La fin des colonies européennes Texte intégral



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La fin des colonies européennes Texte intégral Table des matières Introduction I. La décolonisation en Asie A. La décolonisation pacifique: Le cas de l Inde britannique B. L indépendance des Indes néerlandaises C. La décolonisation armée: Le cas de l Indochine française II. L émergence du Tiers Monde A. La conférence de Bandoeng B. La crise de Suez III. La décolonisation en Afrique A. L indépendance du Maroc et de la Tunisie B. La poudrière algérienne C. L émancipation de l Afrique noire 2 / 11 28/09/2012

Introduction La Seconde Guerre mondiale a sérieusement ébranlé le système colonial. En effet, les puissances coloniales ont perdu leur prestige d'antan, elles ont soit été vaincues et occupées, comme les Pays- Bas, la Belgique et la France, soit elles sont sorties très épuisées du conflit, comme ce fut le cas pour le Royaume-Uni. Les peuples colonisés, souvent employés pour renflouer les rangs des armées alliées en guerre, éprouvent alors le désir de se défaire des liens qui les unissent encore à une Europe ruinée et exsangue. De plus, l émergence de deux grandes superpuissances anticolonialistes, les États-Unis et l Union soviétique, et le nouveau contexte international après 1945 favorisent la lutte des colonies pour l indépendance. Ainsi, la charte des Nations unies réaffirme le «respect du principe de l'égalité de droits des peuples et de leur droit à disposer d'eux-mêmes». Ce principe avait déjà été évoqué par le président américain Roosevelt et le Premier ministre britannique Churchill dans la charte de l Atlantique signée le 14 août 1941 sur le croiseur américain Augusta au large de la Terre-Neuve. Au point 3 de cette déclaration solennelle, les deux chefs d État énoncent le principe suivant lequel «ils respectent le droit de chaque peuple à choisir la forme de son gouvernement et espèrent que les droits souverains et l'autonomie de gouverner seront restitués à ceux qui en ont été privés par la force». Les peuples colonisés, conscients du nouveau contexte international favorable qui s offre à eux, se lancent dans la lutte pour leur indépendance. Cette émancipation des colonies se fera pour les uns par la négociation, pour les autres par la force. La décolonisation se fait en deux phases. La première s étend de 1945 à 1955 et touche surtout les pays du Proche et Moyen-Orient, ainsi que l Asie du Sud-Est. La seconde phase commence en 1955 et concerne essentiellement l Afrique du Nord et l Afrique noire. En 1955, la conférence de Bandoeng, qui réunit pour la première fois vingt-neuf délégués africains et asiatiques, marque la fin de la décolonisation de l Asie et annonce la décolonisation en Afrique. Bandoeng marque également l entrée sur la scène internationale des pays du Tiers Monde. I. La décolonisation en Asie Les peuples colonisés d'asie du Sud-Est sont les premiers à réclamer le départ des Européens et à revendiquer leur indépendance. En quelques années, toutes les colonies, à l exception des possessions portugaises de Goa et de Timor, deviennent indépendantes. En février 1947, les Britanniques décident d évacuer l Inde qui, quelques mois plus tard, acquiert son indépendance, mais non sans que le pays subisse une partition et voit la naissance d un nouvel État, le Pakistan. En 1948, le Royaume-Uni accorde l indépendance à la Birmanie, à l'île de Ceylan et, en 1957, à la Malaisie. De son côté, l Indonésie subit quatre années de confrontation militaire et diplomatique avec les Pays-Bas, avant que ces derniers ne reconnaissent l indépendance des Indes néerlandaises en décembre 1949. La France doit aussi faire face aux désirs d émancipation de ses colonies. Dès 1946, elle s engage militairement en Indochine. Huit ans plus tard, la guerre coloniale se conclut par la victoire du Viêt Minh sur les forces françaises, contraintes de quitter le pays. Le Laos et le Cambodge accèdent également à l indépendance. 3 / 11 28/09/2012

