En partenariat avec : LES FRANÇAIS ET LA LUTTE CONTRE LA FAIM DANS LE MONDE BAROMÈTRE VAGUE 10 Vos contacts: Christelle FUMEY Pôle Society Directrice Adjointe 01 57 00 58 94 christelle.fumey@csa.eu Abigaïl VACHER Pôle Society Chargée d études 01 57 00 58 96 abigail.vacher@csa.eu Octobre 2016 / Étude n 1600719
MÉTHODOLOGIE
MÉTHODOLOGIE MODE DE RECUEIL DATES DE TERRAIN CIBLE INTERROGÉE DATE CIBLE Questionnaire auto-administré en ligne sur panel SEPTEMBRE 2016 13 SEPTEMBRE 2016 15 Échantillon national représentatif de 1 003 Français âgés de 18 ans et plus constitué avec la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et profession de l individu, après stratification par région et catégorie d agglomération 3
PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS (1/3) UN BILAN QUI S ASSOMBRIT DE NOUVEAU En 2016, la situation de la faim dans le monde a tendance à s empirer pour quatre Français sur dix (42%), ce sentiment de dégradation connaissant un regain cette année après la baisse de 2015 (39%, - 11 points). La proportion de ceux estimant que la situation s améliore tombe à 11% (-3), alors que ceux pour lesquels «elle n évolue pas vraiment» reste stable (47%), indice d une inquiétude grandissante face à cette situation. LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LES INSTANCES INTERNATIONALES, DES ACTEURS DE CONFIANCE POUR LUTTER CONTRE LA FAIM DANS LE MONDE Face à cette situation, les Français en appellent toujours avant tout à la société civile pour trouver des solutions : plus d un Français sur deux (51%, -2) déclare en effet faire confiance à cet acteur pour lutter contre la pauvreté et la faim dans le monde. Les instances internationales de l ONU gagnent cette année en crédibilité, avec 35% de citations (+5). Les entreprises multinationales (5%, +1), les gouvernements des pays du Sud (4%, =) et ceux du Nord (4%, -1) arrivent, eux, loin derrière, preuve qu Etats et acteurs privés apparaissent impuissants voire peu fiables pour endiguer un phénomène transfrontalier. En cause, la spéculation sur les marchés financiers des produits agricoles, encore désignée cette année comme la principale responsable de la faim dans le monde pour les Français (41%, -1). Le gaspillage alimentaire (33%, +1) et les impacts du changement climatique (31%, +5) sont également mentionnés, comme l an passé. À noter que la faim dans le monde est de plus en plus imputée au changement climatique, qui gagne 10 points en l espace de deux ans, une hausse qui s explique peut-être par l accueil de la COP21 en fin d année 2015. L identification des causes de la faim dans le monde varie par ailleurs selon les catégories de population, les plus âgés ayant davantage tendance à souligner la spéculation tandis que les plus jeunes incriminent plutôt le comportement des pays du Nord, que ce soit en terme de gaspillage alimentaire ou d appropriation des terres agricoles des pays du Sud. 4
PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS (2/3) Cette année, les Français restent persuadés (à 84%) que les activités des multinationales de l agroalimentaire ne bénéficient pas aux populations du Sud. En 2016, les trois quarts d entre eux (75%) se déclarent même en faveur d une réglementation de l accès de ces multinationales aux ressources naturelles du Sud, une proportion en hausse (+4) depuis l année dernière, signe d une véritable attente vis-à-vis du gouvernement sur ce sujet. Notons que parmi ces 75%, 26% pensent que l Etat devrait tout à fait réglementer et contrôler cet accès. Cette question soulève toutefois un clivage politique puisque 87% des sympathisants de gauche (et 95% des sympathisants Front de Gauche) souhaitent la mise en place de contraintes étatiques vs. 64% des sympathisants de droite. AGRO-ÉCOLOGIE ET AGRICULTURE DE PETITS EXPLOITANTS, LES MODÈLES À PRIVILÉGIER L agriculture de petits exploitants est perçue comme le modèle agricole le plus soutenable aux yeux des Français : 89% estiment que c est le modèle d agriculture à développer en priorité pour nourrir le