Dossier pédagogique à l attention des enseignants



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Transcription:

Dossier pédagogique à l attention des enseignants Sommaire: quelques mots sur l artiste: Olivier Blanckart l exposition, adresses et contacts le dossier propose 3 entrées: les quasi-objets les photographies les sculptures et pour chaque entrée... une page: analyse une page: croisements possibles avec les programmes de collège et lycée une page: jalons pour une exploration

Olivier Blanckart Artiste autodidacte,né à Bruxelles en 1959, Olivier Blanckart occupe dans le paysage de l art contemporain français une place originale. Il s est d abord révélé dans le domaine de la photographie, de la performance, puis celui de la sculpture. Au moyen de matériaux d emballage détournés (carton, papier kraft et scotch), il conçoit des œuvres singulières, réinterprétant sur le mode tantôt burlesque, tantôt grave, des icônes de la photographie d art ou du reportage, revendiquant simultanément une filiation pop très affirmée, l influence d un certain réalisme hérité du XIX e siècle et la dimension narrative de la statuaire monumentale. L exposition rassemble un ensemble représentatif d œuvres de sa production: les premiers quasi-objets, les portraits photographiques et les sculptures, du début des années quatre-vingt-dix jusqu aux œuvres les plus récentes. Autour de l exposition Apérimusées les mercredis à 18h30-9 novembre : rencontre avec l artiste. - 30 novembre: regard sur les œuvres d Olivier Blanckart avec Sylvie Gatto, professeur d arts plastiques. - 4 janvier: regards croisés autour de l exposition, Art et philosophie, avec Michel Louis, professeur de philosophie. - 25 janvier: visite commentée de l exposition par Laurence Collombier, responsable du service de publics. Visites guidées les dimanches à 15h (16 et 30 octobre, 13 et 27 novembre, 4 et 18 décembre, 15 et 29 janvier) Visites guidées, pour les scolaires, organisées par le service éducatif Atelier d arts plastiques pour les classes de 6 e autour de l objet Publication d une monographie à paraître en décembre 2011 Adresses et contacts Musée des Beaux Arts de Dole: 03 84 79 25 85 Service éducatif: prendre contact avec Laurence Collombier (se.museedole@wanadoo.fr) Chargée de mission, relation collèges, lycées et musée: Sylvie Gatto (sylv.prost@wanadoo.fr)

quasi-objets

quasi-objets Place de la référence : Analyse Ce sont des objets du quotidien, fonctionnels (lampes, verres, ustensiles de cuisine, canettes, ciseaux outils, ordinateurs...), décoratifs (miroirs, cadres), ou périssables (fruits..). Certains objets sont reconstitués, découpés à plat ou en volume D autres sont détournés (cadres avec calembours, volailles en tissu...) Matérialité: Les «quasi-objets» sont réalisés en matériaux de rebut (carton, calque, papier kraft, scotch) parfois avec quelques traces de peinture. Les matériaux restent bruts ou sont percés, troués, découpés. Quelques détails de l objets peuvent être collés donnant ainsi l illusion des boutons par exemple pour l accordéon. Les objets détournés peuvent être utilisés tels quels et le décalage se produit par l apport de détails («sirop d orgie» sur l étiquette de la bouteille de sirop d orgeat par exemple) Notions à repérer: forme, échelle, dimensions, silhouette, matérialité des objets, volume... Présentation: Les objets sont accumulés, mis en scène sur des étagères, ou posés par terre pouvant ainsi faire référence à un butin, un inventaire restitué, un bric et broc ou une brocante. Sens de l œuvre: L objet ainsi exposé change de statut: il passe de l objet, rebut de la société de consommation, à un objet exposé dans un musée et devient donc objet d art. C est un acte «anti-naturel» car toute chose est vouée à disparaître... Olivier Blanckart, en détournant des matériaux d emballage considérés comme rebuts de la marchandise, en faisant «de l exceptionnel avec du rien», dénonce le triomphe de la consommation boulimique. Les objets deviennent de véritables emblèmes: «la pertinence des quasi-objets tient à ce qu ils constituent un ensemble d images réinterprétées. Ce n est pas leur puissance d objet qui leur confère leur réalisme ils sont dérisoires-, c est leur capacité à être de fortes images qui en fait des objets redoutablement efficaces. Il suffit par exemple de s être promené en ville avec une minable Kalachnikov de carton en bandoulière, ou d avoir présidé à la crémation d un bonze en scotch au carrefour d une rue de Paris pour s en convaincre.» (O.Blanckart)

