Les risques naturels au Maroc oriental Aléas climatiques, eaux superficielles et risques hydrologiques au Maroc oriental .

Documents pareils
ALERTE ET GESTION DES CRUES ÉCLAIRS SUR LES PETITS BASSINS VERSANTS URBAINS

EROSION ET ENVASEMENT DES BARRAGES-RESERVOIRS

Évolution du climat et désertification

Synthèse des travaux réalisés par la DMN dans le cadre du projet ACCMA

La gestion du risque chez AXA

Qu est-ce que l adaptation au changement climatique?

PLAN COMMUNAL DE SAUVEGARDE COMMUNE DE PUNAAUIA PARTIE 2: OPERATIONNELLE

Rapport annuel de monitoring automatisé de la qualité de l eau

Chapitre 1 : Qu est ce que l air qui nous entoure?

Assurances de biens et de responsabilité

Le risque inondation : comment s en protéger?

BILAN HYDRIQUE ET BESOIN D IRRIGATION DE LA CEREALICULTURE EN REGION SEMI-ARIDE.

Le risque inondation : comment s en protéger?

1. L'été le plus chaud que la France ait connu ces cinquante dernières années.

Commune de la Tène Viabilisation de la zone du casino

Bienvenue auprès de l Assurance immobilière Berne (AIB) Entreprise

La modélisation, un outil pour reconstituer (et prédire) climat et végétation

Le bac à graisses PRETRAITEMENT. Schéma de principe. Volume du bac à graisses. Pose

Étude de la carte de Vézelise. Initiation à la lecture du relief sur une carte topographique

D.I.C.R.I.M. DOCUMENT D INFORMATIONS COMMUNAL SUR LES RISQUES MAJEURS LES BONS REFLEXES EN CAS DE RISQUES MAJEURS

SOMMAIRE 1. CONSIDERATIONS GENERALES... 3

APPROCHES SIMPLIFIÉES POUR L ÉVALUATION DES PARAMÈTRES DE CONCEPTION POUR LES BASSINS DE FAIBLES DIMENSIONS. Gilles Rivard, ing. M. Sc.

4. Résultats et discussion

ROYAUME DU MAROC AGENCE DU BASSIN HYDRAULIQUE DU LOUKKOS

Où sont les Hommes sur la Terre

Formation analyse des accidents du travail avec l arbre des causes

STRATEGIES DE CONDUITE DE L IRRIGATION DU MAÏS ET DU SORGHO DANS LES SITUATIONS DE RESSOURCE EN EAU RESTRICTIVE

METEOROLOGIE CAEA 1990

Guide d entretien. de votre assainissement non collectif

Sommaire 3.4. CRUE SUR UN PETIT BASSIN VERSANT INTUMESCENCE - DYSFONCTIONNEMENT D OUVRAGES HYDRAULIQUES...22

Responsabilité Civile / Les Garanties de la police RC Entreprise

s é c u r i t é Conférence animée par Christophe Blanchot

Ne laissez pas le mauvais temps détruire le fruit de votre travail!

LA SURVEILLANCE DES PHÉNOMÈNES MÉTÉOROLOGIQUES POUR PRODUIRE DE L ÉLECTRICITÉ EN TOUTE SÉCURITÉ

O r l é a n s V a l d e L o i r e

LE MONITORING DE LA BIODIVERSITE EN SUISSE. Hervé LETHIER, EMC2I

Rosemont- La Petite-Patrie. Îlots de chaleur urbains. Tout. savoir! ce qu il faut

FAITS SAILLANTS : 1. CONDITIONS CLIMATIQUES ET ENVIRONNEMENTALES EN AFRIQUE

Mission des sociétés d assurances pour la connaissance et la prévention des risques naturels

3. Artefacts permettant la mesure indirecte du débit

Eîude réalisée dans le cadre des actions de Service Public du BRGM 02PIR115. E. Equilbey, J.F. Vernoux. mars 2002 BRCMIRPB 1576-FR

Marché public d assurances Passé selon la procédure adaptée Article 28 du CMP. Cahier des charges

UNE MEILLEURE CONNAISSANCE

Gérer les inondations par ruissellement pluvial

Systèmes de stockage simples à installer et économiques

Le Document Unique : une obligation légale des entreprises

FOIRE AUX QUESTIONS PPRn GT de la côte d'ile de France secteur vallée de la Marne

LE POINT DE VUE DE FNE

Rapport de suivi du système de télésurveillance de la carrière souterraine Nord Ouest de Saint- Sulpice-de-Cognac (I 6)

ANNEXE 8b. Fig. 1 Les symboles utilisés dans l'analyse de susceptibilité des suivantes paragraphes

DISPOSITIONS APPLICABLES A LA ZONE N

Commune de VILLARD-SUR-DORON

[Signature]Essais réalisés en collaboration entre les Chambres d'agriculture de Bretagne, les fédérations de Cuma et Arvalis Institut du végétal.

