Trajectoires de transition bascarbone en France au moindre. coût. Dynamiques et coûts d abattement moyens (D - CAM)

Documents pareils
CONSOMMATION ET PRODUCTION D ELECTRICITE EN ALLEMAGNE. Bernard Laponche 2 juin 2014 * Table des matières

Stratégie Carbone et Energie de la STIB à l horizon 2030

Une proposition pour financer l investissement bas carbone en Europe

La place du charbon dans le mix électrique

L injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel

Le biogaz en France et en Allemagne Une comparaison. Journées méthanisation, 4 novembre 2014, Chambéry

Rencontre des savoirs. L énergie électrique est-elle bien adaptée à une mobilité durable?

Études & documents ÉCONOMIE ET ÉVALUATION. Les véhicules électriques en perspective. n 41. Analyse coûts-avantages et demande potentielle.

la Contribution Climat Energie

Plan d actions Bilan Carbone. Périmètres d étude Sources d émissions Nbre d actions

ETUDE DE LA SECONDE VIE DES BATTERIES DES VEHICULES ELECTRIQUES ET HYBRIDES RECHARGEABLES

Pour une harmonisation des méthodes et des paramètres économiques. de comparaison entre les filières de production ou d économie d énergie

CLIMACT sa T: Vers une Wallonie Bas Carbone en 2050

Transition énergétique Les enjeux pour les entreprises

électriques en France :

LA nouvelle station service. économies. Green up prises et bornes de recharge. (durables) rechargeable

Le contenu en CO2 du kwh électrique : Avantages comparés du contenu marginal et du contenu par usages sur la base de l historique.

DIAGNOSTIC GAZ A EFFET DE SERRE DE TERRITOIRE DU PARC NATUREL REGIONAL DES PYRENEES ARIEGEOISES

Un instrument clé de pilotage de la politique énergétique

Stockage de l énergie renouvelable et de production d hydrogène

Biogaz et méthanisation

Quelques chiffres clés de l énergie et de l environnement

PAPIER OU SUPPORT NUMÉRIQUE, QUEL EST LE BON CHOIX ÉCOLOGIQUE?

DÉFIS CLIMATIQUES NOUVEAUX ENJEUX ÉLECTRIQUES

La perspective de «windfall profits» (profits indus) pour les électriciens allemands

Séminaire AMORCE Débat national sur la Transition Energétique. Paris 26 février H 30

Réflexions sur le portefeuille de mesures Grenelle Environnement. Dossier

APPEL à MANIFESTATIONS D INTERET (AMI) INVESTISSEMENTS D AVENIR EDITION 2010

Crédit d impôt et Livret de Développement Durable. Deux outils pour financer les projets d amélioration de la performance énergétique des logements

Gaz à effet de serre émis et consommations énergétiques inhérentes. à l habitation et aux déplacements d

Appuis de l ADEME à la Transition Energétique dans les Transports

Contribution des industries chimiques

Consultation sur le livre blanc du financement de la TEE Préparation de la conférence bancaire et financière : Contribution de la Caisse des Dépôts

Électricité 2030 QUELS CHOIX POUR LA FRANCE. Étude réalisée par l UFE avec le concours du cabinet Estin&Co

faux VRAI FAUX vrai VRAI POUR TOUT SAVOIR SUR L ÉLECTRICITÉ

Vendredi 18 mars 2011 ETAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT DES ENERGIES RENOUVELABLES FOCUS SUR L ELECTRICITE

U N I O N D E S P R O F E S S E U R S D E P H Y S I Q U E E T D E C H I M I E 719 Les voitures électriques

Comparaison des enjeux énergétiques de la France et de l Allemagne

L énergie nucléaire au sein du mix énergétique belge

Le marché électrique européen face à la transition énergétique : apprendre du présent pour mieux préparer l avenir

Bilan d émissions de GES Banque Courtois 21/11/12 1

ECO-QUARTIER «CAP AZUR» CHAUFFER, FOURNIR EN EAU CHAUDE ET RAFRAÎCHIR AVEC DE L ENERGIE RECUPERÉE. récupération d énergie. 100% des besoins en

LA TRANSITION ENERGETIQUE Vendredi 20 juin 2014 De la part de Stéphane Le Foll

Une stratégie Bas Carbone

Étude sur le potentiel du stockage d énergies

SOLUTIONS TECHNOLOGIQUES D AVENIR

Étude sur le potentiel du stockage d énergies

La transition énergétique en France et en Allemagne

Demand Response, une brique importante du Smart Grid

Trajectoires vers une économie sobre en carbone

Evolution du mix électrique en France - Qui paiera?