A. La décolonisation pacifique: Le cas de l Inde britannique Les campagnes de désobéissance civile, que Gandhi a menées en Inde pendant l'entre-deuxguerres, ont exaspéré la Grande-Bretagne. Pays pauvre mais très peuplé, l'inde entend en effet jouer un rôle mondial en se faisant le chantre de l'anticolonialisme neutraliste. Mais au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique n'a plus les moyens d'affronter une nouvelle guerre coloniale. Il finit donc par concéder l'indépendance au sous-continent indien en août 1947, mais non sans devoir faire face à des heurts violents entre la communauté hindoue et musulmane. Tandis que Gandhi et Nehru, les principaux dirigeants du parti du Congrès, tiennent à l unité indienne, la ligue musulmane, dirigée par Ali Jinnah, réclame la création d un État musulman indépendant. Les incidents deviennent de plus en plus violents et dégénèrent dans une guerre civile. En février 1947, les Anglais décident d'évacuer le pays et le 15 août 1947, cette situation aboutit à la partition du pays en deux États indépendants: L Inde, à majorité hindou et le Pakistan, à majorité musulmane. La République de l Inde est proclamée en janvier 1950, une fois la constitution élaborée, mais elle demeure membre du Commonwealth britannique. En 1948, deux autres possessions britanniques, la Birmanie et l île de Ceylan accèdent à l indépendance. Seule la Malaisie doit attendre 1957 pour devenir indépendante. B. L indépendance des Indes néerlandaises Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Pays-Bas tentent de reconquérir leur ancienne colonie, qu ils ont dû abandonner en 1942 aux Japonais. Mais les nationalistes indonésiens revendiquent l indépendance de l archipel. Alors que le Japon capitule le 17 août 1945, le leader indonésien, Soekarno, proclame l indépendance de l Insulinde néerlandaise. Entre 1947 et 1948, les Pays-Bas lancent deux grandes interventions militaires. Mais les nationalistes tiennent bon et les Néerlandais, sous la pression des Nations unies et des États-Unis, doivent céder. En décembre 1949, après quatre années de confrontation militaire et diplomatique avec les Pays-Bas, ces derniers reconnaissent enfin l indépendance des Indes néerlandaises transformée en République des États-Unis d Indonésie. C. La décolonisation armée: Le cas de l Indochine française La France doit aussi faire face aux désirs d émancipation de ses colonies. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le 2 septembre 1945 à Hanoi, Hô Chi Minh, chef du mouvement nationaliste d obédience communiste, le Viêt Minh, s empare du pouvoir et décrète au nom du gouvernement provisoire l'indépendance du pays et proclame officiellement la naissance de la République démocratique du Viêt Nam (RDV). L empereur Bao Dai doit abdiquer. D octobre 1945 à janvier 1946, les troupes françaises réoccupent militairement la Cochinchine. Le 6 mars 1946, le Français Jean Sainteny, commissaire de la République, et Hô Chi Minh signent un accord qui prévoit la reconnaissance du Viêt Nam comme État libre, intégré au sein de la Fédération indochinoise et faisant partie de l Union française. Mais ces accords ne durent pas. Le 1 er juin 1946, le Haut Commissaire Georges Thierry d'argenlieu proclame la République de Cochinchine. Le 23 novembre 1946, face à l accroissement des troubles et en vue de rétablir l autorité française dans la zone nord de l Indochine, la marine française bombarde le port de Haiphong, faisant près de 6 000 victimes. Le 19 décembre, en représailles, des éléments du Viêt Minh s attaquent aux quartiers européens de Hanoi et massacrent des dizaines de personnes. Hô Chi Minh se réfugie dans la clandestinité pour 4 / 11 28/09/2012

