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Les transformations de la matière Chapitre 7 : Forces intermoléculaires et solvants Cours de chimie de première période de PCSI 1

Forces intermoléculaires et solvants Le Plan du cours Chapitre 7 Forces intermoléculaires et solvants I. RAPPELS : LES DIFFERENTS ETATS DE LA MATIERE 3 II. EXISTENCE DE FORCES INTERMOLECULAIRES. 4 III. LES INTERACTIONS DE VAN DER WAALS. 5 1 ) INTERACTION DIPOLE PERMANENT DIPOLE PERMANENT : INTERACTION DE KEESOM (1912) 6 2 ) INTERACTION DIPOLE PERMANENT DIPOLE INDUIT : INTERACTION DE DEBYE (1920) 8 3 ) INTERACTION DIPOLE INSTANTANE DIPOLE INSTANTANE : INTERACTION DE LONDON (1930) 10 4 ) CONTRIBUTION TOTALE : INTERACTION DE VAN DER WAALS 11 5 ) CONSEQUENCES DES FORCES (OU INTERACTIONS) DE VAN DER WAALS 14 IV. LA LIAISON HYDROGENE 15 V. LES SOLVANTS MOLECULAIRES 19 1 ) DEFINITION 19 2 ) CLASSEMENT DES SOLVANTS 20 3 ) DISSOLUTION ET SOLVATATION : LES GRANDEURS QUI CARACTERISENT UN SOLVANT. 21 4 ) SOLVANT ET CHIMIE VERTE FONT- ILS BON MENAGE? 24 2

I. Rappels : les différents états de la matière Quelques rappels du chapitre 4 (première période) : La classification la plus large des états de la matière comporte trois états, ou trois formes de la matière macroscopique, à savoir, le gaz, le liquide et le solide. Nous verrons qu il sera possible d affiner cette classification, mais considérons qu il s agit là d un bon point de départ! Nous pouvons distinguer les trois états précédents en observant le comportement d une substance enfermée dans un récipient rigide. Un gaz est une forme fluide de la matière qui remplit le récipient qu il occupe. Les entités chimiques sont éloignées les unes des autres, elles se déplacent dans des mouvements désordonnés au sein du récipient. Les interactions entre ces entités, interactions intermoléculaires sont faibles. Nous les étudierons un peu plus loin, ce sont les interactions de Van der Waals. Lorsque la pression est faible, les entités sont très éloignées les unes des autres, elles peuvent être décrites alors par un modèle, qui est le modèle du gaz parfait. Dans le modèle du gaz parfait, les entités sont assimilées à des entités ponctuelles et qui sont sans interactions les unes avec les autres. Un gaz parfait obéit à une équation d état, l équation d état des gaz parfait : PV = nrt. Voir annexe jointe. Un liquide est aussi une forme fluide, mais qui a une surface bien définie, et qui remplit le fond du récipient. C est un état compact mais qui est désordonné. Un liquide prend la forme du récipient qui le contient. Là encore, ce sont les interactions de Van der Waals qui maintiennent les molécules proches les unes des autres. Un solide conserve sa forme, quelque soit le récipient dans lequel il se trouve. Les distances entre les entités qui le constituent sont faibles et les interactions entre elles sont fortes : la cohésion du solide est forte et il est en général très rigide. La phase liquide et la phase solide constituent des phases que l on appelle des phases condensées. 3

