Préparation Agrégation externe EPS 2008, Yann LE MEUR

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Transcription:

Préparation Agrégation externe EPS 2008, Yann LE MEUR Sur quoi peut-on se fonder pour dire que l enseignant d EPS contribue à rendre ses élèves plus performants en leur apprenant à mieux gérer leurs efforts? TD Ecrit 2

Lors d une activité physique visant la meilleure performance possible, l individu cherche toujours à gérer son effort de sorte à repousser l apparition de la fatigue le plus tard possible. INTERET BIBLIOGRAPHIQUE CROISSANT POUR LE «PACING» DETERMINER LES STRATEGIES DE GESTION DE L EFFORT LES PLUS EFFICACES IDENTIFIER ET COMPRENDRE LES CONSEQUENCES PHYSIOLOGIQUES ET NEUROMUSCULAIRES ENGENDREES PAR LES DIFFERENTES STRATEGIES DE GESTION DE L EFFORT

Stratégie de gestion de l effort «négative» Augmentation de l allure durant l épreuve : «negative-split», Cette stratégie est susceptible de retarder la déplétion importante des substrats (i.e. glycogène), et de limiter l accumulation des déchets métaboliques susceptibles d engendrer la fatigue (Pi, K +, H + ). Stratégie souvent observée durant les épreuves de moyenne distance, dans lesquelles les athlètes ont connaissance de la distance restant à parcourir.

Stratégie de gestion de l effort «all-out» (au maximum tout le temps) Concerne les activités de locomotion qui nécessitent une très grande énergie pour vaincre l inertie initiale et créer l accélération. + plus difficile de créer une vitesse que de l entretenir (en raison de l inertie du mobile). Ex du 100m en athlétisme 50-60% de la dépense énergétique est dépensée durant la phase d accélération (Tibshirani, 1997). Importance du ratio durée phase d accélération / temps de course.

Stratégie de gestion de l effort «positive» Diminution de l allure durant l épreuve : «positive-split». Concerne 100m et 200m en natation (Thompson et al., 2000) 2000m en aviron (Garland, 2005), 800m (pour les athlètes qui se rapprochent à 2% du RM, Sandals 2001). 110 105 100 95 Evolution de l allure de course sur 800m à haut niveau (courses à record) 0-200m 200-600m 600-800m 90 0-200m 200-600m 600-800m

Fatigue (déplétion glycogénique, fatigue neuromusculaire)? Prévention d une altération trop importante? Modèle du Gouverneur Central?

Stratégie de gestion de l effort équilibrée Dans des conditions de pratique stable d une durée > 2 min, cette stratégie est celle recommandée (course à pied, natation Thompson et al., EJAP, 2003, aviron, ski, patinage de vitesse et cyclisme, de Koning et al., JSMS, 1999). Wilberg et Pratt (1988) montrent que les cyclistes sur piste les plus performants sont ceux qui maintiennent le plus une allure stable. Padilla et al. (JAP, 2000) montrent la stabilité de l allure lors d un record de l heure (intérêt biomécanique : r=ksv² / intérêt physiologique : seuil de fatigue / puissance critique, Fukuba et Whipp, JAP, 1999).

Stratégie de gestion de l effort d allure parabolique Tendance à parfois trop simplifier l analyse des allures adoptées via une analyse par moitié. Nécessité de tendre vers une analyse plus fine. Souvent tendance à partir vite, à décélérer puis à ré accélérer sur la fin. JO 2000 CM 2001 CM 2002

Stratégie de gestion de l effort stochastique Conditions souvent variables (dénivelé, changements de direction, vent, adversaires, ) impliquent des efforts stochastiques. Swain (1997) Montre une amélioration de la performance lorsque le cycliste accentue son effort dans les montées et le diminue dans les parties descendantes (10km en 22.8 vs 24.3 minutes, respectivement). Atkinson et Brunskills (2000) confirment ces données en montrant une réduction du temps de parcours lorsque des cyclistes accentuent leur effort dans les portions parcourues vent de face et le diminuent dans les portions vent dans le dos (± 5% par rapport au trajet réalisé à allure libre).

