1 LIN2622 Quelques exemples de segmentation des sons du français 1. Voyelles précédées d une occlusive sourde et voyelles au voisinage de liquides [l ] [ k ] Remarquez que l on distingue au moins deux phases pour les consonnes occlusives : la tenue (silence) et l explosion. Sur l onde, on reconnaît aisément le début de la tenue et de l explosion. Le début de la voyelle suivant l explosion se remarque par l apparition des premiers formants. Il ne faut pas confondre le début de la F0 et le début des premiers formants : ils ne correspondent pas toujours au même moment sur l onde sonore. (Et la voyelle commence là où les premiers formants apparaissent, pas la F0). Les consonnes liquides [l ], comme les consonnes nasales [m n ] et les semivoyelles [j w], se caractérisent par la présence de formants. Leurs formants montrent peu d énergie et sont très variables, puisqu ils prennent surtout la valeur des formants des voyelles environnantes. En général, pour identifier le début et la fin de l une de ces consonnes, on se fie sur l écoute et la diminution d énergie sur l oscillogramme (voir figure précédente).
2 2. Voyelles au voisinage de fricatives et de groupes occlusives+liquides [ ] Dans le cas de la suite [ ], on se fie à l apparition des 2 premiers formants. La fin de la consonne [b] est marquée par une baisse d énergie sur l onde sonore. Lorsque la consonne occlusive est suivie de l une des liquides [l r], on ne remarque pas d explosion, mais plutôt l apparition de formants, beaucoup plus faibles que ceux de la voyelle. La suite [l]+ voyelle ou [ ]+ voyelle se segmente par l augmentation soudaine d énergie de l onde sonore (oscillogramme), ce qui signale le début de la voyelle.
3 3. Voyelles précédées de consonnes sonores et au voisinage de fricatives sonores [ ] Contrairement à une occlusive sourde, la tenue de l occlusive sonore comporte une barre de voisement (F0 ou bande noire pâle dans les basses fréquences), puisque les cordes vocales vibrent durant la tenue de cette consonne. L explosion est bien marquée sur le spectre mais il n est pas facile de déterminer la frontière entre l explosion et la voyelle (ici [ ). Ici, on se fiera sur l augmentation d énergie après la première période d explosion sur l onde sonore. L identification de la fricative sonore [v] sera aussi faite par la diminution d énergie. On remarque que, contrairement à sa contrepartie sourde [f], [v] ne comporte que peu de bruit.
4 4. Consonnes fricatives sourdes et [ ] [ ] Le début de la fricative sourde [ ] est marqué par l apparition du bruit de friction. Dans cette suite se retrouve également la liquide [ ], qui est sans doute la plus difficile à identifier en raison de sa grande instabilité. Elle apparaît en effet très différente en fonction de son contexte immédiat. Ici, précédée d une voyelle et suivie d une consonne sourde, on la remarque par la disparition des formants et par la baisse soudaine d énergie.
5 5. [ ] précédé et suivi d une voyelle [ ] Dans ce contexte, la consonne [ ] est dite vocalisée et elle se présente avec la structure formantique des voyelles précédentes et suivantes. On doit l identifier à l écoute, en incluant environ le quart de la voyelle précédente et de la voyelle suivante.
6 6. [ ] dans une suite occlusive+[ ]+voyelle [ p ] Le début du [ ] correspond ici à la fin de la tenue de la consonne occlusive. Dans le cas de [p ], la fin de [ ] apparaît clairement par l augmentation soudaine d énergie. Par contre, dans le cas de [d ], la fin de [ ] est plus discrète, en raison de sa durée réduite. Notez que dans les deux cas, on ne peut identifier clairement d explosion.
7 7. Consonnes nasales+voyelles et suites voyelles+[l]+occlusives s [ ] Les consonnes nasales (ici [m]) apparaissent avec des valeurs formantiques propres (cet ensemble de consonnes est dit «sonantes»). Le spectrogramme montre cependant de faibles valeurs d intensité de ces formants, ce qui contraste clairement avec les voyelles précédentes et suivantes. Lorsque précédé d une voyelle, [l] est très bref et très difficile à distinguer de la voyelle. On remarque un abaissement du troisième formant, indice de mouvements articulatoires vers le [l], de même que du bruit sur le spectrogramme.