II. Existence de forces intermoléculaires. Forces intermoléculaires : elles s exercent entre les différentes entités qui constituent un édifice (liquide ou solide). De ces forces, découlent des interactions, qui sont stabilisantes, ou bien déstabilisantes. Avant d étudier les interactions de faibles énergies, classons les liaisons chimiques en liaisons fortes et en liaisons faibles : Liaison covalente Liaison ionique Liaison métallique Liaisons fortes Liaison réalisée par un doublet d électron entre A et B. Electronégativités de A et B voisines Liaison réalisée entre ions A + et B - (donc de signes contraires). Electronégativités de A et B très différentes Liaison réalisée entre atomes A et B d électronégativités faibles possédant peu d électrons de valence. Se forme si grand nombre d atomes A et B Ordre de grandeur : énergie de 200 à 500 kj.mol - 1 Ordre de grandeur : énergie de 200 à 500 kj.mol - 1 Ordre de grandeur : quelques centaines de kj.mol - 1 Concernent les métaux de la classification périodique Liaison hydrogène Liaison de Van der Waals Liaisons faibles Liaison réalisée par un atome d hydrogène déjà lié à un atome électronégatif A, et un autre atome très électronégatif d une autre molécule. Liaison réalisée par l attraction entre dipôles permanents ou induits d atomes ou molécules. Ordre de grandeur : énergie de 20 à 40 kj.mol - 1 Ordre de grandeur : énergie de 1 à 10 kj.mol - 1 4

III. Les interactions de Van der Waals. Dans une molécule, la cohésion des atomes de la molécule est assurée par les liaisons covalentes. La cohésion des liquides, celle des solides moléculaires (cristal de diiode par exemple) s expliquen par l existence d interactions qui s exercent à faible distance. Ces interactions sont aussi responsables de l organisation structurale des molécules biologiques, comme les protéines, qui ont une structure en hélice. Elles participent aussi à la cohésion des macromolécules constituantes des polymères par exemple. Ces interactions qui s exercent à faible distance sont désignées sous l appellation d interactions de Van der Waals. Elles sont donc responsables de la condensation en liquide et en solide des molécules et atomes à basses températures lorsqu il n y a pas d autres liaisons plus fortes à l œuvre. Ces interactions mettent en jeu des énergies faibles, de l ordre l unité à la dizaine de kj.mol - 1, c est à dire des énergies 10 à 100 fois plus faibles que celles des liaisons covalentes. Une autre interaction expliquant entr autres les températures de changement d état de l eau anormalement élevées sera aussi étudiée : la liaison hydrogène. C est Van der Waals qui a suggéré qu il y avait des interactions de faible énergie entre les molécules (par exemple I2), ou entre les atomes de gaz rares. Il a ainsi proposé une équation d état du gaz réel qui traduisait l écart de comportement au gaz parfait. Ce sont ces mêmes interactions qui assurent la cohésion dans les cristaux moléculaires. 5

Johannes Diderik Van der Waals Physicien hollandais né à Leyde en 1837 décédé à Amsterdam 1923 Prix Nobel de Physique en 1910 The Nobel Prize in Physics 1910 was awarded to Johannes Diderik van der Waals "for his work on the equation of state for gases and liquids". Ces interactions de faibles énergies sont des interactions de types électrostatiques dipôles- dipôles. L appellation «liaisons de Van der Waals» rassemble en fait trois contributions distinctes : Interaction entre molécules polaires : étudiée par Keesom Interaction entre molécules polaires et apolaires : étudiée par Debye Interaction entre molécules apolaires : étudiée en détail par London Rappel : moment dipolaire d une molécule : - q d µ r + q 2 charges +q et - q distantes de d forment un dipôle. Le moment dipolaire µ est un vecteur orienté du "- " vers le "+" et sa norme vaut : µ = q.d (q>0). 1 ) Interaction dipôle permanent dipôle permanent : interaction de KEESOM (1912) 6

Willem Hendrik KEESOM 1876-1956 a solidifié l hélium en 1926 Cette interaction s établit entre deux molécules polaires A et B. C est d abord Keesom qui a établi l expression d une première contribution aux interactions de Van der Waals : l interaction entre dipôles permanents dans les molécules polaires. On l appelle effet d orientation. Si on appelle p 1 et p 2 les normes des moments dipolaires des 2 molécules envisagées, l énergie d interaction de Keesom est : 2 p p 1 1 1 E k=- 3(4πε) RTd d 2 2 1 2 2 6=-Ak 6 E p p - T d 2 2 k 1 2 6 EK = - KK / d 6 Cette interaction dépend de T, température : cette dépendance par rapport à la température T montre que l énergie d interaction diminue lorsque la température T augmente (l effet d orientation est concurrencé par l agitation thermique). Cette interaction est d autant plus forte que les moments dipolaires des deux molécules sont grands : l interaction est plus forte lorsque les moments sont très polaires. Il faut retenir également que cette interaction est en 1/d 6 : elle ne s exerce donc qu à de faibles distances (quelques centaines de picomètres). 7

