UNE STATION D ESSAIS DE CHUTES DE BLOCS DANS LES ALPES FRANÇAISES : PROJET ET REALISATION

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UNE STATION D ESSAIS DE CHUTES DE BLOCS DANS LES ALPES FRANÇAISES : PROJET ET REALISATION ROCKFALLS TEST SITE IN THE FRENCH ALPS: PROJECT AND REALIZATION Frédéric ROCHER-LACOSTE 1, Laurent DUBOIS 2, Marion BOST 1, Mathieu FEREGOTTO 2, Philippe ROBIT 3 1 Université Paris Est, LCPC, Paris, France 2 CETE de Lyon, Lyon, France 3 GTS groupe NGE, Lyon, France RÉSUMÉ La mise en service, à la fin de l année 2009, d une station d essais de chutes de blocs par le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC) est l aboutissement d un projet de plus de 20 ans. Cet équipement unique en France permettre a de développer et de certifier les écrans de filets pare-blocs, de développer les ouvrages de protection contre les éboulements rocheux, d améliorer la connaissance du comportement des matériaux sous sollicitations dynamiques, etc. ABSTRACT Commissioning at the end of 2009, a rockfalls test site by the Laboratoire Central des Ponts et Chaussées (LCPC) is the culmination of a project over 20 years. This equipment, unique in France, will make it possible to develop and certify the screen netting barrier blocks, to develop structures for protection against falling rocks, and to improve knowledge of the behavior of materials under dynamic loading, etc.. 1. Introduction Les éboulements rocheux, dont les chutes de blocs, constituent un risque naturel majeur vis-à-vis de la sécurité des personnes et des biens, notamment dans les zones de montagne. La réalisation d ouvrages de protection passifs visant à réduire les effets des chutes de blocs (écrans de filets, merlons pare-blocs, galeries pareblocs, structures dissipatives innovantes, etc.) (Figure 1) fait partie des stratégies de prévention mises en œuvre par les services en charge des infrastructures et de l aménagement du territoire. D importants besoins ont été identifiés : d une part, concernant la justification et l harmonisation des méthodes de dimensionnement des ouvrages de protection, qui sont actuellement à la fois théoriques et simplifiées, voire empiriques ; d autre part, concernant l amélioration de la conception, de la construction et de la maintenance des ouvrages de protection. Les services du Ministère de l Ecologie, de l Energie, du Développement Durable et de la Mer (MEEDDM) qui est en charge des infrastructures et de la prévention des risques naturels, ont étudié depuis la fin des années 1980 la possibilité de construire en France une station d essais de chutes de blocs permanente. L objectif est la réalisation d essais d impact dans le cadre de : 1007

la recherche et développement sur des structures souples (sols, géomatériaux, merlons pare-blocs, écrans de filets et grillages, structures dissipatrices innovantes, etc.) ou rigides (dalles en béton armé, éléments d ouvrages, etc.) ; la certification des écrans de filets conformément aux spécifications du Guide pour l Agrément Technique Européen relatif aux kits de protection contre les éboulements rocheux (ETAG 27). L ETAG 27 impose la réalisation d essais d impact sur des ouvrages en vraie grandeur, et remplacera progressivement l actuelle norme française relative aux écrans de filets (NF P95-308 de décembre 1996) au cours d une période de transition jusqu au 31 décembre 2014. Figure 1. Exemples d ouvrages passifs à Val d Arly La station d essais de chutes de blocs, construite dans les Alpes françaises, près de Chambéry, est la propriété du LCPC, organisme de recherche du MEEDDM. Le financement du projet a été entièrement assuré par des fonds publics : fonds propres du LCPC, subventions du MEEDDM, des collectivités territoriales des Alpes (Conseils généraux de l Isère, de la Savoie et de la Haute-Savoie) et des entreprises publiques en charge des chemins de fer français (RFF et SNCF). L exploitation de cette nouvelle station d essais a été confiée par le LCPC à un service technique du MEEDDM, le Centre d Etude Technique de l Equipement (CETE) de Lyon. Un comité opérationnel regroupant le LCPC et le CETE est en charge de la programmation des essais. Un comité de pilotage constitué de l ensemble de financeurs définit les orientations scientifiques et techniques de la station. Le LCPC et le CETE de Lyon ont des activités communes de recherche, de certification et d expertise dans le domaine des risques rocheux (trajectographie, comportement des ancrages passifs et des merlons pare-blocs, études de protection contre les éboulements rocheux, etc.). Les deux services ont ainsi participé à la rédaction de l ETAG 27. Le LCPC est l organisme notifié en France pour le marquage CE des écrans de filets, et le CETE de Lyon travaille en collaboration avec le Service d Etudes sur les Transports, les Routes et leurs Aménagements (SETRA) qui est l organisme agréé en France pour l Agrément Technique Européen des écrans de filets c est aussi un service technique du MEEDDM. Le projet réalisé a fait suite à trois précédents projets, également situés dans les Alpes françaises. Installés sur des versants (dans des carrières abandonnées), ces derniers avaient pour principe un téléphérique permettant le transport du bloc 1008

