HISTORIQUE SOMMAIRE. 39 e RÉGIMENT D'INFANTERIE

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HISTORIQUE SOMMAIRE DU 39 e RÉGIMENT D'INFANTERIE Pendant la Grande Guerre Imprimerie Commerciale du Journal de Rouen 18, rue de l Hôpital Rouen 1934

HISTORIQUE SOMMAIRE DU 39 e RÉGIMENT D'INFANTERIE Pendant la Grande Guerre LA MOBILISATION. 1914. - 2 Août : La mobilisation générale est décrétée. L'ordre de mobilisation est affiché dans toutes les communes de France. La Patrie est en danger. Tous les citoyens en état de prendre les armes sont appelés à rejoindre le lieu indiqué par leur fascicule de mobilisation. Chacun comprend que la France, une fois de plus victime d'une agression injustifiée, doit défendre son Honneur et sa Liberté et, du même coup, la Justice et la Civilisation. Aussi est-ce sous le signe d'un enthousiasme magnifique que chacun court à son poste. LE DEPART. - 5 Août : Le 39 e, mobilisé, traverse les rues de Rouen, entre deux haies épaisses d'habitants recueillis. L'émotion et la confiance sont sur tous les visages. Le Régiment part de la caserne Hatry conduit par sa musique et sa clique, au son de «Sambre-et-Meuse». Il va s'embarquer à la gare de Rouen-Rive-Gauche, voie 17, la même où ont lieu annuellement les exercices d'embarquement. ENTRÉE EN BELGIQUE. - 17 Août : Le 39 e franchit la frontière belge près de Rocroi (Ardennes), drapeau déployé, aux accents de la «Brabançonne» et de la «Marseillaise». Les habitants du pays ami accueillent nos soldats d'une manière touchante, comme des libérateurs et aux cris répétés de «Vive la France!». Le moment est solennel, les visages sont graves et bien des larmes brillent dans les yeux. Les hommes, malgré leur lourd chargement, redressent leur taille et la poitrine remplie d'émotion, défilent impeccablement. CHARLEROI. - 21 Août : Le 39 e prend le contact avec l'ennemi sur la Sambre. C'est le commencement de la bataille de Charleroi. Le 1 er Bataillon et la 3 e Section de mitrailleuses défendent le passage de la rivière à Châtelet et à Pont-de-Loup. A Pont-de-Loup, un bataillon, au moins, de chasseurs de la Garde, tente de forcer le passage. L'attaque est repoussée par la 4 e Compagnie et la 3 e Section de mitrailleuses, qui couchent sur leurs positions. C'est, pour ces unités, un magnifique baptême du feu, et elles en

sont fières. - 22 Août : Le Régiment est tout entier engagé dans la bataille de Charleroi. Sur la rive sud de la Sambre, il tient tête aux Allemands qui, en nombre très supérieur, ont passé la rivière. En fin de journée, l'ordre est donné de se replier vers Hanzinelle, Thy-le-Bauduin. - 24 Août : Le 39 e est à l'arrière-garde et se bat dans la région Hanzinelle, Thy-le-Bauduin. Sur l'ordre qui lui en est donné, il arrive à se dérober au prix d'héroïques efforts pour commencer la retraite prévue par le Haut-Commandement. GUISE. - 29 Août : Bataille de Guise (Aisne). Le III e Corps d'armée a reçu l'ordre de prononcer un retour offensif afin de ralentir la marche de l'ennemi. Le 39 e est à Landifay. Il attaque la ferme de Bertaignemont, dont il s'empare. A la tombée de la nuit, le Colonel fait son entrée dans la ferme, drapeau déployé aux accents de la «Marseillaise». Nos soldats victorieux bivouaquent tout près des vastes bâtiments de la ferme en flammes. L'Allemand a abandonné le terrain; les cœurs s'exaltent, pleins d'un patriotique espoir. LA MARNE. - 6 Septembre : Bataille de la Marne. La retraite ordonnée a amené le Régiment de Charleroi à Bouchy-le-Repos (Marne), au prix de privations et de fatigues supportées héroïquement par nos soldats. A 5 heures du matin, le 39 e est rassemblé à un kilomètre de Bouchy-le-Repos, face au Nord, c'est-à-dire face à l'envahisseur. L'ordre immortel du Généralissime Joffre est lu par le Colonel aux officiers, qui le communiquent à leurs hommes : «Fini de reculer; défense de regarder en arrière. On attaque partout. Il faut se faire tuer