Cette interaction est celle que l on rencontre entre deux molécules polaires tels CO, tels HI par exemple. Elle assure la cohésion de solides tel celle du cristal de NO (θfus = - 205 C et p = 0,15 D) 2 ) Interaction dipôle permanent dipôle induit : interaction de DEBYE (1920) Peter Joseph William DEBYE (Maastricht, 1884 - Ithaca, 1966) Prix Nobel de chimie en 1936 «Pour ses contributions à la connaissance de la structure moléculaire au travers de ses recherches sur les moments dipolaires et la diffraction X et électronique des gaz.» En 1920, Debye a établi l expression d une nouvelle contribution, qui s ajoute à la précédente lorsqu elle implique deux molécules polaires. C est l interaction connue sous le nom de Debye, entre un dipôle permanent et un dipôle induit. On parle ici d effet d orientation.. Une molécule polaire A crée dans son voisinage un champ électrique. Ce champ électrique va induire une déformation du nuage électronique dans une molécule B voisine. B va posséder alors un moment dipolaire, qu on qualifie d induit. Ce moment dipolaire induit est proportionnel à la polarisabilité α de la molécule B. Il en résulte 8

une interaction entre le moment dipolaire permanent de la molécule A et le moment dipolaire induit de B. L énergie d interaction de Debye est de la forme : E D= - α (4πε) d p 2 1 2 6=-A 1 D 6 d Il faut noter que cette interaction ne dépend pas de T, et qu elle est également en 1/d 6. Cette interaction est d autant plus grande que la molécule B est polarisable. Cette interaction est celle que l on a entre la molécule polaire H 2 O et la molécule non polaire Cl 2. La polarisabilité α a la même unité que (moment dipolaire/champ électrique) soit (C.m/V.m - 1 ) soit C.m 2.V - 1. On trouvera plus fréquemment dans la littérature les valeurs de «volume de polarisabilité» α : α' = α/4πε0. α' s exprime en m 3. p / D α' / 10-30 m 3 Ar 0 1,66 CCl4 0 10,5 C6H6 0 10,4 H2 0 0,819 H2O 1,85 1,48 NH3 1,47 2,22 HCl 1,08 2,63 HBr 0,80 3,61 HI 0,42 5,45 p E - d 2 1 α2 D 6 ED = - KD / d 6 9

3 ) Interaction dipôle instantané dipôle instantané : interaction de LONDON (1930) Fritz LONDON 7 mars 1900 à Breslau en Allemagne 30 mars 1954 à Durham (USA) Mais quelle interaction s exerce par exemple entre deux atomes de gaz rares, par exemple Ar, entités qui ne possèdent pas de moments dipolaires permanents? De même, qu est- ce qui est responsable de la cohésion des cristaux de diiode (molécule de diiode non polarisée)? Il faudra attendre le développement de la mécanique quantique et les travaux de London en 1930 pour qu une troisième contribution, la plus importante et la plus générale, soit explicitée. Quand on appelle Ei l énergie de première ionisation de chaque molécule, et α leur polarisabilité, l énergie de cette interaction, l interaction de London, est : E E α.α E 3 1 1 L=- =-A 2 E +E (4πε) d d i1 i2 1 2 2 6 L 6 i1 i2 A un instant t donné, la répartition électronique dans la molécule ou l atome n est pas symétrique : la molécule possède un moment dipolaire instantané (dont la valeur moyenne à l échelle macroscopique est nulle). Ce sont ces interactions entre moments dipolaires instantanés qui expliquent cette troisième contribution. Ce phénomène est aussi appelé effet de dispersion. Il faut retenir que cette contribution, indépendante aussi de T, est également en 1/d 6. E.E.α.α E - d EL = - KL / d 6 i1 i2 1 2 L 6 Cette interaction est d autant plus grande que la molécules considérées sont polarisables. 10