quasi-objets Croisements possibles avec les programmes Au collège L objet étant au cœur des programmes de 6 e, il est possible de retrouver de résonances à partir des 3 entrées du programme: L objet et les réalisations plastiques (fabrication, détournements, représentation 2D ou 3D) L objet et son environnement : - l objet du quotidien présenté dans un musée - le mode de présentation de l objet (étagère, bric à brac...) L objet dans la culture artistique: - repérant le changement de statut de l objet - repérant la place de l objet non artistique dans l art En classe de 3 e, l entrée: l expérience sensible du monde et des autres peut être choisie en travaillant la question du corps du spectateur et l œuvre (être devant, déambuler...) Au lycée Classe de seconde, option facultative: la matérialité des quasi-objets permet de travailler la question : réalité matérielle de l œuvre d art : matérialité / matériau. Le matériau induisant plusieurs registres à exploiter ( de l objet réel à la fabrication, le registre expressif...) En 1 ere option facultative, la question de la représentation interroge sur - Les procédés de représentation (de l objet réel aux quasi-objets ) - le cheminement de l idée à la réalisation (la démarche d O.Blanckart) En Terminale option facultative, reprenant l entrée: Mise en scène et mise en espace, le dispositif de présentation des Quasi- Objets,les jeux de mots visuels, les calembours et autres écrits d Olivier Blanckart font écho à l œuvre du programme limitatif: Série Fauna de Joan Fontcuberta.

quasi-objets Quelques dates repères dans l histoire de l art: Jalons pour une exploration - 1913: Marcel Duchamp et le ready-made: Roue de bicyclette - 1917: Tristan Tzara fonde la revue Dada. Grande exposition Dada à Zurich - 1925: Alberto Giacometti intègre des objets à ses sculptures. Le Surréalisme succède au Dadaïsme - 1928: Premiers assemblages en fer soudé de Picasso et Gonzalez Calder réalise le Cirque - 1955: le critique anglais L.Alloway invente le terme de Pop Art - 1958: Jasper Johns réalise des sculptures d assemblage et Rauschenberg ses Combine-paintings. - 1959: Premières accumulations d objets et Poubelles d Arman. Tinguely présente le Méta Matic 17, sa machine à peindre. - 1960: le «Manifeste du Nouveau Réalisme» réunit un certain nombre d artistes de générations différentes sur les principes «d une nouvelle approche et d une nouvelle perception du réel de l objet». Arman, César Christo, Deschamps, Dufrêne, Hains, Klein, Niki de Saint-Phalle, Raysse, Spoerri, Rotella, Tinguely Villeglé - 1961: Johns réalise ses bronzes peints (série de boîtes de bière en bronze) Arman détruit en public des objets et assemble les éclats en tableaux: ses Colères Warhol réalise ses Campbell s Soup - 1962: J.Beuys se lie à Fluxux mouvement de musique expérimentale fondé par Maciunas et qui regroupe à Cologne, Cage, Spoerri, Paik, Vostel autour de Happenings. - 1963: première exposition d Art Vidéo par Paik. - 1964: l objet est mis en scène et relève d une mythologie personnelle, Chaise de graisse de Beuys - 1965: Joseph Kosuth réalise One and Three Chairs et jette les bases de l Art conceptuel: «l idée d art comme idée» - 1967 jusqu à 1971: les artistes de l Arte Povera en Italie (Anselmo, Boetti, Mario Merz, Penone, Pistoletto..) utilisent un langage métaphorique qui renvoie à la nature, à l histoire ou à la vie contemporaine et utilisent des matériaux et objets du quotidien souvent aculturels. - 1978: Schnabel réalise ses plates paintings, mosaïques faites avec des assiettes cassées. Tony Cragg réalise ses installations de déchets urbains. - années 1980: Lavier résout le dilemme entre art et non art en appliquant une épaisse couche de peinture sur les objets du quotidien.l objet est à la fois objet et peinture.