RAPPORT DU COMMISSAIRE ENQUÊTEUR

Drainage de maches anti-remontée à l humidité. Pour la pose de carreaux en céramique et de pierres naturelles/dalles sur des escaliers extérieurs.

Agriculture paysanne durable: innovations et meilleures pratiques aux fins de transposition et de reproduction à plus grande échelle

RISQUES MAJEURS. Notice d information sur la prévention des risques majeurs À NIORT. Toutes les informations sur

Le séchage en grange du foin à l énergie solaire PAR MICHEL CARRIER AGR. CLUB LAIT BIO VALACTA

PREFECTURE DE HAUTE-SAVOIE

Journée technique ARRA Gestion quantitative de la ressource en eau

Présenté par : Dr Asmae Nouira. Novembre Hanoi Journées Scientifiques Inter-Réseaux AUF

CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCE

Les Bassins Hydrauliques du Maroc 1. PRESENTATION

VOTRE TRANQUILLITÉ EST NOTRE PRIORITÉ

La sécurité physique et environnementale

Effondrements et affaissements du sol, la Wallonie vous accompagne

Bilan décennal des catastrophes naturelles en France

PROJET ACCLIMATE ETUDE SIM-CLIM THEME 3 Etude bilan des possibilités d une simulation climatique régionale

1. BESOINS DE LA SOCIETE SO.BA.MA.T

CONDITIONS GENERALES POUR L HOTELLERIE 2006 (AGBH 2006) Version du 15/11/2006

Annexe III du Protocole au Traité sur l'antarctique, relatif à la protection de l'environnement Elimination et gestion des déchets

Régionalisation des régimes de perturbations et implications pour l aménagement dans un contexte de changement climatique

Congrès INFRA Montréal Plan d adaptation aux changements climatiques municipal

La gestion opérationnelle de la météosensibilité. La prévision météorologique et hydrologique au cœur de l Économie et de la Société

MISE EN DÉCHARGE. Une entreprise de Bayer et LANXESS

1 222 rue de l Université PARIS 07 téléphone

Indicateur : population présente tout au long de l année dans les départements littoraux métropolitains

Même ordinairement tranquille, un cours d'eau peut en quelques heures, se

METEOROLOGIE. Aéroclub Besançon La Vèze. Cours MTO - Ivan TORREADRADO 1. F-SO au FL65 over LFQM

Le Soleil. Structure, données astronomiques, insolation.

Etudes des nuages et de la convection autour des dépressions intenses des moyennes latitudes

LES EAUX USÉES. L évacuation des eaux usées. Les eaux vannes (EV) : eaux provenant des cuvettes de WC.

Le réchauffement climatique, c'est quoi?

FORD C-MAX + FORD GRAND C-MAX CMAX_Main_Cover_2013_V3.indd /08/ :12

ELECTRICITE. Introduction

LIDAR LAUSANNE Nouvelles données altimétriques sur l agglomération lausannoise par technologie laser aéroporté et ses produits dérivés

Protocole d Accord de Coopération. Entre. Le Comité Permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS)

Présentation et proposition d engagement. Conseil Municipal de Courtry 13/06/2013

Tech in One Machines et installations techniques. L assurance des objets techniques peut être si simple

VITICULTURE 2012 V 12 / PACA 02 STRATEGIE D APPLICATION DU CUIVRE EN VITICULTURE

Le fonds de prévention des risques naturels majeurs dit «Fonds barnier» Les mesures subventionnables destinées aux particuliers et aux collectivités

FICHE TECHNIQUE : SANTE ET SECURTE AU TRAVAIL

Herrebout-Vermander N.V. S.A.

Le chantier compte 4 étapes :

CISSE INF EAU N 13. Edito du vice -président. Dans ce numéro

Le mardi 25 mai à 19 heures Présentation de la problématique, actions mises en place, ce que vous pouvez faire et période de questions.

LES ASSURANCES DE LA CONSTRUCTION

Bien vivre, dans les limites de notre planète

Installations classées pour la protection de l'environnement Campagne de mesure de bruit SOMMAIRE I. OBJET DE L ETUDE... 3

Intrants médicamenteux en agriculture et en santé : les écosystèmes microbiens sont-ils un problème ou une solution?