4 ) Contribution totale : interaction de Van der Waals Sous le terme d interactions de Van der Waals, il y a en fait trois contributions : K+ K + K EVdW= - 6 d K D L Leurs importances pour quelques molécules sont rapportées dans les tableaux de la page suivante. Il faut relever le caractère général et important de l interaction de London. Tableau 1 : énergie exprimée en kj.mol -1 ; importance des différentes contributions. A ces interactions attractives variant en 1/d 6, est associée une force, appelée force de Van der Waals, qui varie en 1/d 7. Rem : force en 1/d 7 : à la distance d1 : force à 1/d1 7 Si la distance double : à la distance 2d1 : force à 1/(2d1) 7 soit : à (1/d1 7 )/2 7 = (1/d1 7 )/128 : la force qui s exerce entre les deux molécules est diminuée d un facteur 128 à chaque fois que la distance double. Ces interactions sont non dirigées, et de symétrie sphérique. Les nuages électroniques des atomes ne peuvent pas s interpénétrer : il faut donc, aux interactions précédentes, ajouter un terme répulsif. Ce terme répulsif est pris, suivant les modèles, par exemple sous la forme : A.d - 12 (potentiel de Lennard- Jones, empirique). 11

A l équilibre, la distance entre deux molécules est celle qui minimise l énergie totale. Représentation légendée : Ènergie E Rep = (σ/d) 12 E Tot = (σ/d) 12 - (σ/d) 6 distance d E VdW = - (σ/d) 6 12

On peut rechercher rmin, correspondant au minimum de ETot : rmin = 341x2 1/6 = 382,76 pm. La distance à l équilibre correspond à deux fois le rayon de Van der Waals de la molécule. Exemples : d1 = 2 x (rayon covalent de l atome) = 2.Rcov d2 = 2x (rayon de Van der Waals) = 2 RVdW Tableau 2 : rayon covalent et rayon de Van der Waals de quelques atomes Rcov RVdW H 37 120 N 75 155 O 73 150 F 71 155 Cl 99 180 13

Br 114 190 I 133 195 Les interactions de Van der Waals varient en d - 6. Elles ne s exercent qu à très courtes distances (elles sont négligeables par exemple au delà de 300 pm par rapport aux interactions coulombiennes qui varient, elles, en d - 2 ). Ces interactions mettent en jeu des énergies faibles : quelques kj.mol - 1. 5 ) Conséquences des forces (ou interactions) de Van der Waals Energie de cohésion dans solides moléculaires solide energie de cohésion en kj.mol - 1 température de fusion en K neon 2.5 24 argon 8.5 84 krypton 12 117 xenon 16 161 dihydrogène 1 14 dioxygène 8.6 54 dichlore 31 172 de H2 à Cl2 ou de Ne à Xe : nuage électronique de plus en plus gros => polarisabilité de plus en plus forte => interaction dipôle induit /dipôle induit de plus en plus forte solubilisation et miscibilité : Plus les molécules d un soluté peuvent donner d interactions avec celles d un solvant et plus grande sera la solubilité dans ce solvant - il en est de même pour la miscibilité entre deux liquides Exemple 1 : 14

