SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE
Au fi l des siècles, l actuelle capitale de la Bulgarie a porté les noms de Serdica, Triaditsa, Stredetz et Sofia. Et avec son nom d aujourd hui, elle est l unique ville au monde qui magnifie la Sagesse Divine. En sa qualité d important centre administratif et culturel, elle change de physionomie à chacune des époques. N échappant pas aux vicissitudes du temps, son histoire mouvementée nous est contée dans ces trois opuscules, consacrés à Sofia l Antique, Sofia la Moyenâgeuse et Sofia la Moderne. En feuilletant chacun de ses guides, vous en apprendrez plus sur la culture des Serdes et des Romains, sur la grandeur de notre histoire moyenâgeuse et vous vous engagerez en connaisseur dans les rues européennes d esprit de notre capitale chargée d histoire.
SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE Û Mosaïque de la moitié du 4e siècle, vue d ensemble et détails de la couronne, Complexe culturel antique Serdica Sofi a est une ville dont les racines historiques se perdent loin dans les strates du temps. Sa situation géographique ajoutée aux conditions climatiques favorables a prédestiné la qualité de vie dans cet habitat millénaire. Dès l aube de la civilisation humaine, c est à cet endroit que s établissent les premiers représentants des communautés agricoles primitives. Des traces d hameaux du néolithique (6e millénaire avant J.-C.) ont été découvertes à beaucoup d endroits dans la région de Sofia, le plus important site néolithique mis en valeur étant celui du quartier Slatina, dans la partie Est de Sofi a. C est à cet endroit précisément qu ont été mis au jour les premiers témoiegnages éclatants de la culture du néolithique. A côté des habitations traditionnelles en terre glaise, les explorateurs ont découverts aussi des demeures aux dimensions surprenantes (de plus de 110 m²), dont l intérieur est doté de tous les ustensiles de ménage et équipements de production nécessaires. Le caractère agraire de ce bourg est confi rmé par les quantités de grain découvertes ainsi que par la finesse des récipients en terre cuite et leurs décorations de peinture rouge et blanche. Les vestiges de l époque protohistorique du chalcolithique sont bien moins nombreux (5e millénaire avant J.-C.), tout comme de l Age du Bronze (mi-4e fin du 2e millénaire avant J.-C.) ou encore du début de l Age du fer (fi n du 2e jusqu à la moitié du 1er millénaire avant J.-C.). Nombreux sont les témoignages attestant la présence de hameaux à cette époque des fragments de céramique et d outils tranchants, mis au jour lors de l édifi cation du Palais princier et du bâtiment de l ancienne Maison du parti. 01 Pièce de monnaie en bronze sesterce à l effigie de Britannicus, fils de l empereur Claude, moitié du 1er siècle (pièce rare), Musée de l Histoire de Sofia Û
Ces traces plutôt sommaires indiquent un déplacement de la vie active du côté Ouest, à proximité immédiate de la cité romaine apparue plus tardivement. L Age du Fer nous a légué quelques objets emblématiques découverts dans le quartier Kazichané. Il s agit de trois récipients, une coupe en or et une en argile, assorties d un grand chaudron en bronze, découverts sur le site d un tumulus détruit. Selon les hypothèses, il s agirait probablement des cendres d un défunt qui auraient été recueillies dans la coupe d argile, emboîtée dans le chaudron en bronze, alors que le récipient en or serait une offrande funéraire. La finesse du travail de l or de la coupe qui pèse 1050 grammes témoigne du haut statut social de son propriétaire. La partie supérieure est décorée d ornements côtelés, et le fond abonde en formes géométriques. Par ses dimensions et sa qualités, la Coupe de Sofi a est un témoignage unique et précieux de la culture de son époque et peut-être apparentée par la richesse de ses finitions aux objets du Trésor de Valchitran. La dernière période historique (le déclin de l Age du Fer, de la moitié du 1er millénaire avant J.-C. à la fin du millénaire) précédant l arrivée des Romains est liée à la présence des tribus des Treri, des Tilatei et des Serdes. Les deux premières font partie de l ethnie thrace, alors que le nom des Serdes fait toujours l objet d une polémique dans les milieux scientifiques. En effet, leur appartenance thrace est souvent contestée à la faveur d une éventuelle origine celte. Mais c est précisément à la dénomination tribale des Serdes qu est associée l histoire de la ville dans les siècles à venir. Û Mur en bois effondré palissade de la moitié du 1er siècle, Complexe culturel antique Serdica Ý Coupe en or du village Kazitchané, Musée de l Histoire de Sofia