sur place plutôt que de céder du terrain.» Un immense enthousiasme s'empare de tous, les volontés se tendent vers ce but unique: chasser l'ennemi, le refouler vers la frontière, se mesurer enfin, face à face, avec lui. C'est la bataille de la Marne qui commence, c'est cette victoire magnifique qui va étonner le monde. Pour le 39 e, «La Marne», c'est Escardes. ESCARDES. L'Allemand est d'abord étonné de voir passer à l'attaque un ennemi fatigué qu'il croit définitivement en retraite. Il se ressaisit et bouscule nos éléments avancés. Sa puissante contreattaque, qui comprend au moins trois régiments de la Garde et qui vise à s'emparer d'escardes, est repoussée par les défenseurs du village et par les unités du Régiment non encore engagées qui passent à leur tour à la contre-attaque. En fin de journée, l'ennemi est en fuite. Le village reste entre nos mains et on bivouaque sur les positions. On fait de nombreux prisonniers appartenant aux 31 e, 84 e et 86 e Régiments d'infanterie de la Garde, ce dernier dit «Régiment de la Reine». Le 39 e avait eu l'honneur d'avoir affaire à des troupes d'élite et les avait vaincues. Il avait pris une part glorieuse à la Victoire de la Marne, grâce à l'esprit de sacrifice et à la vaillance de tous.

Une plaque apposée sur la mairie d'escardes commémore la bravoure du 39 e reconnaissance des habitants. et la - 12 Septembre : Le 12 septembre, la poursuite de l'ennemi, qui a commencé le 7, continue. Le 39 e est à l'avant-garde de la Division. Les Allemands se sont retranchés vers Thillois, près de Reims, et font tête. Le Régiment attaque le village et les retranchements. A la suite d'un dur combat, qui a duré depuis dix heures, il réussit, en fin de journée, à s'emparer de Thillois, où il bivouaque, après avoir forcé l'ennemi à continuer sa retraite. Au cours de cet engagement, le Régiment s'est illustré par sa bravoure et sa ténacité dans l'attaque. CHAMPAGNE. 1915. - 16 Février: Le 39 e est dans le secteur dit du «Luxembourg», non loin de Reims. Le 1er Bataillon reçoit l'ordre d'enlever le centre de résistance, constitué par le bois du Luxembourg et les ouvrages voisins. Très crânement, l'attaque débouche à midi 10', quelques éléments pénètrent dans le bois, mais le reste est arrêté par un tir violent de mitrailleuses et d'artillerie. La journée a été très chaude et les pertes sévères. La bravoure des troupes ayant pris part à l'action a été notée par tous les témoins, ainsi qu'en font foi un Ordre du Régiment, un Ordre de la Divion et un du Corps d'année. ARTOIS. - 8 Juin : Le Régiment est depuis le 3 juin dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast. Nous ne tenons que la partie ouest du village. Le 39 e reçoit la mission de s'emparer de cette importante localité. Par une série d'attaques, principalement à la grenade, maison par maison, une grosse partie de Neuville est conquise de haute lutte. - 9 Juin : L'attaque reprend dans le but de s'assurer. la possession entière de Neuville. Elle commence à huit heures, dans les mêmes conditions que la veille,.la chaleur est torride. Certains grenadiers, pour être plus à l'aise, enlèvent leur vareuse pour lancer leurs projectiles. C'est un combat très dur, de maison à maison, de cave à cave, dans lequel la valeur individuelle est primordiale, où les pertes sont sévères. Enfin, vers midi, le puissant village fortifié est en entier entre nos mains. L'enthousiasme de tous est à son comble. Un Ordre de la 5 e Division (Général Mangin) devait, quelques jours plus tard, féliciter les troupes pour la prise de Neuville. Une plaque, apposée actuellement sur la mairie de Neuville-Saint-Vaast reconstruite, immortalise la vaillance du 39 e. - 25 Septembre : Le III e Corps d'armée se porte à l'attaque de la crête de Vimy. Le 39 e est en deuxième ligne; en avant de Neuville-Saint-Vaast. Le soir, il relève des unités de première ligne éprouvées et livre de durs combats à la grenade.