quasi-objets Jalons pour une exploration Quelques œuvres au Musee de Dole: - Les objets présentés des Nouveaux Réalistes: Spoerri, César, les Affichistes, Arman - Sur le registre de la récupération, de l objet re-fabriqué: Eric Dietman «Quelques mètres et centimètres de sparadrap» 1965 Quelques références bibliographiques: - TRONCHE Anne, La dérive de l objet - GUITTON Michèle, Arts visuels et objets, CRDP Poitou Charentes, Scérén,2008 - TDC, L art et la vie artistique de l objet n 767 Entrées possibles: - le ready-made, objet trouvé, objet symbolique, objet critique - l objet et son image (de la silhouette au volume), exécution rapide ou très minutieuse et détaillée - l objet réalisé dans des matériaux d emballage (carton d emballage, papier kraft d emballage, scotch d emballage) - «recycler, fabriquer, présenter, conserver»: l objet passe de l état d objet usé à celui de pratiquement neuf - représentation / présentation

photographies I & Other portraits, 1993-2010 I & Elton John I & Jean Paul Sartre I & Guy Debord I & Kadhafi I & Chuck Norris I & Courbet I & Yves Klein

photographies Place de la référence : Analyse: portraits et autoportraits Cette galerie de photographies est constituée d autoportraits et de portraits d amis d Olivier Blanckart posant en tel ou tel personnage. De Jean Paul Sartre à Bruce Willis, de Spielberg à Coluche, de Marcel Duchamp à Frieda Kahlo...toutes ces personnalités ont en commun de s être créé une image publique (par l attitude, la posture, les accessoires..) et être devenues des icônes dans les domaines historique, politique ou culturel. Matérialité: Ce sont des tirages photographiques en noir / blanc ou en couleurs selon les clichés d origine. Recherche de mimétisme tant par la posture, l expression, les accessoires que par le cadrage, la lumière, le rapport figure/fond Présentation: Idée de collection, de galerie de portraits, avec ou sans cadre. Accumulation sur un même mur...autant de facettes d un même personnage. Référence au cinéma et à son industrie avec 2 «totems» (personnages grandeur nature montés sur carton et présentés verticalement) Elton John et Yves Klein Sens de l oeuvre: La série pose la question du portrait photographique comme vérité ou mensonge ou vérité et mensonge simultanés Tous ces personnages, artisans de leur propre image publique, frappent l imaginaire d Olivier Blanckart, engageant un processus d identification qui aboutit à la recréation de leurs portraits. Le mimétisme déployé par l artiste dans cette galerie de portraits pleins d humour et de cocasserie est saisissant. Photographe - modèle - acteur... Olivier Blanckart aborde très tôt, en autodidacte la photographie. Dans ses autoportraits il reprend le thème du travestissement déjà exploité en 1991 dans ses performances en Jean Michel (le SDF de l art). L artiste se transforme en SDF repoussant de crasse et parasitant vernissages et autres manifestations artistiques. Jean Michel était une «re-présentation de l invisibilité de la scène ordinaire du sans abri.» Cliché, stéréotype du SDF? O.Blanckart utilise carton, texte au stylo bic, voix ânonnant un texte stéréotypé, visage crasseux... pour renforcer l image de son personnage et pointer l anonymat de la détresse des SDF ou la réalité dérangeante de l exclusion sociale..

photographies Croisements avec les programmes Au collège En 5 e, l entrée : l image et son référent peut exploiter les notions de ressemblance et de vraisemblance, de citation En 3 e, l entrée: l expérience sensible de l espace peut s orienter autour de la posture d O.Blanckart la question de la mimésis, le rapport entre le corps de l artiste et son œuvre. En 3 e, l entrée: l espace, l œuvre et le spectateur dans la culture artistique peut ouvrir sur l œuvre dans ses dimensions culturelles, sociales et politiques avec l engagement de l artiste ( à travers ses photographies, ses choix de «modèles» mais aussi à travers ses performances) En enseignement d histoire des arts, selon les 3 piliers de l enseignement - Les périodes historiques pointent la classe de 3 e ( le XX e siècle et notre époque) - Les domaines artistiques visent les Arts visuels (arts plastiques, photographies, sculptures..) - La liste thématique peut, entre autres, aborder Arts, ruptures, continuités (citation, réécriture, canons, reprise et adaptation) Au lycée En 1 e option facultative, la question de la représentation interroge sur - les procédés de représentation (des quasi-objets aux sculptures en passant par la photographie) - le cheminement de l idée à la réalisation (la démarche d O.Blanckart) - les codes de représentation (la notion d écart, de mimèsis...) En 1 e option de spécialité, la question de l image photographique est au cœur du programme, elle se conjugue avec l orientation générale de la classe : la figuration. - l entrée: figuration et image aborde la distance de l image à son référent (citation, réalité/fiction, codes...) En Terminale option de spécialité, le portrait photographique est une des 3 questions du programme - la notion d identité, l implication de l artiste dans le portrait, identité / altérité, l artiste comme acteur, la perte d identité, le corps déguisé...sont autant de notions repérées dans les photographies de O.Blanckart. - la réappropriation de codes, le détournement de figures médiatiques sont également des notions à développer.