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SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE Û Vestiges d une piscine et installation hypocauste de thermes de la fin du 2e-3e siècle, Complexe culturel antique Serdica Nous disposons de très peu de témoignages manuscrits concernant la période antérieure de Serdica. Tout porte à croire qu au cours de la première moitié du Ier siècle après J.-C., il existait à cet endroit une petite unité territoriale appelée gus, administrée par les Romains en l an 29 28 avant J.-C., à l époque des campagnes militaires de Marcus Licinius Crassus. Intégré au royaume thrace et en vertu de ses accords avec Rome, le pagus fournissait l armée romaine en soldats, ce dont témoigne une inscription. Après l établissement de la province de la Thrace en 45 et pa- la stabilisation de la frontière romaine le long du Danube, un processus d assimilation progressive des territoires est amorcé grâce à la construction du réseau routier romain et de ses postes renforcés. Le rôle principal dans ce maillage est imputé à la route militaire principale Via Militaris, reliant Singidunum (actuelle ville de Belgrade) et Byzantion (actuelle Istanbul). Plusieurs inscriptions viennent confirmer qu en l an 61 ont été construites les premières stations d arrêt, connues sous le nom de tabernas as et praetoria. Compte-tenu de l emplacement stratégique de Serdica, on peut imaginer que la première station d arrêt sur la route aurait fait son apparition dès la première moitié du I er siècle. Quant à la vocation exclusivement militaire de Via Militaris à cette époque, elle impose de raccorder les stations d arrêt sur la route avec les unités militaires assurant la sécurité. Les dernières fouilles archéologiques viennent confirmer une présence militaire dans Serdica au cours de la deuxième moitié du Ier siècle. Les vestiges d armements romains et de matériaux d importation de l Italie du Nord sont probablement liés à la mission de sécurité routière d un contingent militaire qui a 05 Statuette d un aigle en bronze, moitié et troisième quart du 1er siècle, Musée de l Histoire de Sofia Û
Û Puits avec ses poutres en bois conservées de la fin du 2e siècle, Complexe culturel antique Serdica opéré sur les lieux. C est aussi à cette période précoce du développement de Serdica qu on peut rattacher les échafaudages en bois d habitations romaines, conservées en l état, grâce au niveau élevé de la nappe phréatique. Les vestiges les plus spectaculaires sont exposés dans le passage souterrain du boulevard Knyaguigna Maria Louisa en direction de la rue Pirotska. La physionomie et le caractère de Serdica jusqu au début du IIe siècle s accorde parfaitement aux traditions dans la construction des premiers campements militaires les bâtiments sont entièrement en bois et en terre cuite, sans la moindre présence de brique et de pierre. Les échanges monétaires et commerciaux à l époque de Flavius Josèphe (69 97) et de Trajan sont une brillante illustration du rôle accru de Serdica à l échelle de la province et de son expansion en tant que chef-lieu de région. Le règne de l empereur Trajan (98 117) est lié à la transformation de Serdica en un municipium une ville libre qui dispose du droit de vote et qui fonctionne sur le principe de l auto administration. Ce changement de statut se traduit aussi par l obligation de gérer un important territoire urbain un des plus étendus de la province de la Thrace. Un acte politique qui a imposé l usage du nom de famille de l empereur en tant qu attribut associé à l intitulé de la ville Ulpia Serdica. L administration du nouveau municipium était calquée sur le modèle grec et disposait d un conseil citoyen, appelé Boulé et d une Assemblée populaire ou Démos. Les inscriptions découvertes font mention d autres institutions telle que la gérousie directement liée au culte de l empereur. Dans le contexte du nouveau statut urbain de Serdica arrive aussi le premier grand projet d urbanisme. Deux avenues principales sont aménagées le cardo maximus (axe Nord-Sud) et le decumanus maximus (axe Est-Ouest). Les projets des autres rues suivent, les emplacements dédiés à l habitat sont définis / insula/ ainsi que
SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE 07 Û Tèle, datant de 142, érigée en mémoire de l empereur Antonin le Pieux, par le gouverneur de la Thrace Marc Antoine Zénon, calcaire, MNH
SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE Û Fragment d épistyle, IIe-IIIe siècle, calcaire, MNH ceux réservés aux bâtiments administratifs. Dans la partie Sud de la ville, quelque peu surélevée, sont aménagés les lieux de rassemblement /agora/et une partie des édifices publics. Les quartiers résidentiels occupent le Nord et l Est de la ville. Nous disposons de très peu de vestiges de cette première période urbaine de Serdica. Lors de fouilles archéologiques dans les profondeurs du boulevard Knyaguigna Maria Louisa ont été découverts des immeubles d habitations de dimensions considérables, comprenant un grand nombre de pièces et de locaux, construits en pierre argileuse et reposant sur un socle de pierre surélevé. Quant aux rues, elles étaient larges de 6 à 12 m. Vers les années 161 163, un temple aurait été érigé en hommage à Zeus-Sarapis, au Sud-Est de la ville, dans les tréfonds de l actuelle place Garibaldi. Par la suite, avec l essor économique remarquable de la ville et en signe de son prestige accru, les administrateurs de Serdica se lancent dans la frappe indépendante de monnaie, sous le règne de l empereur Marc Aurèle. Le premier épisode de crise dans l histoire de Serdica est déclenché par l invasion barbare des Costoboces en 170. Les recherches archéologiques font apparaître des destructions massives et des incendies ravageurs. Sur les sols des habitations ont été découvertes des parties de meubles calcinés et de la vaisselle brisée. Pour surmonter les conséquences désastreuses de cette catastrophe, l Etat alloue d urgence des fonds pour reconstruire la ville. Une des priorités de ce programme de sauvetage consiste à ériger les premiers remparts de Serdica, dont deux inscriptions de 176 180 relatives au 09 Pièce de monnaie unitaire de Serdica, IIIe siècle, Musée de l Histoire de Sofia Û
SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE Û Vestiges de constructions en bois de la deuxième moitié du 1er siècle, Complexe culturel antique Serdica 11 règne de Marc Aurèle et Commode font état. La muraille de fortification qui entourait le centre-ville avec les bâtiments publics et les quartiers résidentiels avait la forme d un pentagone. Le bâti repose sur un socle formé par de grands carrés de maçonnerie, alternant blocs de pierre et bandes de briques. Les parties angulaires, éloignées à distance égale du rempart, sont occupées par des tours d observation. Un fragment du rempart avec la tour Nordest est exposé près de la rue Iscar, entre les rues Serdica et Vesletz. Le règne des empereurs de la dynastie des Sévères (197 235) marque une période d expansion de Serdica. La frappe autonome de la monnaie reprend et les effigies sur le revers des pièces se distinguent par la richesse de leurs images reproduisant des sites emblématiques (églises, fontaines, etc.). La fin du IIe et le début du IIIe siècle marquent l avènement d une période de grands travaux de construction. Les rues et l agora sont dotées de portiques à colonnades dans le style romano-corinthien. La source d eau minérale et les thermes avec leurs dépendances sont des édifices qui concourent à la prospérité de la ville. Les effigies statuaires, les inscriptions Ý Fragments d architecture, Epoque romaine, marbre, MNH
et les monnaies conservées confirment le rôle primordial accordé aux divinités guérisseuses, notamment Apollon et Asclépios. Des fragments d une statue monumentale d Asclépios ainsi qu une remarquable tête de bronze doré d Apollon le Guérisseur /copie romaine d un original de l Ecole du sculpteur Scopas/ ont été découverts. L antique source d eau minérale à l Est de la Mosquée Banya Bachi est étroitement liée à l organisation des structures balnéaires et curatives de la ville. C est de cette époque que datent les immenses thermes au Sud de l agora, dans les sous-sols de l actuelle église Sainte Nédélya. Ce bâtiment a fait l objet d études approfondies de ses installations hypocaustes et d une piscine de dimensions