- 2 Octobre : Le Régiment est au pied de la colline de Vimy, en avant de Neuville-Saint- Vaast. Une attaque menée par le 2 e Bataillon, renforcé par une partie du 1 er Bataillon, pour s'emparer d'un carrefour de tranchées et de hoyaux importants, est particulièrement difficile et donne lieu à des combats opiniâtres au cours desquels nos troupes déploient leurs magnifiques qualités d'héroïsme et d'endurance. 1916. - 21 Février : Le 39 e est toujours en Artois, près de, Neuvil1e_Saint_Vaast, en avant de Souchez (Pas-de-Calais). Ce même jour où commence l'attaque sur Verdun, les Allemands attaquent également le fortin de Givenchy et les tranchées voisines tenues par le 3ge. Après un violent bombardement, l'ennemi se porte à l'assaut, mais ne réussit à s'emparer que de quelques mètres de tranchées bouleversées complètement par des torpilles de gros calibre. Dans la nuit, des contre-attaques des nôtres à la grenade reprennent la plus grande partie du terrain perdu. La conduite du Régiment pendant cette affaire lui vaut des félicitations du Général Commandant la 130 e D. I., dont il fait partie. VERDUN. - 10 Juin : Le Régiment arrive en camions près de Verdun pour prendre part à la grande bataille qui dure depuis lé 21 février. - 12 Juin : Le 39 e est engagé dans la bataille de Verdun. Il tient les positions qui lui sont assignées dans la région de l'ouvrage de Thiaumont, entre le fort de Douaumont et Fleury. Les tranchées n'existent plus. Les unités sont blotties au fond des trous d'obus et soumises à des bombardements incessants. Pas de communications ni de ravitaillement possibles pendant le jour. - 19 Juin : Le 39 e est toujours dans les mêmes positions que celles qu'il a occupées le 12. Le pilonnage de l'artillerie par obus de gros calibre (210 et 380) est très intense. Commencé au petit jour, il ne se ralentit qu'à la tombée de la nuit. On manque d'eau, la chaleur est torride. Les pertes sont sévères. - 20 Juin : Le pilonnage par l'artillerie ennemie continue comme la veille. - 21 Juin: Le 39 e, toujours dans la même situation, continue à subir stoïquement le bombardement, indice d'une attaque prochaine. - 22 Juin : Le bombardement est encore plus intense que jamais. Vers 20 h 30 commence une émission de gaz asphyxiants excessivement dense. Le 2 e Bataillon, qui est en première ligne depuis le 18, est coupé de toute communication, de tout ravitaillement. L'ordre de relève avait été donné; mais seule une. compagnie, la 6 e peut être relevée complètement par la 3 e Compagnie et se porter vers l'arrière, à la position qui lui est assignée ; aucune liaison téléphonique ou optique n'existe plus. Exception faite de la première ligne, tout le monde doit conserver le masque durant toute la nuit. Une partie notable de l'effectif souffre vivement de l'action. des gaz. - 23 Juin : Le Régiment est toujours en ligne. Au petit jour, l'émission de gaz commencée la veille au soir, est remplacée par un bombardement d'une extrême intensité qui dure jusqu'à 8 heures. La fumée des explosions et la poussière qu'elles soulèvent aveuglent les défenseurs. On n'y voit pas à trente ou quarante mètres. Brusquement, les occupants encore valides des trous d'obus, ceux de Fleury et du voisinage, sont soumis à une violente attaque.