impacteur par câble. Ils ont été successivement abandonnés, le dernier en 2006, en raison de difficultés techniques (précision insuffisante des lâchers, effets dynamiques mal maîtrisés dans la structure après les lâchers) ou par manque de financements. Suite à ces échecs, le nouveau principe retenu a été la construction d un atelier de largage des blocs en chute verticale au sommet d une falaise de grande hauteur. Cette solution, plus fiable, permet également d atteindre des énergies d impact plus élevées qu un téléphérique. 2. Présentation du site 2.1. Généralités Un inventaire complet des sites susceptibles d accueillir la station d essais dans les régions de Grenoble et de Chambéry a été établi par le CETE de Lyon en 2006. Une ancienne carrière, près de Chambéry dans les contreforts du Massif de la Chartreuse, a ainsi été retenue en raison de la présence d une falaise quasi-verticale d une hauteur d environ 80 mètres (Figure 2). De plus, cette falaise s étend sur une longueur de plus de 90 mètres, ce qui autorise l installation d écrans de filets constitués de modules jusqu à 20 mètres de longueur, à des hauteurs comprises entre 15 et 25 mètres par rapport au sol. Figure 2. Photographie de la falaise avant le début du chantier de construction C est un ancien carreau de carrière, relativement plat et régulier, qui convient aux manœuvres des engins de chantier et à la construction des ouvrages de protection à tester de type merlons ou galeries pare-blocs. La configuration du site permet 1009

également d envisager la construction d un téléphérique ou d un pendule pour la réalisation d essais nécessitant des impacts horizontaux. Le site appartient à l entreprise Vicat qui est un important groupe cimentier français. Les procédures administratives nécessaires en vue de la mise à disposition du site ont débouché favorablement en 2007. L entreprise Vicat a par la suite repris l exploitation de la carrière pour la production de granulats au moment du début du chantier de construction de la station d essais. D un point de vue sécurité, la reprise de l exploitation de la carrière à proximité immédiate de la station d essais demande une gestion rigoureuse de la co-activité. 2.2. Géotechnique Parallèlement aux procédures administratives une étude structurale et géotechnique du site, basée sur la réalisation de sondages et d essais de laboratoire a été réalisée. Le plan de la falaise est constitué par des bancs calcaires d âge Tithonique, redressés à la verticale du fait du plissement des couches géologiques et peu fracturés malgré la présence à proximité d un accident tectonique majeur. Ces bancs calcaires massifs, d une épaisseur supérieure à 15 mètres, présentent des caractéristiques physiques et mécaniques homogènes et élevées. La résistance à la compression de la roche est supérieure à 100 MPa. Ces caractéristiques permettent d envisager la réalisation et la tenue des ancrages des écrans de filets montés en falaise dans des conditions très satisfaisantes. 3. Présentation du dispositif de largage des blocs Le dispositif de largage des blocs a été étudié, construit et assemblé sur le site par un groupement de deux entreprises, GTS et RB-PIM, entre janvier 2008 et avril 2009. Il a été conçu pour lever et larguer des blocs de masse maximale égale à 20 tonnes depuis des hauteurs comprises entre 5 et 70 mètres par rapport au sol. L énergie d impact maximale pouvant être atteinte est donc très élevée, égale à 13900 kj. Il a donc été anticipé la possibilité de faire des essais d impact sur des écrans de filets présentant des capacités d arrêt comprises entre 5000 et 1000 kj avec une vitesse d impact d au moins 25 m/s. Le dispositif de largage des blocs est constitué (Figures 3a et 3b) : d une flèche d une longueur d environ 25 mètres, formée d une structure métallique rigide de type treillis, et pouvant pivoter autour d un axe fondé au rocher par l intermédiaire d ancrages passifs et d un socle en béton ; d un treuil d une masse d environ 5 tonnes, se déplaçant à l intérieur de la flèche à l aide d un chariot. 4 moteurs électriques de forte puissance sont nécessaires pour enrouler, dérouler et bloquer le câble de largage d un diamètre égal à 38 mm ; d un crochet à l extrémité du câble de largage (Figure 4), d une masse d environ 8,3 tonnes. Environ 75 % de l énergie emmagasinée dans le câble et la structure de la flèche avant un lâcher sont dissipés au niveau du crochet grâce à un système de contre-masse. Le reste de l énergie est dissipé par la structure de la flèche elle-même et par un dispositif d amortissement complémentaire par frottement sec entre l axe pivotant et la flèche. 1010

(a) (b) Figure 3. (a) Schéma (source : RB-PIM) et (b) photographie du dispositif de largage Figure 4. Crochet de largage avec un bloc certifié, ETAG 27, de 7 tonnes La masse totale du dispositif de largage des blocs est égale à environ 80 tonnes. La structure a été conçue en éléments modulaires de 7 tonnes chacun pouvant être levés depuis le pied de la falaise par une grue automotrice de forte capacité et assemblés en hauteur au fur et à mesure. 1011

