ARRÊT DES TRAITEMENTS

Documents pareils
Droits des malades en fin de vie. Connaître la loi Leonetti et l appliquer

LE MALADE EN FIN DE VIE

Droits des personnes malades en fin de vie

Quelles attitudes en fin de vie? Acharnement? Euthanasie? Soins palliatifs?

Démence et fin de vie chez la personne âgée

Patients atteints de maladie grave ou en fin de vie

Ne prenons pas le problème à l envers!

RAPPORT DE PRESENTATION ET TEXTE DE LA PROPOSITION DE LOI DE MM. ALAIN CLAEYS ET JEAN LEONETTI

LA FIN DE VIE AUX URGENCES: LES LIMITATIONS ET ARRÊTS DES THÉRAPEUTIQUES ACTIVES. Dr Marion DOUPLAT SAMU- Urgences Timone

droits des malades et fin de vie

PRISE EN CHARGE DE LA FIN DE VIE

Le guide. pour tout comprendre. Agence relevant du ministère de la santé

La responsabilité des infirmiers et des établissements de santé

Présentation de la note Perspectives & Propositions Fin de vie, penser les enjeux, soigner les personnes

Prise en charge des patientes et patients en fin de vie

Guide sur le processus décisionnel relatif aux traitements médicaux dans les situations de fn de vie

Infirmieres libérales

Guide pratique et recommandations à l'attention du personnel médical et paramédical

Le référentiel professionnel du Diplôme d Etat d Aide Médico-Psychologique

Prise en charge palliative chez les personnes ayant une démence

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

Déclarations anticipées concernant mes soins de santé et ma fin de vie

Conseils sur la conduite à tenir en cas de suicide d un salarié sur le lieu de travail

les axes majeurs de la loi (1)

REFERENTIEL D AUTO-EVALUATION DES PRATIQUES EN ODONTOLOGIE

en Nouvelle-Calédonie ET SI ON EN PARLAIT? Dossier de presse

APRES TOUT ACTE DE MALTRAITANCE. 3. Elaboration des recommandations de pratique. 4. Diffusion au personnel des recommandations.

ethique Acharnement thérapeutique Q ua nd s e p o s e la que s t i o n du juste soin... du juste soin...

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

Délivrance de l information à la personne sur son état de santé

Le compte épargne temps

DESCRIPTION DU METIER D AUXILIAIRE AMBULANCIER IFPS - BESANCON

Centre Antipoison et de Toxicovigilance Strasbourg Tél:

Simulation en santé. Outil de gestion des risques. Avril Dr MC Moll 1

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

PSYCHOLOGUE AU DOMICILE : PRATIQUES SINGULIERES OU PLURIELLES?

MONITEUR-EDUCATEUR ANNEXE I : REFERENTIEL PROFESSIONNEL. Le moniteur-éducateur intervient dans des contextes différents :

Les aides légales à la gestion du patrimoine et à la protection de la personne

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

Charte régionale des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire de PACA, Corse et Monaco

SITES INTERNET CREATION ET FONCTIONNEMENT D UN SITE INTERNET POUR UN LABORATOIRE DE BIOLOGIE MEDICALE

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

DIRECTI- VES Mesures de soins ETHIQUES

HABITAT INDIGNE, SOUFFRANCE PSYCHIQUE. ET DEFENSES DELIRANTES DANS LES EXCLUSIONS (internes et externes) Lyon, 2014

2È JOURNÉE NATIONALE DE FORMATION DES PHARMACIENS CANCER ET ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN : UN PREMIER PAS VERS LA RÉSILIENCE.

GUIDE DE L ASSURÉ. Optez pour l assurance. qui peut regrouper maladies graves et assurance vie

générale dans les différents pays, de la santé des populations et d équité dans les soins de santé.

FIN DE VIE LES CLÉS DU DÉBAT DOSSIER

L euthanasie et l assistance au suicide

CHARTE RESPONSABILITE SOCIALE DE L ENTREPRISE MAJ : 2013

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

TIC pour la santé et l'autonomie : évaluation des services rendus et modèles économiques, une approche nécessairement pluridisciplinaire

le guide DON D ORGANES : DONNEUR OU PAS, je sais pour mes proches, ils savent pour moi L Agence de la biomédecine

Des dispositifs de prise en charge et d accompagnement de la maladie d alzheimer

Une crise serait un «changement brutal et

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

I. Une nouvelle loi anti-discrimination

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

7 octobre 2014 Entretiens Jacques Cartier

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

Les conséquences du sous-financement des organismes communautaires montréalais

Attirez-vous les Manipulateurs? 5 Indices

Fin de vie des personnes âgées SYNTHESE

LE RAISONNEMENT ET LA DECISION EN MEDECINE : LES BASES EN ASSURANCE MALADIE

En toute convivialité!