Supporting deployment of low-carbon technologies in the ETC and SEMED regions

Les Technologies de l Information et de la Communication et leurs impacts sur l environnement

Avec Gaël Callonnec (Ademe)

Délibération 1/8. Molène et Sein. 1 Corse, DOM, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saint-Pierre et Miquelon et îles bretonnes des Glénans, Ouessant,

Besoin d approfondissement des méthodologies d évaluation Le cas de la voiture électrique

Cap sur la croissance!

dena Les associés de la Deutsche Energie-Agentur. 8 % 8 % 8 % Direction République fédérale d Allemagne Allianz SE Deutsche Bank AG DZ BANK AG

GrDF Un distributeur de gaz au cœur de la transition énergétique

Comparaison des mix énergétiques allemand et français 2

Compétitivité des entreprises et maîtrise des consommations d énergie sont-elles conciliables?

RESEAUX DE CHALEUR FLEXIBILITE ENERGETIQUE ET DEVELOPPEMENT

Le contexte énergétique mondial et européen

Enjeux du stockage de l énergie

ÉTUDE SUR LE POTENTIEL DU STOCKAGE D ENERGIES

Etude sur la valeur et les coûts de l éolien sur le système électrique

GDF SUEZ. Branche Energie Europe et International. Jean-Pierre Hansen

Électricité : le gaspillage menace le climat

Un fonds climat énergie au GL? Présentation de la démarche

Énergie décentralisée : La micro-cogénération

Plan climat de la France

La transition énergétique en France et en Allemagne

«La sécurité d investissement comme préalable à un approvisionnement fiable» Le 5 octobre 2011 Foire du Valais, Journée de l énergie

Résumé de l étude réalisée par CO 2 logic pour le compte de la STIB

Contributions Prévues Déterminées au Niveau National (INDC) pour le secteur de l Utilisation des terres:

Jean-Yves RICHARD ADEME

Le bois, la première des énergies renouvelables

Définir la transition énergétique, décrypter un «consensus ambigu» Aurélien Evrard Université Paris 3 ICEE / Sciences Po CEE

L énergie en France et en Allemagne : comparaisons

Suivi des émissions de gaz à effet serre causées par l'achat d'électricité

Eco matériaux Quelles performances, quelles assurances?

«L apport des réseaux électriques intelligents»

La valorisation des terres excavées

Financement de la réhabilitation des logements

Un réseau intelligent pour véhicules électriques

GUIDE de L ÉCO CITOYEN. au BUREAU

Pôle Performance Industrielle Durable. Page 1 Rencontre SEE Le 20/05/2014 Lille. Innover

France-Allemagne : Une coopération énergétique nécessaire. Les caractéristiques électriques des deux pays et les défis communs

Journée Futur et Ruptures 2015

«Le nouveau marché de l électricité, quel impact pour les collectivités?» International - Independent - Innovative

Dossier. Forum nucléaire Dossier Energiewende 12 mai 2015 ///////////////////////

Fiscalité environnementale

Briefing La voiture électrique sauvera-t-elle le climat? Potentiel et pièges éventuels de la mise sur le marché des voitures électriques

L exercice de prospective de l ADEME «Vision » Document technique 1 / 297

DOCUMENT DE TRAVAIL DES SERVICES DE LA COMMISSION RÉSUMÉ DE L'ANALYSE D'IMPACT. accompagnant le document:

La transition énergétique décentralisée en Allemagne: réflexions, questions, enseignements pour la France. Cyril Roger-Lacan Juin 2013

Smart grids for a smart living Claude Chaudet

LA CONSOMMATION D ENERGIE EN ALLEMAGNE ET EN FRANCE : UNE COMPARAISON INSTRUCTIVE

Exemple de réalisation dans le cas de projets pilotes Smart Grids. sociétaux» 13 juin, Laas-CNRS Toulouse Jean Wild

FORD C-MAX + FORD GRAND C-MAX CMAX_Main_Cover_2013_V3.indd /08/ :12

Transcription:

Trajectoires de transition bascarbone en France au moindre coût. Dynamiques et coûts d abattement moyens (D - CAM) Baptiste Perrissin Fabert (CGDD) Alexis Foussard (CGDD) Décembre 2016 Crédit photo : Arnaud Bouissou/MEDDE Ministère de l'écologie, du Développement durable et de l Énergie www.developpement-durable.gouv.fr

Le programme I Présentation de l outil D-CAM II Résultats sectoriels III Résultats agrégés IV Utilisation et développements futurs 2

Un outil micro-économique pour tracer des chemins efficaces vers l objectif du facteur 4 en 2050 2014 2050 459 MtCO2eq 138 MtCO2eq Facteur 4 Quels gisements? Quelle chronique de déploiement? Quelle répartition sectorielle? Quel coût? 3

Une D-CAM est un dessin 4

Plus connu dans sa version statique Source : McKinsey (2009) 5

Plus utile dans sa version dynamique Un point de comparaison: techno figées + hyp macro de projection de la demande Des coûts moyens de CO2 entre 2012 et 2050 en /tco2 Des gisements de CO2 en 2050 Une chronique de déploiement des gisements entre 2012 et 2050 6

Une base de données transparente (>500 mesures dans 6 secteurs) Potentiels par rapport à l utilisation actuelle Vitesse maximale de diffusion Coûts unitaires par rapport aux techno équiv du scénario de ref Comportement Télétravail 75 Gkm.voy 20 ans 0 Efficacité énergétique Efficacité PL diesel 2020 340Gt.km 20 ans 20 /1000t.km Structure de la demande LGV nouvelles infra 55Gkm.voy 40 ans 159 /1000km Changement énergie Voiture électrique 28 % du parc en 2050 ou 177Gkm 40 ans Coûts décroissants dans le temps Décarbonation de l énergie Incorporation bio caburant 10000TWh 20 ans 86 /MWh Capture ou stockage CCS Gaz pour élec pointe 31 TWh 20 ans à partir de 2030 20 /MWh Autres... Nature des gisements Mesures de CO2 au sein des 6 secteurs 7

Quelques précautions d interprétation de la D-CAM C est un dessin utile, en première approche, pour : tracer des trajectoires de décarbonation Identifier des mesures à coût négatif qui ne sont pas encore exploitées Mesurer des ordres de grandeur de coûts Pointer des risques de verrouillage technologique Mais un dessin qui ne dit pas : ce qu est le coût marginal d abattement, et donc le prix du carbone qui permettrait de déclencher l ensemble des mesures requises pour atteindre le facteur 4 qu il faut déployer les mesures d abattement par ordre de mérite (A<B<C) les co-bénéfices d une mesure d abattement 8

Le programme d optimisation Variables : utilisations de chacune des technologies i, à chaque année t Contraintes : Potentiel maximum : Vitesse maximale de diffusion : Projection des demandes : Contrainte sur les émissions totales en 2050 : Équilibres entre offre et demande des différents vecteurs énergétiques Éventuellement : Point de passages annexes ou budgets sur les émissions Objectif de minimisation des coûts : Min 9

Calcul des coûts d abattement moyens Les coûts d abattement des mesures sont calculés a posteriori Coût moyen de la tonne évitée par la «mesure» sur toute la période Le coût d abattement unitaire peut varier dans le temps sous l effet du progrès technique Les coûts intègrent : Les investissements (CAPEX) Les coûts de maintenance et des énergies (OPEX) Pas les transferts entre agents (taxes) ni les externalités Source : GIEC (2014) 10

Décomposition des réductions Prise en compte des interactions entre réduction de la demande, changement d énergie, efficacité énergétique décarbonation des vecteurs Utilisation de la méthode LMDI Attribue les réductions à ces différents effets Permet d obtenir des gisements additifs 11

Le programme I Présentation de l outil D-CAM II Résultats sectoriels III Résultats agrégés IV Utilisation et développements futurs 12

Transports, objectif 65 % Pas de prise en compte des externalités (qualité de l air) ni des cobénéfices (temps) Véhicules : Coût à l achat + distance d utilisation + consommation (réelles) Progrès technique sur les VE 13