Transcription:

Les risques naturels au Maroc oriental Les risques naturels sont généralement ressentis comme une fatalité face à laquelle l homme reste impuissant. Ils peuvent causer des dégâts matériels et porter préjudice aux vies humaines. Leur manifestation est généralement imprévisible et survient de manière sporadique. Elle se prononce parfois de façon impressionnante et démesurée par rapports aux normes habituelles et peuvent avoir des conséquences catastrophiques. La responsabilité de l homme est en effet le plus souvent engagée, sinon toujours dans les causes des phénomènes dévastateurs, du moins dans leurs conséquences catastrophiques. La rapide croissance urbaine, le développement des industries à la recherche de terrains bon marché, l expansion du tourisme ont multiplié les constructions et infrastructures sans grand égard aux risques encourus, dans une société trop confiante en ses techniques. La multiplication des catastrophes qui en est résultée a permis une prise de conscience récente des risques naturels. Plusieurs régions du monde connaissent de temps en temps des intempéries provoquant parfois des inondations plus ou moins catastrophiques. Au cours de l automne de l année 2008, des pays méditerranéens, dont le Maroc, furent affectés par des inondations inhabituelles dues à des chutes de pluies diluviennes ayant alimenté des crues exceptionnelles lentes ou brutales. Il est vrai que ces phénomènes extrêmes s insèrent dans l irrégularité des aléas climatiques que connaissent les régions affectées par les pluies intenses. Mais seraient-t-ils amplifiés par des activités anthropiques telles que certaines pratiques agro-sylvo-pastorales dégradant les sols et la végétation, l imperméabilisation des espaces de croissance urbaine, l estompage des chenaux dans les opérations d aménagements, ou encore l insuffisance des infrastructures d évacuation des eaux pluviales? Certains espaces sont plus vulnérables que d autres, ce qui expliquerait certains cas d inondations par le mauvais choix des sites d implantation des installations humaines : zones côtières, champs d épandages de piémonts ou d embouchure, basses plaines alluviales Ces aléas climatiques seraient-t-ils dus aux vicissitudes des cycles naturels des saisons et des années ou aux impacts indirects des hommes et de leurs activités? L ampleur de ces phénomènes a-t-elle dépassé les normes habituelles? Ces phénomènes seraient-ils prévisibles à plus ou moins long terme, ou seul le risque pourrait en être estimé? Quels rapports existeraient-ils vraiment entre ces évènements et le phénomène du réchauffement climatique observé et largement médiatisé? Devrons nous lutter contre ce réchauffement ou devrions nous nous résigner à l adaptation? Quelles seraient les mesures curatives et/ou préventives à adopter et à entreprendre pour en alléger les dégâts matériels et éviter d avoir des victimes parmi les êtres humains? Les dégâts causés par les inondations seraient-t-ils réellement dus à l agressivité des conditions météorologiques exceptionnelles ou bien à des défaillances d aménagements et d efficacité des infrastructures? Aléas climatiques, eaux superficielles et risques hydrologiques au Maroc oriental Les aléas climatiques et les risques hydrologiques ont des impacts considérables non seulement au niveau du milieu naturel mais aussi sur le plan économique en terme d'agriculture, de pêche, de ressources en eau ou bien encore de qualité de l'environnement. Les risques hydrologiques et les aléas climatiques doivent être décrits et étudiés dans le but d'évaluer leurs impacts potentiels, leurs prévisibilités et leurs relations avec les changements liés à l'activité humaine. La compréhension des mécanismes physiques responsables de ces aléas et de ces risques s'établit selon des méthodes de recherches pluridisciplinaires basées sur le déblai du terrain d abord et sur l'analyse statistique détaillée des observations au laboratoire.

