AUBERGINE. Solanum melongena L. ORIGINE SOL ET CLIMAT PLACE DANS LA ROTATION FICHE TECHNIQUE EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Documents pareils
Les méthodes de luttes : De la protection «systématique» à la Protection Intégrée (P.B.I.)

BULLETIN de SANTE du VEGETAL Franche-Comté

Fiche Technique. sur l itinéraire de fertilization de la Pomme de terre. (Solanum tuberosum L.) au Cameroon

Informations techniques sur la culture de l ananas

2. Les auxiliaires de culture

vérifiez leur compatibilité avec nos auxiliaires sur notre site web Bulletin d information sur les cultures fraises Stratégie IPM pour les fraises

Fertiliser le maïs autrement

Contacts. Juin 2014 CONSEILS DE SAISON

Auxiliaires. Vue d ensemble les ravageurs et leurs ennemis naturels

FICHE TECHNIQUE SUR LA FERTILISATION DE LA PASTEQUE

BILAN DE LA CAMPAGNE 2014

Comment concevoir son lit biologique

Fiche Technique. Filière Maraichage. Mais doux. Septembre 2008

Valérie Roy-Fortin, agr. Bio pour tous! - 6 mars 2015

Sorgho grain sucrier ensilage L assurance sécheresses

RÉSULTATS DE L OBSERVATOIRE TECHNICO-ÉCONOMIQUE DU RAD Synthèse Exercice comptable 2010

Moyens de production. Engrais

CHOU BIOLOGIQUE. Evaluation d aménagements floristiques sur la répartition intra-parcellaire des auxiliaires

Comment utiliser les graines de soja à la cuisine

RESULTATS DE L ESSAI VARIETES D ORGES D HIVER EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE CAMPAGNE

Problématiques et solutions de la saison 2010: insectes et acariens

NOP: Organic System Plan (OSP) / EOS: Description de l Unité Information et documents requis

Produire avec de l'herbe Du sol à l'animal

FICHE TECHNIQUE AGRICULTURE BIOLOGIQUE Rotation. Préparation du sol. Semis

ÉVALUATION DU TYPE DE DOMMAGE CAUSÉ PAR LA PUNAISE PENTATOMIDE VERTE, ACROSTERNUM HILARE (SAY) SELON LE DÉVELOPPEMENT DES FRUITS

Le printemps et l été du compost

Conseil Spécialisé fruits et légumes

TCS, strip-till et semis direct

Evaluation de cépages résistants ou tolérants aux principales maladies cryptogamiques de la vigne

La production de Semences potagères

FICHE TECHNIQUE. Méligèthe du colza. Comment le reconnaître? Numéro de commande 1484, Édition pour la Suisse, Dernière actualisation

Fiche technique. Comment lutter contre les nématodes parasites des cultures maraichères par la solarisation?

Journées portes ouvertes ECOPHYTO

FICHE TECHNIQUE AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Produire en grand tunnel multichapelle ou en serre froide individuelle Quelle structure choisir?

Recettes maison contre les ravageurs et les maladies par M. Jean-Claude Vigor

VITICULTURE 2012 V 12 / PACA 02 STRATEGIE D APPLICATION DU CUIVRE EN VITICULTURE

La lutte intégrée contre les ravageurs de sol en grandes cultures. Geneviève Labrie

COMMENT CONSTRUIRE UN CRIB A MAÏS?

BULLETIN DE SANTÉ DU VÉGÉTAL PAYS DE LA LOIRE >>> MARAICHAGE

Environnement, économie, société : le maïs sur tous les fronts

Stratégies gagnantes dans la lutte contre certains insectes ravageurs des cultures maraichères biologiques. Jean Duval, agronome

CRITERES D EXAMEN DE VARIETES EN VUE DE LEUR ADMISSION AU CATALOGUE POMMES DE TERRE (Solanum tuberosum L.) - 13/12/2013

Rotations dans la culture de pomme de terre : bilans humiques et logiciel de calcul

Nouveau. TRIMAXX, le raccourcisseur qui en fait un MAXX.

