Panorama mondial des réacteurs nucléaires de troisième génération

Documents pareils
Les réacteurs nucléaires de 3è génération

Quel avenir pour l énergie énergie nucléaire?

LE GRAND CARÉNAGE DU PARC NUCLÉAIRE EDF ET LES ACTIONS POST FUKUSHIMA 1 AMBITIONNER DE PORTER À 50 OU 60 ANS L EXPLOITATION DES RÉACTEURS

Conséquences radiologiques et dosimétriques en cas d accident nucléaire : prise en compte dans la démarche de sûreté et enjeux de protection

L entreprise France, leader mondial du nucléaire

Commentant le niveau d activité du groupe sur l année 2012, Luc Oursel, Président du Directoire d AREVA, a déclaré :

EDF EN CHINE. DOSSIER DE PRESSE Janvier 2015 CONTACT. Presse

Industrie Nucléaire FICHE SECTEUR. Définition du périmètre de la fiche

Accord sur les termes commerciaux des contrats relatifs au projet de centrale nucléaire Hinkley Point C

Avis et communications

La place du charbon dans le mix électrique

Tests de résistance belges. Rapport national pour les centrales nucléaires. Evénements liés à l activité humaine. («man-made events»)

Fukushima 2015 : état des lieux et perspectives

L Allemagne championne des énergies propres?

Accidents nucléaires De Three Mile Island à Fukushima

Philippe BERNET. Philippe LAUNÉ. Directeur-adjoint du CIDEN. Chef de la division déconstruction

Capteurs. centrales nucléaires. de température pour. performances. fiabilité. Sûreté. La mesure de vos exigences

1 ROLE ET DESCRIPTION DES DIESELS D ULTIME SECOURS

Les tendances du marché de. la production d électricité. dans le monde. participation d entreprises privées locales ou internationales

L énergie en France et en Allemagne : comparaisons

Energie Nucléaire. Principes, Applications & Enjeux. 6 ème /2015

Bulletin de la Section Française de l'ans n 24 Avril 2013

Le marché du démantèlement des installations nucléaires d EDF.

L approche allemande : abandon du retraitement et entreposage stockage a sec dans des conteneurs

Stratégies gouvernementales pour le développement de l énergie nucléaire civile

La Commission. canadienne de sûreté nucléaire Présentation à la Conférence nationale sur l assurance au Canada. suretenucleaire.gc.

L IRSN VOUS OUVRE TOUTES SES PORTES

Groupe Areva Usine de La Hague Métier CNP

BILAN 2014 ET PERSPECTIVES

AVENIR DE LA FILIERE FRANÇAISE DU NUCLEAIRE CIVIL

LES FORMATIONS A LA RADIOPROTECTION

La transition énergétique L Energiewende allemande. 7 Conclusions clés. Une initiative de la Fondation Heinrich Böll Publié le 28 novembre 2012

Document propriété du CEA Reproduction et diffusion externes au CEA soumises à l autorisation de l émetteur CEA - Cadarache PAGE 1

I. Introduction: L énergie consommée par les appareils de nos foyers est sous forme d énergie électrique, facilement transportable.

Production électrique : la place de l énergie éolienne

Conférence Enjeux énergétiques et Développement durable ( )

La recherche sur l énergie nucléaire: relever le défi de la durabilité

Origine du courant électrique Constitution d un atome

Renouvellement à 50000MW étalé sur 20 ans ( ) rythme de construction nucléaire: 2500MW/an

Le poids socio-économique de l électronucléaire en France

4P064 Introduction à l'energie Nucléaire Laurent Le Guillou & Delphine Hardin UPMC LPNHE

INTRODUCTION ET DESCRIPTION GENERALE DE LA TRANCHE

La publication, au second


PRODUIRE UNE ÉNERGIE SÛRE, COMPÉTITIVE ET BAS CARBONE

Les domaines. d intérêt pour. Directeur Scientifique d EDF R&D

Mesurer, collecter et monitorer pour agir

Bioénergie. L énergie au naturel

CENTRE NUCLÉAIRE D ÉLÉCTRICITÉ. EDF Nogent-sur-Seine

Rapport du Groupe de travail de la CCSN sur Fukushima INFO-0824

Les lières. MSc in Electronics and Information Technology Engineering. Ingénieur civil. en informatique. MSc in Architectural Engineering

Systèmes d ouverture et de fermeture de cuves de réacteurs et composants primaires

NPT/CONF.2010/PC.III/WP.39

R A P P O R T. Fukushima, un an après. Premières analyses de l accident et de ses conséquences