produit propriétés solubilité dans l eau n- pentane CH3- CH2- CH2- CH2- CH3 apolaire 0.4 g/l diéthyléther CH3- CH2 - O - CH2- CH3 interaction possible avec l eau par l oxygène (polarisation possible et liaison hydrogène possible) 75 g/l amino- 1 propane CH3- CH2- CH2- CH2- NH3 moléculaire polaire et double possibilité de former des liaisons hydrogène très soluble Exemple 2 : H- I : molécule très polaire ALORS : interaction dipôle permanent /dipôle permanent avec l eau suffisamment forte pour rompre la liaison => solubilisation avec ionisation I - I : moléculaire apolaire ALORS : peu soluble dans l eau gros nuage électronique => polarisation induite à l approche de la molécule d eau =>cette interaction ( faible ) permet la dispersion de I 2 dans l eau en petite quantité. Remarque : pour dissoudre I 2 dans l eau, on le dissout en fait dans une solution de KI : il se forme l ion I 3 - => interaction dipôle / dipôle avec l eau forte => solubilisation importante IV. La liaison hydrogène Enfin, dans certains cristaux moléculaires, telle la glace, il y a une autre interaction plus importante que celles de Van der Waals, qui met en jeu des énergies de quelques dizaines de kj.mol - 1. C est la liaison hydrogène. La liaison hydrogène est une interaction de nature électrostatique de type dipôle- dipôle. 15

Définition de la liaison hydrogène : Une liaison hydrogène se forme lorsqu un atome d hydrogène lié à un atome électronégatif X interagit avec un atome Y, électronégatif et porteur d un doublet libre. X et Y sont des atomes petits et électronégatifs, tels N,F et O essentiellement. δ δ X H Y liaison hydrogëne Cette liaison hydrogène explique les températures de changements d état anormalement élevées de l eau comme le montrent les deux graphes ci- dessous : 16

Autres manifestations de la liaison hydrogène : Températures de changements d état élevées des alcools comparées à celles des dérivés monohalogénés ou d alcanes de mêmes masses molaires. Structure en hélice de l ADN et des protéines. 17

Bande large en spectroscopie IR caractéristique de la liaison OH, affaiblie par liaison hydrogène intermoléculaire. Dans la glace, chaque atome H participe à une liaison covalente et à une liaison hydrogène : 18

