«ICI MIMOUNA» 50 ans de présence féminine marocaine en Belgique De et par Farida Zouj Dossier de presse LA CHARGE DU RHINOCEROS ASBL Avenue de la couronne 216, 1050 Bruxelles tél 0032 (0) 2 649.42.40 - mail : info@chargedurhinoceros.be site : www.chargedurhinoceros.
«Ici Mimouna» De et par Farida Zouj Mise en scène : Veronique Castanyer Œil extérieur : Pietro Pizzuti Création son : Pascale Snoeck, Kim Beyns, Farida Zouj Création lumières : Thyl Beniest Création images : Christian Van Cutsem, Sophie Quinet, Philip Mullier Avec la complicité musicale de Sébastien Taminiau et Rui Salgado, Azzedine Jazouli Une production Interstices Une diffusion Charge du rhinocéros Accueil au Théâtre de la Place des Martyrs Avec le soutien de la Charge du Rhinocéros, Avec les financements du CAPT, de la COCOF Culture de la Sabam/bourse d aide à la création, de Mr Rachid Madrane, de la Direction Ressources Humaines et Egalité des Chances de la Région de Bruxelles-Capitale, de la Direction Egalité des Chances du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Avec les témoignages de femmes du GAFFI et avec les archives de la Février 1964 Février 2014 : 50 ans de présence marocaine en Belgique. On parle souvent des hommes qui sont arrivés en réponse à la demande de main-d œuvre portée par le Belgique. Il est moins souvent question des femmes venues sans mari, hors regroupement familial. Qui sont-elles? Comment ont-elles fait le trajet de là-bas jusqu ici? Que sont-elles devenues? Farida Zouj nous propose un spectacle où texte, témoignages, images et musique se mêlent pour notre plus grand plaisir. Un «seule en scène» drôle et émouvant dans lequel elle campe deux personnages : Mimouna, la mère de première génération et Jamila, sa fille universitaire maroxelloise de deuxième génération. Mimouna est une femme née au Maroc qui vit à présent en Belgique. Bien qu elle soit analphabète, son parcours témoigne d une belle intelligence et d un bon sens croustillant qui alimentent des perles de réflexions. Tantôt en monologue, tantôt engagées dans un dialogue mère-fille, ces deux personnages s expriment et traduisent les propos et les pensées des copines et des voisines que Mimouna console, qu elle bouscule ou qu elle confronte selon les moments. 2
Mimouna a quitté son pays poussée par un désir profond d émancipation. Elle part à la recherche de l égalité de droit entre hommes et femmes et arrive en Belgique avec sa fille. Jamila, elle, incarne typiquement la question de la double appartenance culturelle et des tensions identitaires qui en découlent Elle est partagée entre la reconnaissance qu elle porte à sa mère pour son combat féministe avant-gardiste, et la volonté qu elle a de faire reconnaître ses propres besoins d émancipation, différents de ceux de la génération de sa mère et des autres femmes de sa communauté. Tout au long du spectacle, nous traverserons les 50 années de présence marocaine dans une Belgique décrite à travers le prisme des musiques d une époque et du regard d une mère marocaine. Note d intention A l occasion des accords belgo-marocains et des commémorations successives, il a souvent été question des hommes marocains arrivés en Belgique suite à l appel à la main d œuvre marocaine. Il a ensuite été question d accorder une place aux femmes arrivées dans le cadre du regroupement familial. Il a moins souvent été question des femmes venues sans mari et sans regroupement et pour lesquelles aucun accueil n était prévu. Tel sera, ici, le propos qui m a été inspiré par la trajectoire de ma mère et qui s étend aux femmes que j ai rencontrées tout au long de l écriture de ce spectacle.. Qui sont ces femmes? Pourquoi et pour quoi sont-elles venues, comment ont-elles pu venir seules, sachant que dans les années 60 et 70 elles n'avaient pas de liberté de décision au pays, et pas de moyens pour payer le voyage Comment s'est passé leur trajet de là-bas à ici? Comme le dit Mimouna, et avec elle, une série d autres femmes : «pourquoi ils sont vinis les femmes? Aywa, c est ça qu il faut demander!» S agit-il d une sorte de féministes d avant-garde? D écervelées venues fougue aux vents, dents et cœur serrés, peur au ventre avec un espoir plus grand que tout? Des femmes fuyant un quotidien vécu ou craint avec le