle. e e Au XVII siècle, l influence de l Antiquité est très forte et les sujets sont tirés de la mythologie et de l Histoire antiques. Ex. : Pierre Corneille écrit Médée, Oedipe, etc. ; Jean Racine écrit Andromaque, Phèdre, Bérénice, etc. e Au XX siècle, les dramaturges s inspirent encore de la tragédie antique pour exprimer la violence de l époque et la folie de l homme. Les auteurs soulignent les résonances que ces mythes e peuvent avoir avec le XX siècle. Ex. : Jean Giraudoux écrit La Guerre de Troie n aura pas lieu et Électre ; Jean Cocteau, Antigone et La Machine infernale (réécriture du mythe d Œdipe) ; Jean Anouilh, Antigone, etc.