photographies Jalons pour une exploration Pierre et Gilles Autoportrait en présidents, Autoportrait en présidents, 2007, modèle : Pierre 2007, modèle : Gilles Photographies peintes, pièces uniques, 92x 73 cm Entrées possibles Yasumasa Morimura, Portrait FUGATO, 1988, tirage photo + peinture acrylique, 210 x 299 cm Autoportrait L emprunt, la référence, la citation, la parodie La série, de l unique au multiple La notion de mise en scène Cadrage, lumière, posture Rapport peinture/ photographie Mythologie personnelle L histoire de l art revisitée Cindy Sherman Jacques Fournel Untitled n 225 de la série «série Jumping Jack Flash History portraits / Old Masters» 1990 1985-1986

sculptures Matérialité Les sculptures sont construites en papier kraft qui est chiffonné. Avant l habillage, Olivier Blanckart les leste de mousse polyuréthane qu il injecte dans les vides et ajoute parfois des broches métalliques pour une meilleure stabilité.; «Il s agit en quelque sorte d un post-squelette». La technique peut être comparée à celle de la terre glaise, le papier kraft est chiffonnée, aggloméré au scotch, lissé, découpé, recollé...autant de manipulations qui peuvent être mises en parallèle avec l activité de modelage. Fidèle à son rapport à l écriture, à ses jeux de mots, Blanckart invente un slogan pour résumer cette technique «NEW - CLAY ART POWER». Le scotch d emballage est un matériau adhésif et il est pensé comme une interface, créant une liaison entre les matériaux hétérogènes. A sa puissance esthétique, «épine dorsale de tout l art du XX siècle», référence au collage dadaïste puis pop, Blanckart associe une autre référence, plus historique, celle de l invention du pansement adhésif, durant la Première Guerre Mondiale. Ce même matériau a cependant une précision limitée: «A un certain niveau de détails, on est obligé de s arrêter et donc de styliser». D où cet «effet particulier, fait de «mélange de stylisation réaliste» et «de précision limitée».

sculptures Matérialité La réalité est aussi directement perceptible par l introduction de matériaux associés au scotch, Olivier Blanckart introduit des objets, restes omniprésents de la société contemporaine: - draps d examen hospitalier et alèses en papier jetable transformés en drapeau algérien et utilisés comme couverture pour les épaules de Femmes déviolées. - bouteilles plastiques, masques, plaques de plexiglas pour Giotto/ G8 - ou objets plus ciblés: les tickets de manifestations artistiques, badges du MOMA et des conservateurs et commissaires d exposition pour évoquer le monde de l art dans The Curator ou les treillis militaires, armes, miroirs et paillettes pour l ambiance de The Remix Babylon.

