Yak Rivais
Découvrez les autres textes pour la jeunesse de Yak Rivais sur le site Internet du Polygraphe : www.polygraphe.fr Yak Rivais est l auteur de nombreuses histoires pour la jeunesse, parues chez plusieurs éditeurs. Public : 10-12 ans. isbn : 978-2-36570-107-5 issn : 2114-4044 Le Polygraphe / Yak Rivais, 2014.
3 Table des matières 1. Le paquet abandonné...5 2. Le bébé... 8 3. Les époux Martin veulent garder le bébé...10 4. Un déménagement...12 5. La petite Ondine...14 6. Ondine est rêveuse...16 7. Ondine à l école... 18 8. Un anniversaire... 20 9. L homme à la boucle d oreille...22 10. L avertissement du roi des Eaux...25 11. Monsieur Martin s interroge...28 12. Encore un déménagement...30 13. Ondine amoureuse...32 14. Ondine s en va...34 15. Monsieur Martin à l affût...36 16. Les espoirs de monsieur Martin...38 17. Le portrait... 40 18. Ondine s enfuit...43 19. Le sacrifice du roi des Eaux... 46 20. La pierre blanche... 48
1. Le paquet abandonné Il faisait nuit. Au-dessus de la rivière, la lune brillait, toute ronde. Une tête humaine sortit de l eau, puis le corps et les bras. C était une femme. Elle se mit en marche vers la rive, un sillage troublé derrière elle. Dans ses bras, sous une belle couverture de brocart, elle portait précieusement quelque chose. Elle se retournait en marchant, regardait autour d elle. Elle atteignit la rive. Elle trébucha. Elle monta la pente douce de la berge entre les saules et les peupliers. Une fois encore, elle jeta un regard effrayé derrière elle. L eau de la rivière reflétait la lune et les nuages. Une chouette hulula. La femme frissonna. Son paquet serré contre elle, elle emprunta un chemin à travers champs. Elle pressa le pas. Elle se retourna une fois de plus, puis elle s engagea sur une route déserte. Jusqu à l horizon, la campagne était endormie. La femme marchait, marchait. Elle parvint à un village. Elle s immobilisa. Une maisonnette était là, silencieuse et tranquille dans un jardin fleuri. La
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femme s en approcha. Rien ne bougeait, nulle part. Alors, vite, très vite, elle déposa son paquet enveloppé sur le perron de la maisonnette et s enfuit. 7
8 2. Le bébé Comme tous les matins, monsieur Martin sortit de chez lui pour aller travailler à la ville. Il ouvrit la porte. Un mignon bébé dormait sur le seuil. Il était enveloppé dans une couverture magnifique. Monsieur Martin, saisi, appela sa femme sans élever la voix pour ne pas alerter le voisinage. Elle vint aussitôt, intriguée. Elle réprima un cri. Le bébé venait d ouvrir les yeux et souriait. Madame Martin se baissa, la souleva dans ses bras. C est une petite fille! s écria-t-elle. Qu elle est belle! Rentrons! suggéra son mari. Ils rentrèrent. Madame Martin contemplait le bébé avec émotion. Elle et son mari n avaient pas d enfant. Madame Martin, attendrie jusqu aux larmes, emporta le bébé sur leur lit. Elle ouvrit en tremblant la riche couverture qui l enveloppait. L enfant agita ses petites jambes potelées. Qu elle est belle! répéta madame Martin en se mettant à pleurer. Mais elle se ressaisit : Il lui faut du lait! dit-elle. Et comme son mari allait en acheter, elle l arrêta : Non! Ne l achète pas au village! Et comme il attendait, elle le retint encore : Elle a besoin de couches! De plein d autres choses! Attends que je te fasse une liste!
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10 3. Les époux Martin veulent garder le bébé Les époux Martin étaient de braves gens. Ils voulaient garder la petite. Qui l a déposée chez nous? s interrogeait monsieur Martin en se rendant en voiture à la ville. Qui? Et quand? Et pourquoi? Il acheta le nécessaire dans un magasin de grande surface où personne ne le connaissait. Puis il rentra chez lui. Sa femme était folle du bébé. Elle changea ses couches, prépara du lait. La petite souriait, gigotait, gazouillait. Et madame Martin la couvrait de baisers. Son mari repartit pour la ville. Comme il dirigeait un cabinet d assurances, il pouvait choisir ses heures de travail. Mais il s inquiétait. Avait-il le droit de garder ce bébé? Ne devait-il pas déclarer sa découverte? Si quelqu un le réclamait? Ne risquaient-ils pas, son épouse et lui, d être poursuivis en justice? Et puis? Comment justifier la présence de l enfant? Au village, personne n avait vu madame Martin enceinte Toute la journée, l image de l enfant flotta dans la tête de monsieur Martin. Cette couverture qui l enveloppait était un tissu de prix. Celui ou celle qui avait déposé le bébé devant la maisonnette n était assurément pas pauvre. Alors pourquoi l abandonner? Qu est-ce que tout cela signifiait?