CRUE D'UN AFFLUENT DE L'OUED ZA PRES DE TAOURIRT (03 mai 2006) Cette crue est une réponse hydrologique rapide à une pluie intense, sur un territoire très dégradé : couverture du sol anéantie (sols érodés, tapis végétal naturel quasi éradiqué, suite au défrichement, au surpâturage et à la mise en culture abusive qui ne fait qu'ameublir davantage les terres qui deviennent extrêmement vulnérables avec la persistance des séquences de forte sécheresse). Les ponts, les chaussées et les terrasses cultivables sont également menacés par les risques hydrologiques occasionnés par les crues. Ces eaux troubles et turbulentes charrient d'énormes quantités de sédiments qui réduisent considérablement la capacité des réservoirs des barrages par envasement rapide (10 Mt / an au barrage Mohamed V). Les risques hydrologiques au Maroc Oriental sont fréquemment provoqués par les types de crues brutales qui surviennent à la suite de violentes précipitations sur un périmètre limité. Elles sont dans la plus part des cas, soudaines, de courte durée et ont un débit de pointe relativement élevé. En effet, ces crues provoquent dans l Oriental des inondations qui sont souvent dues aux précipitations dites "convectives d été" qui sont liés aux types de temps appelés les types de temps convectifs orageux. Elles peuvent avoir des effets catastrophiques sur des régions fortement urbanisées comme il s est produit fréquemment dans les villes d Oujda, de Berkane pendant la dernière décennie. Ces crues sont appelées parfois «crue éclair», elles sont d autant plus actives que le terrain présente une nette instabilité soit à un niveau local donc plus restreint ou au contraire une instabilité plus étendue (instabilité affectant une grande partie du bassin versant). On peut également relier les inondations à d autres scénarios météorologiques, qui sur l Europe et le Maghreb septentrional sont bien établis. Ce sont les inondations hivernales, causées par des systèmes appelés les perturbations d ouest qui apportent des précipitations pouvant être, au contraire des premières, longues, continues et intenses. Le sol se sature et de grands volumes d eau ruissellent. Il est vrai qu on n a que peu de connaissances sur les risques hydroclimatiques, ce qui empêche de les prévoir/décrire finement. Par exemple, la quantité de pluie qui a déclenché une crue sur un bassin versant peut être estimée, mais elle n est pas connue parfaitement car on ne peut faire des mesures de pluie actuellement qu en nombre très limité de points du bassin-versant. De ce fait l incertitude signifie manque de connaissanc

TYPE DE PERTURBATIONS MEDITERRANEENNES EXEMPLE DU 17 et 18 Novembre 2003 Ce type de perturbations intéresse essentiellement le Nord-Est du Maroc. Elles génèrent des fortes précipitations. Le présent exemple avait engendré des abats d eau intenses : en 24 h, la pluie enregistrée est de 165 mm à Nador et de 175 mm à El Hoceima Les précipitations et les risques des inondations sur les Hauts Plateaux A l Ouest des Hauts Plateaux, des précipitations intenses se manifestent principalement en été et en automne comme en témoigne la crue de l oued Za du 16 juillet 1996: le débit instantané de 790 m3/s révèle le caractère violent des pluies dans la région qui ont été longtemps ignorée et sous-évaluées en raison de la relative rareté des informations à leur sujet, en l'absence d'instrumentation de mesure.

L année hydrologique et la notion de saisons sèches Exemple du bassin versant de l Oued Za On note une longue période sèche et quasi continue de 15 mois interrompue par le seul mois d avril 1995 où les précipitations dépassent de peu sa double température. On remarque 20 mois secs sur les 24, ce qui est considérable. Cas de la ville d Oujda (RADEEO, 2008) La problématique des inondations de la ville d'oujda est liée aux oueds traversant la ville et aux différents talwegs situés dans le pourtour de la ville côtés Sud, Est et Ouest lesquels génèrent des débits et des volumes importants qui provoquent fréquemment des inondations. Les bassins versants qui dominent la ville du côté sud, montrent de très fortes pentes. Une majorité de la superficie est constituée de terrain nu, le reste étant planté par des conifères à faible densité et sans sous couche végétale. Cette configuration est propice au ruissellement des eaux et aux phénomènes d'érosion et de transport solide. La zone Ouest de la ville est traversée par Oued Nachef. Ce dernier draine un bassin versant important de 50 km 2. Les problèmes sont identifiés sur cet Oued notamment l empiètement des habitations sur le lit de l Oued et expose en permanence la population aux risques d inondation. Dans la zone Est, l'oued Sidi yahya qui draine un bassin versant de 20 Km 2 est responsable des désordres observés au niveau des habitations. Sur le cours de l'oued, deux bassins d'écrêtement ont été mis en place. Leur fonctionnement est largement altéré par l'envasement. En aval, l'oued ne dispose pas d'exutoire.

Entre ces deux oueds, toute la zone Sud de la ville est exposée au risque d'inondations des bassins versants qui dominent la zone. Neuf talwegs principaux dont l'oued Sidi Maâfa (qui est le plus important) ont été identifiés. Ces talwegs drainent un bassin versant global de 14Km 2, qui ne sont pas boisés. Ils se caractérisent par des pentes élevées, des ruissellements et des temps de réponses importants, des vitesses et débits générés par ce type de bassin versant sont importants et génère de graves dégâts, surtout que ces talwegs n'ont pas d'exutoires et déversent directement sur des zones urbanisées. Lors des crues, leurs apports viennent surcharger le réseau pluvial de la ville, aggravant les problèmes d'inondation de ce réseau, son colmatage et l'importance des stagnations dans les zones de dépression.