- III - La préparation de la bouillie et le remplissage du pulvérisateur Fiche III - 5 Le poste de remplissage du pulvérisateur douche 2 local phyto ACCÈS RÉSERVÉ 7 zone de préparation des produits 1 4 3 remplissage automatique avec arrêt par flotteur vanne 1/4 de tour 5 6 pente (2%) dispositif d orientation des différents types d effluents 8 dispositif déhuileur (possibilité d immerger un boudin déhuileur) 2 13 machine à vendanger pluie phyto 10 11 12 effluents vinicoles provenant des chais 9 9 9 vers cuve ou système d épuration d effluents organiques eaux pluviales) vers cuve ou système d épuration spécifique d effluents phytosanitaires 1 Égouttoir à bidons 8 Dispositif dégrilleur 2 Rebord pour confiner les liquides 9 Débourdeur déhuileur 3 Stockage des emballages vides 10 Collecteur d effluents vinicoles 4 Nettoyeur haute pression 11 Collecteur d eau de pluie 5 Pulvérisateur 12 Collecteur d eflluents phytosanitaires 6 Cuve d eau intermédiaire 13 Bouchon 7 Local de stockage phytosanitaire page 1/7
U n fort risque de pollution dans l environnement existe lors de la phase de remplissage du pulvérisateur, par des incidents tels que la contamination de la ressource en eau utilisée, le débordement de la cuve, la fuite de produits phytosanitaires Pour gérer ce risque, il est recommandé d aménager un poste de remplissage du pulvérisateur. A ce jour, il n existe aucune norme encadrant la réalisation de cette aire, mais le Code de l environnement évoque la préservation de la ressource en eau et demande de prendre des mesures de prévention adéquates. Nous présentons donc une série de recommandations qui permettent de répondre à cet objectif. Le poste de remplissage est un espace plan sur lequel s effectue la préparation des bouillies et leur introduction dans le réservoir du pulvérisateur ; son intérêt est de permettre les manipulations de produits phytosanitaires sur un site sécurisé. L objectif de la conception de ce poste est de protéger pour le diagnostic... Analyser avec l agriculteur les exigences réglementaires en terme d aménagement du poste de remplissage. Faire le point sur les équipements existants : aire étanche et nettoyable, système de remplissage sécurisé, système de récupération des éventuels débordements Envisager l amélioration de l existant : comment éviter le retour de la bouillie vers le réseau, comment limiter les débordements ou la construction d un pôle de remplissage si rien n est prévu à cet effet : à quel endroit, avec quelles dimensions, quels équipements, l opérateur et l environnement durant la phase de remplissage du pulvérisateur mais aussi d améliorer le confort de travail de l utilisateur en lui permettant de gagner du temps. Pour cela, l aire servant au remplissage devra tout d abord : être située à l écart des habitations, des points d eau naturels et hors des périmètres de protection de captages (se renseigner à la mairie) mais de préférence à proximité du local phytosanitaire être construite en béton étanche avec des pentes de récupération des eaux vers une cuve de stockage gestion des eaux pluviales : on peut prévoir la construction sous un hangar ou un auvent. Sinon, l opérateur mettra en place une vanne triple voie pour séparer les eaux de pluie des eaux souillées. Cette vanne sera positionnée selon l usage du poste de remplissage : pendant l usage, sa position permettra de récupérer les eaux souillées, et hors service d envoyer les eaux de pluie vers le milieu. avoir des dimensions adaptées aux matériels de pulvérisation il faut savoir que, selon le Code de l urbanisme, ces travaux demandent : Terrain bâti Déclaration de travaux si plateforme < 500 m 2 Permis de construire si plateforme > 500 m 2 Terrain non bâti Permis de construire dans tous les cas Dans tous les cas, le recours à un architecte sera obligatoire pour les sociétés (SCEA ), hormis les GAEC. si on se fixe comme objectif de prévenir le pire cas, le volume de rétention du système doit pouvoir contenir l équivalent du volume de la cuve du pulvérisateur a) Recommandations pour éviter le retour de bouillie vers la ressource en eau ÉLÉMENTS DE RÉGLEMENTATION Un retour d eau souillée peut se produire lorsque le sens normal du fluide est inversé dans le circuit de distribution. C est le cas en particulier lors d une chute de pression sur le circuit de distribution d eau potable. Le Code de l environnement évoque la préservation de la ressource en eau et demande de prendre des mesures de prévention adéquates. page 2/7