1. LES ESTIMATIONS DE COÛTS DOIVENT ÊTRE EXHAUSTIVES ET FOURNISSENT AINSI UNE VUE D ENSEMBLE

Développement de l'énergie nucléaire La concurrence. sur les marchés de l'industrie nucléaire

CONSOMMATION ET PRODUCTION D ELECTRICITE EN ALLEMAGNE. Bernard Laponche 2 juin 2014 * Table des matières

Plan d actions Bilan Carbone. Périmètres d étude Sources d émissions Nbre d actions

L énergie nucléaire au sein du mix énergétique belge

NOTIONS FONDAMENTALES SUR LES ENERGIES

3CB La Centrale à Cycle Combiné de Bayet

Bilan Carbone MAAF :

La transi)on énergé)que est- elle en échec? Discours et réalités Pierre Veya, journaliste Mars 2015

La centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire, une production d électricité au cœur de la région Centre

Evolution du mix électrique en France - Qui paiera?

LE NUCLEAIRE, L'ENERGIE

L eau pour l électricité

2 Md dédiés au financement de l immatériel

ASSISTANCE ET RENFORCEMENT DES CAPACITÉS OFFERTS DANS D AUTRES INSTANCES INTERNATIONALES. Document soumis par l Unité d appui à l application *

La situation du nucléaire en France

L ENERGIE CORRECTION

Présentation du projet Smart Electric Lyon

Dossier : Sûreté nucléaire dans les installations du SCK CEN à Mol. De l exploitation quotidienne à l évaluation périodique de la sûreté

L INDUSTRIE PÉTROLIÈRE FRANÇAISE EN 2014 ET PERSPECTIVES 2015 CONFÉRENCE DE PRESSE DU 10 MARS 2015

Terrorisme nucléaire. Michel WAUTELET Université de Mons 6 août 2011

Cette présentation ne constitue pas une offre de vente de valeurs mobilières aux Etats-Unis ou tout autre pays.

SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES D AVENIR

Avec le soutien de : Liste complète des partenaires à consulter sur : Fédération de 830 associations

Transition énergétique Les enjeux pour les entreprises

ENJEUX ENERGETIQUES. Le Monde et la France. L énergie dans les territoires

Jean-Yves RICHARD ADEME

Épreuve collaborative

PPMS. Ce recueil de tableaux vous guidera dans la conception et dans la présentation du PPMS de l établissement. Plan Particulier de Mise en Sureté

Le pétrole fournit 40% de l énergie mondiale. C est lui qui a régulé jusqu à présent le prix de l énergie.

C3. Produire de l électricité

MÉMOIRE RENOUVELLEMENT DU PERMIS D EXPLOITATION DU POUR LA COMMISSION CANADIENNE DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE (CCSN) À L ÉGARD DU

Présentations GTF. Point de vue d un utilisateur final. Durée de vie des ouvrages : Approche Prédictive, PerformantielLE et probabiliste

SCIENCES TECHNOLOGIES

Les matières premières nucléaires

L énergie sous toutes ses formes : définitions

La Filtration et le Traitement de l Air dans l Industrie Nucléaire.

François BRUCKER Senior Advisor, B.U. Contrôle-Commande, AREVA NP. Thierry ROLLAND Directeur du projet EPR, Taïshan, AREVA NP

Le groupe. Créé en 1989 au R-U comme entreprise de service pour les moteurs. Siège social à Liverpool

PAPIER OU SUPPORT NUMÉRIQUE, QUEL EST LE BON CHOIX ÉCOLOGIQUE?

Autorité de sûreté nucléaire et Bilan du contrôle de la centrale nucléaire de Saint-Alban / Saint-Maurice en 2013

2011 Japon, séisme, tsunami et accident nucléaire

Comparaison des mix énergétiques allemand et français 2

Traçant le chemin vers l Electrification de l Automobile - Les Véhicules à Pile à Combustible de GM