La crête de Fleury est occupée et tenue par des éléments du 39 e disponibles qui se battent magnifiquement. L'ennemi, surpris et fatigué par les résistances qu'il a rencontrées, s'arrête et ne peut pousser plus avant. C en est fini. L'Allemand n'ira pas plus loin. Il n'aura pas Verdun! Le 39 e avait eu affaire à des troupes d'élite : le corps alpin à quatre régiments, troupes bavaroises d'assaut amenées la veille. - 25 Juin : Le 39 e est relevé et quitte Verdun. Son séjour dans le secteur si fameusement connu lui coûtait : 48 officiers et 1.633 hommes. A l'emplacement de la Chapelle Sainte-Fine s'élève maintenant un monument édifié à la mémoire de la 130e Division qui arrêta définitivement l'ennemi le 23 juin 1916. Les numéros des Régiments qui la composaient, dont le 39 e sont gravés dans la pierre. Le Régiment peut être fier d'avoir appartenu à cette Division, dont le nom passera à l'histoire. 1917. - 14 Septembre : Le 39 e est cité à l'ordre de la 10 e Armée, comme suit : «Régiment dont la solidité s'est affirmée dès le début» de la campagne, en août et septembre 1914, puis en Artois, en juin, septembre et octobre 1915. En juin 1916, sous les ordres du Colonel Gibon-Guilhem, devant Verdun, sous un bombardement d'une violence extrême, accompagné d'émission de gaz et malgré des pertes sévères, s'est accroché au plateau de Fleury, a contenu pendant trois jours les furieuses attaques de l'ennemi, sans perdre un pouce de terrain. S'est à nouveau signalé en octobre 1916 sur le même terrain de lutte par son acharnement au travail et sa belle tenue au feu.» DANS LA SOMME. (Signé) : DUCHÊNE. 1918. - 9 Juin : Le 39 e est dans la Somme (région de Montdidier). Une partie du Régiment, les 1 re et 3 e Compagnies et les mitrailleuses disponibles, reçoit l'ordre de prononcer une contre-attaque sur la parallèle des réduits de Ployon-Courcelles. Après un dur combat, l'objectif est atteint. 116 prisonniers sont faits, 6 mitrailleuses et 3 canons de 77 sont pris. - 11 Juin : Le 39 e est en face du Fretoy (Somme). Il prend part à la contre-attaque Mangin et reçoit l'ordre d'attaquer le village, ainsi que le Tronquoy. Le combat est très dur et grâce: à la vaillance de tous, permet une légère progression. - 16 Juillet : Le 39 e est cité à l'ordre de l'armée en ces termes : «Excellent régiment qui, sous les ordres du Colonel Gibon-Guilhem, vient, une fois de plus, de se montrer digne de sa belle réputation. A, pendant de durs combats, du 9 au 13 juin 1918, fait preuve des plus belles qualités militaires, se montrant aussi remarquable d'endurance dans la résistance que mordant dans les contre-attaques. En particulier, avec deux seules Compagnies d'infanterie et une Compagnie de mitrailleuses, a capturé, le 9 juin 1918 : 116 prisonniers, pris 6 mitrailleuses et 3 canons de 77.» (Signé) : HUMBERT.