combattre les Français. C'est le début d'une guerre qui va durer huit ans. Les troupes françaises se lancent dans une difficile reconquête des zones tenues par le Viêt Minh et s engagent progressivement dans une guerre coloniale lointaine et coûteuse en vies humaines. À partir de 1949, le Tonkin, l'annam et la Cochinchine sont regroupés au sein du nouvel État du Viêt Nam, associé à la France dans le cadre de l Union française et dirigé depuis la ville de Saigon par l empereur Bao Daï, rentré au Viêt Nam en avril 1949. Pour justifier cette guerre coloniale devant l'opinion publique mondiale en général et du gouvernement américain en particulier, les autorités françaises la définissent davantage comme une lutte anticommuniste que comme une guerre coloniale. En effet, dès la fin de l année 1949, des troupes chinoises s installent le long de la frontière du Viêt Nam. L Union soviétique et la Chine communiste de Mao Tsé-Toung accentuent leur soutien (livraison d armes et de matériel, envoi d instructeurs ) aux troupes du Viêt Minh. Ainsi, face à cette menace et avec le début de la guerre de Corée en juin 1950, les États-Unis se déclarent prêts à aider matériellement l'effort de guerre français par la fourniture d'armements. La guerre d Indochine s inscrit dans la politique de containment américaine et devient l un des fronts de la lutte contre l expansion communiste. Mais la position française en Indochine ne fait que s'effriter. Les défaites sur le terrain se multiplient et les pertes militaires françaises ne cessent de s alourdir. Après la reddition catastrophique du 7 mai 1954 de sa forteresse de Diên Biên Phu, la France réalise qu'elle ne peut plus poursuivre cette guerre lointaine et onéreuse au seul nom de la lutte anticommuniste. Les accords de Genève du 21 juillet 1954 mettent fin au conflit et la France est contrainte à quitter le pays. Le Viêt Nam est divisé en deux parties: tandis que le nord du Viêt Nam passe sous le contrôle communiste du leader Hô Chi Minh, une dictature nationaliste s'installe au sud du 17 e parallèle. L'indépendance du Laos et du Cambodge, proclamée en 1953, est définitivement reconnue. Mais contrairement à la France, les Américains n acceptent pas les résultats de la conférence de Genève et restent partisans de l'indépendance du Viêt Nam du Sud. Aussitôt délestée de la poudrière indochinoise, la France perd une partie importante de son prestige colonial, ce qui ne fait que renforcer davantage les mouvements indépendantistes qui agitent déjà ses possessions d'afrique du Nord. II. L émergence du Tiers Monde Suite au mouvement d indépendance naît un ensemble de pays n appartenant ni au bloc occidental, ni au bloc soviétique et partageant certaines caractéristiques, dont le sousdéveloppement et une croissance démographique importante: c est le «Tiers Monde» (expression forgée par l'économiste et le démographe français Alfred Sauvy en 1952). Dans les années 1950, cinq pays asiatiques nouvellement indépendants (l Inde, le Pakistan, Ceylan, la Birmanie et l Indonésie) prennent l initiative d unir les pays du Tiers Monde pour faire front commun face à la colonisation. Le 17 avril 1955 s ouvre à Bandoeng en Indonésie une conférence afro-asiatique qui, pour la première fois, permet aux pays du Tiers Monde de s affirmer sur la scène internationale. En 1956, la crise de Suez illustre ces nouveaux rapports de force internationaux. En Égypte, le 26 juillet 1956, le président Gamal Abdel Nasser, chantre du panarabisme, proclame la nationalisation de la compagnie du canal de Suez. Se heurtant ainsi de front aux intérêts de la France, du Royaume-Uni et d Israël, la crise de Suez provoque une épreuve de force débouchant sur une opération militaire conjointe des trois pays contre l ancien protectorat britannique en octobre 1956. Or, la volonté de la France et du Royaume-Uni de sauvegarder leurs intérêts 5 / 11 28/09/2012