Transcription:

dossier Panorama mondial des réacteurs nucléaires de troisième génération Editorial n Par Françoise TERNON-MORIN, EDF, Présidente 2013 de la ST7 et Joël GUIDEZ, CEA, Président 2014 de la ST7 Les journées des 5 et 6 décembre 2013, organisées par les Sections techniques St 7 (technologie et exploitation des Réacteurs) et St 8 economie et Stratégie energétique, étaient consacrées aux Réacteurs nucléaires de demain. Ces journées débutaient par un panorama mondial des réacteurs nucléaires de troisième génération qui seront très clairement les principaux réacteurs du vingt-etunième siècle et qui font l objet de ce premier numéro 2014 de la RGN. n Qu est-ce qu un réacteur nucléaire de troisième génération? Les réacteurs de troisième génération (Gen3) sont des réacteurs évolutionnaires intégrant le retour d expérience des réacteurs de deuxième génération (Gen2) conçus dans les années 70 et des principes physiques éprouvés sans saut technologique. La nouvelle conception de ces réacteurs vise d abord à renforcer leur sûreté sur trois points principaux : - Un risque d accident grave avec fusion du cœur abaissé à une probabilité de 10-5 par réacteur et par an, toutes causes confondues ; - Une prise en compte des accidents graves dès la conception avec garantie du bon comportement du confinement, des possibilités de mitigation et de limitation correspondante des rejets ; - Une meilleure protection contre les agressions externes (chutes d avion, séisme, inondation). Elle vise ensuite une amélioration de l acceptabilité par le public grâce à ses dispositions basées sur les retours d expérience successifs des accidents de Three Mile Island en 1979, de Tchernobyl en 1986 et de Fukushima en 2011, en démontrant une limitation drastique de l impact radiologique des accidents, y compris d un accident grave avec fusion du cœur et par conséquent de la zone de plan d urgence. Ces réacteurs prennent aussi en compte des objectifs d amélioration des performances économiques : - des objectifs de performance opérationnelle élevés, basés sur l utilisation de techniques éprouvées et fiabilisées (Disponibilité > 90 %), - Des arrêts pour rechargement courts (spécification EUR révision D : 16 jours), - Une amélioration des possibilités de maintenance en fonctionnement, - Une durée de vie de l installation d au moins 60 ans. Les réacteurs Gen3 se distinguent de la génération 4 par le fait qu ils ne répondent pas en général à l objectif de développement durable vis-à-vis des ressources naturelles, notamment de l utilisation du combustible (Uranium naturel). A noter que les 440 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde sont très majoritairement des réacteurs à eau, avec environ 2/3 de technologie à eau pressurisée (PWR) et un tiers de technologie bouillante (BWR). n Vers une harmonisation des règles de sûreté et des exigences de conception? Si les principes généraux sont posés, les approches techniques pour y répondre dépendent cependant des constructeurs, par exemple du choix de systèmes passifs et/ou actifs ou du choix des systèmes de mitigation des accidents graves. Disponible sur le site http://rgn.publications.sfen.org ou http://dx.doi.org/10.1051/rgn/20141015 15

RGN 1-2014_RGN 4-2009 - xp 03/03/14 10:37 Page16 dossier PANORAMA MONDIAL DES RÉACTEURS NUCLÉAIRES DE TROISIÈME GÉNÉRATION Cependant, on observe, dès les années 90, une volonté forte d harmonisation internationale de ces objectifs de sûreté, et des exigences correspondantes de conception. Cette volonté a été accélérée par la prise en compte du retour d expérience de l accident de Fukushima qui a conduit à une convergence et à la publication des documents correspondants. On peut citer par exemple les documents AIEA (Specific Safety Requirements SSR2.1, 2012), WENRA (Safety of New NPP Designs, Mars 2013), EUR (Révision D, octobre 2012). On notera en particulier dans les évolutions des règles de sûreté : - La prise en compte des événements externes très rares et des défaillances de cause commune, - La demande d indépendance des systèmes impliqués dans différents niveaux de défense en profondeur, - Une meilleure considération du stockage de combustible usé, - L augmentation des autonomies, - La disponibilité d équipements mobiles, - En France la mise en place de forces d intervention rapide (FARN). n Bilan des réacteurs en construction dans le monde En 2013, 69 réacteurs (67 GWe) sont en construction dans le monde, dont les deux tiers en Chine et en Russie. En dehors de deux réacteurs rapides sodium (PFBR en Inde et BN800 en Russie), ainsi que de deux HTR en construction en Chine, les réacteurs en construction sont principalement des réacteurs à eau pressurisée de type PWR (REP) et quelques réacteurs bouillants de type BWR (REB). fig. 1 - Puissance des réacteurs en construction dans le monde (en GW par pays) Concernant les différences entre BWR et PWR, on trouvera dans ce numéro de la RGN un article comparant ces deux filières en donnant les avantages/inconvénients de chacune d elles, ainsi qu une mise en perspective de leur développement. Quelques réacteurs de deuxième génération sont actuellement en construction (essentiellement en Chine) mais le standard Gen3 semble actuellement retenu pour toute nouvelle construction. n L offre française Actuellement l offre française est essentiellement portée par l EPR d AREVA. Les caractéristiques de ce réacteur correspondent aux critères des réacteurs de troisième génération (figure 3). Plusieurs exemplaires sont actuellement, en construction en Finlande, en France sur le site de Flamanville (figure 4), et en Chine à Taishan. Deux sont en projet en Angleterre sur le site d Hinkley Point. fig. 2 - types de design des réacteurs en construction dans le monde 16 Plusieurs présentations du réacteur EPR ont été effectuées dans le numéro 5/2013 de la RGN, consacré à l exportation, et aucune présentation n a donc été reprise dans ce numéro.