Petits fruits Bulletin d information No mai 2013 PUNAISE TERNE. Description. Identification


Placettes vers de terre. Protocole Fiche «Description spécifique» Fiche «Observations»

Devenez point de chute d une ferme du réseau québécois d agriculture soutenue par la communauté (ASC)

Guide des auxiliaires indispensables : Aphelinus mali, punaises prédatrices et acariens prédateurs

Tétranyques à deux points: stratégies de contrôle

CHAPITRE 8 PRODUCTION ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT

Bien choisir sa variété de maïs ensilage

COMPTE RENDU. Journée semis direct dans le Béarn

Caisse Nationale de Mutualité Agricole

Résumé du suivi phytosanitaire du canola au Centre-du-Québec de 2009 à 2011

Quelques éléments de bibliographie :

ESSAI DE CONDUITE DE L'AVOCATIER EN HAIE FRUITIÈR E

Ne laissez pas le mauvais temps détruire le fruit de votre travail!

Petit conservatoire dans un jardin des Collines du Paradis

Juillet Août Bon jardinage et bon début de récolte!

Partie V Convention d assurance des cultures légumières

Permet plus de souplesse au niveau du raisonnement de la lutte contre les organismes nuisibles

UNE MEILLEURE CONNAISSANCE

La plaque composite nora Lunatec combi

Bilan Carbone des interventions viticoles

Contre les Insectes en Général

Note récapitulative : culture de Taillis à très Courte Rotation (TtCR) de saules

Une espèce exotique envahissante: Le Roseau commun. ou Phragmites australis

Ce qu'il faut retenir

Contexte : Objectif : Expérimentation :

Surveillance et suivi d un émergent en Alsace Anoplophora glabripennis

LE MAÏS Famille : Graminées Nom latin : Zea mays Nom malgache : Katsaka 1. BUTS DE LA CULTURE

VI) Exemple d une pépinière de plantes ornementales.

COMMUNE DE PONT A MARCQ CAHIER DES CLAUSES TECHNIQUES PARTICULIERES

NOTICE TECHNIQUE SSC : Système Solaire Combiné eau chaude sanitaire / appui chauffage maison / appui eau chaude piscine

mon maïs fourrage, (GNIS) rassemble toutes les parties prenantes de la filière semences française, soit 72 entreprises de sélection,

Nourrir les oiseaux en hiver

A vos cultures

Principes généraux de la lutte intégrée sur cultures maraîchères en Polynésie française

Résultats et impacts

LIVRET DE PRESENTATION

Maïs Inoculants LE CATALOGUE PIONEER 2015

CONFÉRENCE. Grande culture biologique et semis direct. Les essais Rodale. Conférence présentée au cégep de Victoriaville, le 28 février 2013

Un peu d histoire. Lutte biologique. Que retirer de l expérience des producteurs de légumes de serre?

Annexe A : Tableau des exigences

Alpes de Haute-Provence. Jardiner pesticides. La pratique des méthodes bio au potager

1 cadre. 3 c 5 c. 7c 9 c. Actu Api n 19

Grandes cultures Engrais liquides ou granulaires?

Conventions de calcul pour la réalisation des cas types en agriculture biologique

Qualités nutritives des salades. DOSSIER SPéCIAL BIO F R C magazine FéVRIER 2010 N O 25. Quand la météo s en mêle

Guide de Terrain - Première ronde

Etat des lieux octobre 2006: Classe à PAC : Etude de l écosystème «mare» avec les élèves de 6 ème Mauve.

16 insecticides naturels et sans risque

Normes internationales pour les mesures phytosanitaires (NIMPs)

Les abeilles à Bruxelles Défis et opportunités

ANNUELLES GERMINATION D ÉTÉ

La culture de la fraise à jours neutres

RADICAL. Guide. pratique

SALLE DE BAIN, DOUCHE, PLAN DE TRAVAIL CUISINE, PISCINE... Collage et jointoiement. L Epoxy facile

Transcription:

FICHE TECHNIQUE EN AGRICULTURE BIOLOGIQUE AUBERGINE Solanum melongena L. SOLANACEES (famille de la tomate, pomme de terre, piments & poivron, physalis, etc ) ORIGINE L aubergine est originaire d Asie (Inde, Birmanie) ; sous nos climat, c est une plante annuelle, alors qu elle est pérenne en climat tropical, voire en région méditerranéenne méridionale (Grèce, Maroc) dans certaines conditions de non-gel. SOL ET CLIMAT L aubergine est relativement exigeante en éclairement, probablement au regard de son origine écologique (culture très développée en Extrême-Orient). Elle est également exigeante en chaleur et s avère très sensible au vent. En hiver, l étiolement de la plante peut être maîtrisé par une taille adéquate et par une réduction de l alimentation en eau et en azote. Cela explique son bon comportement en serre de zone très septentrionale comme en Hollande. Ses exigences en eau sont importantes et nécessitent un dispositif d irrigation (consommation estimée à 2,5 litres d eau/plante à la fructification ; besoins évalués à 6000-7000 m3/ha). Zéro végétatif à 12-13 C (végétation) et 15 C (racines), croissance, production de pollen et fructification optimales entre 15 et 30 C. Une bonne nouaison est assurée en contresaison lorsque sont réunis les facteurs de fertilité florale (bonne production de pollen, utilisation de bourdons) ou existe une aptitude naturelle à la parthénocarpie (fructification sans fécondation). La préférence sera donnée aux sols profonds se réchauffant vite et se ressuyant bien. La plante a un bon comportement aux concentrations salines relativement élevées (2,5 g de NaCl pour 1000). PLACE DANS LA ROTATION Les précédents de la même famille sont à éviter. Par exemple, une rotation courte derrière une culture de tomate augmente les risques d attaque par les acariens. En revanche, l aubergine valorise bien la matière organique et on pourra la positionner en 1 ère ou 2 ème position derrière une fumure de fond. A.D.A.B. Aubergine Fiche technique en agriculture biologique année 2001 1

TYPES VARIETAUX Les variétés fixées, anciennement cultivées en pleine terre (Violette de Barbentane, Ronde de Valence) ont cédé la place, pour les cultures abritées, aux hybrides F1 d obtention plus récente, présentant une meilleure capacité de nouaison en culture protégée offrant ainsi une meilleure précocité, voire une aptitude à un développement parthénocarpique du fruit ainsi qu une végétation réduite : Variétés à fruits demi-longs à intermédiaires pour culture de serre ANET, COSMOS, DOBRIX, ORION, LUNAR Variétés à fruits demi-longs à intermédiaires pour culture sous tunnel et de plein champ ANET, VERNAL (tolérante aux mosaïques du tabac et du concombre), ESTIVAL, BERINDA (bon comportement au greffage), MADONNA (bon comportement au greffage), TELAR, MISTRAL, MILEDA, LONGO, BONICA, GALINE Variétés à fruits longs pour culture de plein champ TELAR, MISTRAL, MILEDA, LONGO Variétés à fruits ovoïdes de pleine terre BONICA (nouaison correcte ; tolérante aux mosaïques du tabac et du concombre), GALINE (tendance parthénocarpique) Une seule variété est actuellement disponible en bio : FALCON F1 (Vitalis). PREPARATION DU SOL Le travail du sol consiste en un labour ou bêchage à 20-25 cm suivi de façons superficielles, mais limitées le plus possible. Actuellement, une technique est à l étude (méthode Wens - Mussler) consistant à travailler le sol avec des outils à dents sur une faible profondeur (10-15 cm), en association avec une planche haute permanente. INSTALLATION DE LA CULTURE Semis - Modalité : Soit semis en terrine sur terreau désinfecté à la vapeur ou vermiculite (poudre de roche), soit semis direct en motte ou minimotte (levée en 8 jours à 28-30 C, en 10 jours à 25 C). - Dates : Pour culture sous serre et grand tunnel, semis en janvier/mi février, repiquage début mai Pour culture sous petit tunnel, semis en février/début mars, Pour culture en plein champ, semis fin mars/début avril. - Quantité de semences : 11 000 à 16 500 graines par hectare. Repiquage et élevage du plant Le repiquage intervient 8 à 10 jours après la levée au stade de deux cotylédons étalés/1 ère feuille émergente. Il est réalisé en motte ou en godet. - Température d élevage 20 C puis 18 C, minimum 16 C, écart maximum jour/nuit : 8 à 10 C. - Densité d élevage : 16 à 24 plants/m². A.D.A.B. Aubergine Fiche technique en agriculture biologique année 2001 2