considérables. Serdica honorait aussi d autres divinités. Les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour un temple d Héraclès (sous l édifice de Bulbank) et des vestiges d un temple dédié à Zeus-Hupsistos, au Nord des remparts de la ville. Des fragments de statues de culte et d inscriptions votives témoignent de la vénération d Athéna, Artémis, Cybèle et Mithra. Lors des fouilles archéologiques sur le site du temple d Héraclès a été découverte une grande quantité de débris de statues de différentes divinités. Cet acte destructeur est une conséquence de la suprématie chrétienne et s inscrit dans une démarche de suppression systématique des symboles païens à la fin du IVe siècle. Ù Fragment d une fresque du tombeau XVI de la nécropole de la basilique Sainte Sophie
SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE Û Reliquaire en argent, IVe siècle, tombeau 3 de la nécropole de la basilique Sainte Sophie, Muséum d Archéologie - ABS Û Vase en verre de la basilique Sainte Sophie, IVe siècle, Muséum d Archéologie - ABS
SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE Û Vue sur une grande habitation, au Nord du decumanus maximus et vers la rue Le dernier quart du IIIe siècle marque un revirement profond dans le développement de Serdica. En conséquence de la crise générale qui secoue l empire et sous la pression des tribus barbares, les provinces daces au Nord du Danube sont abandonnées. Suite aux réformes de l empereur Aurélien (270 275), les anciennes provinces de Mésie et de Thrace sont remplacées par de nouvelles unités territoriales couvrant de plus petites surfaces. L une d entre elles est la Dacie Méditerranéenne (Dacia Mediterranea), dont Serdica devient la capitale. Son statut de chef-lieu et sa situation géographique confortable expliquent les fréquents séjours des empereurs de l époque. Etant reconnue comme une des capitales impériales de son temps, Serdica est associée initialement au nom de Dioclétien (293 294) et surtout à celui de Maximien Galère (305 311). C est à sa présence dans la ville qu est lié le fonctionnement de l Hôtel de la Monnaie de Serdica en sa qualité de Monnaie d Etat impériale en 303 308. Et c est précisément à Serdica que l empereur passe les derniers jours de sa vie, recherchant probablement une guérison de sa grave maladie dans les eaux thermales de la ville. Peu avant sa mort, en 311, Galère promulgue son Edit de Tolérance, qui donne pour la première fois aux chrétiens la liberté de confesser leur foi. Dans la période 316 330, à Serdica sont promulgués 19 édits de Constantin le Grand qui témoignent de la résidence de l empereur sur place. C est d ailleurs à Serdica qu il donne le titre de César à ses deux fils, Crispus et Constantin II. Et c est probablement à la présence fréquente de l empereur dans la ville qu est associé ce dicton qu on lui impute régulièrement : Serdica est ma Rome. A l époque des fils de Constantin le Grand, Serdica se trouvé initialement placée sous l autorité de Constance II. L emplacement de la ville aux confins Est du territoire, contrôlé par Constance, détermine encore une fois son rôle 15 L Empereur Maximien Galère (305 311) Þ
Þ Le Paradis, mosaïque de l apside du premier temple, découvert sous la basilique Sainte Sophie, troisième quart du IVe siècle, Muséum d Archéologie - ABS 16 majeur. En 343, c est à Serdica qu a lieu le grand rassemblement œcuménique, connu par le schisme entre les évêques d Orient et d Occident. A cette époque, c est Protogène qui est l évêque de Serdica, dont la basilique est identifiée en 2011, pas loin du croisement des deux principales avenues antiques. Deux édits de Constance II en 339 et de Valentinien Ier et Valens en 364, proclamés à Serdica, témoignent du séjour des empereurs dans la ville. Dans le contexte de son nouveau statut de capitale de province et de siège de la cour de l empereur, Sofia connaît une période de profondes restructurations et de travaux de construction imposants. Une grande partie des bâtiments publics sont réhabilités et rénovés. Tel l édifice du bulevterion (conseil municipal), agrandi, pour pouvoir assumer pleinement ses fonctions d Assemblée de province. L immense bâtisse des thermes romains, au Sud de l agora, est transformée en un bâtiment administratif, qui héberge temporairement la Monnaie de Serdica. Dans la partie Sud-ouest