RGN 1-2014_RGN 4-2009 - xp 03/03/14 10:37 Page17 n Editorial n fig. 3 - Vue du réacteur epr d areva et ses principales caractéristiques C est un PWR évolutionnaire de 1100 MWe à 3 boucles primaires dont les principales caractéristiques sont : - 3 trains de sûreté mécaniques et électriques (3+1 pour certains systèmes support), - des accumulateurs avancés MHI (systèmes passifs), - Une enceinte monocoque (prise en compte de chute d avion commercial), - Une approche accident grave, avec core catcher primaire. fig. 4 - Pose du dôme d epr flamanville 3 en juillet 2013 Mais le catalogue de l offre française comprend aussi un réacteur PWR ATMEA1 conçu par la Joint Venture ATMEA (50 % AREVA-50 % Mitsubishi) et un BWR KERENA conçu sur la base de l expérience des BWR allemands. ATMEA 1 s inspire des technologies (EPR et APWR) des deux entreprises co-fondatrices. On trouvera une description détaillée du concept de l ATMEA1 dans l article correspondant du présent numéro. Le réacteur KERENA est un réacteur BWR conçu sur la base de l expérience de fonctionnement des réacteurs bouillants allemands. Il présente en particulier un certain nombre de dispositifs passifs innovants. On trouvera une description détaillée de ce réacteur dans l article correspondant de ce numéro. 17

RGN 1-2014_RGN 4-2009 - xp 03/03/14 10:37 Page18 dossier PANORAMA MONDIAL DES RÉACTEURS NUCLÉAIRES DE TROISIÈME GÉNÉRATION n L offre internationale L article de ce numéro sur les réacteurs russes donne la description détaillée de l ensemble de cette offre. Actuellement l offre internationale en réacteurs de troisième génération comporte des réacteurs russes, japonais, américains, coréens et chinois, les Chinois étant les derniers acteurs arrivés sur ce marché. Les principales offres sur le marché sont les suivantes : 1- technologie PWR : AP1000 de Westinghouse (Groupe Toshiba), AES 91/92/2006/VVER TOI de JSC AEP & SPbAEP (Corporation Rosatom), APR1400 de KEPCO, APWR de MHI, ATMEA 1 d ATMEA (co-entreprise AREVA + MHI), réacteurs de conception chinoise : ACP 1000 (CNNC), ACPR1000+ (CGN), CAP 1400 (SNPTC). apr1400 de KePCO C est un réacteur PWR de 1450 MWe conçu par KEPCO. Plusieurs versions sont disponibles, dont une version européenne à 4 trains, avec un récupérateur corium et une enceinte à double coque (ce qui n est pas le cas sur la version coréenne d origine). La salle de commande et le contrôle commande sont fournis par Westinghouse. Plusieurs de ces réacteurs sont en construction en Corée (Shin Kori) et aux Emirats Arabes Unis (Barakah) (figure 5). apwr de mhi 2- technologie bwr : ABWR de GE-Hitachi / Toshiba, ESBWR de GE-Hitachi. On notera que les éléments de comparaison entre PWR et BWR font l objet d un article spécifique dans ce numéro. ap1000 de toshiba-westinghouse C est un réacteur PWR passif de 1130 MWe dérivé de l AP 600 certifié aux USA en 1998. Il se caractérise principalement par un système d injection de sécurité passif, par une rétention du cœur fondu en cuve (sans récupérateur de corium) et par le recours à une techfig. 5 - Vue des réacteurs apr 1400 en construction à Shin Kori nique de construction modulaire. Huit réacteurs sont en construction : 4 aux USA (Vogtle, VC Summer) et 4 en Chine (Sanmen, Haiyang). C est un réacteur PWR développé par MHI dont la puissance varie entre 1550 MWe (version japonaise) et Il fait l objet de deux articles dans ce numéro. 1700 MWe (version US ou Europe). C est un PWR à systèmes actifs de sauvegarde, avec récupérateur de Réacteurs russes corium et enceinte monocoque renforcée. La Russie a relancé son programme nucléaire avec de nouveaux réacteurs de troisième génération : aes 2006 Cette centrale de 1200 MWe dérive de la conception des AES 91 et 92. Deux centrales sont en construction en Russie : à Novoronezh (1&2) et Leningrad (1&2). Les réacteurs y disposent de systèmes passifs d évacuation de puissance résiduelle et de récupérateurs de corium. VVeR toi Ce nouveau design est une évolution/ optimisation du réacteur de l AES 2006 (version AEP Moscou) caractérisée par : Une puissance légèrement augmentée, - Un coût de fabrication optimisé (-20%) et un planning de construction plus court (40 mois hors Tête de série), - Une amélioration des caractéristiques d exploitation. 18 fig. 6 - Vue du réacteur apwr de mhi en version européenne

