DÉCLARATION DE POSITION La restauration des écosystèmes (Point 9 de l ordre du jour) 11ème réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, Hyderabad, Inde, 8-19 octobre 2012 Pour plus d informations, veuillez contacter : Résumé des Recommandations L UICN félicite le travail du Secrétariat et de la Société pour la restauration écologique pendant la période intersessions, et notamment la publication de la liste indicative des conseils pratiques disponibles sur la restauration des écosystèmes. L UICN prie instamment la 11 ème Conférence des Parties de : Inviter les Parties, les gouvernements et les organisations compétentes à utiliser ces conseils, intégrer la restauration des écosystèmes dans les cadres de planification et l action sur le terrain, et promettre d aider les parties prenantes lors d efforts collaboratifs dans ce domaine. L UICN appelle également la 11 ème Conférence des Parties à : Recommander aux Parties, gouvernements et organisations compétentes d accepter et d utiliser le guide récemment publié : Restauration écologique pour les aires protégées : principes, directives et meilleures pratiques, comme demandé dans la Décision X/31, paragraphe 3.8 ; Encourager les Parties à reconnaître la forte relation entre l Objectif d Aichi n 11 et l Objectif n 15, et à étudier les opportunités qui se présentent pour réaliser les objectifs, en encourageant la synergie ; Prier les Parties et encourager les gouvernements et organisations compétentes à concerter leurs efforts afin de réaliser les Objectifs 14 et 15 du Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020, en faisant des promesses spécifiques dans le cadre du Défi de Bonn, considéré comme instrument dans la réalisation de ces objectifs. Dr. Stephen Woodley Conseiller principal Aires protégées et changements climatiques, Programme mondial sur les aires protégées Stephen.Woodley@iucn.org Mme Carole Saint-Laurent Conseillère principale, Politique et partenariats, Programme mondial sur les forêts et les changements climatiques Carole.Saint- Laurent@iucn.org Dr. Jane Smart Directrice, Groupe pour la conservation de la biodiversité, Responsable, Programme des espèces jane.smart@iucn.org Mme Sonia Peña Moreno Chargée des politiques biodiversité Unité des politiques mondiales Sonia.PenaMoreno@iucn.org M. Maximilian Mueller Stagiaire en charge des politiques biodiversité Unité des politiques mondiales Maximilian.Mueller@iucn.org Siège mondial de l UICN Rue Mauverney 28 1196 Gland Suisse Tel: +41 22 999 0000 Fax: +41 22 999 0002 mail@iucn.org www.iucn.org UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE
Introduction De nombreux écosystèmes de la planète ont subi une profonde dégradation, avec des incidences négatives sur la diversité biologique et les moyens d existence des populations. Selon des estimations générales, 30% de la couverture forestière originale a été transformée pour d autres utilisations, et 20% supplémentaires est dégradée. De plus en plus de personnes prennent désormais conscience qu il sera impossible de conserver la diversité biologique de la Terre si nous ne protégeons que les aires naturelles existantes. De nombreuses personnes dépendent aujourd hui de ce qui est devenu des écosystèmes dégradés pour subvenir à leurs besoins, et la restauration des écosystèmes est donc devenue essentielle pour leur offrir des avantages significatifs, sous la forme de la conservation de la diversité biologique, de l atténuation des changements climatiques et de l adaptation à leurs effets, et de la lutte contre la désertification. Les biens et services fournis grâce à la restauration des écosystèmes peuvent ainsi soutenir les moyens d existence, contribuer à l éradication de la pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire, ce qui profite aux groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. La restauration des écosystèmes peut et doit être une composante essentielle des programmes de conservation et de développement durable dans le monde. La restauration des écosystèmes est aussi précieuse de par sa capacité inhérente à offrir aux populations une occasion de réparer les dommages écologiques, mais aussi d améliorer la condition humaine. Les avantages de la restauration en termes de conservation sont évidents. En revanche, très souvent et de façon moins apparente mais toute aussi importante la restauration des écosystèmes renouvelle les opportunités économiques, rajeunit les pratiques culturelles