économiques et financiers au détriment d un pays en développement va provoquer l ingérence de la communauté internationale. A. La conférence de Bandoeng À la conférence de Bandoeng, du 17 au 24 avril 1955, se réunissent des pays d Asie et d Afrique, nouvellement indépendants, pour affirmer leur volonté d'indépendance et leur non-alignement sur les puissances mondiales. Sous la présidence du leader indonésien Soukarno, elle réunit 29 pays: 23 d Asie et 6 d Afrique. Parmi ses invités, on peut citer Gamal Abdel Nasser pour l Égypte, le Premier ministre indien Nehru et Zhou Enlai, Premier ministre de la Chine populaire. S'opposant au colonialisme, ils incitent les peuples encore colonisés à lutter pour leur indépendance et revendiquent: - La décolonisation et l'émancipation des peuples d'afrique et d'asie; - La coexistence pacifique et le développement économique; - La non-ingérence dans les affaires intérieures. La conférence a une incidence psychologique très importante. Elle exalte en effet les droits fondamentaux des peuples colonisés et témoigne de leur force de résistance contre la domination européenne. Sentant leurs positions toujours plus menacées dans leurs territoires d'outre-mer, les métropoles européennes n'ont bientôt plus guère d'autre choix que de s'orienter toujours plus vers l'unité et de s'interroger sur les moyens de conserver des liens privilégiés avec leurs colonies. Ainsi, la conférence de Bandoeng marque l entrée sur la scène internationale des pays du Tiers Monde. B. La crise de Suez À Suez, le Tiers Monde remporte une victoire diplomatique importante. En effet, le colonel Gamal Abdel Nasser, invité à la conférence des pays afro-asiatiques nonalignés de Bandoeng de 1955, cherche à faire l'unité du monde arabe autour de l'égypte qu'il dirige depuis juin 1956. Il projette la construction d'un grand barrage à Assouan pour stimuler la transformation économique et agricole du pays, mais les États-Unis, qui voient pourtant Nasser comme une alternative au communisme, refusent de participer au financement massif du chantier. Aussitôt, le 26 juillet 1956, Nasser annonce son intention de nationaliser la compagnie du canal de Suez, voie d'eau d'une grande importance internationale dont les actionnaires sont en majorité français et britanniques mais dont la concession ne doit expirer qu'en 1968. Pour Nasser, les revenus d'exploitation du canal doivent tout simplement permettre à l'égypte de financer les travaux d'assouan. Les Français, fâchés par l'aide apportée par l'égypte aux insurgés algériens, et les Britanniques, qui veulent préserver leur contrôle sur la voie stratégique de Suez, décident de mener une action militaire concertée en vue de récupérer la mainmise sur l'administration du canal. Ils disposent pour ce faire du soutien militaire de l'état d'israël qui, depuis sa création en 1948, se sent directement menacé par toute velléité d'expansionnisme ou de renforcement arabe. Nasser ne cesse d'ailleurs de proclamer sa volonté de détruire Israël. Le 29 octobre 1956, les armées israéliennes conquièrent le Sinaï si précieux pour la protection de l'état juif. Une semaine plus tard, les troupes franco-anglaises débarquent à Port-Saïd. Le succès de l'opération est total: l'armée égyptienne est défaite en quelques jours, bien que Nasser ait ordonné de couler une quarantaine de navires afin de bloquer définitivement le canal de Suez. 6 / 11 28/09/2012

Mais les grandes puissances mondiales n'apprécient pas du tout l'action de la France et de la Grande-Bretagne. L'URSS, qui est en train de liquider l'insurrection hongroise par la force, menace Paris et Londres de représailles nucléaires. En ce qui les concerne, les États-Unis, pourtant alliés traditionnels des puissances européennes, se plaignent de n'avoir pas été consultés au préalable. Ils n'apprécient absolument pas cette politique de la canonnière de type néocolonial et, à travers les Nations unies, exercent une immense pression financière sur le Royaume-Uni, de sorte que le corps expéditionnaire franco-anglais doit se retirer malgré la victoire militaire. Israël évacue aussi le Sinaï. C'est l Organisation des Nations unies qui prend en charge la remise en état du canal qui est rouvert à la navigation en avril 1957. Entre-temps, alors que Nasser a ordonné la destruction de nombreux oléoducs, les pays d'europe occidentale sont confrontés aux premières restrictions dans l'approvisionnement d'essence et de carburants. En fin de compte, Nasser, fort de sa victoire politique