CONVENTION LOCALE SANCTUAIRE DU LAMANTIN D AFRIQUE (MANATEE) DANS LA VALLEE DE L OUEME/SUD-BENIN

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Transcription:

ATELIER RÉGIONAL DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS POUR LA RÉGION AFRICAINE SUR LES PROTOCOLES COMMUNAUTAIRES, LES INDICATEURS DES CONNAISSANCES TRADITIONNELLES ET L'UTILISATION COUTUMIÈRE DURABLE DE LA CDB 25-29 JANVIER 2016, NAIROBI, KENYA GESTION COMMUNAUTAIRE DES RESSOURCES NATURELLES MENACEES DANS DES ESPACES NON PROTEGES CONVENTION LOCALE SANCTUAIRE DU LAMANTIN D AFRIQUE (MANATEE) DANS LA VALLEE DE L OUEME/SUD-BENIN Par Patrice SAGBO Communauté Locale Riveraine de la Forêt Communautaire Marécageuse HLANZOUN

PLAN I-BREVE PRESENTATION DU LAMANTIN (MANATEE) II- ETAT DES LIEUX AU DEPART III- QUELQUES ACTIONS DE NATURE TROPICALE ET DU FORUM BIODIVERSITE POUR AMELIORER LA SITUATION IV-QUELQUES RESULTATS CONCLUSION

I- QU EST-CE QUE LE LAMANTIN D AFRIQUE? MANATEE

BREVE DESCRIPTION DU LAMANTIN D AFRIQUE( MANATEE) Nom scientifique: Trichechus senegalensis - Règne : Animal Embranchement : Vertébrés Classe : Mammifères Ordre : Sireniens Famille : Trichechidae Corps: Fusiforme avec quelques poils sur le museau Tête: sans oreilles extérieures ni défenses Queue: comme un large gouvernail horizontal Couleur: grise Poids: 250 à 650 kgs Longueur: 4mètres Régime alimentaire : herbivore non ruminant Habitat: fleuves et rivières. Rarement dans lagunes et milieux saûmatres Reproduction: Mature: 5-7 ans; Gestation: 13 mois avec un bébé tous les 2-3 ans Durée de vie: 60 ans. ESPECE INTEGRALEMENT PROTEGEE

II- ETAT DES LIEUX AU DEPART Localités Goukon (Aguégués), Navêli (Dangbo), Tokpli (Adjohoun), Atchabita (Bonou) et Bossa (Sagon) de la vallée de l Ouémé : 1-Menaces de toutes sortes sur le lamantin - Braconnage (pour vente et consommation) - Perturbation de l habitat naturel ( Fleuve Ouémé) par les embarcations - Destruction de l habitat naturel ( Fleuve Ouémé) ( par des produits chimiques, des champs autour ) - Populations de lamantins en régression croissante 2- Pauvreté de la communauté 3- Localité enclavée 4- Crues périodiques Etc

III- QUELQUES ACTIONS POUR LA SAUVEGARDER LE LAMANTIN ET SON HABITAT

IV- PREMIÈRES ACTIONS Par NATURE TROPICALE / LE FORUM BIODIVERSITE DEPUIS 2008: - - RECHERCHES pour mieux comprendre la situation - - ECOUTE DE LA COMMUNAUTE A travers plusieurs rencontres - - ALERTE DES AUTORITES COMPETENTES ( Locales, administratives)par organisation de leur visite dans la localité pour mieux apprécier la situation de vulnérabilité du lamantin et de la communauté - - SENSIBILISATION, PLAIDOYER, LOBBYING, DES PARTIES PRENANTES, LA COMMUNAUTE SURTOUT - - INTRODUCTION D ACTIVITES ALTERNATIVES GENERATRICES DE BENEFICES - - INTRODUCTION DE L ECOTOURISME GERE PAR LA COMMUNAUTE

AUTRE ACTION: ECOMAPPING

V- QUELQUES RESULTATS PRISE DE CONSCIENCE PAR LES AUTORITES ( actions de désenclavement de la localité, appuis aux activités agricoles visites plus fréquentes ) PRISE DE CONSCIENCE DE LA COMMUNAUTE ( installation de comité de veille par elle-même pour veiller sur les lamantins CONVENTION LOCALE SUR PROPRE INITIATIVE DE LA COMMUNAUTE EN 2015

LA CONVENTION LOCALE DU SANCTUAIRE DU LAMANTIN D AFRIQUE DANS LA VALLEE DE L OUEME Obtenue à la suite d une longue période de travail aux côtés de la communauté pendant plus de 7ans Sur propre initiative de la communauté après s être rendue compte de l importance richesse que constituent pour elle l ensemble des ressources dont le lamantin et les intérêts, les bénéfices qu elle pourrait en tirer ( pistes, appui à la petite agriculture, l écotourisme, visibilité de la localité.