traditionnelles et recentre les aspirations des femmes et hommes de communautés locales. Nous sommes donc face à une occasion réelle de restaurer les écosystèmes dégradés dans le monde, afin d offrir des services écosystémiques aux populations et de conserver la diversité biologique. Jusqu à récemment, ce potentiel n était pas entièrement reconnu. Actuellement, plus de 2 milliards d hectares de terres pourraient être restaurés dans le monde, surtout dans les pays tropicaux et tempérés 1. Les aires protégées sont un élément essentiel d une stratégie plus vaste de conservation de la diversité biologique et d offre de services écosystémiques (Objectif d Aichi n 11). Pour que les aires protégées soient représentatives de toutes les écorégions dans le monde, des activités de restauration seront nécessaires pour en créer de nouvelles et relier les aires protégées dans les paysages terrestres et marins de production. De même, pour favoriser la bonne gestion des aires protégées, une restauration écologique est nécessaire dans de nombreuses aires existantes où les écosystèmes naturels ont été dégradés. La restauration des écosystèmes dans la CDB La restauration des écosystèmes est prise en compte dans la plupart des programmes de travail de la Convention sur la diversité biologique. C est également un élément crucial de l Objectif 15 du Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 et des Objectifs 4 et 8 de la Stratégie mondiale actualisée pour la conservation des plantes 2011 2020. Dans la décision X/9 relative au programme pluriannuel de travail de la Convention sur la période 2011-2020, la Conférence des Parties a décidé d identifier lors de la Conférence des Parties de 2012 les façons et les moyens d encourager la restauration des écosystèmes, et éventuellement de mettre au point des conseils pratiques sur la restauration des écosystèmes et les questions en rapport. 1 Un monde d opportunités, Partenariat mondial sur la restauration des paysages forestiers, septembre 2011. UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) : Déclaration de position Page 2
L organe scientifique chargé de fournir des avis scientifiques, techniques et technologiques (OSASTT), lors de sa 15 ème réunion, a présenté une liste importante de tâches dans le domaine de la restauration des écosystèmes, y compris pour le Secrétaire exécutif et ses partenaires ; a recommandé à la Conférence des Parties de se pencher sur la nécessité d un travail plus poussé sur la restauration des écosystèmes ; et enfin a prié les Parties et les autres acteurs à faire des efforts afin de réaliser les Objectifs d Aichi n 14 et 15 et de contribuer à la restauration des écosystèmes. L OSASTT a également recommandé à la Conférence des Parties d inviter les Parties, les autres pays, l UICN, le paysages forestiers (coordonné par l UICN), la Société pour la restauration écologique, l Institut des ressources mondiales (WRI), l Organisation internationale des bois tropicaux etc. à soutenir les pays dans leurs activités de restauration des écosystèmes. L UICN félicite également le Secrétariat et la Société pour la restauration écologique pour leur travail intersessionnel, et notamment la réalisation d une liste indicative des conseils pratiques disponibles sur la restauration des écosystèmes. L UICN prie donc la 11 ème Conférence des Parties de : Inviter les Parties, les gouvernements et les organisations compétentes à utiliser ces conseils, à intégrer la restauration des écosystèmes dans leurs cadres de planification et actions sur le terrain, et à s engager à collaborer sur ce sujet à l avenir. Aires protégées et restauration des écosystèmes La restauration dans et autour des aires protégées est une priorité du Programme de travail sur les aires protégées Etablir et mettre en œuvre des mesures pour la réhabilitation et la restauration de l intégrité écologique des aires protégées (Section 1.5.3) L importance d offrir des conseils pour la mise en œuvre de la restauration a été reconnue dans la résolution 4.036 Lignes directrices pour de meilleures pratiques en matière de restauration écologique des aires protégées, adoptée lors du 4 ème Congrès mondial de la nature de l UICN de 2008 (Barcelone, Espagne). Cet appel a été renforcé lors de la 10 ème Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (octobre 2010, Nagoya, Japon), où la Commission mondiale des aires protégées de l UICN a été invitée à travailler avec d autres organisations