et diplomatique, jouit d'un immense prestige dans le monde arabe. Il exploite à fond son image de martyre d'un complot impérialiste. Les puissances européennes doivent définitivement se rendre compte qu'elles ne sont plus des puissances mondiales et que leur rôle sur l'échiquier international ne peut plus être que complémentaire à celui des États-Unis. Il leur devient en effet très difficile de mener une politique mondiale indépendante et leur influence dans la région du Moyen-Orient devient quasiment nulle. L affaire de Suez se conclut donc par une défaite morale et par un fiasco diplomatique pour les anciennes puissances coloniales, tandis que le colonel Nasser s érige dès à présent en défenseur de la cause arabe et en champion de la décolonisation. III. La décolonisation en Afrique C est à partir de la conférence de Bandoeng et de la crise de Suez que se développe la deuxième phase de la décolonisation qui se situe principalement en Afrique. En Afrique du Nord, la France doit affronter une grave crise qui débute en Algérie avec le soulèvement du Front de libération nationale en 1954. La guerre se répercute ensuite au Maroc et en Tunisie et finit par menacer le régime républicain en France même. Les protectorats du Maroc et de Tunisie se voient accorder leur indépendance sans combat en mars 1956. L Algérie, considérée comme une partie intégrante de la France, constitue quant à elle un cas à part. Ce n'est qu'à la fin d'une douloureuse guerre de huit ans qui va de l'insurrection de 1954 aux accords d'évian de mars 1962 que l'algérie devient un État indépendant. À partir de 1957, c est au tour des anciennes possessions britanniques, françaises, belges et portugaises de l Afrique noire de s émanciper progressivement. A. L indépendance du Maroc et de la Tunisie Le Maroc Depuis la signature du traité de Fès en 1912, le Maroc était un protectorat français. Or, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les revendications indépendantistes s intensifient. Déjà en 1943, le président américain Franklin Roosevelt avait encouragé le sultan marocain Mohammed Ben Youssef dans sa volonté d indépendance. Puis, à partir de 1947, ce dernier prend ses distances à l égard du protectorat, fait l éloge de la ligue arabe et soutient l Istiqlal, parti de l indépendance. Cependant, la nomination du général Juin, chef d État major général de la défense nationale (1947), puis du général Guillaume (1951) comme représentants officiels du gouvernement français à Rabat, montre que la France n est pas prête à abandonner le Maroc. Dès 1951, le général Juin, soutenu par les colons conservateurs français, menace de destitution Mohammed Ben Youssef s'il ne désavoue pas l Istiqlal. Sous la contrainte, le sultan cède et déclare se distancer des nationalistes. 7 / 11 28/09/2012

Toutefois, les indépendantistes continuent leur lutte et créent le Front national marocain. Dans les mois suivants, les tensions ne cessent de monter. Entre 1952 et 1953, plusieurs manifestations anti-françaises sont réprimées dans le sang. En décembre 1952, les États arabes réussissent à faire inscrire la question marocaine à l ordre du jour de l ONU. Néanmoins, en 1953, à la suite d une intrigue du pacha de Marrakech, le Glaoui, fidèle ami de la France, Mohammed Ben Youssef est enlevé du palais et exilé à Madagascar. Le lendemain, il est remplacé par Ben Arafa, candidat du Glaoui. À partir de ce moment, les nationalistes intensifient leur action et les attentats se multiplient. Devant la détérioration accélérée de la situation, le gouvernement français est de plus en plus mal à l aise face à la pression internationale et décide de faire revenir le sultan. Dès lors, les choses vont se précipiter. Le 6 novembre 1955, le président français, Antoine Pinay, et Mohammed Ben Youssef signent les accords de La Celle-Saint-Cloud, prévoyant le retour sur le trône du sultan, sous le nom de Mohammed V, et l indépendance du Maroc. Dix jours plus tard, Mohammed V rentre triomphalement à Rabat. Ensuite, le 2 mars 1956, après la