mieux possible l humanité d ici 2030 (vs. 10% considérant à l inverse que c est l agriculture industrielle qui sera à même de relever ce défi). Cette proportion de partisans de l agriculture de petits exploitants ne cesse d ailleurs d augmenter depuis 2013, passant de 81% à 89% en quatre ans. Les bienfaits de l agro-écologie sont par ailleurs bien identifiés par les Français, à la fois pour permettre à tous d avoir accès à une nourriture saine (87% y voient une solution d avenir pour ce faire), réduire la pauvreté rurale (75%), lutter contre le changement climatique (70%) et lutter contre la faim dans le monde (69%). Notons tout de même que c est la qualité de la nourriture, plus que sa quantité, qui est mise en avant dans les bénéfices perçus de l agroécologie. Mais ils s accordent sur le fait que cette technique agricole alternative n est pas assez soutenue par les pouvoirs publics, en France (64% estiment qu elle ne l est pas suffisamment vs. 36% d avis opposés) comme dans les pays du Sud (62% vs. 38%). 5
PRINCIPAUX ENSEIGNEMENTS (3/3) Pour mettre en place ce nouveau système, deux solutions sont fermement soutenues par les Français : contrôler les multinationales (92% y voient un moyen d action important pour encourager l agro-écologie, et pour 59% d entre eux, c est un moyen d action très important) et interdire l usage des intrants chimiques (90% dont 57%). La réorientation de l aide publique vers les petits exploitants du Sud et du Nord (92% dont 47%), la formation des agriculteurs aux techniques agroécologiques (92% dont 48%) et l instauration d un système de taxation plus favorable ou incitatif pour les produits issus de l agro-écologie (79% dont 34%) font aussi partie des possibilités envisagées. L incitation à l utilisation d OGM (34% l identifient comme un moyen d action important) et la réduction des surfaces des forêts pour cultiver plus de terres (24%) participent peu en revanche selon eux au développement de l agro-écologie. DES HABITUDES DE CONSOMMATION RESPONSABLE ANCRÉES DANS LA VIE QUOTIDIENNE DES FRANÇAIS Selon leurs propres dires, les Français consomment «responsable». En effet, la très grande majorité d entre eux adopteraient déjà ces comportements de consommation : ils éviteraient de gaspiller (80% le feraient déjà), consommeraient uniquement des fruits et légumes de saison (68%) ou feraient attention à favoriser des circuits courts (54%). Notons que cette dernière habitude s installe progressivement, avec plus d un répondant sur quatre (26%) déclarant l envisager sérieusement, peut-être en raison de densification du réseau des Amap (Associations pour le Maintien d une Agriculture Paysanne) et la multiplication de ce type d initiatives (La Ruche qui dit oui!, Mon panier bio, Locavor, etc.). La baisse de la consommation de viande (46%) et la consommation du bio (35%) restent des pratiques moins répandues, mais en progression cette année (+3 points pour les deux). Les Français partagent davantage cette année le sentiment d une dégradation de la situation de la faim dans le monde. Face à cela, ils identifient deux possibilités : privilégier le modèle agricole de petits exploitants, et développer l agro-écologie. Cette alternative demeure en revanche insuffisamment soutenue par les pouvoirs publics, dans les pays du Nord comme du Sud. Pour eux, encourager l agro-écologie passe avant tout, au niveau politique, par le contrôle des multinationales de l agroalimentaire et l interdiction des intrants chimiques. De leur côté et à leur échelle, ils semblent sensibilisés au problème du gaspillage alimentaire, au danger des pesticides et à l enjeu de la juste rémunération au producteur en déclarant «consommer responsable». 6
LA SITUATION DE LA FAIM UN BILAN QUI S ASSOMBRIT DE NOUVEAU DANS LE MONDE 7
POUR QUATRE FRANÇAIS SUR DIX, LA SITUATION DE LA FAIM DANS LE MONDE A TENDANCE À S EMPIRER QUESTION Concernant la faim dans le monde, vous personnellement, avez-vous le sentiment que, ces dernières années, la situation s améliore, se dégrade ou qu elle n évolue pas vraiment? Elle s améliore 11% 18-24 ans : 20% Sympathisant de gauche : 15% Hommes : 14% (-3)* Elle n évolue pas vraiment 47% (=)* (+3)* 42% Elle se dégrade *Évolutions par rapport à la vague 2015 8
