3.1 La quantité de chaleur : grandeur mesurable

Documents pareils
Chapitre 6 ÉNERGIE PUISSANCE - RENDEMENT. W = F * d. Sommaire

MESURE DE LA TEMPERATURE

GLOSSAIRE AIDE MEMOIRE DU CHAUFFAGE

Mario Geiger octobre 08 ÉVAPORATION SOUS VIDE

Premier principe : bilans d énergie

Unités: m 3. 1,3 kg m 3 * V = πr 2 h.

Thermodynamique (Échange thermique)

Physique : Thermodynamique

Etudier le diagramme température-pression, en particulier le point triple de l azote.

Mesure de la dépense énergétique

Initiation à la Mécanique des Fluides. Mr. Zoubir HAMIDI

1 ère partie : tous CAP sauf hôtellerie et alimentation CHIMIE ETRE CAPABLE DE. PROGRAMME - Atomes : structure, étude de quelques exemples.

Premier principe de la thermodynamique - conservation de l énergie

BREVET DE TECHNICIEN SUPÉRIEUR QUALITÉ DANS LES INDUSTRIES ALIMENTAIRES ET LES BIO-INDUSTRIES

Athénée royal Jules Delot, Ciney Energie Thermique

THEME 2. LE SPORT CHAP 1. MESURER LA MATIERE: LA MOLE

A. Énergie nucléaire 1. Fission nucléaire 2. Fusion nucléaire 3. La centrale nucléaire

PHYSIQUE Discipline fondamentale

Quelques chiffres clés de l énergie et de l environnement

Livret de formules. Calcul Professionnel Boulangère-Pâtissière-Confiseuse AFP Boulanger-Pâtissier-Confiseur AFP

L énergie sous toutes ses formes : définitions

L eau dans le corps. Fig. 6 L eau dans le corps. Cerveau 85 % Dents 10 % Cœur 77 % Poumons 80 % Foie 73 % Reins 80 % Peau 71 % Muscles 73 %

Chapitre 1. L intérêt. 2. Concept d intérêt. 1. Mise en situation. Au terme de ce chapitre, vous serez en mesure de :

4.14 Influence de la température sur les résistances

Sciences et Technologies de l Industrie et du Développement Durable ENERGIE THERMIQUE ENERGIE THERMIQUE

Activités de mesures sur la masse à l aide d unités de mesure conventionnelles. L unité de mesure la plus appropriée

Economies en stérilisation: l eau ou l électricité?

Mesure des caractéristiques des combustibles bois

Chapitre 11 Bilans thermiques

Eau chaude Eau glacée


CODEX ŒNOLOGIQUE INTERNATIONAL. SUCRE DE RAISIN (MOUTS DE RAISIN CONCENTRES RECTIFIES) (Oeno 47/2000, Oeno 419A-2011, Oeno 419B-2012)

Mesure de conductivité on-line. Mesurer Surveiller Régler. Mesure de conductivité on-line. Eaux d égout communales et eaux usées industrielles

Electricité Générale

Quel Sont les 7 couleurs de l arc en ciel?

4 ème PHYSIQUE-CHIMIE TRIMESTRE 1. Sylvie LAMY Agrégée de Mathématiques Diplômée de l École Polytechnique. PROGRAMME 2008 (v2.4)

*"&# +',-./! -! " #$$%&'$## '( '$## ) *! " '%+,&,( '-. #/,(0 )0 ) 1 0 5%6'7'0 5%6'7-0 5%6'760 5%6'7+0 5%6'7%0 5%6'7(0

BREVET 2 * Principes physiques régissant la plongée. Première partie

DÉRIVÉES. I Nombre dérivé - Tangente. Exercice 01 (voir réponses et correction) ( voir animation )

CONSTRUCTION D UN CHAUFFE EAU SOLAIRE

véhicule hybride (première

Energie solaire

CONSTRUCTION DES COMPETENCES DU SOCLE COMMUN CONTRIBUTION DES SCIENCES PHYSIQUES

Mesures calorimétriques

FICHE DE DONNEES DE SECURITE

Le plaisir du petitdéjeuner. 28 ~

Système multicouche raccords à sertir et tubes

Module HVAC - fonctionnalités

1,2,3 SOLEIL EN AVANT PREMIERE

Chapitre 3 Les régimes de fonctionnement de quelques circuits linéaires

Il se peut que le produit livré diffère de l illustration.

