Jalousie
Du même auteur Le Combat contre mes dépendances, éditions Publibook, 2013
Dominique R. Michaud Jalousie Publibook
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Naissance À ma naissance, je ne pesais que deux livres 1 et d après ma mère, j étais presque toujours malade. Mes parents étaient catholiques et très croyants. Alors, ils m ont fait baptiser, et ils m ont choisi le prénom de Claude. Le baptême a eu lieu dans l église de mon petit village qui s appelle Saint-Adelme, qui existe toujours aujourd hui. Comme j étais presque toujours malade, je crois que c est pour ça que je ne suis pas très grand. Je mesure cinq pieds 2 et pas un pouce de plus. Mais tout jeune, être petit m a apporté beaucoup de problèmes. Je crois que c est là, le commencement de ma jalousie, car j étais toujours plus petit que les autres. 1 907 grammes. 2 1,52 mètre. 9
Commencement de ma jalousie Mon père et ma mère me disaient toujours : «remercie le Seigneur d être en bonne santé aujourd hui.» Mais, je trouvais toujours le moyen de m abaisser. Pourtant, mon père me disait : «il faut que tu vives avec ta taille, tu n as pas le choix.» Mais encore là, je trouvais le moyen de me plaindre. À l école, j étais jaloux des autres car lorsqu il était venu le temps de jouer, personne ne voulait m avoir dans son équipe. Trop petit pour jouer au hockey, au baseball, etc. J étais jaloux des autres élèves, car ils étaient plus grands et plus forts que moi. Et pour empirer les choses, le professeur me plaçait toujours bien devant pour qu il puisse me voir. Cela ne faisait qu empirer les choses. Ce que je pouvais être complexé d être petit, toujours le plus petit! Comme je n étais pas très brillant, j étais toujours dans les bons derniers. C est là que j ai commencé à être aussi jaloux des premiers de la classe. Je me suis mis à détester l école. C est alors que j ai commencé à aller à la pêche et à la petite chasse. C était à cette seule place que je me sentais bien. Mais comme je suis croyant et que j ai foi dans le Seigneur, je me suis dit que si le Seigneur me veut de cette taille, il faut que j essaye de vivre avec. 11
Quitter mon village C est à l âge de quinze ans que j ai décidé d aller travailler pour gagner ma vie, mais il n y avait pas grand ouvrage dans mon petit village. Je n avais pas une grande éducation et je me suis dit que j allais aller travailler dans la foresterie, car tout le monde du village ou presque travaillait dans la forêt ou sur des bateaux de pêche. Pour l instant, j ai opté pour la foresterie. J ai été rencontré des entrepreneurs forestiers pour un job. Leur premier commentaire a été : «comment vas-tu faire pour tenir une scie mécanique à longueur de journée, avec la taille de tes bras? Tu ne pèses pas plus de cent livres 3 tout mouillé et la scie mécanique en pèse bien quarante!» Heureusement, l un d eux a accepté et m a dit que je commençais le lendemain matin. Alors, j ai été au magasin général pour m acheter une scie mécanique ainsi que tous les accessoires qui allaient avec ; lime, gaz, etc. Le lendemain matin, j étais au poste. J embarquais dans la voiture avec les autres travailleurs pour nous rendre à notre lieu de travail. Ils répartissaient les hommes à des endroits différents. À mon tour, il m a dit que mon site était ici. J ai débarqué de la voiture et je ne vois que des arbres. Je me suis dit : «allez, on commence!» Pour l instant, je regardais les autres pour savoir comment ils faisaient et après quelques minutes, je me suis mis à l œuvre. J ai eu toute la misère du monde à faire partir ma 3 45 kilos. 13
scie mécanique. Après avoir réussi, je me suis dit : «à la tâche, jeune homme!» Il fallait que j abatte un arbre, puis le découper en quatre pieds «pitoune» 4 et ensuite les corder, car nous étions payés seulement à la corde. Après trois heures d ouvrage, j étais déjà à bout. Je ne sentais plus mes bras et les grosses mouches noires nous mangeaient tout rond. Revenu le soir au camp, tout le monde est allé souper mais moi, j étais trop fatigué. Je suis allé me coucher tout habillé. Ne vous en faites pas, j ai dormi comme un bébé. J ai fait la semaine et je me suis dit que ce n était pas pour moi ce job-là. J ai persisté une autre semaine, mais je n en pouvais plus. C était l enfer sur terre : combattre ces gros arbres tous les jours, en plus de combattre ces sales moustiques qui n arrêtaient pas de me piquer. Je me suis dit : «assez, c est assez. Je ne peux pas croire qu il n y a pas mieux à faire.» Alors, revenu au camp ce soir-là, j ai donné ma démission puis après, j ai vendu ma scie mécanique, à perte. Je me suis dit qu il devait y avoir autre chose à faire pour gagner ma vie. 4 Petite bille de bois. 14
Travailler en ville Alors, de retour chez moi, j ai dit à ma mère que j allais tenter ma chance en ville. Elle ne m a pas découragé. Elle me disait toujours de mettre ça entre les mains du Seigneur et qu avec la foi, j y arriverai. Le lendemain, je suis parti pour Montréal tout en passant par Québec. En arrivant à Montréal, je me suis dit que dans une pareille grande ville, ça devrait être facile de trouver du boulot. Débarqué de l autobus, je me suis mis à la recherche d une chambre, pas trop chère et assez modeste pour mes moyens. Le lendemain, je me suis mis à courir les emplois. Ça ne commença pas très bien, car ils demandaient tous mon curriculum vitae et je n en avais pas. Ensuite, je suis allé dans plusieurs restaurants et quelques semaines plus tard, on m a offert un emploi comme plongeur, ce qui faisait mon affaire pour tout de suite. Mais, le job de cuisinier m intéressait encore plus. C est alors que j ai été voir le boss et je lui ai fait part de mes intentions. Il m a dit qu aussitôt qu un poste se libérerait, je serais son homme. Comme le Seigneur est bon, ça a été assez vite. Deux semaines plus tard, comme mon boss voyait que je voulais apprendre, il m a demandé si je voulais suivre des cours pour être chef cuisinier. Il m a dit que c était des cours du soir, que je pourrais continuer de travailler et qu il allait payer la formation. Tous les chefs de ce restaurant se faisaient un plaisir de m aider. Ils me surnommaient «Jiffi» Je n ai jamais su pourquoi ils m appelaient ainsi. Mais entre-temps, j ai commencé à être jaloux des nouveaux employés. Je trouvais qu ils montaient de grade plus vite 15
que moi. C est alors que je me suis dit qu un jour, je deviendrai un grand chef dans un grand hôtel. Ma mère et mon père m ont toujours dit qu il fallait que j aie la foi et que tout peut arriver. 16