- 27 Juillet : Le Conseil Municipal de la Ville de Rouen vote des félicitations pour le 39 e qui vient de recevoir la fourragère. LA VICTOIRE FINALE. - 11 Août : Le Régiment est en face de Faverolles. Il reçoit l'ordre d'attaquer et s'empare brillamment du village, faisant un important butin : 12 mitrailleuses, 1 canon de 210, 2 canons de 105 et 60 prisonniers. Poursuivant son avance, il prend la forte position constituée par le «Bois Allongé» et s'arrête devant le Cessier. - 16 Août: Le 39 e est en face de le Cessier, qu'il n'a pu faire tomber les jours précédents, malgré plusieurs tentatives. Le 16 août, grâce à sa ténacité et à son mordant, il réussit à s'en emparer. C'est le sixième combat que le Régiment a livré en huit jours. - 13 Octobre : Le 39 e, après avoir supporté trente-sept jours et trente-sept nuits de fatigues, au cours desquels il a progressé de plus de vingt-cinq kilomètres, est relevé. Grâce à son énergie et au patriotisme de tous, le 39 e avait grandement contribué à la Victoire finale et libéré une portion appréciable du territoire national. - 24 Octobre : Le 39 e est cité à l'ordre de la 1 re Armée en ces termes : «Corps d'élite, de superbe tenue au feu, qui, pendant la période du 5 au 18 août 1918, sous les ordres du Colonel Gibon-Guilhem, a, dans six attaques successives, dont deux exécutées par l'ensemble du Régiment, sous le commandement du Colonel, donné de multiples preuves de ses très belles qualités de mordant et d'endurance et contribué puissamment au succès des opérations auxquelles il a participé. Pendant cette période d'opérations, a réalisé, au total une progression de dix-huit kilomètres, dont douze au cours de combats parfois très durs, enlevé de haute lutte des positions fortement organisées, dont trois villages, fait subir de grosses pertes à l'ennemi, pris plus de 350 prisonniers et capturé un matériel très important, dont 94 mitrailleuses, 5 canons, dont un de 210, et des minenwerfer, dont deux de 150.» (Signé) : DEBENEY. - 10 Novembre : Le 39 e, après une série de marches, fait une entrée triomphale, dans Guise (Aisne). Il apprend, à dix-neuf heures, que les Allemands ont accepté les conditions de l'armistice. Le Régiment est immédiatement rassemblé autour de la Musique, qui fait entendre avec éclat la «Marseillaise» et la «Madelon». Des illuminations et des feux d'artifice sont allumés dans toute la ville pour célébrer la grande nouvelle qui se répercute au cri de «Vive la France!». - 11 Novembre : A 11 heures commence l'armistice accordé aux Allemands. D'un bout à -l'autre du front retentit la sonnerie de «Cessez le feu». Les vaincus retournent chez eux, tandis que les «poilus» donnent libre cours à leur joie,

chantent, dansent et s'embrassent au milieu d'une inoubliable allégresse. Les jours tragiques qui durent depuis quatre ans et demi sont terminés. Grâce au patriotisme et à l'esprit de sacrifice de tous ses enfants, la France sort victorieuse de la terrible épreuve et, avec elle: la Liberté, la Justice et la Civilisation. Ainsi, pour les combattants, les souffrances étaient terminées, les périls écartés, l'anxiété des leurs définitivement calmée. Chacun d'entre eux était désormais sûr de revoir les êtres qui lui étaient chers. Dans leurs unités décimées par la mort et maintes fois renouvelées, quand leur pensée se reportait vers les camarades dormant leur dernier sommeil dans la terre des champs de bataille, elle trouvait un apaisement, le seul possible: leur sacrifice n'avait pas été vain. Cette victoire pour laquelle ils avaient souffert et persévéré et pour laquelle un si grand nombre d'entre eux étaient tombés devenait enfin une réalité. Plus que tous les autres, les soldats de France avaient contribué à gagner la plus grande bataille de l'histoire. Aucune allégresse n'était assez vive, aucune action de grâces assez ardente, aucune manifestation assez joyeuse pour répondre à tout ce que leur apportait de bonheur et de fierté le coup de canon de la onzième heure du Onze Novembre 1918 (1). (1) Extrait de Le Onze Novembre, du Général WEYGAND. Cote «O pièce 19.071» à la BDIC de Nanterre Historique sommaire du 39 e Régiment d Infanterie pendant la Grande Guerre Rouen Imprimerie Commerciale du Journal de Rouen 18, rue de l Hôpital, 18 ---- 1934