I. Objectif d un TIPMF

Documents pareils
Nucléaire : l électricité ou la bombe? Les liens entre nucléaire civil et nucléaire militaire

lj~ion DE L'EUROPE_OCCIDENT ALE Plate-forme sur les interets europeens en matiere de securite La Haye, 27 octobre 1987

CODE DE CONDUITE FOURNISSEUR SODEXO

Groupe Areva Usine de La Hague Métier CNP

Sécurité nucléaire. Résolution adoptée le 26 septembre 2014, à la neuvième séance plénière


CODE DE CONDUITE ET D ÉTHIQUE DES ADMINISRATEURS

Circulaire de la DACG n CRIM 08-01/G1 du 3 janvier 2008 relative au secret de la défense nationale NOR : JUSD C

La Commission. canadienne de sûreté nucléaire Présentation à la Conférence nationale sur l assurance au Canada. suretenucleaire.gc.

Rapport du Directeur général

TABLEAU DE BORD DES REFORMES PAR PRIORITE

Textes de référence : articles 223-1, et du règlement général de l AMF

Banque européenne d investissement. Politique de signalement

Réglementation. Import/Export CHAPITRE 6

GUIDE POUR LA MISE SUR LE MARCHÉ DE DISPOSITIFS MÉDICAUX SUR MESURE APPLIQUE AU SECTEUR DENTAIRE

Les Cahiers du Conseil constitutionnel Cahier n 24

Ce projet de loi fixe un plafond pour le budget de la Défense et un plancher pour le budget de l Aide internationale.

Conditions Générales d Intervention du CSTB pour la délivrance d une HOMOLOGATION COUVERTURE

N 3039 ASSEMBLÉE NATIONALE PROJET DE LOI

Le code INF et les navires spécialisés

09-10 GEN LA COMMISSION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DES THONIDES DE L'ATLANTIQUE (ICCAT) RECOMMANDE:

Oddo & Cie. Premavenir. Novembre 2014

NPT/CONF.2010/PC.III/WP.39

Conditions générales d utilisation

Renouvellement à 50000MW étalé sur 20 ans ( ) rythme de construction nucléaire: 2500MW/an

Charte du tourisme durable

avis CCE La mise sur le marché des substances manufacturées à l état nanoparticulaire

REGLEMENTS FINANCIERS DE L AGIRC ET DE L ARRCO. (avril 2014)

GROUPE DE RÉDACTION SUR LES DROITS DE L HOMME ET LES ENTREPRISES (CDDH-CORP)

Annexe 5. CONTRAT CYBERPLUS PRO Souscrit dans le cadre du Titre 1Conditions Particulières

Conseil économique et social

DIRECTIVE SUR L UTILISATION DES OUTILS INFORMATIQUES, D INTERNET, DE LA MESSAGERIE ELECTRONIQUE ET DU TELEPHONE ( JUIN V.1.

L assurance Santé des entreprises Des garanties innovantes à moindre coût

nucléaire EXIGENCE, FIABILITÉ, SÉCURITÉ

étude La mise en œuvre d un Traité sur le commerce des armes et son suivi P. LE MEUR

QUESTIONNAIRE Responsabilité Civile

Statuts de la Mutuelle Des Inspecteurs Et Officiers Des Douanes Du Cameroun TITRE I DISPOSITIONS GENERALES CHAPITRE I

Règlement d INTERPOL sur le traitement des données

Economical présente un aperçu du projet de règlement sur la démutualisation des sociétés d assurances multirisques

Terrorisme nucléaire. Michel WAUTELET Université de Mons 6 août 2011

Lycéens... page 2 Devoirs des lycéens... page 2 Droit des lycéens... page 7

Le compte épargne temps

THEGREENBOW FIREWALL DISTRIBUE TGB::BOB! Pro. Spécifications techniques

TABLE DES MATIÈRES PREMIÈRE PARTIE L ENGAGEMENT D UNE PROTECTION CLASSIQUE DE L INDIVIDU À TRAVERS L ACTION EN PROTECTION DIPLOMATIQUE...

INVENTAIRE NATIONAL des matières et déchets radioactifs. Les déchets immergés. Dossier

Avis et communications

La protection des associés en droit congolais et en droit OHADA

ASSISTANCE ET RENFORCEMENT DES CAPACITÉS OFFERTS DANS D AUTRES INSTANCES INTERNATIONALES. Document soumis par l Unité d appui à l application *

Cahier des Charges Techniques Particulières

(Dénommé l Assureur) CONDITIONS PARTICULIÈRES

A) Les réactions de fusion nucléaire dans les étoiles comme le Soleil.