Pour éviter la pollution de la ressource en eau, il est fortement déconseillé d aspirer directement à partir d un pulvérisateur dans une mare, un canal, un puits, une rivière. Il faut se rappeler que, dans cadre du Code de l environnement, la personne à l origine de la pollution est civilement et pénalement responsable. Dans le cas de l approvisionnement au réseau d eau potable, on peut utiliser : un clapet anti-retour (agréé «NF antipollution (NF 045)») clapet d extrémité (classe HA, n existe pas pour les gros diamètres) ou clapet à zone de pression réduite (classe BA, à faire installer par une personne agréée par la DRIRE et à faire vérifier régulièrement) il faut accorder une importance particulière à l entretien de ce dispositif qui peut se bloquer : il devra être régulièrement contrôlé par une personne agréée (périodicité en fonction de la classe du clapet) coût : environ 60 pour un diamètre de 50 à 60 mm, de 380 à 600 pour un diamètre de 60 à 100 mm, chez un plombier une potence à col de cygne, en veillant à ce que l extrémité du tuyau ne trempe pas dans la cuve. Figure n 14 : L approvisionnement par col de cygne tuyau d arrivée d eau 10 cm aire bétonnée hormis le risque de retour, ce tuyau servant souvent à d autres usages, il faut éviter sa contamination par les produits phytosanitaires. Un manchon posé sur le trou de remplissage de la cuve et maintenant le tuyau peut parfaitement résoudre ce problème. autre idée : le tube plongeur. Figure n 15 : Le tube plongeur tuyau d arrivée d eau marque rouge toujours hors de la cuve chaînette de fixation 15 cm maximum TUBE PLONGEUR 1 m minimum cuve du pulvérisateur (source : Chambre d agriculture de la Marne) page 3/7
Mais la solution la plus sûre consiste en l utilisation d une cuve à eau intermédiaire surélevée (qui peut être placée sur une plate-forme accessible et sécurisée) : soit uniquement pour la remplir d eau et ensuite remplir la cuve du pulvérisateur soit pour y préparer la bouillie si l agriculteur ne possède pas d incorporateur de produit. A ce moment, le mélange est transféré dans la cuve du pulvérisateur puis est complété avec de l eau claire, qui sert en même temps à rincer la cuve intermédiaire volume de la cuve intermédiaire? volume utile de la cuve du pulvérisateur ce système est très utile lorsque le débit d eau au réseau, par exemple, est faible coût d une cuve neuve : de 600 à 1500 pour une cuve de 1000 à 3000 L coût d une cuve de récupération : de 80 à 300 pour une cuve de 800 à 3000 L (source : Chambre d agriculture de la Marne) Figure n 16 : Un poste de remplissage avec cuve intermédiaire flotteur commandant l arrivée d eau potence cuve intermédiaire vanne 1/4 de tour et tuyau grand d ébit tuyau d arrivée d eau aire bétonnée Pour l approvisionnement en eau, l opérateur peut utiliser l eau de pluie récupérée des toitures, dont les surfaces sont souvent importantes sur une exploitation agricole (cependant, il faut savoir que cette eau est naturellement acide : ph = 5,5 environ). Pour l utilisation dans le pulvérisateur, il convient de stocker cette eau à l abri de la lumière pour éviter le développement d algues qui pourraient ensuite boucher les buses. Des filtres devraient être installés en sortie de gouttière et si possible, en sortie de cuve de stockage. b) Recommandations pour réduire les risques de déversement d effluents phytosanitaires dans le milieu Les débordements de cuve Pour éviter le débordement de la cuve lors de son remplissage, il faut penser à prendre plusieurs précautions : toujours être présent et attentif pendant la durée du remplissage avoir une jauge bien visible pour vérifier le niveau de l eau les cuves n'étant souvent pas correctement étalonnées, il est nécessaire de calibrer la jauge lors de la mise en service d un pulvérisateur utiliser un volucompteur à arrêt automatique ou une électrovanne reliée à un capteur de remplissage surtout si la jauge est imprécise ne pas oublier de tenir compte du volume de liquide déjà présent dans la cuve page 4/7
dans tous les cas, la mise en place d une vanne ¼ de tour sur l arrivée d eau permet de stopper rapidement l opération si nécessaire. En effet, s il utilise un tuyau de faible section donc de faible débit (ou que le débit de l eau est trop faible), l opérateur aura tendance à s occuper pendant la durée du remplissage et le risque de débordement augmente. A l inverse, s il met en place un tuyau à grosse section raccordé à une vanne ¼ de tour, la surveillance devient constante, le risque est quasi nul. Des capteurs peuvent être mis en place dans le haut de la cuve de pulvérisation ou au fond, reliés à l arrivée d eau, pour stopper le remplissage lorsque le signal se déclenche : Figure n 17 : Des capteurs pour fermer l arrivée de l eau Deux solutions : des capteurs de contact en haut de cuve avec des pareéclaboussements ou un capteur de pression en fond de cuve. Ils sont reliés à un relais électrique ouvrant les circuits et fermant la vanne. (source : diagnostic ADESA de la SAF et l APAD) La formation de mousse, qui peut être un facteur de débordement, peut être évitée si l opérateur utilise un produit anti-moussant autorisé (se référer à l étiquette du produit). Ce produit crée un film à la surface de l eau qui empêche la formation de mousse. D autres solutions existent pour aider à la non formation de mousse : on peut, sur certains appareils, diminuer la force de l agitation il vaut mieux n ajouter les produits que lorsque la cuve est déjà remplie au moins de moitié, pour diminuer le brassage, voire à la fin du remplissage l utilisation d un incorporateur de produits peut s accompagner d une augmentation de la formation de mousse, il faut alors penser à maintenir la vanne de l incorporateur ouverte uniquement pendant le temps d incorporation Enfin, pour que le remplissage se fasse plus rapidement, la solution de la cuve intermédiaire d eau claire est idéale : elle permet de remplir avec un débit important et d éviter le débordement si son volume est adapté à celui de la cuve de pulvérisation. De plus, équipée d un dispositif permettant de contrôler le niveau, elle se remplira automatiquement au niveau choisi entre deux remplissages du pulvérisateur (technologie des abreuvoirs à bovins). page 5/7