276 pm 177 pm 99 pm Dans l eau, la solubilité des composés pouvant établir des liaisons hydrogène avec l eau est beaucoup plus grande que celle des composés ne pouvant pas en établir : l ammoniac NH3 est beaucoup plus soluble que le diiode I2 dans l eau par exemple. (voir paragraphe précédent). V. Les solvants moléculaires 1 ) Définition Introduction Un solvant est un liquide qui a la propriété de dissoudre, de diluer ou d'extraire d'autres substances sans provoquer de modification chimique de ces substances et sans lui- même se modifier. Les solvants permettent de mettre en oeuvre, d'appliquer, de nettoyer ou de séparer des produits. Il existe environ un millier de solvants différents, dont une centaine d'usage courant, en particulier dans l'industrie et le bâtiment. Solvants : Tout simplement indispensables Solvants : Tout simplement indispensables indispensables Solvants : Tout simplement indispensables 3. Famille : les cétones Solvants : Tout simplement indispensables 4. Famille : les esters Le leur uniforme permet solvant de s éva- qui nous est le plus vant, l acétate familier d éthyle est également bien entendu utilisé comme l eau. Les cétones comme 3. Famille : les rt l utilisation l acétone, cétones 1. Famille la MEK : les (méthyl 4. Famille : les esters alcools 3. Famille : les cétones n solvant qui Les cétones comme éthylcétone) et la et un autre MIBK Si les (méthyl parfumeurs isobutyl l acétone, la MEK (méthyl éthylcétone) et la largement l acétone, la MEK (mé- Les cétones comme du procédé. cétone) utilisent interviennent s comme dans dans la production des MIBK (méthyl l éthanol, c est parce thyl éthylcétone) et la t obtenu grâce composites isobutyl de fibres de cétone) interviennent qu il est presque MIBK (méthyl isobutyl carbone utilisées dans dans la production la inodore. fabrication des De de plus, skis. cétone) interviennent xygénés composites et de Les il fibres s évapore fibres de de carbone dans la production des rocarbures carbone utilisées sont rapidement dans recouvertes de composites de fibres de la peau. la fabrication résine de grâce skis. époxy. à Le haut carbone utilisées dans s repose sur pouvoir solvant des L acétate d éthyle est présent dans les vernis à ongles. Les fibres de son carbone point la fabrication de skis. es solvants cétones ramollit la Il est particulièrement apprécié pour son odeur sont recouvertes d ébullition de Les fibres de carbone uniquement résine ce qui facilite son fruitée et son séchage rapide. Grâce à son pouvoir solvant, sont l acétate recouvertes d éthyle est de également utilisé comme résine époxy. rbone, tandis peu Le haut application élevé et uniforme t utilisé pour dégivrer nt composés pouvoir solvant entre ne reste les des pas couches au contact de de la peau. L acétate dissolvant résine d éthyle époxy. de est vernis présent Le à ongles. haut dans les vernis à ongles. e il reste liquide carbone cétones et ramollit fibres. Le la bas point Il est particulièrement pouvoir solvant apprécié des pour son odeur en dessous résine de zéro ce qui facilite d ébullition son des cétones fruitée et cétones son séchage ramollit rapide. Grâce la à son pouvoir sol- e les traces application sur les vés du pétrole. 2. Famille : les alcools résine ce qui facilite son ment ivrer utilisé dans les entre les couches porer rapidement ainsi dissolvant ager u raffinage pour le nettoyage du application de vernis à ongles. uniforme quide les couches se lient les pétrochimique. fibres. Le bas L alcool point isopropylique est utilisé pour dégivrer unes aux autres pour entre les couches de zéro ères premières, d ébullition des et cétones nettoyer les pare-brise car il reste liquide former un produit solide à des s éva- fibres. Le bas point r les ou la biomasse leur permet de et résistant. températures bien en dessous de zéro s d ébullition des cétones duction les totale porer rapidement degré. ainsi Ce solvant enlève les traces sur les yage leur permet de s évaporer rapidement ainsi les couches se pare-brise lient les et il est également utilisé dans les généralement unes aux autres produits pour d entretien ménager pour le nettoyage les couches se lient les Solvants oxygénés Solvants oxygénés Solvants oxygénés Solvants : Tout simplement indispensables 6. Famille : les éthers de glycol 8. Famille : les hyd Les éthers de glycol sont très Les hydrocarbures a 6. efficaces Famille en : les tant éthers 4. Famille que composants de glycol : les esters carbures 8. désaromati Famille : 6. Fa Les éthers actifs de des glycol agents sont de très de charpente. Les hydroca Leur b nettoyage professionnels tension superficielle efficaces en tant que composants actifs des agents de de charpent carbures Les dés é pour les vitres, les sols et effica les autres surfaces dures. nettoyage posa Ces solvants professionnels présentent tension supe pour netto une bonne les vitres, compatibilité les sols et les avec autres l eau, surfaces dissolvent dures. pour Ces aussi solvants bien les présentent graisses les a une que bonne les huiles compatibilité et sont Ces avec rapidement l eau, biodégradables. dissolvent une aussi bien les graisses avec que les huiles et sont auss rapidement biodégradables. que 7. Famille : les esters d éther de glycol rapid Dans les peintures L acétate en spray, d éthyle on ajoute est des présent esters dans d éther les vernis à ongles. de glycol pour éviter que ces dernières ne sèchent avant Il est particulièrement apprécié pour son 9. odeur Famille : les hy qu elles se déposent sur les surfaces à peindre. C est grâce 7. fruitée et son séchage rapide. Grâce à son pouvoir Les solvant, repeindre l acétate efficacement d éthyle les est voitures. également utilisé comme sont utilisés pour ex hexanes commer à Famille la lente évaporation : les esters de d éther ces puissants de glycol solvants que l on peut par exemple Dans les peintures en spray, on ajoute des esters d éther 7. Fa dissolvant de vernis à ongles. traire l huile naturell de glycol pour éviter que ces dernières ne sèchent avant des graines, 9. Famille en Dans raison : qu elles se déposent sur les surfaces à peindre. C est 19 grâce d un pouvoir solvant Les hexanes de gl à la lente évaporation de ces puissants solvants que l on optimal (un solvant qu el peut par exemple repeindre efficacement les voitures. dissout sont son semblable). traire L hexane l huile à la utilisés est un solvant des graines, léger, peut Solvants oxygénés Solvants oxygénés