RGN 1-2014_RGN 4-2009 - xp 03/03/14 10:37 Page19 n Editorial n Réacteurs chinois C est la Chine qui a le plus grand programme de construction de réacteurs nucléaires dans le monde (avec 31 réacteurs). On y trouve une grande variété de réacteurs : des VVER russes, des AP1000 de Westinghouse, des EPR français, des réacteurs sinisés dérivés des réacteurs de deuxième génération CP100 mais aussi deux HTR. Pour toutes ces versions, des transferts de technologie sont en cours et une sinisation sera rapidement effectuée pour ce pays qui affiche déjà des volontés à l export. de la possibilité et l intérêt économique de prolongation de la durée de vie des installations existantes, de la durée d acquisition par les nouveaux entrants du cadre nécessaire à la réalisation d un projet de construction (réglementations, autorité de sûreté, ) et des compétences adéquates. abwr de Ge-Hitachi/toshiba L ABWR (Advanced Boiling Water Reactor) est un réacteur à eau bouillante de 1350 MWe, développé à la fin des années 80 par un consortium impulsé par TEPCO et piloté par General Electric avec Hitachi, Toshiba, Ansaldo (ASEA Atom au début). Une version de 1600 MWe a été conçue pour l Europe (EU-ABWR). L enceinte de confinement est en béton armé, avec peau métallique interne à l intérieur d un bâtiment réacteur non conçu à l origine pour résister à la chute d un avion gros porteur. L architecture d ensemble intègre des améliorations déjà mises en œuvre par ASEA ou Siemens dans les années 70 et 80 : pompes de recirculation internes à rotors noyés et mécanismes de barres à doubles actionneurs (piston et moteur-vis). Les systèmes de sauvegarde (3 trains mécaniques et électriques) sont actifs et il dispose d un récupérateur de corium (figure 7). fig. 7 - Vue du réacteur abwr Sa description est effectuée plus en détail dans l article correspondant de ce numéro. esbwr de Ge-Hitachi C est un réacteur bouillant passif de 1530 MWe dérivé de l ABWR. Il a été développé conjointement par General Electric et Hitachi. Les pompes de circulation du primaire ont été supprimées pour être remplacées par la convection naturelle. L enceinte n était pas conçue initialement pour résister aux chutes d avion, et le réacteur dispose d un récupérateur corium avec refroidissement passif (figure 8). n Les perspectives mondiales Les prévisions ont été revues à la baisse principalement du fait : d un contexte de crise mondiale persistante rendant difficiles pour les acteurs occidentaux les conditions de financement, de l impact de l accident de Fukushima, de l essor et du bas prix des gaz de schiste et de la baisse consécutive des prix du charbon, fig. 8 - Vue du réacteur esbwr de Ge-Hitachi n Conclusion De nombreux designs de Génération 3 sont disponibles sur le marché mondial, avec des objectifs de conception accrus en matière de sûreté et de performance en exploitation. Certains designs évolutionnaires disposent d innovations telles que systèmes passifs et recours croissant à une modularisation pour réduire le temps de construction. Certains précurseurs sont déjà en exploitation (premiers ABWR, AES 91-92) alors que la plupart des autres têtes de série GEN3 sont à un stade avancé de construction (EPR, AP1000, APR1400, AES 2006) Les perspectives de développement du nucléaire à l international ont été revues à la baisse suite à l accident de Fukushima mais elles restent importantes pour ces réacteurs qui seront la base des réacteurs nucléaires du 21e siècle. 19