de la ville sont érigés plusieurs édifices de l envergure d une basilique, qui font office d entrepôts de grain (horreum). Une grande partie des logements sont aussi reconstruits et agrandis, on voit apparaître les premières salles de réception avec leurs sols en mosaïque fine, symbole de l aisance financière d une partie des citoyens. Une des mosaïques les plus originales est découverte en 2011 sous le boulevard Princesse Maria Louisa. La générosité du décor géométrique met en valeur une couronne d empereur portant l inscription Felix heureux. Attirée par le nouveau potentiel de la ville, sa population devient de plus en plus nombreuse, ce qui fait Û L Amphithéâtre de Serdica, fin du IIIe siècle, partiellement exposé à l hôtel Аrena di Serdica
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SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE Û Mosaïque de la moitié du 4e siècle, vue d ensemble et détails de la couronne, Complexe culturel antique Serdica que Serdica s élargit côté Nord. Au début du IVe siècle, un rempart assure la protection des nouvelles terres conquises. Des changements considérables interviennent dans le réseau des rues qui sont réduites, y compris les avenues principales, histoire de dégager plus de terrains pour y construire des logements. De nombreux bains municipaux sont ouverts, cette tendance étant illustrée par la construction du balneum, connu aujourd hui comme la rotonde Saint Georges. Dans le cadran Sud-est de Serdica sont aménagés des complexes résidentiels formant des compositions architecturales audacieuses, dotées de salles de bains privatives et de salles de fêtes aux mosaïques exceptionnelles. C est probablement ces résidences qui hébergeaient les empereurs lors de leurs nombreux séjours dans la ville. Les basiliques des premiers temps du christianisme et les églises, construites principalement aux IVe et Ve siècles inaugurent une nouvelle période dans le développement de l urbanisme de la ville. L église la plus ancienne mais aussi la plus expressive a été mise au jour en 2010 2011 à quelques 60 m au Nord de l avenue principale le decumanus maximus. Son histoire est liée au Concile de Serdica en 343. A la fin du IVe siècle, non loin de la porte Nord de la ville est érigée une deuxième grande basilique. Les martyriums à l extérieur des remparts, honorant la mémoire des martyrs chrétiens défunts, prennent peu à peu la forme de basiliques. Le sol du martyrion sous la basilique Sainte Sophie еst recouvert d une mosaïque multicolore, riche en symboles chrétiens. Nous sommes également impressionnés par les sépultures imposantes autour de Sainte Sophie, dont une partie se distinguent par leurs fresques 19 Chapiteau corinthien, Epoque romaine, marbre, Musée national d Histoire Þ
originales. Un des bâtiments les plus imposants de la fin du IIIe siècle est celui de l amphithéâtre de Serdica, mis au jour tout récemment. Il se trouve à l Est des remparts de la ville, sur les fondations d un théâtre antique, au Sud de la voie quittant la porte Est. L amphithéâtre est doté d une grande arène et ses gradins étagés n occupent que la partie Sud de l édifice. Concernant la dernière période du développement de la capitale antique, de la moitié du Ve à la fin du VIe siècle, nous disposons de témoignages très fragmentaires et limités. A l époque du règne de Justinien Ier (527 565), les remparts sont refaits, et Serdica continue à s épanouir comme une ville florissante aux nombreux atouts. Les recherches archéologiques révèlent encore un niveau de vie élevé de sa population au moins jusqu au troisième quart du VIe siècle. Malgré le transfert de l archevêché à Justiniana Prima, au début du règne de l empereur Justinien Ier, les évêques de Serdica refusent de reconnaître la suprématie du nouveau siège de l autorité du clergé. Un conflit, évoqué dans la lettre du pape Grégoire le Grand, adressée à l évêque Felix de Serdica, qui exige la soumission de ce dernier à son supérieur de droit, en l occurrence l archevêque de Justiniana Prima. Une pareille tension dans les rapports est également révélée par l inscription sur le rétablissement du système d alimentation en eau de Serdica à l époque de l empereur Tibère II Constantin (578 582). Le texte dit notamment que les travaux de réparation et de réhabilitation du réseau d adduction d eau auraient été initiés par l archevêque Léonce dont l habitation a été identifiée lors des dernières fouilles archéologiques, au croisement du cardo maximus et du decumanus maximus. Û Porte occidentale de Serdica L insécurité due aux incursions barbares au cours des IVe Ve siècles impose des travaux de fortification supplémentaire des approches de Ser- Ý Vue sur le decumanus maximus avec une partie des ruines de la fin du 6e siècle (cf. а18), Complexe culturel antique Serdica