POUR LES SERVICES DE TELECOMM U NICA TIONS ENTRE TELUS COMMUNICATIONS FIDUCIE ALBERT

OFFICE DES NATIONS UNIES CONTRE LA DROGUE ET LE CRIME Vienne

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L EMPLOI, DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE ET DU DIALOGUE SOCIAL CONVENTIONS COLLECTIVES

Code à l intention des partenaires commerciaux

N 621 SÉNAT SESSION ORDINAIRE DE Enregistré à la Présidence du Sénat le 4 juin 2013 RAPPORT FAIT. Par M. Robert del PICCHIA, Sénateur

CHARTE D UTILISATION DE L INFORMATIQUE AU COLLÈGE PRE-BENIT

LA PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET LES FESTIVALS D ARTS

ACTION DE GROUPE IMMOBILIERE 3F

CONTRAT DE DOMICILIATION Spécimen sans valeur légale

L AGENCE INTERNATIONALE DE L ÉNERGIE ATOMIQUE ET LA MISE EN ŒUVRE DU TNP

Le Titre II «Investir» du projet de loi pour la croissance, l activité et l égalité des chances économiques a été adopté par l Assemblée nationale

COURS D INSTITUTIONS EUROPEENNES Mme Catherine SCHNEIDER, Professeur, Chaire Jean Monnet. PLAN dossier 2 : LES INSTITUTIONS DE DEFENSE ET DE SECURITE

NOTA : article L pour les départements et article L pour les régions.

CENTRE NUMERIQUE DU JURA REGLEMENTS, CONDITIONS ET ACCES AUX SERVICES

PROTOCOLE D ACCORD. Pour la création du CODETIC

Politique d'utilisation (PU)

MÉMOIRE RENOUVELLEMENT DU PERMIS D EXPLOITATION DU POUR LA COMMISSION CANADIENNE DE LA SÛRETÉ NUCLÉAIRE (CCSN) À L ÉGARD DU

Allocution de M. Hassan B. Jallow Procureur du TPIR et du MTPI, devant le Conseil de sécurité de l ONU 10 décembre 2014

SYNTHÈSE HISTORIQUE VÉCU DE L'AAR PARTIE 2

Règlement intérieur du Conseil de surveillance

REGLEMENT INTERIEUR TITRE I : DISPOSITIONS GENERALES

ACTUALITÉS ASSURANCES & RISQUES FINANCIERS

Guide de la pratique sur les réserves aux traités 2011

CODE PROFESSIONNEL. déontologie. Code de déontologie sur les bases de données comportementales

Les journées d information sur l Énergie nucléaire au Conservatoire National des Arts et Métiers

Relations verticales au sein de la chaîne d'approvisionnement alimentaire: Principes de bonnes pratiques

TRAITEMENT DU SURENDETTEMENT. Évolutions résultant de la loi portant réforme du crédit à la consommation

PROTOCOLE D ENTENTE ENTRE LA COMMISSION CANADIENNE DE SÛRETÉ NUCLÉAIRE. (représentée par le président) LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE

Locataire et abus de jouissance

Commune de QUINT FONSEGRIVES 31130

CENTRES D APPUI À LA TECHNOLOGIE ET À L INNOVATION (CATI) GUIDE DE MISE EN ŒUVRE

Oddo & Cie. La Loi Madelin. Avril 2013

Agrément des hébergeurs de données de santé. 1 Questions fréquentes

CONFERENCE DIPLOMATIQUE POUR L ADOPTION D UNE CONVENTION SUR LES ARMES A SOUS-MUNITIONS

Guide des inspections de l OIAC concernant les produits chimiques des tableaux 2 et 3

CONTRAT DE LICENCE D UTILISATION DU LOGICIEL MORPH M SOUS LA FORME MORPH M PYTHON

Préavis n 10/14 au Conseil communal

DEMANDE D'AUTORISATION D'EXPLOITATION D'UNE INSTALLATION DE STOCKAGE DE DÉCHETS INERTES. Au titre de l'article L du Code de l'environnement

ORGANE INTERGOUVERNEMENTAL DE NEGOCIATION A/FCTC/INB6/DIV/4 DE LA CONVENTION-CADRE DE L OMS 28 janvier 2003 POUR LA LUTTE ANTITABAC Sixième session