Les mouvements du dispositif de largage des blocs sont radiocommandés depuis le pied de la falaise. Le positionnement absolu du bloc avant lâcher (position angulaire de la flèche, positionnement du treuil dans la flèche, hauteur par rapport à la structure à tester) est connu grâce à des codeurs optiques rotatifs. La précision du lâcher, avec un vent faible à modéré, est inférieure à celle spécifiée par l ETAG 27 (0,5 mètres autour du point d impact théorique). L utilisation du dispositif de largage des blocs n est pas possible lorsque la vitesse du vent dépasse 30 km/h. Ce seuil est rarement dépassé sur le site de la station d essais. Le déclenchement d un lâcher est radiocommandé depuis un lieu protégé (Figure 5) situé théoriquement hors d atteinte d éventuelles projections. Figure 5. Ecran de protection Figure 6. Blocs en béton 4. Présentation des équipements complémentaires Des blocs en béton armé (Figure 6) de masses égales à 750 kg, 1500 kg, 2500 kg, 4500 kg, 7000 kg et 11500 kg sont disponibles pour la réalisation d essais d impact sur des écrans de filets des classes n 3 à n 8 de l ETAG27. Des blocs de 250 kg et 500 kg devraient être commandé en 2010 pour pouvoir tester l ensemble des classes de filets. Ces blocs sont déplacés au niveau du sol par une remorque spécifique tirée par un tracteur agricole de forte puissance (Figure 7). À l avenir, des blocs sphériques de masses égales à 2500 kg, 5000 kg, 10000 kg et 20000 kg seront également disponibles en 2010 pour la réalisation d essais de recherche. Une centrale d acquisition performante et modulaire, conçue pour les mesures dynamiques, permet de conditionner les différents capteurs mis en place sur l ouvrage testé (capteurs de force à ponts de jauge en traction compression ± 500 kn, accéléromètres piézoélectriques, jauges de déformation selon toutes les configurations de pont, accéléromètres piézorésistifs et capacitifs, capteurs de déplacement de type LVDT, etc.). 1012

Figure 7. Photographie du crochet de largage, de la remorque, du tracteur et des blocs en béton Pour toutes les voies, le déclenchement de l acquisition est synchronisé, et l acquisition simultanée (sans multiplexage). La fréquence d échantillonnage est programmable et identique pour toutes les voies utilisées. Des caméras numériques rapides performantes sont également utilisées pour mesurer la vitesse du bloc avant impact et les déformations de l ouvrage testé (mémoire interne de 8 GB, haute résolution et haute fréquence de prises de vue). L instrumentation mise en place répond aux spécifications de l ETAG 27. L acquisition des capteurs et des caméras numériques peut être déclenchée à distance au moyen d une radiocommande, par exemple immédiatement avant un lâcher. La centrale d acquisition et les caméras numériques sont pilotées par des ordinateurs portables dédiés grâce à des liaisons Ethernet filaires : des réseaux locaux peuvent être créés pour vérifier l état de la centrale et des caméras avant et pendant un essai depuis le lieu où le lâcher est déclenché. 5. Essai de certification Préalablement à l'essai de certification, l'entreprise GTS a réalisé des tests dynamiques en grandeur réelle sur ses dissipateurs d'énergie dans la carrière Balthazard et Cotte en collaboration avec l'insa de Lyon. Ces essais ont consisté à larguer des blocs de une à trois tonnes de 10 à 20 mètres de hauteur pour tester le fonctionnement de ceux-ci. Ce 4 février 2010 est donc l'aboutissement d'un travail en vue de la certification d'un écran de filets ELITE (brevet GTS) conformément aux spécifications de l'etag 27. Cet écran de filets (Figure 8) de 30 mètres de long a été testé avec un bloc de 7 tonnes qui a été lâché à 42 mètres au-dessus de celui-ci. L'écran de filets ELITE a donc résisté à un essai de type MEL à 3000 kj selon l'etag 27 (Figure 9). 1013

Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l Ingénieur JNGG2010 - Grenoble 7-9 juillet 2010 Figure 8. Ecran de filet avant le lâcher Figure 9. Blocs dans l écran de filet 6. Conclusions et perspectives Les études et travaux réalisés lors de la seconde partie de l année 2009 ont permis de rendre le site de la station d essais fonctionnel. Les premiers essais réalisés sur des écrans de filets depuis la fin de l année 2008 ont contribué à améliorer les matériels et les procédures utilisés, en particulier les procédures de sécurité pour l approche d un ouvrage impacté par des personnels sur cordes. Les essais de recherche débuteront probablement à la fin de l année 2010. La nouvelle station d essais de chutes de blocs du LCPC constitue un équipement unique en France, accessible aux entreprises, aux bureaux d études et aux organismes de recherche. L objectif est l amélioration de la fiabilité des ouvrages de protection contre les éboulements rocheux. 7. Remerciements Les auteurs tiennent à remercier au nom du LCPC l ensemble des co-financeurs ainsi que l entreprise Vicat sans qui cette station d essais n aurait pu se faire. Nous tenons également à exprimer notre gratitude envers le personnel technique du CETE de Lyon pour l ensemble de leur travail durant la construction et l exploitation de la station. 1014