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SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE Û Vue sur le cardo maximus 4e-6e siècle, Complexe culturel antique Serdica dica. Le noyau urbain, abrité par l ancien rempart est entièrement consolidé. La muraille existante est renforcée par une deuxième couche fortifi ée, à base de briques vissées sur les fondations. En façade, on y ajoute des tours saillantes en forme triangulaire, alors que les portes Est et Ouest sont consolidées par des tours pentagonales. Des fragments de ces deux portes sont exposées dans le passage souterrain de la Présidence et du côté Ouest de la rue George Washington. A une vingtaine de mètres de ce rempart, était dressé un deuxième, moins élevé. La mise en place de ce système de fortifi cation solide à l image des murs de Théodose II à Constantinople se produit au cours de la deuxième moitié du Ve siècle. C est à peu près de cette époque que date le dernier édifi ce imposant de la nécropole Est de la ville, à savoir la basilique Sainte Sophie. Des changements interviennent aussi intra-muros. La crainte des invasions des Slaves et des Avars conduit à une surconcentration de la population dans le périmètre délimité par les remparts. Au cours de la deuxième moitié du VIe siècle, tous les espaces publics dégagés sont occupés par des habitations modestes. Vers la fin du VIe siècle, la ville est ravagée par un fort séisme qui la détruit presqu entièrement. Les témoignages des archéologues sont formels: d immenses blocs de murs et d arcs effondrés, des bâtiments et des rues totalement défigurés. Ce cataclysme, ajouté à la persistante menace extérieure sonnent le glas de l Antique Serdica et de la civilisation millénaire de la région. 23 Fragment de mosaïque de la nécropole de la basilique Sainte Sophie Þ
Û N 12 2 5 9 7 6 3 11 8 10 Û Û Û 1 4
SOFIA LEGENDE І-VІe siècle 1 Vestige de Kazichané Musée national d Archéologie 2 Habitations romaines en bois passage souterrain au niveau du boulevard Knyaguigna Maria Louisa direction rue Pirotska 3 Fragment du rempart avec la tour Nord-est près de la rue Iscar, entre la rue Serdica et la rue Vesletz 4 Buste en bronze d Apollon le Guérisseur Musée national d Archéologie 5 Cardo Maximus devant la Galerie marchande TSUM 6 Decumanus Maximus passage souterrain au pied de la Présidence 7 Porte orientale de Serdica dans le passage souterrain au pied de la Présidence 8 Edit de la Tolérance à l entrée de l église Sainte Sophie 9 Rotonde Saint Georges - dans la cour de la Présidence 10 Eglise Sainte Sophie 11 Amphithéâtre de Serdica hôtel Arène de Serdica 12 Porte occidentale de Serdica à hauteur de la rue Washington 2013, Collectif d auteurs: professeur Bojidar Dimitrov, professeur Guéorgui Yankov, professeur docteur Svilen Stéphanov, docteur Kalina Christova, Elinka Boyadjiéva, docteur Mario Ivanov, chargé de recherches, Valentina Nédevska Illustrations: Club 50
SOFIA DANS L ANTIQUITÉ Le développement historique de Sofi a de la préhistoire à la fi n du VIe siècle SOFIA AU MOYEN-ÂGE Période de rayonnement et de déclin VIIe XIVe siècles SOFIA UNE VILLE MODERNE Ville de sagesse, de foi et d espérance SOFIA LE DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE DE SOFIA DE LA PRÉHISTOIRE À LA FIN DU VIE SIÈCLE SOFIA Au moyen-âge PÉRIODE DE RAYONNEMENT ET DE DÉCLIN VIIE XIVE SIÈCLES SOFIA Une ville moderne VILLE DE SAGESSE, DE FOI ET D ESPÉRANCE Distribution gratuite. VILLE DE SOFIA, ENTREPRISE MUNICIPALE SERVICES TOURISTIQUES 44, rue Оborichté, Sofia 1505, tel.: +359 2 943 47 28, fax: +359 2 943 47 68, e-mail: opto@info-sofia.bg CENTRE D INFORMATION TOURISTIQUE SOFIA 22, bd. Tsar Osvoboditel (Passage souterrain au pied de l Université de Sofia Saint Clément d Ohrid ), Sofia, tel.: +359 2 491 83 44, 491 83 45, e-mail: tourist@info-sofia.bg, Fb: InformationCentreSofia www.visitsofia.bg