Dire au cycle 2 I] Savoir Entre 6 et 11ans, l enfant est capable d attention, d effort, de mémoire volontaire, de raisonnements logiques. Les classifications et les sériations se mettent en place. Il acquiert la notion de causalité, comprend les invariants du réel. Il manifeste un certain degré d abstraction et il est capable d envisager des évènements qui surviennent en dehors de sa propre vie et commence à conceptualiser et de créer des raisonnements logiques qui nécessitent un rapport direct au concret. L objectif essentiel est d améliorer les compétences langagières de l enfant tout en enrichissant son bagage linguistique : le langage est l objet et l instrument du développement de l enfant. A/ Les actes de langage Le langage ne sert pas seulement à raconter et à décrire. Il sert aussi à faire des demandes, à donner son avis, à démontrer, à porter un jugement, à remercier Effectuer un acte de langage, c est réalisé un acte précis : annoncer un fait, refuser un requête à l oral comme à l écrit. Il a un objectif que l on peut distinguer de son résultat : par exemple, une demande peut échouer si le locuteur ne s exprime pas correctement Les actes de langage concernent tous les aspects de la vie quotidienne. Ils peuvent être : Des actes sociaux : établir un contact, se présenter, s excuser, donner son avis etc. Des actes concernant la communication : informer, nommer, définir, classifier, expliquer, résumer, donner des consignes B/ Les conduites discursives Apprendre à maîtriser la compétence langagière orale, c est être capable de tenir une conduite discursive adaptée en choisissant le lexique et la syntaxe convenant au type de discours et en fonction de la situation dans laquelle on se trouve. Il y a 6 grands types de conduites discursives : Raconter ; Décrire et dénommer ; Expliquer, informer, exposer ; Prescrire ; Convaincre, réfuter, justifier ; Demander, interroger. C/ Pourquoi les enjeux de l oral sont-ils considérables au C2? La maîtrise de l oral est indispensable pour :
S exprimer en tant qu individu ; Construire son savoir car l apprentissage, la compréhension et la mémorisation font intervenir le langage oral ; Apprendre la citoyenneté. Enjeux sociaux. Mieux lire et écrire. Le langage est essentiel pour le développement de l élève car il est intégré à toutes les activités de l école et car il permet l acquisition d autres compétences. Il faut développer des activités de réception (écouter, lire) et de production (parler, écrire : il faudra alors distinguer production personnelle et interaction). D/ Les troubles du langage Dépistage de ces troubles au début du C2. Les enfants qui présentent un trouble du langage peuvent être : Des petits parleurs : cela est lié à la personnalité, aux affects, à la confiance en soir, aux habitudes Des enfants en sous-stimulation langagières qui ne possèdent pas le vocabulaire ou la syntaxe suffisants (milieu socioculturel et/ou affectif peu stimulant). Devant un élève qui parle mal, on va évaluer : Le niveau de trouble : phonologique, syntaxique, sémantique ou pragmatique ; Si le trouble touche l expression, la compréhension ou les deux (GS). Le retard de langage : Le retard de la parole : les mots peuvent être déformés : crain pour train, pestacle pour spectacle... ou tronqués : ta pour table. L enfant ne présente pas de difficultés d élocution. Le retard de langage : souvent associé au retard de parole : atteinte de la structure de la phrase qui se situe au niveau psycholinguistique. Le langage de l enfant correspond à celui d un enfant plus jeune (premiers mots prononcés tardivement, «je» après trois ans). Inversement de l ordre des mots, utilisation erronée des pluriels, conjugaisons et déterminants. L enfant communique bien avec son entourage et n a pas de trouble de compréhension. La plupart du temps, l enfant sait reconnaître si le mot est bien ou mal prononcé, mais il ne sait pas le reproduire correctement. Le retard de langage simple ne persiste pas après 6 ans. La conduite à tenir est variable selon l âge : Si retard persiste après 3 ans et que l enfant ne va pas en maternelle, il faut conseiller la scolarisation ; Le moment le plus favorable pour une rééducation mixte du langage et de la parole est entre 5 et 6 ans. Les dysphasies :
Pathologie qui touche 1 à 2% des enfants (plus les garçons que les filles). Les enfants parlent peu ou mal, leurs énoncés sont pauvres, ils font des erreurs syntaxiques et grammaticales. Parfois, à l inverse, les élèves sont prolixes, mais leu discours est peu cohérent, sans respect de l ordre. La seule distinction entre retard simple et dysphasie réside dans le fait que l un se résorbe et pas l autre. Cette pathologie perturbe la vie sociale de l enfant et interfère avec la structuration et le développement cognitif. Progressions et évaluation : On visera à développer des situations de communication : Ecouter attentivement : demander des explications, répondre à bon escient ; Exposer son point de vue : formuler une idée personnelle ; Prendre la parole dans un débat : donner ses arguments personnels, oser prendre la parole ; Et des activités de structuration : D un point de vue lexical : précision, variété ; D un point de vue syntaxique : phrases plus complexes, utilisation de connecteurs, emploi correct des temps ; D un point de vue pragmatique : registre de langue adapté, discours adapté (descriptif, narratif ), respecter une chronologie. II] Pistes pédagogiques A/ Un apprentissage global Dès le C2, l élève doit développer une attitude réflexive sur la langue. La programmation des activités langagières tiendra compte des différentes situations d apprentissage. La vie en communauté : une initiation à la citoyenneté peut être menée via des débats (le professeur reste le meneur et distribue la parole). L oral, objet d apprentissage : les élèves apprennent à communiquer, à maîtriser des genres, à structurer leur langage et à développer leur autonomie. L enseignant recourt au dialogue didactique autour des apprentissages pour structurer les connaissances. Le langage d évocation est toujours prioritaire : rappels d évènements, rappels de récit, développement des conduites explicatives. L oral, moyen d apprentissage : les élèves apprennent par la verbalisation et les interactions (dans toutes les disciplines). Le professeur doit être exigeant sans toutefois remettre en question systématiquement une prononciation, une formulation approximative ou inexacte, surtout si le propos est compréhensible. Les projets d école et de classe permettent de mettre les élèves en situation concrète d apprentissages langagiers.