Décrets, arrêtés, circulaires

Mesure de la teneur en alcool

Consignes de sécurité Manipulation du dioxyde de carbone CO 2

Vis à billes de précision à filets rectifiés

L échelle du ph est logarithmique, c està-dire

FICHE DE DONNÉES DE SÉCURITÉ conformément au Règlement (CE) nº1907/2006 REACH Nom : KR-G KR-G

Cours d électricité. Introduction. Mathieu Bardoux. 1 re année. IUT Saint-Omer / Dunkerque Département Génie Thermique et Énergie

4. Conditionnement et conservation de l échantillon

Remeha ZentaSOL. La nouvelle norme en matière de simplicité, design et rendement

Mesures et incertitudes

LISTE V AU PROTOCOLE A MAROC. Description des produits

IR Temp 210. Thermomètre infrarouge. Des techniques sur mesure

' Département de Chimie Analytique, Académie de Médecine, 38 rue Szewska,

Précis de thermodynamique

RAPPORT COMPLET D'ETUDE DUALSYS

Méthodes de Caractérisation des Matériaux. Cours, annales

Colle époxydique multi usages, à 2 composants

CIRCULAIRE N 2983 DU 18/01/2010

Batteries. Choix judicieux, résultats performants

Chapitre 3. Quelques fonctions usuelles. 1 Fonctions logarithme et exponentielle. 1.1 La fonction logarithme

direct serve EN DE NI ES PT CZ SK

SP. 3. Concentration molaire exercices. Savoir son cours. Concentrations : Classement. Concentration encore. Dilution :

Les coûts de la production. Microéconomie, chapitre 7

Liquides oraux : et suspensions. Préparations liquides pour usage oral. Solutions

GUIDE DE BONNES PRATIQUES POUR LA COLLECTE DE PILES ET ACCUMULATEURS AU LUXEMBOURG

Chapitre 4 Le deuxième principe de la thermodynamique

Les calottes polaires Isostasie Champ de température

Quel avenir pour l énergie énergie nucléaire?

description application uv n com. essence de nettoyage essence à nettoyer pour les vêtements, les pièces automobiles, etc.

Le triac en commutation : Commande des relais statiques : Princ ipe électronique

ARCHIVES NATIONALES. Versement

I- Définitions des signaux.

Relation entre deux variables : estimation de la corrélation linéaire

1. Identification de la substance ou préparation et de la Société. 2. Composition/ informations sur les composants

Chapitre 7. Circuits Magnétiques et Inductance. 7.1 Introduction Production d un champ magnétique

Rafraîchisseur modèle Trav-L-Cool

Chapitre 7: Dynamique des fluides

Dérivation : Résumé de cours et méthodes

M A N U E L D I N S T R U C T I O N S

THERMODYNAMIQUE: LIQUEFACTION D UN GAZ

DEFINTIONS ET FORMULES

CHROMATOGRAPHIE SUR COUCHE MINCE

Sartorius DocuClip & Docu-pH Meter. La nouvelle référence pour des analyses électrochimiques sûres

suiiiiiiiiiiiiiiiaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiifiiiaaiiiiiiiiaatgaiiiiiiiiiiii>iiiiiiiiii9iiiiiiaiiiaaiiiiiiii9iiii>tiiimc«hhii»f iitfmil^

La problématique des tests. Cours V. 7 mars Comment quantifier la performance d un test? Hypothèses simples et composites

Le nouveau système de surveillance continue des émissions atmosphériques

Circuits RL et RC. Chapitre Inductance

Notions physiques Niveau 2

SUIVI CINETIQUE PAR SPECTROPHOTOMETRIE (CORRECTION)

Transcription:

Chapitre 3 Quantité de chaleur Effet de la chaleur. Quand on place un récipient à proximité d une source de chaleur la température de l eau s élève. On dit que la source de chaleur a fourni de la chaleur à l eau. Inversement, quand elle se refroidit, elle perd de la chaleur. Chauffons maintenant un récipient contenant un mélange d eau et de glace. La température reste invariable tant que toute la glace n est pas fondue. La source de chaleur a fourni de la chaleur qui a provoqué un changement d état : la fusion de la glace. Nous distinguons deux effets de la chaleur : élévation de la température sans changement d état physique changement d état sans élévation de température Les notions de chaleur et de température sont donc distinctes. 3.1 La quantité de chaleur : grandeur mesurable Chauffons un litre d eau avec une source de chaleur uniforme et étudions les variations de température. On constate que la température s élève régulièrement. Donc : La quantité de chaleur absorbée par l eau est donc proportionnelle à l élévation de température. Remplaçons le litre d eau par deux litres d eau, on constate que pour provoquer la même élévation de sa température il faut fournir deux fois plus de chaleur. La quantité de chaleur échangée par l eau pour s échauffer de t à t+ t est proportionnelle à la masse de cette eau. 129

eau eau + glace 20 0 20 0 t t = C te Figure 3.1 Dilatation linéaire 3.2 Unités de quantités de chaleur L unité usuelle de quantité de chaleur est la calorie (abréviation : cal) dont la définition est : La calorie est la quantité de chaleur nécessaire pour élever de 14, 5 C à 15, 5 C, sous la pression atmosphérique normale, la température d un gramme d eau. Unités multiples : la kilocalorie (10 3 cal) la thermie (10 6 cal) 3.3 Équivalence travail - chaleur Les machines thermiques assurent la transformation de la chaleur en énergie mécanique. On peut donc considérer la chaleur comme une forme d énergie et exprimer chaleur et énergie mécanique dans la même unité, c est à dire en Joule. L équivalence travail chaleur s exprime par la loi : W = J Q J = 4,1855 J.cal 1 (3.1) 230

1cal équivaut à 4,1855 J 1kcal équivaut à 4,1855 kj 1th équivaut à 4,1855 MJ 3.4 Principes fondamentaux de la calorimétrie Principe des échanges de chaleur. Lorsqu il y a échange de chaleur entre deux corps, la quantité de chaleur gagnée par l un est égale à la quantité de chaleur cédée par l autre. Remarque : Il faut que les échanges de chaleur ne soient accompagnés d aucun travail. Principe des transformations inverses. La quantité de chaleur qu il faut fournir à un corps pour le faire passer d un état initial 1 à un état final 2 est égale à celle qu il restitue lorsqu il revient de l état 2 à l état 1. Exemple : L eau qui s échauffe de 10 C à 40 C absorbe une quantité de chaleur égale à celle qu elle restitue quand elle se refroidit de 40 C à 10 C. 3.5 Chaleur massique Soit Q la quantité de chaleur qu il faut fournir à la masse m d une substance pour élever sa température de t 1 à t 2 sans changement d état. On appelle chaleur massique moyenne de la substance, entre t 1 et t 2 la grandeur : c moy = 1 m δq (t 2 t 1 ) (3.2) Unités δq : quantité de chaleur en cal ou en J m : masse du corps en kg c moy : chaleur massique moyenne cal.kg 1.K 1 ou en J.kg 1.K 1 (t 2 t 1 ) : différence de température en C ou en K 331

3.6 Chaleur massique des solides Dans le cas des solides, on considère que les chaleurs massiques ne varient pas en fonction de la pression. c = c P = 1 m δq dt (3.3) Remarque : Influence de la nature des corps La chaleur massique des solides dépend de la nature du corps. Le tableau suivant donne les chaleurs massiques de quelques corps dans les conditions normales de température et de pression : P = 1 atm. et t = 0 C. Corps c Corps c [kcal.kg 1.K 1 ] [kcal.kg 1.K 1 ] Eau 1 Cuivre 0, 095 Glace 0, 5 Fer 0, 0113 Diamant 0, 147 Plomb 0, 031 Graphite 0, 202 Argent 0, 056 Mercure 0, 033 Platine 0, 032 3.7 Influence de la température En général la chaleur massique d un solide est une fonction croissante de la température. Aux basses températures, la chaleur massique des solides tend vers 0. Aux hautes températures la chaleur massique ne subit que de faibles variations. Dans un domaine de température qui dépend du corps considéré la chaleur massique croit rapidement ( fig 3.2 ). 3.8 Chaleur massique des liquides Comme pour les solides, on considère que les chaleurs massiques des liquides ne varient pas en fonction de la pression. Remarque : Les chaleurs massiques des liquides sont inférieures à celle de l eau, et pour la plupart des liquides organiques elle est de l ordre de 0,5kcal.kg 1.K 1. Chaleur massique de quelques liquides, P = 1 atm et t = 0 C 432