signature, à Paris, de la déclaration commune annulant le traité de protectorat de 1912, le Maroc accède à l indépendance. Quelques semaines plus tard, ce sera le tour de la Tunisie. La Tunisie Durant la Seconde Guerre mondiale, la Tunisie devient un terrain d affrontement entre les Alliés et les puissances de l Axe. Après plusieurs mois de combats, les forces alliées parviennent à repousser les troupes ennemies et la capitulation allemande du 12 mai 1943 entérine le retrait des puissances de l axe de l Afrique du Nord. Le 15 mai, l autorité en Tunisie est transférée à la France libre. Aussitôt, Moncef Bey est révoqué pour avoir collaboré avec les Allemands et est remplacé par Lamine Bey. Profitant du mécontentement d après-guerre et stimulé par l indépendance de la Libye voisine (octobre 1951), le parti occidentalisé, le Néo-Destour réclame des réformes. Son leader Habib Bourguiba, appuyé par la ligue arabe, et le Bey lui-même réclament la constitution d un gouvernement responsable. Tandis que Paris préconise un système de co-souveraineté au sein de l Union française, Bourguiba intensifie sa campagne pour l indépendance de la Tunisie, en s appuyant notamment sur l Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT). À partir de 1952, la répression s abat sur les responsables politiques et Bourguiba est arrêté. Or, le recours au terrorisme amène la France à réagir. Le 31 juillet 1954, Pierre Mendès France accorde l autonomie interne à la Tunisie. C est finalement le 17 septembre 1955 qu est installé à Tunis un gouvernement composé exclusivement de Tunisiens. Le 20 mars 1956, les négociations franco-tunisiennes aboutissent à l indépendance totale de la Tunisie. Ces premières élections législatives de l histoire tunisienne donnent une large victoire au Néo-Destour et à Habib Bourguiba qui devient président de la République tunisienne. Le 12 novembre 1956, la Tunisie est admise aux Nations unies. B. La poudrière algérienne L Algérie, annexée à la France depuis 1834 et constituée en départements français, est considérée comme une partie inaliénable du territoire national. Or, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l Algérie connaît de nombreuses manifestations nationalistes et indépendantistes. En effet, l existence d'une forte minorité de colons européens (1 million sur 9 millions d habitants en 1954) farouchement opposés à la création d'une république algérienne musulmane empêche l'émergence de toute solution à l'amiable. 8 / 11 28/09/2012

À la Toussaint 1954, une trentaine d attentats éclatent sur le territoire algérien. Il s agit de la première action du Front de libération nationale (FLN). Peu à peu, le FLN et sa branche armée, l Armée de libération nationale (ALN), se radicalisent et utilisent la guérilla et le terrorisme. À partir de 1956, le gouvernement Guy Mollet, d abord partisan d une politique de négociation, finit par renforcer son action militaire en Algérie: il y envoie un contingent de plus de 400 000 soldats. Militairement, la France l'emporte, mais elle ne réussit pas pour autant à rétablir l ordre. Au contraire, le soutien de la population algérienne au FLN se renforce. Malgré les tentatives de la France de présenter la question algérienne comme un problème de police intérieure, l internationalisation du conflit ne cesse de croître. Les relations avec les États arabes deviennent de plus en plus tendues et les offensives diplomatiques des pays afro-asiatiques obligent le gouvernement français à justifier sa politique algérienne devant l assemblée générale des Nations unies. En France, le gouvernement est paralysé. Les dépenses militaires creusent le déficit budgétaire et les difficultés financières s aggravent. Finalement, l impuissance de la IV e République à rétablir l ordre en Algérie aboutit à l effondrement du régime. Les émeutes du 13 mai 1958 à Alger des partisans de l Algérie française aboutissent au retour au pouvoir du général de Gaulle. Il est considéré comme le seul homme susceptible d éviter la guerre civile et de