sculptures Œuvre: N.A.S.D.A.Q ( Now Art Seemingly Deserves A Quotation) 2007 Place de la référence : Cette sculpture a été réalisée à partir d une photographie de Seth Siegelaub représentant 4 artistes de l art conceptuel américain, Robert Barry, Douglas Huebler, Joseph Kosuth et Laurence Weiner, lors de l exposition «January 5Ŕ 31» en 1969 à New York. Olivier Blanckart associe ces personnages à un graphique reproduisant l évolution de 1971 à 2007 de l indice NASDAQ, grand marché électronique d actions. L assertion «It is only art & art» évoque la puissance de l art en tant qu entité indépendante et présente, ce qu avait souligné par exemple Ad Reinhardt: «l art est art en tant qu art» Présentation: Plus grands que nature, les quatre personnages ont la même posture que sur la photographie: adossés à un mur sur lequel s inscrit le graphique du NASDAQ (lignes matérialisées en scotch gris et peinture grise) L assertion «It is only art & art» est, elle, matérialisée en néons clignotant et fluorescents, et fait référence à l œuvre de Kosuth. Sens de l œuvre: - Ce rapprochement n est pas fortuit. L indice NASDAQ cotait à ses débuts des sociétés économiques, informatiques et électroniques. De même l art conceptuel, en marge de la création contemporaine dans les années 1960, occupe désormais une grande place dans les manifestations artistiques. Par ailleurs, l art conceptuel, comme aujourd hui le marché des actions, peut n avoir qu une réalité virtuelle. - L humour agit dans le travail d Olivier Blanckart comme un véritable moteur de création. Le titre de l œuvre procède d un jeu de mot (Now Art Seemingly Deserves A Quotation signifie «Aujourd hui, l art mérite vraisemblablement d être coté») qui éclaire sur la relation de l économie de l art, ce dernier étant devenu un objet d investissement.

sculptures Œuvre: Les Femmes déviolées, 2004-2010 Place de la référence : Ces sculptures reprennent une série de photographies d identités prises dans les camps de regroupement par le photographe et cinéaste Marc Garanger durant la Guerre d Algérie, Alors qu il faisait son service militaire. Plus de 2000 portraits de femmes algériennes sont réalisés et édités en 1982 aux éditions Contrejour. Dans le titre, Olivier Blanckart évoque le fait que ces Algériennes furent contraintes de se dévoiler devant un homme inconnu pour la prise du cliché. Présentation: La frontalité des clichés pris par Garanger est ici transposée en sculptures alignées contre un mur blanc, espace sans issu, dans une salle du musée aux dimensions réduites. Le dispositif de présentation rassemble ces femmes prises en photo séparément. Ces 9 femmes aux dimensions légèrement supérieures à la taille humaine, sont assises sur un tabouret, le regard souvent fixe et lointain, dans une posture semblable à celle du cliché + ( voir fiche «matérialité» du dossier) Sens de l œuvre: L artiste réinterroge ces portraits féminins sur tous les plans, historique, politique, esthétique et humain. En effet, les photographies originales «esthétisent» le réel instantané, gommant ce qu il a pu avoir de cruel, d humiliant pour ces femmes. Ces portraits sont devenus des objets d art, de beauté déshumanisée, plaçant le spectateur dans la position d un voyeur complaisant fasciné par le tragique. Bien qu il s agisse d une autre forme d esthétisation, la sculpture entend rendre à ces femmes une présence et faire du drame un en-dehors» de l esthétique. Là réside toute la «puissance critique» de la ronde bosse qui, traditionnellement, s impose au spectateur en partageant sa spatialité.

sculptures Œuvre: Giotto / G8, 2003 Place de la référence : L œuvre s inspire du drame survenu en 2001, à Gênes, lors d une manifestation contre le G8 ( partenariat économique de huit pays parmi les plus puissants du monde), alors que Silvio Berlusconi était Président du conseil depuis quelques semaines. Cette manifestation rassemblait plus de 300 000 participants. Carlo Giuliani, étudiant activiste, est abattu à bout portant d une balle dans la tête par des policiers, avant que son corps ne soit écrasé à deux reprises par une Jeep. L affaire demeurant trouble, une enquête a été ouverte, mais elle a abouti à un non-lieu par manque de preuves. Présentation: Robots, soldats de fortune ou militants... L installation présente une douzaine de personnages alignés dans un couloir. Ils portent boucliers, casques et gilets de protection confectionnés avec des matériaux récupérés: plaques de mousse, matelas de mousse, bouteilles plastiques, carton, masque à oxygène... Olivier Blanckart précise que ce choix de présentation fait référence au dispositif muséographique des musées de l armée pour la présentation des uniformes. Au fond du couloir, une photographie représente la sculpture de Carlo Giuliani mort, baignant dans une mare de sang. + ( voir fiche «matérialité» du dossier) Sens de l œuvre: Le titre de l œuvre est un rapprochement phonétique entre le G8 (en italien: G-otto) et le célèbre peintre du Trecento. L artiste choisit de revenir sur cet incident car les tutti bianchi (militants antimondialistes) détournent des matériaux de récupération semblables aux siens pour se confectionner des armures défensives. De plus, Carlo Guiliani portait un rouleau de scotch marron au moment de sa mort, symbole d affiliation aux tutti bianchi et matériau de prédilection d Olivier Blanckart.