Statuts Association Ethno-médias Suisse

Commission des Praticiens en Me decine Douce du Que bec

MANUEL DES POLITIQUES, PROCÉDURES ET RÈGLEMENTS ADMINISTRATIFS

TRANSFERTS DES CONTRATS D ASSURANCE GROUPE EN CAS DE VIE LIES A LA CESSATION D ACTIVITE PROFESSIONNELLE

POLITIQUE DE DANAHER CORPORATION EN MATIERE DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION

Chapitre 2 L inexécution des contrats: la responsabilité contractuelle

Des clauses de désignation aux clauses de recommandation

L IRSN VOUS OUVRE TOUTES SES PORTES

Transcription:

Contribution de la France au rapport du Secrétaire Général sur le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d armes et autres dispositifs explosifs nucléaires et sur les aspects se rapportant à la question, en application de la résolution 67/53 adopté par l Assemblée Générale le 3 décembre 2012 La négociation, à la Conférence du désarmement, d un Traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d armes nucléaires et autres dispositifs explosifs nucléaires (TIPMF) est un engagement ancien de la communauté internationale, notamment mis en avant dans le Document final de la Conférence d examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 1995. Il a récemment été réaffirmé par la résolution 1887 du Conseil de Sécurité des Nations Unies et l action 15 du Document final de la Conférence d examen du TNP de 2010. Le lancement immédiat de ces négociations, sur la base du rapport du Coordonnateur spécial de 1995 (CD/1299), est une priorité pour la France. En conséquence, la France a apporté son soutien à la résolution 67/53, adoptée par l Assemblée Générale des Nations Unies le 4 janvier 2013, qui prévoit notamment la constitution, par le Secrétaire général, d «un groupe d experts gouvernementaux représentant vingt-cinq États Membres choisis selon une représentation géographique équitable, qui ne négociera pas le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, mais qui fera des recommandations sur les aspects susceptibles d y contribuer, compte tenu du rapport présentant les vues des États Membres, en se fondant sur le document CD/1299 et le mandat qui y est énoncé, travaillera sur la base du consensus, sans préjudice des positions respectives que chaque État adoptera au moment où se tiendront les négociations, et se réunira à Genève pour deux sessions de deux semaines chacune, en 2014 et 2015». La France considère cette résolution comme une contribution utile aux discussions en vue de préparer la négociation future d un instrument international juridiquement contraignant. I. Objectif d un TIPMF L objectif d un TIPMF est de contribuer au désarmement nucléaire, conformément à l article VI du TNP, en limitant quantitativement les arsenaux par l arrêt de la production de matières fissiles destinées à la fabrication des armes. La négociation d un instrument international juridiquement contraignant dans ce domaine est la prochaine étape logique en vue de créer les conditions d un monde sans armes nucléaires, conformément aux objectifs du TNP, dans le cadre d une approche réaliste fondée sur des gestes concrets et progressifs. Pour cette raison, la négociation proprement dite d un TIPMF, pour être crédible, n a de sens que si elle inclut l ensemble des pays possédant aujourd hui des armes

nucléaires, dans le cadre d une enceinte fondée sur la règle du consensus, afin de garantir que les intérêts de sécurité de chacun seront bien pris en compte. Le TIPMF est complémentaire du Traité d Interdiction Complète des Essais nucléaires (TICE) qui, en interdisant toutes les explosions expérimentales d armes nucléaires et toutes autres explosions nucléaires, vise à freiner le développement et l amélioration qualitative des armes nucléaires et à mettre fin au développement de nouveaux types d armes encore plus évolués. TIPMF et TICE doivent donc permettre de limiter quantitativement et qualitativement les arsenaux nucléaires, étape indispensable pour la poursuite des efforts internationaux de désarmement. Comme le TICE, le TIPMF a vocation à être un traité universel. Parce que l'objectif du TIPMF est de contribuer au désarmement nucléaire et à la maîtrise des armements, il paraît essentiel que l'ensemble des pays possédant aujourd'hui des armes nucléaires adhèrent au futur traité et participent pleinement à sa mise en œuvre. S'agissant des Etats parties au TNP non dotés de l'arme nucléaire, et dans la mesure où le TIPMF n'a pas pour vocation première la lutte contre la prolifération nucléaire, il ne devrait impliquer aucune obligation supplémentaire pour eux. D ici à l entrée en vigueur d un TIPFM, la France appelle tous les Etats concernés à déclarer un moratoire immédiat sur la production de matières fissiles pour les armes nucléaires, comme elle l a elle-même fait. II. Champ d application d un TIPMF Le champ d application du TIPMF est déterminé par l objectif recherché, qui est l arrêt, à compter d une date fixée par le traité, de la production des matières fissiles pour la fabrication des armes nucléaires. Un TIPFM portant sur la production de ces matières fissiles, les stocks correspondants déjà constitués sont par définition exclus du champ d application du traité. La mise en œuvre du traité doit porter sur les seules matières et installations réellement susceptibles de permettre un contournement de l objectif recherché : - Le traité ne doit donc couvrir que les matières fissiles non irradiées susceptibles d être utilisées directement pour la fabrication d armes nucléaires, en cohérence avec les définitions de l Agence Internationale de l Energie Atomique (AIEA). - La production doit être définie de façon à couvrir le processus par lequel peuvent être créées des matières fissiles directement utilisables pour la fabrication d armes, c est-à-dire l enrichissement isotopique de l uranium 235 et la séparation chimique du plutonium et de l uranium 233 des combustibles irradiés.