restaurer l unité nationale. Or, face au gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), créé par le FLN le 19 septembre 1958, le général de Gaulle se rend peu à peu compte que rien n est possible sans négociations avec le FLN. Le 16 septembre 1959, il amorce un premier pas décisif en se prononçant pour les droits des Algériens à l autodétermination. Dans un discours décisif, de Gaulle propose trois voies entre lesquelles les Algériens devront choisir: sécession, francisation ou association. Le général espère sans doute que les Algériens choisiront non la solution de l indépendance, mais celle d une Algérie associée à la France qui garderait ses prérogatives sur l économie, l enseignement, la défense et les affaires étrangères. Le 8 janvier 1961, 75 % de l électorat français approuvent par référendum l'autodétermination des Algériens. L'opinion publique, initialement favorable à la guerre, opte désormais pour la paix. Deux mois plus tard, le gouvernement annonce l ouverture des pourparlers avec le GPRA. Le 11 avril 1961, le général de Gaulle justifie, lors d une conférence de presse, le désengagement de la France en Algérie pour des raisons économiques. Or, les militants de l Algérie française, qui ont porté de Gaulle au pouvoir, se sentent trahis. La colère se traduit par des crises politiques, des insurrections et des coups de force. Déjà en janvier 1960, des militants déclenchent une semaine d émeutes, la «semaine des barricades». Puis, en avril 1961, quatre généraux (Challe, Salan, Zeller et Jouhaud) veulent réitérer le coup du 13 mai 1958, mais cette fois contre de Gaulle. Le putsch militaire d Alger échoue devant le refus du contingent et de l opinion publique de se rallier aux généraux. Les militants de l Algérie française créent alors l Organisation armée secrète (OAS), un mouvement terroriste civilo-militaire, s appuyant notamment sur une partie de la population européenne d Algérie et une partie de l armée pour lutter contre l indépendance de l Algérie. Entre 1961 et 1963, l OAS organise une série d attentats en France et en Algérie. Mais ces actions n empêchent pas la signature, le 18 mars 1962, des accords d Évian entre le gouvernement français et des représentants du FNL. Ces accords donnent la souveraineté à l Algérie, Sahara compris. La France obtient le maintien de ses troupes pendant trois ans ainsi qu une coopération franco-algérienne, protégeant les intérêts économiques de la France, 9 / 11 28/09/2012

notamment dans le domaine du pétrole. Un double référendum conforte ces décisions. Le 8 avril 1962, les électeurs français approuvent à plus de 90 % les accords d'évian. Le 1 er juillet 1962, 99,7 % des Algériens se prononcent en faveur de l indépendance de leur pays. L'indépendance de l'algérie est solennellement proclamée le 3 juillet 1962 et Ahmed Ben Bella est désigné comme le premier président de la nouvelle république. Pendant l été 1962, des centaines de milliers de Français d Algérie, les pieds-noirs, quittent précipitamment l'algérie et retournent en France. C. L émancipation de l Afrique noire La décolonisation de l Afrique anglophone L émancipation de l Afrique noire se fait progressivement. Les colonies britanniques sont les premières à se libérer. Le 6 mars 1957, le leader Kwame Nkrumah obtient l indépendance de la Côte-de-l Or sous le nom de Ghana. Le Nigéria devient indépendant le 1 er octobre 1960, la Sierra Leone le 27 avril 1961, le Tanganyika le 28 décembre 1961 et l Ouganda accède à l indépendance le 9 décembre 1962. Le 29 septembre 1964, le Tanganyika et le Zanzibar fusionnent pour former la Tanzanie. La décolonisation se fait plus difficilement au Kenya, où sévit, à partir 1952, la rébellion des Mau- Mau, un mouvement militant qui combat la loi coloniale britannique. Le leader nationaliste Jomo Kenyatta, accusé d être un complice des Mau-Mau, est arrêté par les autorités britanniques. Devenu un symbole de la volonté d'unité nationale, il est relâché en 1961. C est seulement en septembre 1963 que le Kenya accède