compétentes pour élaborer des conseils techniques sur la restauration écologique (Décision X/31, paragraphe 3.8). La Commission mondiale des aires protégées de l UICN a par la suite créé un Groupe de travail sur la restauration écologique afin de répondre à ces demandes de conseil. Ce Groupe d étude a rédigé pour l UICN des directives intitulées Restauration écologique pour les aires protégées : principes, directives et meilleures pratiques, qui seront lancées lors du Congrès mondial de la nature de l UICN à Jeju en septembre 2012. Les Membres de l UICN devraient approuver ce document par le biais d une résolution puis le présenter à la Conférence des Parties. L UICN soutient les principaux messages de la Section IV de la Note du Secrétaire exécutif sur les façons et les moyens de soutenir la restauration des écosystèmes, préparée pour la 15 ème réunion de l OSASTT (PNUE/CDB/OSASTT/15/4), notamment que la restauration des écosystèmes n est ni un substitut à leur conservation ni un passeconduit permettant leur destruction intentionnelle ou leur utilisation non durable. La conservation et la restauration sont des approches complémentaires, à mettre en œuvre en fonction des circonstances. Soutenir la prise de décision et l application de la restauration des écosystèmes UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) : Déclaration de position Page 3
La restauration écologique peut jouer un rôle significatif dans la réalisation du Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020. Bien que l ensemble des 20 Objectifs d Aichi aient des conséquences sur la création et la gestion des aires protégées, l Objectif 11 les aborde directement. Les Parties auront fort à faire pour satisfaire à tous les éléments de l Objectif 11, qui inclut les éléments spatiaux de la représentativité, la connectivité, et les Zones d importance pour la diversité biologique et les services écosystémiques. Dans certaines écorégions, la réalisation de l Objectif 11 peut requérir la protection totale de tous les habitats naturels restants de certains types faiblement représentés dans certains pays, soit par le biais d aires protégées soit par d autres actions de conservation qui apparaîtraient plus appropriées. Cependant, il peut arriver que ces actions restent insuffisantes dans certaines écorégions où une grande partie de l habitat a été détruite en faveur de l agriculture ou d autres usages. Garantir une meilleure représentation demandera alors de mettre davantage l accent sur la restauration. Dans ces cas, la restauration écologique sera indispensable pour atteindre l Objectif 11. L Objectif d Aichi n 15 appelle les Parties à restaurer au moins 15% des écosystèmes dégradés afin d accroître la résilience des écosystèmes et la contribution de la diversité biologique aux stocks de carbone. L UICN pense que les pays peuvent créer une synergie entre l Objectif 11 et l Objectif 15 en restaurant les zones dégradées, ce qui permettra de réaliser pleinement l Objectif 11. La restauration doit être axée sur la création de nouvelles aires protégées dans les écorégions sous-représentées grâce à une connectivité entre aires protégées, et doit garantir la protection des Zones d importance pour la diversité biologique. Il est important de noter que le Programme mondial de l UICN sur les aires protégées s appuie sur ses réseaux d experts pour aider la Convention sur la diversité biologique et les gouvernements à renforcer les capacités individuelles et institutionnelles afin de mieux gérer les complexités du système d aires protégées et la gestion des sites, et mettre en œuvre la restauration. Une initiative repère doit renforcer les capacités en Afrique, dans les Caraïbes et les pays du Pacifique par le biais du projet BIOPAMA, une intervention financée par l Union européenne qui répondra aux besoins prioritaires d informations et de capacités, afin d offrir des conseils sur les bonnes pratiques et d encourager la réalisation de l Objectif 11. L UICN appelle la 11 ème Conférence des Parties à : Recommander aux Parties, gouvernements et organisations compétentes d accepter et d utiliser le guide Restauration écologique pour les aires protégées : principes, directives et meilleures pratiques, tel que demandé dans la Décision X/31, paragraphe 3.8. Encourager les Parties à reconnaître la forte relation entre l Objectif d Aichi n 11 et l Objectif 15, et étudier les opportunités qui se présentent pour réaliser les objectifs, si