Nous nous limiterons dans la suite aux solvants utilisés dans les laboratoires de chimie. 2 ) Classement des solvants Les solvants sont généralement classés en trois catégories : Un solvant protique est un solvant dont les molécules sont potentiellement capables de céder un proton H +. Ils sont donc donneur de protons, ce sera le cas de l eau, et des solvants possédant un groupe OH. Un solvant dont les molécules ne peuvent pas céder de proton sont dits aprotiques. Un solvant polaire est constitué de molécules qui possèdent un moment dipolaire. Catégorie Polaire et Protique Apolaire et Aprotique Polaire et Aprotique Exemples Eau, alcools comme l éthanol et le méthanol, acides carboxyliques comme l acide éthanoïque Hexane, tétrachlorure de carbone CCl4, cyclohexane, le toluène, les étheroxydes La propanone, le DMSO(DiMéthylSulfoxyde), le DMF (DiMéthylFormamide), le HMPT (HexaMéthylPhophoramide) Exemples de solvant : 20

Solvant Catégorie Moment dipolaire µ en Debye Constante diélectrique ε r à 25 C Eau H2O Protique polaire 1.85 78.5 Méthanol CH3OH Protique polaire 1.70 32.6 Ethanol CH3CH2OH Protique polaire 1.69 24.3 Acétonitrile CH 3 CN Aprotique polaire 3.92 36.2 Diméthylformamide DMF HCON(CH 3 ) 2 3.82 36.7 Diméthylsulfoxyde DMSO CH 3 SOCH 3 3.96 49 Acétone (propanone) CH 3 COCH 3 2.88 20.7 Hexaméthylphosphoriquetriamide HMPT [(CH 3 ) 2 N] 3 PO 4.30 30 Ether éthylique C2H5OC2H5 Hexane C6H12 Aprotique apolaire 0 0 4.3 1.9 3 ) Dissolution et solvatation : les grandeurs qui caractérisent un solvant. Un solvant caractérisé par son moment dipolaire µ ou permittivité relative, ε r. et par sa constante diélectrique, Dans le cas de l eau, la constante diélectrique est élevée, et vaut εr = 78,5. εr intervient dans la force de Coulomb qui s exerce entre deux charges q et q distantes de r : 1 Dans le vide:f = 4πε o q.q' r 2 1 Dans l'eau :f = 4πε ε o r q.q' r 2 Ainsi, cette attraction est 80 fois plus faible quand on passe du vide dans l eau : l eau est qualifiée de solvant dissociant et dispersant, car les paires d ions sont dissociées (les 21

ions sont séparés). De la même façon, le moment dipolaire important de l eau favorise la dispersion des charges dans des molécules polarisables, ou déjà polarisées : l eau est qualifiée de solvant ionisant. Résumons : pouvoir ionisant de l'eau HCl(g) (H +,Cl - )(aq) : paire d ions pouvoir dissociant de l'eau (H +,Cl - )(aq) : paire d ions (dissociant et dispersant) Ions (H + ) (Cl - )(aq) séparés Hydratation de l anion pouvoir hydratant de l'eau Ions (H + ) (Cl - )(aq) séparés (dissociant et dispersant) et 22

Hydratation du cation Enfin, parce qu il existe des liaisons hydrogène, et parce que les liaisons OH sont polarisées, l eau est aussi un solvant hydratant. Les dessins (ci- dessous et ci- dessus) illustrent l hydratation des anions et des cations dans l eau. L hydratation est la solvatation par le solvant H2O : c est l association du soluté, ici des ions, et des molécules d eau. L association résulte dans ce cas là d interactions électrostatiques ions- dipôles comme l illustrent les deux schémas ci dessous, de l établissement de liaisons hydrogène, ou de véritables liaisons covalentes. Les atomes d hydrogène (δ+) sont orientés vers l anion central - - + + + + - - + - Les atomes d oxygène (δ- ) sont orientés vers le cation central - + D une façon générale, nous retiendrons que : 23