à l indépendance. Jomo Kenyatta devient le premier président de la nouvelle république. En Afrique australe, le Nyassaland proclame son indépendance et prend le nom de Malawi (6 juillet 1964) et la Rhodésie du Nord devient indépendante sous le nom de Zambie (24 octobre 1964). En 1965, la minorité blanche au pouvoir en Rhodésie du Sud proclame unilatéralement l indépendance et y établit un régime d apartheid. Les colons blancs perdent le pouvoir seulement en 1979, et en 1980, les Britanniques accordent l'indépendance à la Rhodésie du Sud sous le nom de Zimbabwe. Robert Mugabe devient Premier ministre. La décolonisation de l Afrique noire française Les événements vont également s enchaîner dans les colonies françaises issues de l Afrique noire. En 1946, la constitution de la IV e République accorde à ces territoires un début d autonomie et le droit d élire leurs représentants dans les assemblées françaises. L Ivoirien Houphouët Boigny et le Sénégalais Léopold Sédar Senghor seront même ministres à Paris. La loi-cadre Defferre accorde en 1956 une large autonomie interne aux territoires africains. En 1958, le général de Gaulle les laisse choisir entre l indépendance dans la sécession et l appartenance à la Communauté française, présidée par de Gaulle. À l exception de la Guinée, toutes les colonies de l Afrique noire française optent pour la seconde solution. Elles jouissent désormais d une large autonomie interne, seules la défense nationale et la politique étrangère sont du ressort du gouvernement français. Peu à peu, toutes ces colonies demandent à la France le transfert des compétences. Plusieurs nouveaux États indépendants voient ainsi le jour en 1960: Cameroun, Congo-Brazzaville, Côte d Ivoire, Dahomey, Gabon, Haute-Volta, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, République centrafricaine, Sénégal, Tchad et Togo. 10 / 11 28/09/2012

L indépendance du Congo belge Grâce aux ressources en or, en cuivre et en uranium, le Congo belge est la plus riche de toutes les colonies européennes en Afrique noire, et ce vaste territoire suscite les convoitises des grandes compagnies. Le gouvernement belge de son côté a longtemps pratiqué une politique paternaliste, en refusant toute évolution. En 1960, des émeutes éclatent et la Belgique accorde brusquement l indépendance au Congo (30 juin 1960). Mais à peine indépendant, le Congo devient la proie de massacres d Européens et sombre dans une guerre civile. Progressiste et centralisateur, le Premier ministre Patrice Lumumba s oppose vite au fédéraliste Kasa-Vubu, désigné comme président de la République. Et bientôt, la riche province du Katanga, dirigée par Moïse Tschombé, fait sécession et proclame son indépendance. Ces divisions dégénèrent rapidement en luttes sanglantes et le conflit congolais s internationalise avec l intervention des Casques bleus de l ONU. En 1961, la situation s empire encore avec l arrestation et l assassinat de Patrice Lumumba. Les troubles prennent seulement fin en 1965, avec le coup d État du général Mobutu, chef de l armée congolaise. Le 1 er juillet 1962, deux autres territoires sous tutelle belge, le Rwanda et l Urundi (qui devient le Burundi) accèdent à la souveraineté. L indépendance des colonies portugaises Le Portugal a été le premier colonisateur de l Afrique, mais il est également le dernier à quitter le continent. En 1961, des émeutes éclatent en Angola, au Mozambique et en Guinée-Bissau, mais le Portugal refuse de céder et les réprime dans le sang. Peu à peu, les soulèvements se généralisent et s organisent autour de mouvements indépendantistes et nationalistes. Il faut attendre la «révolution des œillets» et la chute de la dictature salazariste au Portugal en 1974-1975 pour que l Angola, le Mozambique, la Guinée-Bissau et le Cap-Vert obtiennent leur indépendance. L abandon des colonies africaines signifie pour le Portugal la fin de son empire colonial. Ne reste au Portugal que le comptoir de Macao qui revient seulement en 1999 à la souveraineté chinoise. 11 / 11 28/09/2012