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

La notion de soutien dans le cadre d une équipe belge de soins palliatifs à domicile INTRODUCTION

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

Assurance maladie grave

Session Diagnostic. organisme gestionnaire du développement professionnel continu.

Ethique, don d organe et Agence de la Biomédecine

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

ÉVALUATION ET AMÉLIORATION DES PRATIQUES. Développement professionnel continu. Simulation en santé. Fiche technique méthode

CHARTE D UTILISATION DU VEHICULE

Éthique de la fin de vie

RÉFÉRENCES ET RECOMMANDATIONS MEDICALES

Insuffisance cardiaque

REFLEXIONS POUR LE DEVELOPPEMENT D UNE PRATIQUE DE CONCERTATION PROFESSIONNELLE ENTRE MEDECINS ET PHARMACIENS DANS L INTERET DES MALADES

Equipe de Direction : -Docteur Christine BOURDEAU Responsable médical. - Annie PAPON Cadre responsable

CODE DE DéONTOLOGIE MéDICALE

Leucémies de l enfant et de l adolescent

CONDITIONS GÉNÉRALES DE VENTE. Les présentes conditions visent à répondre aux impératifs de l article L441-6 du Code de Commerce.

Conseil Français de Réanimation Cardio-pulmonaire (CFRC) Recommandations pour l organisation de programmes de défibrillation

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

Comment remplir une demande d AVS Remplir les dossiers administratifs quand on a un enfant autiste et TED (3) : demander une AVS

Guide à l intention des familles AU COEUR. du trouble de personnalité limite

eduscol Santé et social Enseignement d'exploration

Les limitations et arrêt des thérapeutiques en Service de Réanimation Adulte

LA SOUFFRANCE DU MALADE EN FIN DE VIE. LES COMPORTEMENTS FACE A LA PERTE : vécu de la mort

L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

L A T O U R D E P E I L Z Municipalité

L ACCÈS VEINEUX DE COURTE DURÉE CHEZ L ENFANT ET LE NOUVEAU-NÉ

Prévoyance individuelle (piliers 3a/3b) Assurance vie mixte

Les aspects psychologiques de la paralysie cérébrale : répercussions et enjeux dans le parcours de vie.

La maladie de Huntington, une maladie du cerveau

DIU Soins Palliatifs et d Accompagnement.

Etat des lieux du prélèvement et de la greffe d organes, de tissus et de cellules MAROC

Formation sur la sécurisation du circuit du médicament

La prise en charge de votre maladie, l accident vasculaire cérébral

GdFA. Votre outil de Gestion des Files d Attente en boutique

Transcription:

ARRÊT DES TRAITEMENTS Dr François Chaumier UMASP - CHRU de Tours Journée Régionale AFSOS - Blois, 6 avril 2017

Cadre légal et sociétal Loi n 99-477 du 9 juin 1999 Code de Santé publique : articles L 1110-5 Code de déontologie médicale : articles R 4127-37 et 38 Loi n 2002-303 du 4 mars 2002 (Kouchner) Loi n 2005-370 du 22 avril 2005 (Leonetti) Loi n 2016-87 du 2 février 2016 (Claeys-Leonetti)

ARRET DES TRAITEMENTS SPECIFIQUES (chimiothérapie, immunothérapie, hormonothérapie, etc.)

Des contextes différents

Des initiatives différentes Phase palliative initiale (objectif survie) Proposition de chimiothérapie par le médecin oncologue Refus de soins de la part du patient Phase palliative avancée (objectif qualité de vie) Questionnement médical sur la pertinence d une chimiothérapie Proposition de chimiothérapie non acceptée par le patient Non indication de chimiothérapie +/- acceptée par le patient Phase palliative terminale (objectif confort) Non indication de chimiothérapie +/- acceptée par le patient

Une initiative médicale Idéal = décision médicale partagée Poursuite des soins, de l accompagnement et du suivi par l équipe référente Prise en charge palliative exclusive (avec ou sans recours aux EMSP) Parfois = décision médicale «imposée» Eviter la rupture ou la perte de confiance, soutenir l espoir malgré tout Informer, expliquer (critères décisionnels, symptômes, pronostic ) Ecouter (arrêt des soins? abandon? angoisse de mort? ) Eviter la chimiothérapie compassionnelle déraisonnable Inutile : inefficacité démontrée Disproportionnée : balance bénéfice risque défavorable Maintenir la vie sans aucun autre objectif que la vie «biologique» Prise en charge palliative exclusive (avec ou sans recours aux EMSP)