Une semaine avant plantation, la température de nuit sera réduite progressivement (8-12 C) pour durcir les plants destinés à la culture de pleine terre ou à la culture protégée à froid. En cas de nécessité, un greffage sur le modèle de la tomate sera pratiqué : sectionnement des deux hypocotyles en biseau et ajustement de la partie basale de l hypocotyle du porte-greffe (KNVF ou similaire) et de la partie supérieure de la variété à cultiver avec pose d une pince de greffage. Egalement, possibilité d un greffage par sectionnement horizontal des deux sujets et pose d une aiguille en céramique. Plantation Système de culture(*) Date de mise en place Distance entre rangs Pleine terre Mai-15 juin Double rang à 1,4 m Rangs simples à 0,7 m Petit tunnel Avril Rangs jumelés à 0,5 m Double rang à 1,65 m Serre et grand 15 mars-15 avril tunnel froid Début mai en Rhône-Alpes (*) Application au sud de la France. Distance des plants sur le rang 0,7 m (paillage noir) 0,7 m en quinconce (paillage noir) 1,2 m 0,45 m (paillage blanc) Densité de plantation 1,3 plants/m² 1,4 plants/m² 1,8 plants/m² CONDUITE DE LA CULTURE Soins culturaux En grand tunnel et serre Au-dessous de 10 C, la fécondation des fleurs se fait mal, entraînant des difficultés de nouaison puis la déformation des fruits. La taille est raisonnée en fonction de la date de plantation et de l objectif de précocité : le maintien d une seule ramification favorise la précocité, le maintien de 2 ou 3 ramifications permet une augmentation du nombre de fruits (palissage horizontal des plantes). Sous petit tunnel Système à rapprocher de celui du plein champ (l abri utilisé en protection temporaire assure un gain de précocité de 10 à 15 jours en fonction de la date de plantation). Adoption d une forme pyramidale favorisant la précocité par ébourgeonnage des plantes au-dessous de la première ramification-maître. Comme en plein champ, il convient d assurer un tuteurage individuel des plantes après retrait du film de protection temporaire au terme d un mois de culture. Plein champ La taille, possible mais pas obligatoire en plein champ, permet d augmenter la précocité. Elle consistera à ébourgeonner la base de la tige jusqu au niveau de la première fleur, à ne conserver que 4 à 5 branches. Les plantes ne sont pas palissées ou sont palissées sur le rang. Remarque : lorsque plusieurs fleurs se développent simultanément (ou à quelques jours d intervalle) au même endroit, il est important de ne garder que la fleur principale. En effet, les fleurs secondaires, plus petites, peuvent produire des fruits décolorés. A.D.A.B. Aubergine Fiche technique en agriculture biologique année 2001 3