UN SENTIMENT DE DÉGRADATION QUI REPART À LA HAUSSE APRÈS LA FORTE BAISSE DE 2015 QUESTION Concernant la faim dans le monde, vous personnellement, avez-vous le sentiment que, ces dernières années, la situation s améliore, se dégrade ou qu elle n évolue pas vraiment? ÉVOLUTION DES SENTIMENTS VIS-À-VIS DE LA SITUATION DE LA FAIM DANS LE MONDE 48% 46% 58% 37% 49% 45% 52% 56% 40% 39% 50% 43% 50% 41% 47% 47% 39% 42% 14% 7% 8% 5% 4% 4% 3% 6% 11% 1% 0% 1% 1% 2% 1% 2% 0% 2007 2008 2009 2010 2012 1% 2013 2014 2015 2016 9
LES ACTEURS LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LES INSTANCES INTERNATIONALES, DES ACTEURS DE CONFIANCE POUR LUTTER CONTRE LA FAIM DANS LE MONDE 10
LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LES INSTANCES INTERNATIONALES TOUJOURS LARGEMENT EN TÊTE DES ACTEURS EN QUI L ON A CONFIANCE POUR LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ QUESTION Pour lutter contre la pauvreté et la faim dans le monde, à qui faites-vous le plus confiance? Une seule réponse possible A la société civile (ONG, associations, syndicats, mouvements populaires, organisations paysannes, etc.) 51% (-2) Aux instances internationales de l'onu comme la FAO ou le Programme alimentaire mondial 35% (+5) Aux entreprises multinationales 5% (+1) Aux gouvernements des pays du Sud 4% (=) Aux gouvernements des pays du Nord 4% (-1) Ne se prononce pas 1% 11
LA SPÉCULATION, RESPONSABLE DE LA FAIM DANS LE MONDE, NETTE HAUSSE DU CHANGEMENT CLIMATIQUE (SUITE À LA COP21?) QUESTION Parmi les propositions suivantes, quelles sont, selon vous, les principales causes de la faim dans le monde? Deux réponses possibles 41% (-1) Sympathisant du Front de Gauche : 56% 65 ans et plus : 53% Commune rurale : 47% La spéculation des marchés financiers sur les produits agricoles 33% (+1) 31% (+5) Le gaspillage alimentaire des consommateurs dans les pays du Nord 25 34 ans : 45% Ouvrier : 43% CSP+: 39% Les impacts du changement climatique 23% (-1) Les pays du Sud qui investissent peu ou mal dans leur agriculture Sympathisant de droite : 36% 18 24 ans: 32% 21% (=) Les acquisitions des terres agricoles dans les pays du Sud par les entreprises privés 18% (-2) Les pays du Nord qui favorisent une agriculture industrialisée qui concurrence les petits agriculteurs des pays du Sud Sympathisant de gauche: 25% 8% (-1) Rien de tout cela Total supérieur à 100% car plusieurs réponses étaient possibles 12
L ACTION DES MULTINATIONALES NE BÉNÉFICIE TOUJOURS PAS AUX POPULATIONS DU SUD D APRÈS LES FRANÇAIS QUESTION Pensez-vous que les activités des multinationales de l agroalimentaire dans les pays du Sud bénéficient aux populations locales? ST NON 84% (+2) 26% 1% 3% 12% ST OUI 15% (-1) 65 ans et plus : 92% (+1)* 25 34 ans : 27% (-2)* Sympathisant FN : 22% (-1)* CSP-: 20% (+3)* 58% Oui, tout à fait Oui, plutôt Non, pas vraiment Non, pas du tout Ne se prononce pas *Évolutions par rapport à la vague 2015 13
AU POINT QU EN 2016, LES TROIS QUART D ENTRE EUX SE DÉCLARENT EN FAVEUR D UN CONTRÔLE DE LEUR ACCÈS AUX RESSOURCES DE CES PAYS QUESTION A votre avis, l Etat devrait-il réglementer et contrôler l accès des multinationales françaises aux ressources naturelles des pays du Sud? ST NON 24% (-1) Sympathisant de droite : 36% 35 49 ans : 30% 18% (=)* 6% (-1)* 1% (-3)* (+5)* 26% ST OUI 75% (+4) Sympathisant Front de Gauche : 95% 18 24 ans : 85% (-1)* 49% *Évolutions par rapport à la vague 2015 Oui, tout à fait Oui, plutôt Non, pas vraiment Non, pas du tout Ne se prononce pas 14
LE MODÈLE D AGRICULTURE À AGRO-ÉCOLOGIE ET AGRICULTURE DE PETITS EXPLOITANTS, DES MODÈLES À PRIVILÉGIER PRIVILÉGIER POUR DEMAIN 15