B/ En lecture L oral se développe en lecture pour favoriser les stratégies de compréhension : L enseignant lit des textes à voix haute. L oral permet la compréhension des textes par questionnement sur l implicite, les mises en relation. Il faut que les élèves expliquent leurs stratégies après avoir répondu aux questions. L enrichissement lexical est nécessaire : employer des mots nouveaux et discuter de leur sens. La lecture d images. Dire des textes : importance de la mémorisation de textes lus, en vers ou en prose. La mémorisation se fait après une réflexion sur la compréhension du texte. Accent mis sur la lecture à voix haute et le théâtre. La dictée à l adulte permet à l enfant de comprendre le fonctionnement de l écrit. La lecture à haute voix : l élève doit pouvoir mémoriser une dizaine de textes en prose, ou des poèmes et les restituer oralement en les interprétant (ton, rythme, voix et corps). Aide pour réciter une poésie : Parler fort ; Parler distinctement ; Mettre l intonation, être expressif. Mémoriser un texte pour le restituer n exige pas les mêmes aptitudes selon que l on soit lecteur ou non-lecteur. En début de CP, l élève aura besoin d être aidé par une imprégnation des textes (lus et relus par le PE), puis plus tard, quand il sera autonome en lecture, il faudra l aider à apprendre. Plusieurs situations peuvent être mises en place pour aider à la mémorisation (appel aux mémoires visuelles, auditives et/ou kinesthésiques) : Proposer une image pour chaque vers ; Texte à trous ; Ecrire le texte au tableau et effacer progressivement quelques mots jusqu à effacer tout le texte ; Enregistrement des textes étudiés (permet de travailler l expressivité) ; Jouer, mimer le texte. Dire et lire avec des albums : la lecture d album comprend une approche globale, elle ne se limite pas à la découverte de l histoire. Une séquence construite avec un album intègre des séances de lecture, des séances d oral, d écriture et de structuration de la langue. L interaction verbale entre pairs, avec l enseignant est importante. L enfant apprend à formuler une lecture entendue avec ses propres mots. Le PE suscite des débats sous forme de réflexions collectives sur l interprétation des textes littéraires (débat interprétatif). L élève est susceptible de vérifier dans le texte ce qui est interdit ou permet l interprétation soutenue.
La prise de parole est importante mais l écoute aussi doit l être. Elle demande à l enfant de l attention et de la concentration. Il pourra ainsi prendre la parole à bon escient ; l écoute se développe, se travaille. Voici des propositions d activités permettant de travailler l écoute au CE1 :
Il faut varier les situations : travail individuel, collectif, en groupe. De plus, il faut que ce soit des situations qui correspondent à un besoin et dans lesquelles l élève se sent impliqué. Dire de la poésie : propositions d activités générales : Fréquenter des recueils (activité de lecture) : o Choisir un recueil parmi ceux proposés ; o Déambuler dans le livre choisi, justifier son choix en argumentant ; o Choisir un poème, une phrase, un vers, un mot que l on a aimé et le commenter. Mise en voix : o Confronter des lectures communes (même auteur, même texte, même recueil) ; o Constituer une «boîte» de poésies choisies par les élèves : un poème est pioché et lu ; o Diction, mémorisation d un poème ; o Lecture à voix haute, à plusieurs. Ecouter des poèmes : o Ecouter un poème et proposer un mot, un vers, une expression retenus ; o Exprimer son sentiment à l écoute d un poème. C/ L enseignement des «genres oraux» Il est intéressant de travailler sur les pratiques sociales de l oral : explications de recettes, pratiques liées au débat, lecture à haute voix du PE. La discussion à plusieurs permet un échange exploratoire : élaboration de points de vue qui peuvent changer. Ces genres oraux ne devront être maîtrisés qu au C3. Exemple : apprendre à expliquer D/ Evaluations des activités langagières Définir la (les) compétence(s) à évaluer ; Rechercher les indicateurs de maîtrise pour observer les productions verbales (l élève est-il capable : d écouter? de prendre en compte la parole de l autre? de formuler des problèmes à résoudre? de hiérarchiser ses idées? d employer un vocabulaire adapté? d argumenter? de justifier ses choix? de formuler un raisonnement? Construire sa grille en fonction de la démarche d apprentissage et terminer de la remplir a posteriori, lorsque les occurrences apparaissent chez l enfant
Bibliographie : DEDET J.M, 50 activités à l école de l oral du cycle 1 au cycle 3, CRDP Midi-Pyrénées, 2003 DELAFONT A., Des images à parler, à lire, à écrire : cycle 1, cycle 2, cycle 3, CRDP Lille, 1996 LABENNE J., HOUBRON G., Pratiquer la langue orale cycle 2, CRDP, Nord-Pas-de-Calais, 2003 MAIRAL C., BLOCHET P., Maîtriser l oral, Magnard, 1999 NICOLAS C., MESMIN P., Activités d oral CP cycle 2, Bordas, 2002 NICOLAS C., MESMIN P., Activités d oral CE1 cycle 2, Bordas, 2002 SANCHIS S., Comptines et poèmes à dire et à créer, cycles 1 et 2, Retz, 2001