sculptures Œuvre: E Che Homo, 1999 Place de la référence : Sur la photographie originale de Freddy Alborta, des militaires boliviens entourent le corps d Ernesto Che Guevara, mort le 9 octobre 1967 au village de la Higuera. Le corps, transporté à l hôpital de Villagrande, est exposé devant la population locale et la presse internationale. De nombreuses photographies sont réalisées à cette occasion. Les religieuses de l hôpital, en lavant le corps, lui donnent involontairement une apparence christique qui ne manquera pas de frapper les visiteurs. Des mèches de ses cheveux sont coupées en guise de talismans. Très vite, des légendes circulent en Amérique latine sur le St Ernesto de La Higuera ou le Christ de Villagrande. Un culte catholique du Che s instaure dans la région de son exécution au début des années 1990. La mise en scène de la dépouille, qui évoque tant la Lamentation sur le Christ mort, d Andréa Mantegna que la Leçon d Anatomie de Rembrandt, a nourri le mythe du guérillero sacrifié à sa cause et a contribué à sa popularisation. Présentation: L œuvre est présentée dans un angle de salle, ne proposant au spectateur qu un seul point de vue, tel un photographe témoin de la scène. Les corps du Che et de son compagnon sont allongés sur une stèle de fortune et par terre, jeu de lignes horizontales qui contraste avec la verticalité des policiers et soldats qui les entourent. L ensemble est dans un camaïeu de bruns, gris, verts (uniformes et espace peint) qui lui aussi met en valeur les chairs maculées de sang et d impacts de balles des 2 protagonistes. (voir fiche «matérialité» du dossier) Sens de l œuvre: Le titre E Che Homo, est un jeu de mot, sur la formule «Ecce Homo» prononcée de Ponce Pilate ( Jean, 19,5) livrant Jésus au supplice. Olivier Blanckart dénonce le pouvoir de l image et décode les mécanismes de notre adhésion à une cause (politique, religieuse) au travers de figures emblématique. Le phénomène d hyper-médiatisation contribue à faire d un homme une icône historique mais également commerciale, en attestent les produits dérivés à l effigie du Che comme les badges et les T- shirts.

sculptures Œuvre: The Remix - Babylon, 2008 Place de la référence : Ce groupe sculpté est inspiré de la pochette du 2 e album du groupe jamaïco antillais Boney M., Love for Sale, et fait référence au titre du morceau «Rivers of Babylon». Cette chanson est un hymne des communautés Rasta. Boney M. en fait une reprise disco en 1978. Le texte de cette chanson reprend le Psaume 137 de l Ancien Testament: «Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion (Jérusalem)». Babylone, ancienne cité mésopotamienne située sur l Euphrate dans l Irak actuel, occupe une place à part dans les écrits bibliques, la mythologie, la littérature et les représentations artistiques. Elle incarne la confusion (épisode de la Tour de Babel), le péché, l oppression (avec la déportation des Judéens) et la corruptionŕ une incarnation que lui prêtent encore aujourd hui les textes de certains Styles musicaux, notamment le reggae et le rap. Présentation: A l ambiance boîte de nuit (lumière stromboscopique, clignotante, spots de couleurs, guirlandes électriques) s ajoutent des filets de camouflage militaires qui tapissent les murs. Le tout crée un environnement au milieu duquel trônent les corps de 4 soldats mis en scène sur un podium en miroir. Gestuelle de combat, rivières de perles déferlant comme des gouttes de sang, pistolet recouvert de paillettes...sont autant d accessoires qui ont une signification négative et qui deviennent des éléments décalés et burlesques. Le clin d œil au groupe Boney M est signifié par des pancartes clignotantes sur lesquelles on peut lire les textes de la chanson de référence: «Rivers of Babylon» ( voir fiche «matérialité» du dossier) Sens de l œuvre: L œuvre d Olivier Blanckart transpose cette symbolique dans le contexte de la guerre d Irak. Initiée par les Etats-Unis en mars 2003 pour renverser le régime de Saddam Hussein, la guerre d Irak est, dans l imaginaire américain, une «guerre sainte», une guerre contre le mal et la perversion. Les trois soldats sont les malheureuses victimes. Les couleurs vives et la gestuelle violente des personnages illustrent le climat de mensonge et de confusion induit par les idéologies des puissances affrontées.