Répartition des efforts par classe d intensité durant la partie cycliste lors d une coupe du monde de triathlon (analyse par tour, d après Bernard et al., 2009) <115%PMA; 7,9 <130%PMA; 5,0 >130%PMA; 6,2 <10%PMA; 16,7 <PMA; 13,8 <VT1; 31,3 <VT2; 19,0

<115%PMA; 7,9 <130%PMA; 5,0 >130%PMA; 6,2 <10%PMA; 16,7 <PMA; 13,8 <VT1; 31,3 <VT2; 19,0 Près de 20% du temps de course > PMA 47% de phase de récupération Près de 40% du temps de course > VT2

Répartition des efforts >PMA lors des 6 tours du parcours cycliste (échantillonage 1 sec) x 6 tours PM an Près de 40 efforts d une intensité supérieure à 150% PMA Développement nécessaire de la capacité à reproduire des efforts brefs de très haute intensité PMA

19 18 17 16 15 3 15 3 30 3 45 3 20 3'15/1000m 3'30/1000m 3'45/1000m 3'20 CI 14 Temps sur le 1er 1000m 37 36 35 36 18 3'15/1000m 34 33 32 34 15 35 09 33 20 3'30/1000m 3'45/1000m 3'30 CI 31 Temps sur le 10km

Nous avons mis en évidence jusqu ici que la performance peut être significativement influencée par la distribution du travail lors d un exercice. La meilleure stratégie à adopter dépend de multiples facteurs, incluant l activité pratiquée en elle-même, la durée de l effort, la géographie de la course et les conditions environnementales. Les études suggèrent généralement que pour les efforts de très courte durée (<30 secondes), les athlètes tirent bénéfice à adopter une stratégie de type «all-out» tandis qu une stratégie en décélération semble préférentielle pour les efforts de 1.5-2 minutes. Pour les efforts prolongés (>2 minutes), il apparaît en revanche que la stratégie équilibrée soit la plus efficace. Enfin, dans les efforts d ultra-endurance, il apparaît que les athlètes tendent à décélérer progressivement, sans que cela ne soit pour autant la meilleure stratégie identifiée. La régulation de l effort semble principalement dictée par la capacité de l athlète à lutter contre la fatigue. Les causes de la fatigue étant encore largement à comprendre, ce champ reste encore grandement à investiguer.

PARADOXE : POURQUOI LE COUREUR COURT-IL LE PLUS VITE LORSQU IL EST LE PLUS FATIGUE?

«At severe exercise intensities, lactate acts as a peripheral signal to indicate exercise stress, whilst also maintaining the integrity of the muscle. High levels of lactate signal severe exercise stress and exercise is terminated, possibly through a central governor mechanism Rôles possibles du lactate durant l exercice en fonction de l intensité (Philp et al., The Journal of Experimental Biology, 2005)

Représentation schématique du métaboréflexe d origine respiratoire sur le recutement musculaire à l exercice (Dempsey et al., 2001)

Nicol

I - Terminologie Introduction Nicol

Ce modèle prédit que le nombre d unités motrices recrutées au niveau des muscles actifs est régulé par une intégration neurale complexe dont la fonction est d assurer le maintien de l homéostasie. «La fatigue est une sensation perçue fondée sur l intégration de feedbacks physiologiques, biomécaniques et sensorimoteurs d origine périphérique qui précède à la faillite musculaire ou à l atténuation de la charge de travail». E.V. Lambert, A. St Clair Gibson and T.D. Noakes. American College of Sports Medicine Annual Congress, May 31st, 2001

Etude : suivi de l activité EMG durant un exercice maximal aérobie (test VO 2 max) et durant une répétition d efforts de 20 secondes d intensité croissante allant jusqu à la puissance maximale volontaire.

LE RECRUTEMENT COMPLET DES UNITES MOTRICES NE SURVIENT PAS LORS D UNE CONTRACTION MAXIMALE VOLONTAIRE

Au début de l exercice, la partie subconsciente du cerveau calcule la durée de l exercice qui peut être maintenue en fonction des informations périphériques afférentes. Tout au long de l exercice, l allure est régulée en fonction de l intégration complexe de toutes ces informations afférentes de sorte à ne pas placer un organe dans une situation critique.

Tout au long de l exercice, le cerveau fluctue entre des périodes de «certitudes» et «d incertitudes», en fonction des variations du travail produit.

Notre gestion de l effort, traduite par le niveau de recrutement musculaire est ainsi toujours sousmaximale durant un exercice maximal volontaire. Il persiste toujours une «réserve». Le recrutement musculaire et la puissance développée sont continuellement ajustée en fonction des estimations et des feedbacks tout au long de l exercice. Pour réguler la puissance développée durant l exercice, le cerveau intègre de multiples signaux qui forme un système d afférences complexe.