cri d un «plus jamais ça»? Plus jamais de mariage forcé, plus jamais la polygamie, plus jamais la soumission plus jamais ce désert de sentiments? Bonnes questions! Aujourd hui, ces mères et leurs filles ont encore du fil à retordre sur la trame des conflits intergénérationnels, sur la question du statut des filles dans la famille et de ces femmes dans notre société, second aspect de mon propos. Ces mères encore vivantes sont souvent tenues dans l ombre, écartées des projecteurs pour ne pas faire honte, sans reconnaissance de leur singularité. Quelles ont été leurs ressources? A cette question du statut de la femme s ajoutent les conditions de précarité qui transforment la vie des paysans en exil cherchant un monde meilleur. D abord avec une 3
migration interne des campagnes vers les villes du pays. Ensuite, du Maroc vers l Algérie car il y a là une colonie française (donc de l emploi potentiel) et enfin, pour certaines femmes, un exil plus lointain vers l Europe, pour échapper à leur destin de femmes. Arrivées ici, c est le choc, la solitude, une nouvelle forme de précarité et les nombreux efforts d adaptation. Elles vont rencontrer d autres femmes venues, elles, dans le cadre du regroupement familial, et dont certaines ont finalement quitté leur époux Femmes divorcées ou répudiées avec ou sans enfants, elles ont parfois été blessées, battues, trompées, abandonnées par leurs maris. Certaines ont élevé leurs enfants - filles et garçons - toutes seules Dans leur éducation, rien ne les y préparait. Aujourd hui, elles ont entre 60 et 80 ans. Qu ont-elles goûté de la vie et que vont-elles devenir? Ces questions, en tant que fille de seconde génération et en tant que professionnelle engagée dans l action sociale, je me les suis posées avec beaucoup de perplexité, d émotions et avec très peu de réponses. A travers ce spectacle, il s agit d abord de rendre hommage à ces femmes (à ces mères ET à ces filles) mais aussi ; il s agit de questionner les freins que certaines mettent à l émancipation de leurs filles en reproduisant - malgré elles ou non - le schéma de la domination machiste. Car après s être émancipées, elles ont eu à assumer le regard que les membres de leur communauté portaient sur elles, assurément, la plupart d entre elles avaient à regagner un peu d estime. Elles ont choisi de le faire en forçant leurs filles à être meilleures qu elles Parfois meilleures peut signifier «en accord avec les membres de la communauté». A quel prix? Cela, je l ai appris tout au long de mon expérience et c est ce j ai choisi de traduire ici dans un langage artistique en portant en échos, drôles et émouvants, des réalités singulières qui m ont inspirées. Tant pour leur côté cocasse : ces femmes sont rieuses et capables d une infinie joie de vivre, pour leur côté gourmand : «Mais manges ma fille, manges!» (j ai pris 3 kilos en 3 semaines de voyage lors du tournage du film documentaire «d un voyage à l autre» - road movie d un retour au bled mère-fille), que pour les drames portés par des femmes analphabètes, seules et souvent démunies pour y faire face. Le spectacle Ici Mimouna propose de poser et d emprunter une passerelle tendre et humoristique jetée sur les flots d entre les cultures ; celle des gens d ici et ceux de làbas, celle des premières générations nées et éduquées au pays et celle de leurs enfants qui ont grandi ici. Farida Zouj 4
La porteuse de projet Farida est détentrice d un master en psychologie clinique et sociale. Elle est également formée à la thérapie familiale en systémique. Dans le cadre de son mémoire de fin d études, elle s est intéressée à l ethnopsychiatrie et aux questions identitaires. Parallèlement à ses centres d intérêts en sciences humaines, elle a développé une carrière artistique en tant qu auteure, compositrice et interprète en chansons sous le nom de Farida Zouj. Elle a suivi sa formation d interprète aux Ateliers de la chanson française de Bruxelles et depuis, elle ne cesse de poursuivre sa recherche en se formant notamment au «seul en scène» à l AKDT, mais aussi en théâtre, en improvisation, clown, chant, etc. En 1993, elle fonde l asbl Interstices et monte différentes animations-spectacle en théâtre cabaret et théâtre de rue. Elle a régulièrement collaboré avec des