Amélioration de la nouaison Pour l aubergine, les deux organes mâles et femelles sont portés par la même fleur et la fécondation peut être réalisée par les insectes pollinisateurs ou par action mécanique (vibrage). Les défauts majeurs de nouaison rencontrés sont : - l avortement et la chute de la fleur (tout au long de la culture), - le fruit qui ne se développe pas normalement et donne un fruit «bouchon» (petit, creux et mal formé) : surtout pour les premiers fruits. Mais la qualité de nouaison va être influencée par le climat (bien aérer les serres), les températures (basses ou élevées) et l hygrométrie. La charge en fruits, le confort nutritionnel de la plante en eau et en éléments minéraux optimiser la fertilisation azotée (pas d excès), le contrôle de sa vigueur et l activité des pollinisateurs sont également des facteurs de fluctuation. Sous abri froid, il n est pas possible de beaucoup jouer sur le climat, sauf en étant raisonnable sur les dates de plantation et en gérant bien l aération de l abri. Le rayonnement et son intensité joueront sur le fonctionnement de la plante sans que l on puisse l influencer, sauf par le choix des plastiques. Néanmoins, on peut intervenir sur la nouaison et ses effets en choisissant du matériel végétal ayant une bonne aptitude naturelle à la nouaison (variétés BONICA, GALINE), à vigueur suffisante mais non excessive, et en jouant sur la charge de fruits. En effet, il semblerait que le seuil de 10 fruits de tous stades sur une même plante soit difficilement franchissable : des récoltes à des stades plus ou moins jeunes peuvent permettre de réguler la charge en fruits des plantes et éviter des périodes de surcharge suivies de creux de production. Les pollinisateurs, en l occurrence des bourdons 1, sont utilisés en serres chauffées et ont montré leur intérêt en serres froides. Malheureusement, ils ne sont pas toujours suffisants si les conditions climatiques sont trop défavorables à leur activité. Cela nécessite d une part de renouveler les colonies pour conserver une bonne activité pendant toute la durée de la culture, et d autre part de ne pas utiliser de traitements insecticides (pyrèthre, roténone) ; attention également aux applications de poudre (soufre poudrage par exemple), qui diminue l activité des insectes. IRRIGATION En plein champ ou sous abri plastique, il est recommandé d apporter 50 % de l ETP jusqu au début de la floraison, 60 à 70 % au grossissement des premiers fruits puis 80 à 100 % de l ETP ensuite. En raison de la sensibilité de l espèce à l asphyxie, l irrigation par localisation est recommandée. FERTILISATION La réussite de la fertilisation en AB repose sur le maintien d une bonne activité biologique du sol (optimisation des 3 facteurs eau-air-température agissant sur les micro-organismes), de l utilisation d engrais et amendement de qualité, et sur une gestion des doses basée sur les analyses de terre et d intrants. La fumure organique sera apportée juste avant la plantation et incorporé superficiellement. En fonction des analyses de sol, on pourra apporter : - 15 à 20 t/ha de compost (par exemple à base de fumier de bovin) 2, - 1 t/ha d engrais organique complet type 6-3-13, une moitié à minéralisation rapide (à base de guano, fientes de volailles, farine de plume) et l autre moitié à minéralisation lente (à base de corne ou de tourteau de ricin). 1 Les sociétés qui commercialisent des insectes auxiliaires pour la protection biologique intégrée (Koppert, Biobest) peuvent également fournir des insectes pollinisateurs. 2 Les fumiers issus d élevages à plus de 2 UGB/ha doivent être obligatoirement compostés (avec montée en température et retournements). Provenance d élevages hors sol interdite. A.D.A.B. Aubergine Fiche technique en agriculture biologique année 2001 4

Cette fertilisation suffit pour couvrir les besoins de l aubergine ; néanmoins, en cas de nécessité, un apport de 20-30 unités/ha d azote à base de guano ou de vinasse de betterave (avec ce dernier produit, toujours faire suivre d un arrosage) pourra être effectué. L observation du maraîcher en lien avec le contexte pédo-climatique demeure l atout essentiel pour optimiser la fertilisation. DESHERBAGE Il est préférable de repiquer les plants sur paillage plastique, voire sur paillage tressé (type Mypex ou Reviron, plus cher à l achat, mais pouvant être réutilisé plusieurs années). Le paillage plastique peut avoir un effet thermique intéressant, que le paillage tressé n aura pas. De plus, un peu de désherbage manuel sera nécessaire pour l entretien des passe-pieds et des trous du plastique. PROTECTION PHYTOSANITAIRE De nombreux ravageurs de l aubergine s attaquent également à la tomate. Néanmoins, l aubergine y est très nettement plus sensible. Ravageurs Afin de surveiller les vols de parasites, installer des panneaux jaunes englués dans la culture (sous serre, 1 panneau à chaque ouverture et 1 au centre) ; ce type de piégeage permet de repérer très tôt les attaques et donc d agir au bon moment. Avec des panneaux plus grands, et en battant les plantes, on peut également effectuer du piégeage curatif (aleurodes, thrips), mais cela entraîne aussi la destruction d auxiliaires. Si des lâchers d auxiliaires sont effectués, il ne faut utiliser aucun insecticide. Acariens*** (Tetranychus urticae ; T. cinnabarius) Aleurodes*** (Trialeurodes vaporariorum ; Bemisia tabaci) - Utiliser du soufre en poudrages ou mouillages directement sur la plante, ou en poudrage au pied des aubergines. - Bassiner : augmenter l hygrométrie de l air par des brumisations courtes et répétées. Ne pas agir trop tôt pour limiter les risques de botrytis sur fruits. - La protection biologique intégrée par des insectes auxiliaires n est pas efficace à l heure actuelle, en particulier si on ne dispose pas d une régulation automatique de l hygrométrie - Effectuer des traitements insecticides répétés (savon noir) afin d éliminer les adultes et les larves ; ne pas traiter si la lutte biologique est déjà en place. - Protection biologique intégrée par lâchers de Macrolophus caliginosus, Encarsia formosa, Eretmocerus eremicus dès le repérage du ravageur, ou en préventif à l aide de plantes-banques. - Effeuiller les 3-4 feuilles basales toutes les 3-4 semaines afin d éliminer les larves âgées. - En situation à risques, un lâcher en pépinière est un gage de réussite A.D.A.B. Aubergine Fiche technique en agriculture biologique année 2001 5