Les renversements accidentels et les fuites Les renversements de produit sont généralement dus à la mauvaise position du trou de remplissage ou à une inattention de la part de l opérateur. Dans le 1er cas, on peut équiper le pulvérisateur d un bac d incorporation des produits. Dans le second, il est bon de rappeler que la manipulation de produits dangereux nécessite d être extrêmement concentré sur les opérations que l on réalise. Il est conseillé de ne pas agir dans la précipitation, de ne pas se laisser divertir par autrui, de posséder les bons instruments pour mesurer la dose requise et d être correctement protégé. Un renversement peut provenir d un bidon à moitié vide non rebouché posé au sol ; pour réduire ce risque, l utilisation d un plan de travail à proximité du lieu de remplissage du pulvérisateur est une bonne solution. Les fuites, elles, sont en général la conséquence de l usure du matériel. Pour les éviter, il faut maintenir le bon état du pulvérisateur et notamment vérifier régulièrement l étanchéité des différents éléments du circuit, des tuyaux, des robinets. c) Recommandations pour le rinçage des emballages de produits ÉLÉMENTS DE RÉGLEMENTATION Les emballages de produits liquides doivent être rincés à l eau claire et les eaux de rinçage impérativement déversées dans la bouillie en cours de préparation. Le décret n 2002-540 du 18 avril 2002 considère les déchets agrochimiques contenant des substances dangereuses comme des produits dangereux. De ce fait, s ils sont destinés à l abandon, ils doivent être éliminés par une entreprise spécialisée. Le rinçage des emballages de produits phytosanitaires doit donc aussi se faire sur l aire de remplissage, au moment de la préparation de la bouillie. En agissant de cette manière, l opérateur utilise l intégralité du produit, se débarrasse proprement de ces eaux souillées et facilite l élimination de l emballage vide. C est une condition pour bénéficier d une filière d élimination telle que ADIVALOR. Les procédures de rinçage sont différentes selon le système dont dispose l opérateur : s il s agit d un système de rinçage intégré à l incorporateur du pulvérisateur : il faut rincer jusqu à l écoulement d une eau claire. Parfois il sera nécessaire de faire un dernier rinçage à l eau claire qui est fournie par le réseau d eau ou la cuve de rinçage ; s il s agit d un système de rinçage indépendant avec un dispositif de buse rotative alimenté par le réseau : le rinçage est effectué à haute pression avec une canne disposée dans le bidon, orifice orienté vers le bas. Il faut rincer pendant 20 à 30 secondes, égoutter, recommencer l opération ; si l opérateur ne possède pas de dispositif, il effectue un rinçage manuel. Il faut remplir le bidon au tiers, le reboucher, agiter fortement pendant 30 secondes, vidanger. Cette opération sera répétée au minimum 3 fois ; on peut prévoir l utilisation d un système d égouttoir des emballages avec récupération des eaux, ce qui permet d éliminer proprement les eaux de rinçage. Exemple : retourner un râteau et faire égoutter les bidons sur les dents). Dans tous les cas, pour la sécurité de l opérateur, prévoir un système anti-projections ou le port de lunette de protection. page 6/7
d) Exemple de coût Aménagement d une aire de remplissage et lavage de 70 m 2 Terrassement empierrement 1500 Dalle- ferraillage coffrage 2000 Fosse enterrée + raccords + regard 1500 Bac décanteur regard séparateur 300 Evacuation des eaux 1000 Coût total 6300 (source : Chambre d agriculture d Ile de France 2005) Cependant, ce coût approximatif peut fortement varier en fonction des travaux réalisables en autoconstruction, des surfaces nécessaires, des matériaux utilisés Conclusion Une part importante des pollutions ponctuelles par les produits phytosanitaires peut être maîtrisée lors de l étape de la préparation de la bouillie et du remplissage du pulvérisateur. En effet, le calcul de la dose nécessaire à une surface précise évite un surdosage qui pourrait entraîner un départ de produits vers le réseau hydrographique. D autre part, l aménagement d une aire de remplissage bien réfléchie permet à la fois de contrôler les différentes sources de pollutions ponctuelles et de travailler en sécurité. Dans tous les cas, elle doit être réalisée de manière à pouvoir récupérer toutes les eaux chargées en produits phytosanitaires issues de cette phase du travail. Dans un 1er temps, il faut penser à construire un bac de rétention des effluents, lesquels seront soit stockés puis éliminés via une entreprise agréée, soit traités par un système approprié. page 7/7