Transports types de mesures La chronique des gisements exploités sont différents selon l horizon temporel considéré Avec l objectif final de 2050, apparition de véhicules électriques / à hydrogène / au gaz avant 2030. Risque de lock-in! 14

Résidentiel-tertiaire, objectif 85 % Données consommations en énergie finale du parc actuel (CEREN) rendements des appareils de chauffage (ADEME) contenu en GES des énergies utilisées Parc existant désagrégé sur 3 niveaux de performance, et par énergie de chauffage Pas de prise en compte d un d effet rebond ni d un gisement «comportement» Possibilités de changement d énergie pour certains logements Optimisation sur le seul critère CO2 15

Agriculture : objectif facteur 2 Construite à partir des travaux de l INRA (2015) Extraction de vitesses de diffusion Une partie des gisements liés à l UTCF 16

Déchets : objectif 78 % 1) des réductions associées à la prévention des déchets et au recyclage car des émissions unitaires de la destruction des déchets 2)Le captage du méthane permet une division par 3 des émissions des déchets mis en décharge 17

Industrie Les principaux types de gisements considérés sont : (i) l efficacité énergétique (étude ADEME / CEREN sur les gisements d économies d énergie) (ii) le changement de source d énergie (source principale : trajectoires du DNTE) (iii) la décarbonation des sources d énergie (chaleur, électricité, gaz) (iv) la capture et le stockage de CO2 (source principale : AIE) Décomposition sur quatre secteurs Projection des productions physiques (métaux, matériaux, chimie) Projection de la VA pour le reste 18

Énergie : un secteur spécifique Scénario de référence : La demande est relativement stable Dans une courbe agrégée, elle est issue des autres secteurs Hypothèses : Deux demandes séparées > une demande en électricité «de base» (avec des technologies bascarbone) > une demande en électricité par des capacités de pointe, pilotables (avec notamment des centrales à flamme, émettrices de GES) Une contrainte supplémentaire sur la réduction des capacités de production nucléaire. 19

Énergie, objectif 93 % 20

Evolution du mix électrique 21

Le programme I Présentation de l outil D-CAM II Résultats sectoriels III Résultats agrégés IV Utilisation et développements futurs 22

D-CAM agrégée pour atteindre le facteur 4 Méthode Par construction : énergie consommée = énergie produite Analyse ex post de la répartition des efforts entre secteurs Résultats Décarbonation des vecteurs énergétique (gaz, électricité, vapeur), efficacité énergétique, changements d énergie Les technologies à coûts négatifs peuvent apparaître temporairement (effets d interaction entre secteurs et types de mesures) 23

Répartition sectorielle des réductions d émissions (Mt/CO2) Différences dues aux hypothèses sur l existence d émissions négatives dans le secteur de l énergie 24

Le coût (gain?) total de la transition bas carbone 25

Le programme I Présentation de l outil D-CAM II Résultats sectoriels III Résultats agrégés IV Utilisation et développements futurs 26

Effet de l introduction d un prix du carbone D-CAM agrégée sans prix 27

Effet de l introduction d un prix du carbone D-CAM agrégée avec trajectoire de prix du carbone prévue dans la LTECV 28

Limites de la méthode Absence de cobénéfices Complémentaires de scénarios prospectifs qui considèrent les effets sur l'activité économique des secteurs Autres simplifications Cinétiques très simplifiées par rapport à la réalité Pas d analyse des émissions sur le cycle de vie Absence d effet rebond Précautions de lecture Les coûts n'indiquent pas un ordre de priorité Difficile à interpréter comme la répartition des efforts entre secteurs > car très sensible aux données d entrée > car ne présente qu'une approche par les coûts 29

Développements et utilisation futurs de l outil Analyse de première approche pour l actualisation de la SNBC Simuler les impacts sur le déploiement des gisements de différents objectifs politiques sectoriels (sortie du nucléaire, renforcement de la pénétration des ENR, électrification massive des usages etc.) Donner des ordres de grandeurs plus réalistes du «surcoût» de la transition bas carbone afin de calibrer des instruments de tarification du carbone (taxe, subventions, tarifs de rachat) Une base objective pour faire dialoguer des visions du monde différentes sur la «bonne» stratégie bas carbone.l outil est a priori «agnostique» sur le chemin technologique à suivre Un outil collaboratif co-construit avec ses utilisateurs potentiels 30

FIN 31