Doryphores** Leptinotarsa decemlineata) Mineuses** (Liriomysa trifolii ; L. huidobrensis) Nématodes** (surtout Meloïdogyne incognita) Noctuelles terricoles** (nombreuses espèces) Pucerons*** (nombreuses espèces) Thrips*** (Thrips tabaci ; Frankliniella occidentalis) - Traiter à l aide d une souche spécifique de Bacillus thurengiensis (Novodor) à 5 l/ha : l application doit coïncider avec l émergence du maximum de jeunes larves L1 ; les traitements peuvent commencer dès le mois de mai et seront renouvelés en fonction des populations de doryphore et de la croissance des plantes. Le produit agit par ingestion : on peut ajouter 10 kg/ha de sucre (1 kg/hl de bouillie) pour renforcer l appétence du produit. Produit lessivable : attention aux aspersions et pluies. - Pour les adultes : destruction manuelle uniquement - Protection biologique intégrée : lâchers de la punaise Podisus maculiventris ; solution encore trop coûteuse. - Eviter d utiliser des insecticides non spécifiques type roténone ou des poudres. - Protéger la culture par des filets anti-insectes (type Filbio, Euronet) - Protection biologique intégrée : lâchers de Dacnusa sp., Diglyphus isaea soit dès les 1 er symptômes (points blancs de piqûres au bord des feuilles), soit lorsque la larve s apprête à sortir de la galerie. Entre les deux, la larve est protégée par la feuille. - En pratique, effectuer un lâcher en pépinière ou dès la plantation si l on a déjà eu une attaque l année précédente - Recours au greffage (insuffisant en cas de forte attaque) - Intégrer des engrais verts dans la rotation (seigle, phacélie, crucifères nématicides, EV multiespèces) ; aérer le sol en profondeur - Effectuer une solarisation ou une désinfection à la vapeur avant plantation - Vérifier la qualité des plants - Protection biologique intégrée par champignons nématicides : encore à l étude - A titre préventif, effectuer des binages fréquents afin de détruire mécaniquement les larves; observer régulièrement les cultures afin d'intervenir dès l'apparition des premiers dégâts. - En traitement curatif, utiliser un appât au son (pour 1 hectare : 20 kg de son, 2 kg de sucre, 10 litres d'eau et 2 litres de pyréthrine). Distribuer l'appât le soir, à proximité immédiate des cultures à protéger. Pour prolonger la durée d'efficacité, enfouir l'appât très superficiellement. - Protection biologique intégrée par lâchers d Aphidoletes aphidimyza, Aphidius sp., Aphelinus abdominalis : attention à la spécificité de l auxiliaire vis-à-vis des espèces de pucerons. Egalement, utilisation de plantes-banques. - Eviter d utiliser des insecticides (roténone, pyrèthre) sauf, en localisé, très tôt ou en cas de nécessité absolue, comme dans tous les cas de lâchers d auxiliaires. - Retirer et détruire les feuilles trop envahies - Protection biologique intégrée par lâchers d Amblyseius cucumeris, Orius sp. ou plantes-banques. - Piégage curatif par grands panneaux bleus englués (au moins un tous les deux mètres) et battage des plants Les * indiquent la gravité du ravageur sur la culture. Remarque : l implantation de bandes fleuries, destinées à nourrir et à héberger les auxiliaires indigènes et/ou lâchés, est en cours d étude. A.D.A.B. Aubergine Fiche technique en agriculture biologique année 2001 6