Lors d un effort contre la montre, la gestion de l effort est donc principalement conditionnée par le traitement des informations, qui affèrent des multiples systèmes physiologiques. La puissance développée et la difficulté d effort perçue sont déterminées par le point d arrêt de l exercice anticipé. Finalement, l effort que l on perçoit durant l exercice n est pas réel. Il correspond en réalité à ce que la partie subconsciente de notre cerveau veut nous faire percevoir comme approprié pour un exercice donné.

The subconscious brain sets the exercise intensity by determining the number of motor units that are activated and hence the mass of skeletal muscle that is recruited throughout the exercise bout. The extent of motor neurone activity and hence skeletal motor unit recruitment can be further influenced by sensory feedback from a variety of peripheral organs the subconscious brain informs the conscious brain of an increasing neural effort, perhaps related to an increased difficulty in maintaining homeostasis at that exercise intensity, and this is interpreted by the brain as the increased sensation of fatigue, which may itself control further subconscious brain control processes. (St Clair Gibson, Noakes, BJSM, 2004).

CGM : le cerveau régule le niveau d activation musculaire de sorte à toujours prévenir une éventuelle mise en danger d un système physiologique. La fonction de toute stratégie de gestion de l allure doit être de repousser au maximum l apparition des effets délétères de la fatigue tout en assurant un niveau de performance maximum. Peut-on considérer le CGM explique toutes les causes possibles de la fatigue? En d autres termes, la fatigue est-elle toujours régulée au niveau central?

Périphérique Fatigue neuromusculaire Afférences musculaires Centrale F.Hug - 2006 altération du rendement musculaire substrats énergétiques lactate / ph calcium potassium radicaux libres de l oxygène microlésions musculaires ajustement de la commande centrale facilitation / inhibition / compensation

Principale critique : Dans les exercices maximaux de courte durée, la fatigue semble due à la baisse de la capacité de force au niveau de la fibre musculaire. Fatigue périphérique = baisse de la contractilité musculaire Régulation central du niveau d activation musculaire (absaissement) Baisse du niveau de performance

Dans les exercices maximaux de courte durée, la fatigue semble due à la baisse de la capacité de force au niveau de la fibre musculaire. À ph physiologique : acide lactique lactate + H + [la] sanguin = production - consommation F.Hug - 2006 Nielsen et al. J Physiol (2001). «protective effects of lactic acid on force production»

L accumulation d ion H+ dans le muscle a pour effet : ralentissement de la recapture des ions Ca 2+ par le RS. diminution de l affinité de la troponine C pour le Ca 2+ inhibition de la glycolyse (PFK) F.Hug - 2006 Effet du ph sur la fonction contractile du muscle est dépendant de la température (effet + marqué à faible température)

Dans les exercices maximaux de courte durée, la fatigue semble due à la baisse de la capacité de force au niveau de la fibre musculaire. ATP ATPase ADP + Pi F.Hug - 2006 Créatine kinase ADP + PCr ATP + Cr

force ponts A-M association Pi-Ca 2+ (précipitation en phosphate de calcium et donc diminution Ca 2+ dans le RS) recapture Ca 2+ F.Hug - 2006

Dans les exercices maximaux de courte durée, la fatigue semble due à la baisse de la capacité de force au niveau de la fibre musculaire. ATP K + K + e baisse de ph ouverture des canaux K + ATP-dépendants et / ou augmentation de [Ca 2+ ] intracellulaire ouverture des canaux K+ Ca 2+ -dépendants Ca 2+ K + i K + augmentation de [K + ] extracellulaire dépolarisation F.Hug - 2006 augmentation du seuil d excitation de la membrane

Nous avons mis en évidence jusqu ici que le CGM montre que la gestion de l effort est régulée au niveau central en fonction de la distance/temps restant à parcourir et de l intégration complexe de l état physiologique de l organisme. Ce modèle postule que l effort physique est régulé de sorte à prévenir l apparition d un état de crise en contrôlant en continu le niveau de recrutement musculaire. Dans cette perspective, la gestion de l effort est contrôlée par la difficulté perçue, qui incarne une intégration mentale complexe des biofeedbacks renvoyés par l organisme durant l exercice. Cette difficulté perçue est ainsi constamment mise en confrontation avec un processus de téléanticipation pour réajuster l effort physique consenti (raisonnement algorithmique). Les recherches devront à l avenir renforcer la validité de ce modèle via l identification des messagers qui renseignent le cerveau sur l état de stress auquel est soumis l organisme ainsi que les zones cérébrales impliquées dans la gestion de l effort (cf. émotions, motivation). Le CGM semble toutefois critiqué pour les exercices brefs et intenses pour lesquels la fatigue semble déterminée par des facteurs périphériques et non par une régulation centrale.

