Pierre-Antoine Vignolle La mémoire du conflit à l'échelle d'un village : Neuville St Vaast
La mémoire internationale du conflit à l'échelle d'un village : Neuville St Vaast Neuville St Vaast : village à 4km au nord d Arras Village qui comptait 1200 hab à la veille de la guerre village d abord en zone allemande proche de la crête de Vimy dont il verrouille l'accès au cœur du fameux «Labyrinthe» plusieurs offensives ont lieu pour la reconquête de cette position (village reconquis par les Français en 1915 mais continuellement sous le feu ennemi) Neuville-Saint-Vaast marqué par la guerre puisque le village est totalement détruit et entièrement reconstruit après la guerre Aujourd hui on peut parler de pays des monuments à la mémoire des soldats des 4 coins du monde
Pour se situer Vallée des Zouaves
Monument aux morts Place Roland Dorgelès assez classique dans sa conception (patriotique) avec le traditionnel Poilu
Monument de la Reconnaissance Cimetière Erigé à la place d un ancien calvaire détruit, adossé au caveau de la famille PETIT (Ernest Petit considéré comme le reconstructeur de la commune) De plus le cimetière fut un lieu de combat. Les Poilus puis les soldats du CMW ont même élu domicile dans les caveaux. Représente un soldat agonisant sur l autel de la Patrie Sur les murs qui l entourent sont gravés les noms des enfants de la commune morts pour la France, ainsi que les numéros et titres de tous les régiments français, canadiens et alliés qui ont combattu pour la délivrance de la commune.
Eglise Saint Laurent Vitraux représentant la nécropole de Lorette Monument de la Résurrections, thème cher à l entre-deux-guerres
La Targette British Cemetery Nécropole nationale de la Targette Aménagé dès 1919, le cimetière militaire français de la Targette accueille 12 210 combattants français tombées lors des combats dans ce secteur (dont environ 800 de la 2GM) s étend sur plus de 4 ha et rassemble les dépouilles de dont 11 443 de la Première Guerre mondiale à côté le petit cimetière britannique : «La Targette British Cemetery», utilisé par les Britanniques à partir d avril 1917, regroupe 641 sépultures dont trois combattants de la Seconde Guerre mondiale
le plus grand cimetière allemand de France Les corps de plus de 44 000 soldats (dont 8000 ds un ossuaire) Créé au lendemain de la Grande Guerre sous le contrôle des autorités françaises. Il s agit d un cimetière dans lequel ont été regroupées les sépultures de soldats allemands dispersées, à l origine, dans plus d une centaine de communes du Pas-de- Calais. L aménagement de la nécropole a été réalisé par le VDK (Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge).
Zivy Crater Lichtfield Crater - Le cimetière britannique de Zivy Crater présente la particularité d être aménagé sur le site d un ancien cratère de mine. Il contient les dépouilles de 53 soldats dont cinq non identifiés. Ils appartiennent presque tous à l armée canadienne. Ces soldats ont perdu la vie au cours de l attaque lancée sur Vimy le 9 avril 1917. Le cimetière ne comporte aucune stèle. Le nom des combattants qui y sont inhumés figure sur des panneaux fixés sur le mur d enceinte. - Le second, distant de moins de 500 m, est celui de Lichfield Crater.
Mémorial polonais «Ils sont tombés pour la résurrection de la Pologne et la victoire de la France» Cimetière tchèque et slovaque «Ici les volontaires tchécoslovaques ont combattu pour leur patrie et pour la France. Ils ont choisi de mourir pour la liberté» En souvenir des combattants engagés volontaires de Pologne et de Tchécoslovaquie
Canadian Cemetery n 2
Stèle funéraire en souvenir d'augustin Leuregans, tombé à 19 ans, un aspirant officier plein de zèle et d exemplarité : "Allons, mes vieux papas, vous n'allez pas laisser votre enfant mourir tout seul!".
Croix du Souvenir Au carrefour de la rue de Prague, de la rue du 11 Novembre et de la Rue du Carlin Rappelle les calvaires d antan
Auberge PAX Flambeau de la Paix Inauguré en 1932 ce monument représente une main tenant un flambeau qui jaillit du sol au travers des ruines symbolise la renaissance du village Une arche de béton était autrefois adjointe au flambeau A l arrière-plan : une bâtisse en bois, toujours visible aujourd hui, prévue pour l accueil des familles venues se recueillir sur les sépultures de leurs défunts
Cités des Mutilés Construite en 1928 dans le cadre d une loi nationale (loi Louis Lourcheur) cité de 16 pavillons individuels qui servait à héberger d anciens mutilés de guerre employés, pour la plupart, à la surveillance et l entretien des nécropoles militaires du secteur Situés symboliquement rue du 11 novembre 1918, les logements portent chacun le nom d un officier général ayant commandé des troupes en Artois : BARBOT, JOFFRE, FOCH, PÉTAIN, MANGIN mais aussi BING et LA MADELON, un autre OISEAU DE FRANCE: nom d'un journal paraissant en zone occupée. Tous sont édifiés sur un plan différent avec un jardin d'agrément et un grand potager. L'intérieur est aménagé suivant les besoins de l'occupant, la nature de ses blessures et le nombre des ses enfants. La Cité longe la rue du 11 novembre où 52 arbres (à l époque des érables offerts par le Canada, aujourd hui des sorbiers) rappellent le souvenir des 52 enfants du village tombés au champ d honneur.
Monument des Fraternisations Inauguré en présence de F.Hollande et du réalisateur Christian Carion en Décembre 2015 à Neuville en souvenir d un texte de Louis Barthas qui, dans ses carnets de guerre, espérait qu on bâtit ici même, sur les lieux des scènes de fraternisation consécutives à la trêve de la boue, un monument en mémoire de ces hommes qui étaient tous «des hommes pareils».
Une sculpture métallique réalisée par des lycéens a pris place devant l église. Elle rappelle aussi les scènes de fraternisation évoquées par Barthas.
Mémoire plus immatérielle - toponymie : Rues du 11 Novembre, de Prague, du Canada, Rue Leuregans, Place Roland Dorgelès (inauguré par sa veuve), Vallée des Zouaves entre Neuville et Souchez - Le blason : sur lequel est portée la mention : «9 mai - Resurgam - 1915» (je ressusciterai) - l Harmonie joue à chaque 11 Novembre La Marseillaise bien sûr, mais aussi le God Save the Queen, O Canada et, quand c est nécessaire, l hymne tchèque et l hymne slovaque
Conclusion: - une mémoire qui est donc multinationale - une mémoire incomplète : Allemands rarement conviés et d ailleurs peu de visites officielles, peu de touristes allemands (moins que les Britanniques) - une mémoire à plusieurs temps : certains lieux datent de l entre-deux-guerres, d autres sont extrêmement récents ; ces différents temps donnent naissance à une mémoire différenciée (d abord patriotique, aujourd hui plus œcuménique) - une mémoire omniprésente et qui vampirise toute autre forme d Histoire du village : peu de références aux autres époques historiques La mémoire du conflit est ici amplifiée par la destruction totale du village, tout agit comme si 1919 était l année zéro.