by Du global au local : 2015-2030 - 2050 5 ATTEINDRE L ÉGALITÉ DES SEXES ET L AUTONOMIE DES FEMMES DANS LE MONDE Promouvoir l égalité des sexes et l autonomisation des femmes était le 3 e Objectif du Millénaire pour le développement. Les rapports sociaux Hommes-Femmes - sont structurants des organisations socio-économiques et reflètent les valeurs et spécificités culturelles. Ils sont donc sujets à l évolution des société et de manière globale, et tout particulièrement au mouvement d émancipation progressif des individus (y compris des hommes) observable de par le monde depuis plus d un siècle. Pour autant les évolutions ne sont pas linéaires, les phénomènes régressifs méritent vigilance, collective et individuelles. Le 21 e siècle sera-t-il le siècle des femmes? 5 1 41
Les inégalités de genre persistent dans le monde Les femmes représentent environ la moitié de l humanité 32, et sont pourtant la cible de nombreuses inégalités à travers le monde. Ces inégalités de genre se traduisent par des disparités d accès à l éducation, aux soins, au travail, à un salaire décent, à des responsabilités, à des mandats politiques. Dans le monde, les filles et les femmes ont par exemple un accès moindre à la scolarisation, à l alphabétisation, à la formation initiale et continue. L éducation des femmes est pourtant facteur de responsabilisation et d émancipation : plus d influence dans les négociations au sein du foyer, plus de chance d avoir un travail rémunéré. Par ailleurs, les mères ayant eu accès à l éducation ont tendance à avoir moins d enfants, et moins de grossesses involontaires : cela leur permet d accorder ainsi plus d attention à leurs enfants, de leur permettre d aller à l école. L école et l éducation sont au cœur de la question des droits des femmes : elles sont les clefs qui ouvrent les portes de tous les savoirs. Il ne peut y avoir de reconnaissance des droits des femmes sans droit à la connaissance, et sans la connaissance de ces droits pour et par les femmes. Aux côtés des hommes, les femmes sont non seulement les actrices du développement mais elles sont aussi les créatrices, les productrices et les réalisatrices du changement. Les inégalités de genre sont par ailleurs un obstacle majeur à la reconnaissance et au respect des droits sexuels et reproductifs et à l accès aux soins, pourtant exigibles par toute personne, sans discrimination de genre ou d orientation sexuelle. Ces droits permettent ainsi de promouvoir et de participer à la lutte contre le trafic des personnes, l exploitation sexuelle et contre les violences liées au genre. Les femmes à travers le monde demeurent les victimes de diverses formes de violence : mariage forcé, violences conjugales, harcèlement sexuel, viols, mutilations sexuelles. Crédit photo : UNwomen.org 5 2 30. Sur 1000 personnes, 504 sont des hommes (50,4 %) et 496, des femmes (49,6 %). Chiffres INED en 2010. 42
Les femmes produisent plus de la moitié des aliments, mais elles ne gagnent que 10 % du revenu total, possèdent moins de 2 % des terres, et reçoivent moins de 5 % des prêts bancaires. Les inégalités entre les femmes et les hommes résultent des rôles sociaux masculins et féminins assignés sur la base de différences biologiques. Les processus de hiérarchisation des individus en fonction de leur sexe et les discriminations qui en découlent sont majoritairement, mais pas toujours, remis en cause aujourd hui, avec pour objectif final l égalité des droits entre les femmes et les hommes ainsi qu un partage équitable des ressources et des responsabilités entre les femmes et les hommes. Pour cause, le travail des femmes, leur implication dans la vie politique, la contraception et l évolution de la médecine obstétrique. L accès des femmes à leurs droits a été renforcé depuis le siècle dernier, et un développement durable ne peut se faire sans la reconnaissance de leur rôle vital dans la société et de l égalité entre hommes et femmes. Structures familiales changeantes Les opinions sur le couple, la famille et les rôles attribués aux hommes et aux femmes se sont écartées des modèles traditionnels. Les jeunes sont les plus enclins à rejeter ces modèles. L évolution des droits des femmes, notamment leur émancipation et leur accès aux droits reproductifs, a des conséquence sur les structures familiales. L institution qu est la famille a connu de nombreuses mutations depuis la fin du siècle dernier, de différentes ampleurs selon les régions du monde. Ces changements s observent notamment en termes de taille, de forme et de liens entre les membres de la famille. Les avancées scientifiques permettent de concevoir un enfant hors relations de couple. Les familles monoparentales ou recomposées sont socialement et légalement acceptées dans un nombre croissant de sociétés. Les unions de couples de même sexe sont de plus en plus reconnues. Ces changements de structures familiales à des niveaux divers impactent les rôles de chacun dans la parentalité, faisant place à des tiers, beaux-parents, parent de même sexe. Les couples d aujourd hui ne ressemblent pas à ceux d hier. Les familles semblent ainsi se construire et se reformer, et cela impacte les relations entre leurs différents membres. Ces mutations familiales conduisent aussi les familles à changer et à adapter leur mode de vie. Face à ces évolutions, les formes des cellules familiales peuvent être amenées à évoluer, de différentes manières en fonction des cultures, et entre les cultures. 5 3 Le rôle actif des femmes dans des sociétés en transition La contribution des femmes est un aspect essentiel du développement mais leur poids dans l activité économique est encore trop sous-estimé voire invisible. Les Nations Unies ont en effet évalué que le travail gratuit des femmes représente à peu près 50 % du PIB mondial (11 000 milliards de dollars/an), et qu elles assument les 3/4 de l ensemble des heures de travail mondiales. Mais elles ne consacrent qu 1/3 de leur temps au travail rémunéré et les deux autres tiers au travail non rémunéré (ce qui est l inverse pour les hommes). Si elles ne sont pas comptabilisées à proprement parler sur le marché du travail, elles ont toujours 43