compagnies théâtrales professionnelles. Pour le jeune public avec la Guimbarde : «Croisades» puis «mai 45 mai 95» et avec le théâtre des Zygomars dans «Elefantino». Pour le public adulte avec la Compagnie Biloxi 48 : «Ahmed philosophe» et «le silence des mères» pour lequel elle crée la bande son en plus de ses interventions sur scène. Elle a également collaboré au cabaret spectacle que le Théâtre le Café a organisé à l espace Marx en 2005. Née à Oran, en Algérie, elle arrive en Belgique avec sa mère à la fin des années 60. Elles s installent à Bruxelles où Farida fait ses études et trouve les sujets d inspiration des textes dont elle est l auteure. Elle a été demi-finaliste de la première édition des Biennales de la chanson française en 2004, a sorti son premier album en 2007 et poursuit ses tournées en France et en Belgique avec son groupe autour d un répertoire original mêlant chansons françaises, chansons arabes et textes espagnols sur des musiques arabisantes avec des couleurs jazzy, blues et swing. Artisane d un dialogue interculturel, actrice de changement, elle décide de créer des spectacles au service d un dialogue pour la paix entre les cultures. Pour ce faire elle utilise la musique et l humour. C est dans ce contexte qu est née Mimouna, un personnage qui tient un rôle particulier de fil rouge et de passerelle interculturelle dans les spectacles chansons de Farida Zouj. Elle rencontre des femmes dont certaines lui racontent la difficulté qu elles éprouvent tout au long de leurs tentatives d émancipation et d évolution au sein de la société belge suite à des conflits de loyauté douloureux envers leur mère ou leur famille. En tant que psychologue, elle est témoin des violences intrafamiliales et des souffrances vécues tant par les mères que par leurs filles. 5
Au-delà de son expérience singulière, elle découvre un phénomène de répétition qui touche plusieurs membres de sa communauté d origine et décide de traduire son point de vue et son désir de contribuer au changement dans une multi-forme artistique mêlant le théâtre, la musique et le multimédia. Elle contacte alors différents interlocuteurs pour leur présenter son idée et développer sa démarche d auteure et de comédienne. Tranches de vie, identifications, contestations, dénonciations lui inspirent une reconnaissance profonde pour ces femmes au destin particulier, restées dans l ombre d une histoire de main d œuvre masculine Elle choisit d en parler. Née de parents marocains, à Oran (en Algérie), j ai fait le voyage vers Bruxelles alors que j avais 3 ans. J y ai grandi, étudié, aimé, construit des projets, tissé des relations vivantes, enterré des proches J aime cette ville et j y vis encore actuellement. L expérience de la rencontre culturelle (tentée, avortée, entamée, approfondie, réussie, dramatiquement bâclée, heureuse enfin, ) un bon nombre de marocains vivant en Belgique ont eu l occasion de la visiter. Elle présente bien sûr une très grande richesse et beaucoup d enseignements. Parfois pourtant, elle m a confrontée à mes appauvrissements, ceux d une enfance déracinée à de multiples reprises et sur de nombreux aspects... Tout au long de mon chemin personnel, j ai tenté de relier le passé et le présent, de comprendre les trajectoires de vie qui m ont amenée à être ce que je suis. Aujourd hui, je me sens réunifiée et prête à faire ce voyage particulier du témoignage vivant partagé Il y a là une richesse humaine impensable, un héritage dont nous - enfants de seconde génération - avons parfois eu du mal à apprécier la valeur réelle. Avec «Ici Mimouna», je vous invite à me suivre pour entrer dans les sillons de l histoire de ces 50 années d immigration marocaine en Belgique, plus particulièrement au travers du regard et de l expérience de ces femmes à qui j ai choisi de prêter ma voix. Farida Zouj 6
CONTACT LA CHARGE DU RHINOCEROS ASBL 216 Avenue de la Couronne à 1050 Bruxelles Directeur : Olivier Blin Directrice adjointe/diffusion : Pauline Duthoit Diffusion : Pauline Duthoit Communication : Magaly Hanappe Tél : 0032 (0) 2 649.42.40. Mail : info@chargedurhinoceros.be Site : www.chargedurhinoceros.be INTERSTICES ASBL 43, rue Stephenson 1030 Bruxelles info@interstices.be www.interstices.be +32(0) 476/80.88.87 www.ici-mimouna.be 7