sculptures Œuvre: The Curator, 2003 Place de la référence : Olivier Blanckart offre ici une réinterprétation ironique du portrait d un colporteur ( The Peddler) d Auguste Sander, tiré de son projet de représentation photographique des «Hommes du XX siècle». Au colporteur se substitue le conservateur de musée, présentant dans sa boîte ouverte non les tickets et les confiseries du cliché original, mais des badges d institutions (MoMa), de manifestations artistiques (Fiac) et des portraits de conservateurs et de commissaires d expositions internationales célèbres. Présentation: L absence de socle place cette sculpture dans la spatialité du spectateur et paradoxalement, elle reste isolée et dans une gestuelle très statique. La physionomie du personnage le resitue directement dans la mode (vestimentaire et coupe de cheveux ) de l Allemagne de l Entre-Deux Guerre. Les accessoires, en revanche, jouent le décalage et transforment en marchandise les différents acteurs de la vie artistique contemporaine. Sens de l œuvre: Olivier Blanckart semble pointer du doigt une certaine banalisation du spectacle de l art. Des manifestations comme les biennales ou les foires ont pour objectifs la promotion des créations contemporaines mais aussi leur vente. En outre, les conservateurs, aux cotés des galeristes et des mécènes, participent à la hausse ou à l abaissement de la cote d un artiste en choisissant de les exposer ou, au contraire, en les négligeant. Musées et manifestations d art contemporain sont désormais des sphères adjacentes à l industrie du tourisme et du divertissement, dictant leur vision de l art au public et décidant de la valeur du travail d un artiste. Plus positivement, le colporteur est celui qui va d un point à l autre pour proposer sa marchandise, un être en perpétuels recherches et déplacements. L attitude du conservateur ou du critique d art est similaire, tous deux ne cessant de glaner de nouveaux talents.

sculptures Croisements avec les programmes Au collège Classe de 4 e : les images et leurs relations au réel, le dialogue entre l image et son référent «réel» met en regard matérialité et virtualité (réinterprétation stylisée d image, mise à distance...) Les images dans la culture artistique, la place de l art, acteur et témoin de son temps les relations entre les images et le pouvoir (politique, religieux, médiatique) Classe de 3 e : la prise en compte et la compréhension de l espace de l œuvre - les dimensions de l espace et du temps (installation, environnement) - l espace de présentation de l œuvre (l échelle du lieu / échelle de l œuvre) - l espace scénique et ses composants: dimension théâtrale (ambiance, lumières, couleurs..) et parcours imposé (couloir, salle obscurcie, modification de l espace muséal...) l expérience sensible de l espace, approche de l œuvre par le spectateur, échelle des personnages, confrontation avec la matérialité des sculptures. L espace, l œuvre et le spectateur dans la culture artistique, l œuvre dans ses dimensions culturelles, sociales et politiques. En enseignement d histoire des arts, selon les 3 piliers de l enseignement - Les périodes historiques pointent la classe de 3 e ( le XX e et notre époque) - Les domaines artistiques visent les Arts visuels (arts plastiques, photographies, sculptures..) - La liste thématique peut,entre autre, aborder Arts, ruptures, continuités (citation, réécriture, canons, reprise et adaptation) Au lycée En 1 e option facultative, la question de la représentation interroge sur - Les procédés de représentation (des quasi-objets aux sculptures en passant par la photographie) - le cheminement de l idée à la réalisation (la démarche d O.Blanckart) - les codes de représentation (la notion d écart, de mimésie..) En 1 e option de spécialité, la question de l image photographique est au coeur du programme, elle se conjugue avec l orientation générale de la classe : la figuration. - l entrée: figuration et image aborde la distance de l image à son référent (citation, réalité/fiction, codes...) En Terminale option facultative, le dispositif de présentation des sculptures d Olivier Blanckart, le rapport entre l oeuvre et sa référence sont des notions pouvant faire référence à l entrée du programme mise en scène et mise en espace.