Une initiative du patient Phase palliative initiale Eviter la rupture (cf. refus de soins) Evaluation psychique Appel à un tiers Information et traçabilité Respect de la volonté du malade Quelle place pour l oncologue et l équipe de soins? Phase palliative avancée Ecoute et accompagnement Information et traçabilité Respect de la volonté du patient Maintien du lien, poursuite des soins et prise en charge palliative

ARRET des TRAITEMENTS de MAINTIEN en VIE

Cadre conceptuel Distinction des différents types de traitements Suppléance vitale / Étiologique / Symptomatique Distinction des différentes décisions Limitation : ne pas introduire ou ne pas intensifier tel traitement Arrêt : ne plus poursuivre un traitement déjà instauré Distinction LAT et euthanasie ( ou suicide assisté!) Ne plus prolonger la vie, ne plus s opposer à la venue de la mort Abréger la vie (acte technique d un tiers à la demande du patient) Définition de l obstination déraisonnable Inutile / Disproportionné / Objectif exclusif de maintien artificiel de la vie

Repères chez un patient en capacité d exprimer sa volonté (1) Droit de refuser ou de ne pas recevoir un traitement Demande réitérée après délai raisonnable si mise en danger Possibilité de recours à un autre membre du corps médical Information des conséquences et du risque vital potentiel Respect de la volonté, traçabilité dans le dossier médical Faire face à une «demande de mort» ou non prolongation Une nécessaire temporalité La place de l écoute et de l accueil de la parole Identifier les facteurs responsables éventuels (et les atténuer?) Distinction lassitude de vie / souffrance existentielle / dépression Une réflexion partagée, une prise en charge collective

Repères chez un patient en capacité d exprimer sa volonté (2) Et après? «Accompagnement palliatif, sauvegarde de la dignité, soutien de la qualité de la fin de vie» Soins continus, médecin référent, équipe soignante Prise en charge selon le pronostic et les conséquences symptomatiques Décès à court terme (VNI 24h/24, drogues vasoactives ) Décès à moyen terme (dialyse, corticothérapie, nutrition artificielle ) Habiter le temps du «mourir» Les proches Place de la sédation profonde et continue + analgésie? Patient atteint d une affection grave et incurable Décision d arrêt de traitement engageant son pronostic vital à court terme susceptible d entraîner une souffrance insupportable

Repères chez un patient en incapacité d exprimer sa volonté (1) Renoncer à entreprendre ou à poursuivre des traitements au titre du refus de l obstination déraisonnable Questionnement autour du projet de soins A la demande d un médecin, d un soignant, d un proche, de la PC Quel sens, quels objectifs de prise en charge? Une nécessaire temporalité Une nécessaire distance par rapport à son vécu subjectif Une nécessaire argumentation personnelle Rechercher et respecter la volonté du patient Directives anticipées Témoignages indirects de repères de vie, expression des souhaits (personne de confiance +/- famille ou proches)

Repères chez un patient en incapacité d exprimer sa volonté (2) Directives anticipées (majeur +/- tutelle) souhait de poursuite, limitation ou arrêt de traitement avis contraignant ne nécessitant pas de procédure collégiale sauf contexte d urgence ou inappropriées ou non-conformes validité illimitée, modèle officiel (site HAS) obligation d information pour les établissements Personne de confiance (majeur +/- tutelle) témoignage indirect de la volonté «au nom» du patient avis consultatif qui prévaut sur tout autre témoignage procédure collégiale nécessaire pour prise de décision à chaque hospitalisation, cosignature de la personne désignée

Repères chez un patient en incapacité d exprimer sa volonté (3) Une collégialité indispensable en absence de DA Avec un tiers au service (médecin traitant, EMSP, spécialistes, etc.) Avec une réelle réflexion collective, pluriprofessionnelle et sans apriori Avec une responsabilité décisionnelle médicale assumée et tracée Et après? «Accompagnement palliatif, sauvegarde de la dignité, soutien de la qualité de la fin de vie» Soins continus, médecin référent, équipe soignante Habiter le temps du «mourir» L information et le soutien des proches (place des représentations, symboles) Place de la sédation profonde et continue + analgésie? Décision d arrêt de traitement de maintien en vie au titre du refus de l obstination déraisonnable Même si la souffrance du patient ne peut pas être évaluée du fait de son état cérébral SAUF si opposition du patient exprimé dans des directives anticipées ou PC

Merci de votre attention!