activement participé à la marche de l économie (investissement dans l agriculture et l alimentation, ou encore l économie sociale et solidaire). Ce rôle invisible évolue depuis le siècle dernier, à différents rythmes selon les pays. Mais la distinction traditionnelle entre travail domestique et emploi salarié qui a servi, un peu vite, à justifier une répartition sexuelle des rôles est remise en cause. Et le travail est amené de plus en plus, même difficilement à intégrer une spécificité de l activité féminine, qui compose avec les cycles de la vie familiale (naissance, reprise d activité permettant de concilier vie familiale ) Compte tenu de la part encore importante dans les pays émergents et en développement de femmes prêtes à entrer sur le marché du travail, on peut anticiper une nouvelle configuration du marché du travail dans les décennies à venir. Dans les nouvelles formes d économies (ESS, économies collaboratives, économie verte ) les femmes occupent une place plus importante mais cela n en pose pas moins une question de la signification de cette place. Plusieurs interprétations ont été avancées, que l on pourrait résumer de manière sans doute trop simpliste entre relégation et émancipation. Relégation si l on considère par exemple que l importante féminisation de l ESS s explique parce que l on est dans une économie vitrine et de second rang avec des métiers plutôt occupés par des femmes ; émancipation parce que les cadres de l ESS sont plus favorables à l émancipation et à répondre aux problématiques spécifiques aux femmes. Les femmes sont aussi actrices de la transition grâce à leur rôle dans la transmission de valeurs et l éducation de leurs enfants. 5 4 44
by Du global au local : 2015-2030 - 2050 EN FRANCE Le droit de vote des femmes est obtenu en 1944. 5 5 ATTEINDRE L ÉGALITÉ DES SEXES ET L AUTONOMIE DES FEMMES DANS LE MONDE Les inégalités de genre persistent Le temps journalier consacré au travail domestique en France en 2010 est de 2h24 pour les Hommes, contre 3h52 pour les femmes. La vie quotidienne est ainsi marquée de ces inégalités. Mais ce n est pas si simple, sur le terrain de l éducation comme de la santé les femmes prennent le dessus, puisque la part des femmes à l Université est de 58,4%, et que leur espérance de vie (84,8 ans) dépasse celle des hommes (78,1 ans). Un avantage qui tombe à plat lorsque l on s aventure sur le terrain politique, puisque la part des hommes députés à l Assemblée nationale française en 2012 est de 73,3 %. En 2005, la France figure au 85e rang des pays pour la représentation des femmes au parlement (21e sur 25 en Europe). Les inégalités sont particulièrement marquées dans le milieu professionnel, puisque tous temps de travail confondus, les femmes touchent au total un salaire 24,5 % moins élevé que celui des hommes ou, dit autrement, les hommes gagnent 31 % de plus que les femmes. Pour des temps complets, les femmes touchent 14 % de moins. A poste et expérience équivalents, les femmes touchent 9 % de moins. L évolution des rapports sociaux hommes-femmes doit être observée en prenant compte de l évolution des structures familiales. L éclatement des structures familiales 7 enfants sur 10 vivent avec leurs deux parents, 2 enfants sur 10 en famille monoparentale et 1 sur 10 en famille recomposée. Ces résultats, établis pour 2011, sont en réalité très proches de qui était observable en 2006, voire même en 1999. Des seniors nouvelle génération : l espérance de vie augmente, permettant aux grands-parents et arrière-grands-parents de vivre plus longtemps, mais les taux de divorce de couples mariés depuis plus de 20 ans croît aussi 31. Des seniors qui se remarient, c est un nouvel échelon de la famille recomposée. Parallèlement, les françaises (qui travaillent plus) ont leur premier enfant de plus en plus tardivement 32 : 4 générations cohabitent, ce nombre n augmente pas, mais les tranches intergénérationnelles s agrandissent. Constatant ces évolutions, on peut se demander si nous sommes entré dans l ère des tribus, des réseaux, des communautés? Vivons-nous à l heure des rassemblements éphémères et effervescents...? Cette tendance laisse augurer le développement d éthiques particulières du bien vivre ensemble, traduisant un sentiment d appartenance propre aux tribus postmodernes. 31. www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/irweb/sd2010/dd/pdf/sd2010_g8.pdf 32. www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1419 45
En cherchant à valoriser l attention aux autres et le rapport informel (un souci de solidarité et d empathie envers ses proches) et formel (une manière de repenser la protection sociale mais aussi les rapports hiérarchiques, dans l entreprise, le management et, finalement, la somme des rapports humains), de nouvelles approches politiques, telles que le care ont petit à petit mis en avant moins de compétition et une égalité entre les femmes et les hommes. Cela suppose par exemple un partage du soin et un investissement des hommes dans les activités dites féminines. Loi pour l égalité entre les hommes et les femmes 5 6 Crédit photo : najat-vallaud-belkacem.com 46