CC5 : Apprécier et orienter les effets de l activité physique en vue de l entretien de soi. 3 ème objectif de l EPS : «l acquisition des compétences et connaissances nécessaires à l entretien de la vie physique et au développement de la santé tout au long de la vie».

Obj. 1 : Accompagner un objectif sportif en rapport avec des échéances. Obj. 2 : Développer un état de santé de façon continue. Obj. 3 : Rechercher les moyens d'une récupération ou d'une détente ou d'une aide à la perte de poids. Introduction L'épreuve se réalise dans un dispositif permettant à chacun de courir en aller-retour à partir d'une balise de référence, à des vitesses allant de 5 à 18 km/h. D'autres balises seront installées pour marquer les vitesses de 5 km/h à 18 km/h. La règle impose à tous les coureurs de repasser à chaque minute dans une zone autour de la balise de référence (5m d avance ou de retard sont acceptés). Le dispositif est décrit cicontre. Le candidat doit construire en début de séance le projet de sa séance d'entraînement, prévue sur un temps de 30 minutes. Il devra choisir, parmi les trois objectifs proposés, celui qui correspond le mieux aux effets qu il souhaite à terme obtenir sur son organisme :

Dans le projet présenté, le candidat précise l'objectif choisi et construit sa séance en conséquence. Il indique, les temps et des intensités des courses en km/h, les temps et les types de récupération, et ses sensations, avant de commencer l'épreuve. Ses temps de course ou de récupération seront toujours un multiples de 1 minute et il devra procéder à au moins 3 changements d'allure pendant les 30 minutes. Le candidat réalise ensuite la séance qu'il a construite. Un de ses camarades, sous le contrôle de l'enseignant, relève ses retards et ses avances à la balise de référence et éventuellement lui rappelle son projet. Pour contrôler ses allures, l'élève ne bénéficie que d'une seule information sonore : un coup de sifflet toutes les minutes.

Puis, à l'issue de l'épreuve, à partir des sensations éprouvées en course, des retards et des avances à la balise de référence relevés par son camarade, et des connaissances acquises sur l'entraînement, il apporte un commentaire écrit ou oral sur la qualité de son entraînement. Il explique éventuellement les écarts entre projet et réalisation. Il situe en conclusion, cette séance dans l'ensemble de son programme d'entraînement (passé et à venir). La séance se déroule donc, après échauffement, en 2 temps de 30 minutes pour permettre le passage de 2 groupes d'élèves. Une fiche individualisée fait apparaître l'objectif personnel poursuivi, la VMA et permet l'écriture de cette séance d'entraînement, de sa réalisation effective, ainsi que des commentaires et conclusions. Cette fiche est un outil pour Evaluer, Concevoir et Analyser.

POINTS À AFFECTER ÉLÉMENTS À ÉVALUER 10/20 Produire un effort adapté à ses ressources et à son objectif (c est évaluer que le candidat se connaît et qu il est capable de réaliser le jour J ce qu'il a prévu) c'est la partie révélatrice, quel que soit l'objectif retenu, de l'intégration d'allures de courses. 07/20 Concevoir et mettre en oeuvre une séquence de 30 minutes prévoyant, les temps de courses et intensités, les temps de course et intensités, les temps et types de récupérations, en fonction de l'objectif annoncé. C'est évaluer l'intégration (pour soi) de connaissances sur l'entraînement. 03/20 Analyser de façon explicite sa prestation. C'est effectuer soi-même, après l'épreuve un bilan de ses réalisations puis répondre à la question : «que changer la semaine prochaine et pourquoi?».

J.Quièvre, C.Miller

J.Quièvre, C.Miller

Sur quoi peut-on se fonder pour dire que l enseignant d EPS contribue à rendre ses élèves plus performants en leur apprenant à mieux gérer leurs efforts? Sur l analyse des stratégies de gestion de l effort identifiées en situations écologiques («pacing strategies»). Sur des modèles scientifiques explicatifs de la fatigue (task dependency) et de la gestion de celle-ci (Central ). Sur les sciences de l entraînement sportif.

Merci de votre attention. yann_lemeur93@hotmail.com