- En conséquence, les installations de production concernées sont toutes les installations de retraitement de matières nucléaires irradiées et toutes les installations d enrichissement de l uranium dont les capacités de production sont significatives au regard de l objectif d un TIPMF. L identification préalable, et de manière précise, des matières et installations réellement susceptibles de permettre un contournement de l objectif recherché est d autant plus nécessaire qu elle permet de garantir dans le même temps que les coûts de mise en œuvre du traité demeureront économiquement raisonnables, dans le contexte budgétaire actuellement très contraint pour de nombreux pays. Le traité ne doit en revanche pas interdire la production de matières fissiles pour tout usage civil, quel qu il soit, ou pour des fins militaires non-explosives comme la propulsion nucléaire. III. Principes d un régime de vérification crédible La mise en œuvre d un TIPMF est indissociable de l établissement d un régime de vérification crédible fournissant des assurances suffisantes quant au respect des obligations du traité. La vérification des obligations au titre du traité s inscrit dans le cadre d une démarche de maîtrise des armements et de contribution au désarmement nucléaire. Elle doit s exercer de manière probante dans le respect de deux principes fondamentaux : préserver les intérêts nationaux de sécurité et empêcher le transfert d informations confidentielles sur les armes nucléaires, conformément aux obligations des Etats dotés au titre de l article I du TNP. Compte tenu des éléments qui précèdent, un système de vérification, pour être crédible, doit permettre d atteindre trois objectifs principaux : a. Attester de l arrêt des moyens de production dédiés jusqu à leur démantèlement ou leur reconversion à des fins civiles L obligation centrale d un TIPMF est l arrêt des installations de production de matières fissiles pour la fabrication des armes. Pour être efficace et crédible, cette mesure doit être suivie d un démantèlement qui la rendra irréversible, comme la France l a fait (cf. Annexe), ou d une reconversion vérifiée pour des usages civils. La première étape de la mise en œuvre du traité doit donc consister en une déclaration exhaustive des installations de production de matières fissiles pour la fabrication des armes, c est-à-dire les installations d enrichissement et de retraitement telles que définies par le traité. Cette déclaration doit être suivie d un arrêt des productions vérifié jusqu au constat d un démantèlement irréversible de l installation.

Dans les cas où ces moyens de production seraient reconvertis pour des applications civiles, le contrôle de ces installations devrait être assuré par l AIEA dans le cadre de l application des garanties. b. Prévenir le détournement de matières fissiles des activités civiles Un TIPMF n interdit pas la production de matières fissiles à des fins civiles, mais il implique que l on puisse attester que celles-ci ne sont pas détournées pour être utilisées dans la fabrication d armes nucléaires. Cet objectif correspond à celui des garanties de l AIEA. Les installations concernées sont les usines d enrichissement de l uranium et les usines de retraitement des combustibles irradiés. Par ailleurs, l attestation de non-détournement des matières fissiles produites dans ces installations et qui entrent dans le champ du traité devrait impliquer un mécanisme de suivi de leur destination civile. En complément du démantèlement irréversible des moyens de production dédiés à des fins d armes ou de leur reconversion vérifiée à des fins civiles, la soumission aux contrôles internationaux de l AIEA des installations d enrichissement de l uranium et de retraitement des combustibles irradiés utilisées pour des activités civiles constitue un élément essentiel de la crédibilité du système de vérification du traité. c. Traiter les présomptions d activités prohibées par le traité La nécessaire protection des informations confidentielles au regard des obligations de non-prolifération des Etats dotés au titre de l article I du TNP requiert la mise en place de procédures spécifiques, comme des accès réglementés ou la définition de boîtes noires sur les installations de défense les plus sensibles. La possibilité d un mécanisme d inspection ad hoc pour assurer la vérification des installations relevant de la défense devra être examinée. En cas de présomption étayée d activités clandestines, un système d inspection par défi aux modalités précises de mise en œuvre pourrait être proposé. Le déclenchement de la procédure d inspection nécessiterait d être encadrée, par exemple sur le modèle de la procédure de «consultation-clarification» prévue par le TICE. IV. Clauses diplomatiques La France marque sa préférence pour la conclusion d un traité à durée illimitée, étape importante en vue de créer les conditions d un monde sans armes nucléaires conformément aux objectifs du TNP.