Plus les molécules d un soluté peuvent donner d interactions avec un solvant, plus ce soluté sera soluble dans ce solvant. De la même façon, si les interactions A- A entre les molécules d un solvant A sont très différentes des interactions B- B entre les molécules d un solvant B, alors les solvants A et B ne sont pas miscibles. Par exemple : Solvant A : eau, il y a des interactions dipôle- dipôle entre les molécules d eau polaires, et des liaisons hydrogène entre les molécules d eau. Solvant B : cyclohexane, solvant apolaire. Alors : l eau et le cyclohexane ne sont pas miscibles. D une façon générale, cela est mis à profit en chimie organique lorsque l on effectue une extraction liquide- liquide avec l ampoule à décanter. phase organique phase aqueuse 4 ) Solvant et chimie verte font- ils bon ménage? Voici le principe 5 de la chimie verte (parmi les 12) : LES 12 PRINCIPES DE LA CHIMIE VERTE Paul T. Anastas et John C. Warner ont publié, à la fin des années quatre-vingtdix, douze principes nécessaires à l'établissement d'une chimie durable. 1. Prévention : limiter la pollution à la source plutôt que devoir éliminer les déchets ; 2. Économie d'atomes : optimiser l'incorporation des réactifs dans le produit final ; 3. Conception de synthèses chimiques moins dangereuses qui utilisent et conduisent à des produits peu ou pas toxiques ; 4. Conception de produits chimiques plus sûrs : efficaces et moins toxiques ; 5. Réduction de l'utilisation de solvants et d'auxiliaires ; 24

6. Réduction de la dépense énergétique ; 7. Utilisation de matières premières renouvelables au lieu de matières fossiles ; 8. Réduction des produits dérivés qui peuvent notamment générer des déchets ; 9. Utilisation de la catalyse ; 10. Conception des substances en intégrant leur mode de dégradation finale ; 11. Mise au point de méthodes d'analyse en temps réel pour prévenir la pollution ; 12. Développement d'une chimie sécuritaire pour prévenir les accidents, les explosions, les incendies et les rejets. Souvent, on ne peut pas travailler sans solvant. Il s agit alors de choisir celui dont les effets néfastes sur l environnement sont les plus faibles. La question est alors de déterminer le caractère «vert» d un solvant. Dans l'absolu, il n y a pas de solvant «vert» ; le caractère plus ou moins «vert» d un solvant ne peut être déterminé que dans le contexte d un procédé. Par exemple, même l eau - qui semble a priori le solvant le moins dangereux pour l environnement - n est pas nécessairement le solvant le plus «vert». Du fait de son haut point d ébullition, l eau requiert beaucoup d énergie pour être éliminé d une synthèse par évaporation, ce qui conduit à une production importante de CO2. Il vaut mieux parfois utiliser un solvant apparemment moins vert au sein duquel le produit désiré peut être plus facilement extrait. Le choix du solvant affecte également le rendement, la sélectivité et les vitesses de réactions. Un choix vigilant et attentif du solvant peut réduire la production de déchets et/ou l énergie utilisée au cours d un procédé. Pour concevoir une synthèse la plus «verte» possible, la prise en compte de ces considérations multi- factorielles est donc essentielle. Mais des améliorations sont toujours possibles, et il existe des solvants «alternatifs», tels que le CO2 supercritique, ou encore les liquides ioniques. Exemple d amélioration apportée : au début des années 1990, il fallait 1400 L de solvant pour préparer 1 kg de Sildénafil, (nom commercial : Viagra ) ; les procédés actuels n utilisent plus que 7 kg et l on pense descendre jusqu à 4 L. 25