L AGRICULTURE DE PETITS EXPLOITANTS EST PERÇUE COMME LE MODÈLE D AGRICULTURE LE PLUS SOUTENABLE QUESTION Quel modèle d agriculture faut-il selon vous développer en priorité pour nourrir le mieux possible l humanité d ici 2030? Une agriculture industrielle 10% 18-24 ans : 17% Ouvrier : 16% Sympathisant Les Républicains: 16% Une agriculture de petits exploitants 89% Communauté rurale: 95% 50 64 ans: 94% 1% Ne se prononce pas 16
UNE OPINION QUI SE CONSOLIDE CES QUATRE DERNIÈRES ANNÉES QUESTION Quel modèle d agriculture faut-il selon vous développer en priorité pour nourrir le mieux possible l humanité d ici 2030? ÉVOLUTION DES OPINIONS SUR LE MODÈLE D AGRICULTURE À PRIVILÉGIER POUR DEMAIN 81% 83% 87% 89% 16% 14% 12% 10% 2013 2014 2015 2016 Agriculture industrielle Agriculture de petits exploitants 17
LES BÉNÉFICES À LONG TERME DE L AGRO-ÉCOLOGIE SONT BIEN IDENTIFIÉS QUESTION Selon vous, l agro-écologie peut-elle être une solution d avenir pour? Nouvelle question ST OUI Permettre à tous d'avoir accès à une nourriture saine 43% 44% 11% 2% 87% Réduire la pauvreté rurale 30% 45% 21% 4% 75% Lutter contre le changement climatique 31% 39% 24% 6% 70% Lutter contre la faim dans le monde 28% 40% 26% 6% 68% Oui, tout à fait Oui, plutôt Non, pas vraiment Non, pas du tout 18
MAIS CETTE ALTERNATIVE EST INSUFFISAMMENT SOUTENUE PAR LES POUVOIRS PUBLICS POUR LA MAJORITÉ DES FRANÇAIS QUESTION Et avez-vous personnellement le sentiment que l agro-écologie est une alternative suffisamment soutenue par les pouvoirs publics? Nouvelle question Sur le territoire français, afin d inciter Dans les pays du Sud, en développant et aider les agriculteurs à changer de modèle une politique de soutien des pratiques agro- écologiques pour les petits paysans ST NON 64% 19% 13% ST OUI 36% ST NON 62% 18% 13% ST OUI 38% 23% 25% 45% 44% Oui, tout à fait Oui, plutôt Non, pas vraiment Non, pas du tout 19
CONTRÔLER LES MULTINATIONALES ET INTERDIRE L USAGE DES INTRANTS CHIMIQUES, SOLUTIONS LES PLUS FERMEMENT SOUTENUES PAR LES FRANÇAIS QUESTION Selon vous, quels sont les moyens d action les plus importants pour encourager l agro-écologie? Nouvelle question Réorienter l'aide publique vers les petits exploitants et les pratiques écologiques, dans les pays du Nord comme du Sud Davantage contrôler et encadrer les pratiques des multinationales de l'agroalimentaire Former les agriculteurs aux techniques agroécologiques Interdire l'usage des intrants chimiques (pesticides, engrais) Proposer un système de taxation plus favorable, ou incitatif, pour les produits issus de l'agro-écologie Inciter les agriculteurs à utiliser des OGM pour avoir des cultures plus résistantes aux intempéries ou aux insectes 11% 34% 47% 48% 23% 59% 57% 25% 45% 45% 44% 33% 33% 41% 6% 2% 6% 2% 7% 1% 8% 2% 16% 5% ST OUI 92% 92% 92% 90% 79% 34% Réduire la surface des forêts pour cultiver plus de terres 10% 14% 27% 49% 24% Très important Plutôt important Plutôt pas important Pas du tout important 20
LA CONSOMMATION RESPONSABLE DES HABITUDES DE CONSOMMATION RESPONSABLE ANCRÉES DANS LA VIE QUOTIDIENNE DES FRANÇAIS 21
D APRÈS LEURS PROPRES DIRES, LES FRANÇAIS CONSOMMENT RESPONSABLE QUESTION Pour agir contre la faim dans le monde et protéger l environnement, seriez-vous prêt à changer vos comportements de consommation en? Evitant de gaspiller (acheter de plus petites quanités, ne pas jeter de nourriture non consommée, etc.) Consommant uniquement des fruits et des légumes de saison (pas de fraises en hiver par exemple) 68% 80% 17% 12% 5% 2% 9% 5% ST OUI 1% 97% (+1) 1% 94% (=) Faisant attention à favoriser les circuits courts, c'est-à-dire consommer des aliments produits près de chez vous 54% 26% 14% 6% 94% (=) N'utilisant pas de pesticides chimiques dans mon jardin Item filtré sur les personnes possédant un jardin (n= 647) 73% 11% 9% 7% 93% (nouvel item) Consommant plus de produits issus de l'agriculture biologique 35% 20% 22% 22% 1% 77% (+3) Consommant moins de viande 46% 16% 14% 24% Oui, et je le fais déjà Oui, je l'envisage sérieusement Oui, j'y pense Non Ne se prononce pas 76% (+3) 22
CONTACTS CSA Research Christelle FUMEY Directrice adjointe du pôle Society christelle.fumey@csa.eu Abigaïl VACHER Chargée d études, pôle Society abigail.vacher@csa.eu 23