Maladies En général, toujours aérer correctement les serres (mieux vaut un excès d aération qu un manque) et éviter toute fertilisation azotée excessive. - Mildiou (Phytophthora infestans) Pourriture grise*** (Botrytis cinerea) Sclérotiniose** (Sclerotinia sclerotiorum) Verticilliose*** (Verticillium dahliae) Grandes taches irrégulières sur feuilles Pourriture des fruits à partir des pièces florales encore présentes Pourriture entraînant dessèchement ou flétrissement des rameaux Jaunissement unilatéral des feuilles de base puis flétrissement de la plante - Eliminer les déchets de récolte ainsi que les organes et les plants malades ; aérer la culture très tôt le matin ; préférer l irrigation localisée ; longues rotations - Le cuivre peut légèrement ralentir la maladie (par exemple bouillie bordelaise à 2,5 kg pour 10 litres) ; il faut bien atteindre le dessus et le dessous des feuilles, et même les fruits ; en période humide, effectuer un traitement préventif tous les 15 jours - Eliminer les déchets de récolte ; aérer la culture ; préférer l irrigation localisée ; limiter la fertilisation azotée - Traiter au silicate de soude - Attention à la taille en période humide - Effectuer une solarisation ou une désinfection à la vapeur pour lutter contre les attaques au collet (inefficace sur fruits ou fleurs) - Le cuivre a un très léger effet (préventif) - Rotations longues ; qualité sanitaire des plants & semences ; élimination préalable des déchets de récolte ; aérer la culture ; préférer l irrigation localisée ; bien composter la matière organique - Greffage sur KNVF ou assimilé très efficace - Effectuer de longues rotations - Pas de traitement curatif, excepté le buttage qui peut limiter les dégâts Pourriture du collet de l aubergine (Phytophthora nicotianae var. nicotianae) Mort subite au stade de fructification Pythium sp* Pourriture du collet et flétrissement de la plante - Effectuer une solarisation ou une désinfection à la vapeur - Greffage sur Solanum torvum - Effectuer une solarisation ou une désinfection à la vapeur - Eviter les sols trop humides et froids Maladie des racines noires et nécrosées (Thievaliopsis basicola) Nécroses noires sans épaississement liégeux du cortex - Effectuer une solarisation ou une désinfection à la vapeur - Rotation longue - Greffage sur KNVF ou Solanum torvum Les * indiquent la gravité de la maladie sur la culture. Remarque : attention à l utilisation systématique (répétée dans le temps) de la solarisation ou de la désinfection à la vapeur, car cela entraîne une destruction des micro-organismes auxiliaires, un risque de toxicité au manganèse, etc A.D.A.B. Aubergine Fiche technique en agriculture biologique année 2001 7

RECOLTE Stade de maturité du fruit : coloration noire uniforme, fruit non renflé et souple près du calice. Rythme de récolte moyen : 2 à 3 fois par semaine en pleine saison. Période de début de récolte : Dans le sud-est : - Pleine terre : fin juillet - Petit tunnel : début juillet - Grand tunnel froid ou en antigel avec protection temporaire : 20 mai début juin En Rhône-Alpes : - Pleine terre : risqué avec les aléas climatiques - Petit tunnel : peu pratiqué - Serre et grand tunnel froid ou en antigel avec une éventuelle protection temporaire : début juillet SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES PERRON J-Y., Productions légumières, éditions Synthèse Agricole, 575 pages, 1999. CLERC H., LANAVE J-L., Nouaison : quelles solutions?, Réussir Fruits & Légumes, n 184, avril 2000, pages 42-43. Fiche technique réalisée par J-François VEROLET (A.D.A.B.) en collaboration avec Roger RAFFIN (Chambre d Agriculture du Rhône), Ludovic JAGU (Chambre d Agriculture de l Isère), Dominique BERRY (SERAIL) et les adhérents maraîchers de l ADAB. A.D.A.B. Aubergine Fiche technique en agriculture biologique année 2001 8