le travail est mené de façon synergique. La restauration des écosystèmes forestiers à l échelle des paysages le Défi de Bonn En septembre 2011, le gouvernement allemand et l UICN ont organisé une Table ronde ministérielle sur les forêts, le carbone et la diversité biologique, en collaboration avec le paysages forestiers, afin d apporter une contribution mesurable et mondialement significative pour la restauration des forêts et des paysages. Reconnaissant que les circonstances et les conditions des paysages varient d un pays à l autre, un objectif ambitieux mais réalisable a été lancé : restaurer 150 millions d hectares de terres dégradées et déboisées au cours des dix prochaines années un objectif plus connu sous l appellation Défi de Bonn. UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) : Déclaration de position Page 4
Le Défi de Bonn a été conçu spécialement comme un outil de réalisation des Objectifs d Aichi n 14 et 15 et de l objectif REDD+ de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Au cœur de cette approche réside la croyance que les engagements actuels envers la restauration des forêts et des paysages peuvent se faire en renforçant les synergies entre les objectifs liés aux changements climatiques, à la diversité biologique et à la dégradation des terres, tout en apportant également des avantages pour les moyens d existence, la sécurité alimentaire et l économie verte. Lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), le paysages forestiers et l UICN ont annoncé les premiers engagements liés à la réalisation de cet objectif, avec des promesses de la part des gouvernements et de la société civile portant sur 18 millions d hectares. La restauration des paysages a également frappé l imagination du public un million d individus issus du grand public ont voté afin de désigner les recommandations qu elles voulaient transmettre en priorité aux chefs d États et de gouvernements lors de la Conférence Rio+20. Ainsi, la restauration de 150 millions d hectares de terres déboisées et dégradées d ici 2020 est arrivée en tête dans la catégorie des forêts, et en deuxième place toutes recommandations confondues. L UICN, avec le soutien d Airbus, a lancé la campagne Plantez une promesse (Plant a pledge) afin de créer un mouvement populaire mondial de soutien à la restauration (voir le site : www.plantapledge.com). La restauration des écosystèmes à l échelle des paysages devrait être envisagée comme un moteur économique plutôt que comme un fardeau financier. Selon l analyse de l UICN présentée à Rio+20, les retours nets de la restauration de 150 millions d hectares de forêts perdues et de terres dégradées dans le monde équivaudraient à plus de 80 milliards de dollars par an, grâce à des revenus directs ou à des occasions de revenus supplémentaires pour les communautés rurales. Les bénéfices pour la société sont encore plus importants. La réalisation du Défi de Bonn permettrait par exemple de séquestrer environ 1 Gt d équivalent dioxyde de carbone (CO2 e ) par an, soit environ 5 milliards de dollars de bénéfices annuels nets 2, et diminuerait de 11 à 17% 3 les écarts actuels en matière de réduction des émissions 4. L UICN appelle donc la 11 ème Conférence des Parties à : Inviter instamment les Parties et encourager les gouvernements et organisations compétentes à concerter leurs efforts afin de réaliser les Objectifs 14 et 15 du Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020, en faisant des promesses spécifiques dans le cadre du Défi de Bonn, considéré en tant qu instrument pour atteindre ces objectifs. 2 Basé sur le coût social du carbone, tel que calculé dans Nordhaus, W., (2011). Estimates of the Social Cost of Carbon: Background and Results from the RICE-2011 Model. Cowles Foundation Discussion Paper No. 1826. 3 Les écarts en matière de réduction des émissions sont le déficit prévu d actions pour atténuer les changements climatiques, une fois que tous les efforts et engagements actuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été pris en compte, nécessaires pour éviter des augmentations de la température mondiale supérieures à 2 C. 4 PNUE (2010). Rapport sur l écart en matière de réduction d émissions. Les promesses de l Accord de Copenhague sont-elles suffisantes pour limiter le réchauffement climatique à 2 C ou 1,5 C? Programme des Nations Unies pour l environnement. UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) : Déclaration de position Page 5