Le suivi de la mise en œuvre du TIPMF serait assuré par une conférence des Etats parties se réunissant à intervalles définis. Le TIPMF doit en outre prévoir un système permettant la sanction efficace des violations, y compris par la saisine du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le TIPMF doit prévoir une clause de retrait en cas de circonstances graves, conformément au droit international des traités, tout en veillant à en encadrer strictement les conditions, afin de prévenir tout exercice abusif de ce droit. Le TIPMF pourra en outre inclure une clause rappelant que l Etat se retirant demeure responsable des violations du traité commises avant son retrait.

Annexe : Action de la France en faveur d un TIPMF Démantèlement des usines de production de matières fissiles pour les armes nucléaires Le démantèlement irréversible des anciennes usines de production de matières fissiles pour les armes nucléaires est une mesure importante de confiance et de crédibilité, qui doit être incluse dans le TIPMF. Une alternative peut être la transformation, effectivement vérifiée, de ces installations pour un usage civil. La France est le seul Etat à avoir fermé et démantelé de manière irréversible toutes ses installations de production de matières fissiles pour les armes nucléaires. L arrêt de la production La France a cessé de produire des matières fissiles pour ses armes nucléaires en 1992 (plutonium) et en 1996 (uranium hautement enrichi) et a annoncé en 1996 un moratoire sur la production de ces matières. Simultanément, la France a décidé d entreprendre le démantèlement des usines correspondantes. Les installations de production Uranium hautement enrichi : usine d enrichissement de Pierrelatte, qui a fonctionné de 1964 à 1996 Plutonium : produit dans les réacteurs plutonigènes G1, G2 et G3 à Marcoule (1956-1984) puis séparé dans l usine de retraitement UP1, à Marcoule, mise en service en 1958 et arrêtée en 1997 Le démantèlement des installations Le programme de démantèlement a été lancé immédiatement après l arrêt de la production. Ce démantèlement est irréversible. Ceci représente un effort considérable en matière d engagement financier et un défi en termes de mise en œuvre et de savoirfaire. Étapes et chiffres clefs du démantèlement 6 milliards d euros au total Pierrelatte : six ans de préparation; travaux entrepris en 2002; achevés fin 2010; 4 000 diffuseurs; 1 330 tonnes de barrières de diffusion; 1 200 kilomètres de tuyauteries et 20 000 tonnes de déchets de très faible activité

Marcoule : première phase d assainissement/démantèlement pour G1, G2 et G3 achevée; 4 000 tonnes de déchets métalliques évacués au centre de stockage des déchets très faiblement radioactifs de l Aube; deuxième phase prévue à partir de 2020 jusqu à 2035; démantèlement de l usine UP1 démarré dès 1997, prévu jusqu en 2035 Transparence et engagement international La France a organisé plusieurs visites de ses installations pour des représentants de plus de 40 Etats membres de la Conférence du désarmement, des experts non gouvernementaux et des journalistes internationaux. La France est le seul Etat doté d armes nucléaires à avoir ouvert les portes de ses anciennes usines de production de matières fissiles pour les armes à la communauté internationale. Propositions d actions immédiates La France se félicite que le plan d action adopté par la Conférence d examen du TNP de 2010 ait appelé, comme l avait promu la France et ses partenaires européens : à l ouverture sans délai de la négociation d un traité interdisant la production de matières fissiles pour les armes nucléaires, et au démantèlement par tous les Etats concernés de leurs capacités dédiées de production ou à leur reconversion à des fins civiles. La France continue avec ses partenaires européens de promouvoir la mise en place immédiate d un moratoire sur la production des matières fissiles à des fins d armes.