GRANDES LIGNES DE LA CONVENTION LOCALE 1- Répertoire de tous les textes juridiques et règlementaires, Accrds et Conventions Internationales pris et ratifiés par le Bénin 2- Obligations des différentes parties prenantes ( Communautés locales/comités locaux de sauvegarde, autorités locales, ongs 3- Les règles de gestion 4- Les sanctions

QUELQUES EXTRAITS DES DISPOSITIONS DE LA CONVENTION Article 3 : La présente Convention Locale émane d une volonté de gestion participative de la Réserve Communautaire Naturelle de la Vallée de l Ouémé ou Sanctuaire du Lamantin d Afrique de l Ouest dans la Vallée de l Ouémé sous la libre initiative des communautés locales avec l appui conseil de l ONG Nature Tropicale et du Centre National de Gestion des Réserves de Faune (CENAGREF). Article 6 Les comités locaux de sauvegarde des ressources naturelles des Communes des Aguégués, de Dangbo, d Adjohoun, de Bonou, de Ouinhi et de Zangnanado assurent : la surveillance des ressources et des infrastructures la sensibilisation permanente des communautés locales sur la sauvegarde des ressources et la salubrité de la zone; facilite l accès du site d observation des ressources aux autres acteurs et visiteurs ; assure l aménagement du site d observation ; l écoguidage des visiteurs

QUELQUES EXTRAITS (SUITE) art.6 (suite): La Mairie de chaque Commune partenaire : s engage pour une collaboration franche et sincère avec les différents acteurs impliqués contribue à assurer l assainissement de la zone, assure la sécurité des biens et des personnes dans la zone ; inscrit dans son Plan de Développement et son Programme d investissement la protection des espèces menacées dont le lamantin d Afrique, le singe à ventre rouge et d autres espèces dans le milieu; prévoit une ligne budgétaire pour accompagner le processus de mise en œuvre ;

QUELQUES EXTRAITS ( SUITE) Article 8 Le lamantin d Afrique qui vit dans les zones humides est intégralement protégé et a besoin de la contribution de tous pour sa survie. Il est interdit de le pêcher ; Il est interdit de le massacrer dans les zones humides ; Il est interdit de faire la pêche dans les limites définies de commun accord et balisées des noyaux centraux et gites dans le sanctuaire Il est interdit de transformer les zones humides en dépotoirs publics d ordures ; Il est interdit de considérer les zones humides comme une latrine publique. Il est formellement interdit d utiliser les pneus usagers pour pêcher les poissons Le comité de sauvegarde des ressources naturelles de l Ouémé est responsabilisé pour assurer la veille environnementale, la surveillance des ressources et des infrastructures de même que la sensibilisation régulière des communautés locales

QUELQUES EXTRAITS (SUITE) ETC. Article 13 Il est institué en dehors des aires centrales de la réserve et des sites de concentration de la ressource phare constituée de 54 hectares environ, des zones tampon, dite de réglementation, qui s étend le long de la limite de la réserve avec le lac sur une bande de..m de large. Article 14 Les mammifères aquatiques (lamantin, loutres) ou terrestres ; les reptiles (tortues, crocodiles, varans et ophidiens) accidentellement capturés dans les filets ou autres engins doivent être immédiatement relâchés. Article 15 Toute capture et toute nouvelle installation de hameaux ou villages sont interdites dans le Sanctuaire. Il en est de même, toute action pouvant nuire à la biodiversité même de façon provisoire, sauf pour des raisons scientifiques et sur autorisation spéciale de l autorité administrative et sous le contrôle des responsables en charge de la Réserve.

CONCLUSION Le travail avec les communautés locales sur la sauvegarde des ressources biologiques nécessite stratégique bien élaborée, patience, transparence, franche collaboration Une bonne compréhension des enjeux par les communautés, leur mise confiance sont des atouts pour une bonne gestion des ressources de la biodiversité Pauvreté, précarité et ignorance des communautés locales constituent des menaces pour la biodiversité Lorsque la communauté locale reconnaît ses intèrêts à travers les ressources biologiques, elle met ses connaissances à contribution pour assurer leur conservation et gestion durable

FIN MERCI.