c kcal kg K 1 0.1 0.08 0.06 0.04 0.02 0 0 100 200 300 400 500 600 t C Figure 3.2 Chaleur massique du cuivre en fonction de la température Corps c Corps c [kcal.kg 1.K 1 ] [kcal.kg 1.K 1 ] Eau 1 Benzène 0, 419 Acide acétique 0, 485 Mercure 0, 033 Alcool éthylique 0, 581 Chloroforme 0, 228 Graphite 0, 202 Argent 0, 056 Mercure 0, 033 Platine 0, 032 3.9 Chaleur massique d un gaz Quandonchauffeungaz,ilpeutsubirunevariationdevolumeetproduire un travail extérieur. Ce travail retire au gaz une quantité d énergie suceptible d accroitre son échauffement. La quantité de chaleur qu il faut fournir à une masse m de gaz pour élever sa température de t 1 à t 2 est fonction de la manière dont s effectue l échauffement. Bilan thermique élémentaire Pour obtenir la même variation de température, il faut fournir plus de chaleur lorsque le volume varie. Remarque : Si Q est fonction des conditions l échauffement : il en est donc de même pour la chaleur massique c : 533

Gaz Figure 3.3 Échauffement d un gaz à volume variable Echauffement pression constante Gaz Echauffement à volume constant Gaz Chaleur Variation du volume Travail + chaleur Chaleur V = C te Chaleur Figure 3.4 Échauffement d un gaz à volume variable 634

Si échauffement à pression constante Q P, c P Si échauffement à volume constant Q V, c V c P chaleur massique à pression constante c V chaleur massique à volume constant On appelle chaleur massique d un gaz à pression constante : c P = 1 m δq P δt (3.4) avec dq P quantité de chaleur nécessaire pour élever à pression constante la température de gaz de t à t+dt Chaleur massique d un gaz à volume constante On appelle chaleur massique d un gaz à volume constant : c V = 1 m δq V δt (3.5) avec δq V quantité de chaleur nécessaire pour élever à volume constante la température de gaz de t à t+dt 3.10 Gaz parfaits Danslecasdesgazparfaits,leschaleursmassiquesc P etc V sontindépendantes de la température. On démontre que : 1. gaz parfait monoatomique c P = 5 cal.mole 1.K 1 c V = 3 cal.mole 1.K 1 gaz parfait diatomique gaz parfait triatomique c P = 7 cal.mole 1.K 1 c V = 5 cal.mole 1.K 1 c P = 9 cal.mole 1.K 1 c V = 7 cal.mole 1.K 1 2. c P c V = R avec R : constante des gaz parfaits : R = 8,32J K 1 mole 1 735

3.11 Gaz rééls Pourlaplupartdesgazréélsleschaleursmassiquesc P etc V varientavecla température. On peut alors représenter les variations des chaleurs massiques sous la forme d un polynome du type : c P = a+bt +ct 2 +... 3.12 Chaleur latente de changement d état Lorsqu il y a changement d état physique des corps purs ( solide liquide,...), il n y a pas l effet habituel de variation de la température, malgré l échange de chaleur. Définition : On appelle chaleur latente de changement d état d une substance, la quantité de chaleur L nécessaire pour effectuer, à température constante, le changement d état de l unité de masse du corps, la pression restant constante et égale à la pression d équilibre entre les deux états. Q = ml [L] = J.kg 1 Chaleur latente de quelques corps : Corps L fusion L vaporisation kcal.kg 1 kcal.kg 1 Eau 79, 7 539 Aluminium 95 2575 Argent 25 557 Cuivre 49, 8 1144 Fer 59 1495 Plomb 5, 49 205, 1 Acide acétique 46, 3 97 Remarques : 1. La chaleur latente de fusion ne dépend pratiquement pas de la température. Il n en est pas de même pour la chaleur latente de vaporisation. 836

2. La chaleur latente de fusion de l eau est supérieure aux autres chaleurs latentes de fusion. 3.13 Capacité calorifique La capacité calorifique d une substance représente la masse m d eau qui, recevant la même quantité de chaleur que la substance, subirait la même variation de température. Q = m corps c corps (t 2 t 1 ) = m eau c eau (t 2 t 1 ) m corps c corps = m eau c eau En prenant c eau = 1cal.g 1, m eau = m corps c corps 937