Langage religieux et philosophique sur Dieu Recours du langage religieux au symbole, à la métaphore, à différentes figures de style (paraboles, ellipses, métonymies,.) Le lecteur est guidé hors du quotidien, amené à l altérité, appel est fait à ses émotions, ses passions (toujours liées à une altérité) Dieu est mon rocher, Dieu est un feu dévorant (Métaphores stricto sensu) Dieu est Sagesse, Bonté, etc (métaphores pour nous, même si sens propre en soi)
Thomas d Aquin(1225-1274): l analogie d attribution la perfection en Dieu comme analogué principal et les perfections dans les créatures comme analogués secondaires: multiplicité de significations mais suffisamment unifiées par une référence commune à un premier terme. Origine aristotélicienne: l attribution pros hen (ad unum): le sain, l être, (le bien, l un) Intermédiaire entre la pure univocité et la pure équivocité Refus par Aristote de la métaphore poétique en philosophie, assimilée à une technique platonicienne
Thomas d Aquin : l analogie Analogie de proportionnalité: égalité de rapports Origine: Aristote et les mathématiques
Valeur heuristique chez Aristote et chez Platon: du connu à l inconnu L aile est à l oiseau ce que la nageoire est au poisson (Aristote) Ce que l œil est au corps, l intellect l est à l âme (Aristote) La théologie du livre Λ de la Métaphysique: Ce que l Intelligence (Acte Pur) est à la sphère de l astre, le dieu l est à son corps (l Acte Pur n est pas dieu, il est premier principe, première substance, vivant éternel, comme un dieu). Chez Platon, la grande analogie de la République: individu cité. Les Idées sont «divines»: elles sont modèles des choses sensibles comme les dieux sont modèles pour leurs statues et représentations. Les choses sensibles participent aux Idées comme les étrangers (métèques) participent à la cité
Fécondité jamais démentie dans les sciences Les modèles de l oscillateur harmonique, de la corde vibrante se retrouvent partout Einstein et le modèle du gaz de particules de lumières pour le rayonnement du corps noir: la lumière, onde électromagnétique,assimilée à un gaz de particules! L atome de Bohr, assimilé à un petit système solaire
Fécondité jamais démentie dans les sciences Einstein et le modèle du gaz parfait pour le rayonnement du corps noir
Avantages et inconvénients de l analogie de proportionnalité Respect de la transcendance de Dieu, qui reste inconnu en luimême Prise en compte du fait de la multiplicité Comparaison entre les créatures: il existe une homologie fondamentale entre différents domaines de réalité. La multiplicité réelle et l homologie ne sont que constatées et pas du tout expliquées (statisme) Que signifie concrètement le signe = dans le cas de la comparaison Dieucréature?
Avantages et inconvénients de l analogie d attribution Permet une certaine connaissance de Dieu, par la similitude des créatures Dieu source et référence des perfections des créatures Respect d une spécificité divine Présuppose une ontologie de la participation, rejetée par Aristote comme «poétique», métaphorique Spécificité divine suffisante? Pour nous, le mode de signification des créatures reste inévitable
Hésitations de Thomas Dans le Commentaire des Sentences, analogie de proportionnalité privilégiée Période de Maturité: analogie d attribution Finale: retour amorcé vers l analogie de proportionnalité Importance de Cajetan dans la tradition thomiste: il privilégie l analogie de proportionnalité.
Duns Scot (1266-1308): l univocité des concepts Le concept d étant se dit de façon univoque de la créature et de Dieu, de la substance et de l accident L analogie suppose un noyau d univocité; sinon pas de connaissance de Dieu ni de la substance
Pourquoi l univocité? Sans cela, ni théologie ni métaphysique On peut douter si qqch est substance ou accident et être certain qu il s agit d un étant Historiquement, le premier principe est étant, mais les philosophes hésitent sur la suite: eau, feu, nombre, indéfini, Dieu? Nos connaissances sont issues du sensible (abstraction). Si impossible de viser Dieu par les concepts abstraits du sensible, pas de théologie possible. Si impossible de viser la substance par les concepts d accidents, pas de métaphysique possible.
Obstacles épistémologiques à lever Transcendance de Dieu en péril? différence entre concept formel et concept objectif. Dieu et la créature visés par le même concept formel mais compatibilité avec des différences de statuts Etant genre suprême? Concept vide? Non, l étant univoque désigne qqch de possible Métaphysique purement a priori? Non: transcendantaux disjonctifs (infini-fini, cause-effet, nécessaire-contingent )découverts par expérience
Conséquences de la thèse scotiste Positivité fondamentale de l étant. Plus de théologie négative L Etant s applique directement à tout ce qui répond à la question : qu est-ce que c est? Il ne s appliqu indirectement à ce qui répond à la question: comment cela est? Exemple: le mode intrinsèque de l infini; les singularités: la socratité (haeccéité de Socrate) Différences entre genres relativisée. Inutilité des métaphores Recherche du sens propre, de ce qui convient en propre à un étant La théologie est la science de l étant individualisé par le mode de l infinité
Le christianisme comme prise au sens propre de la métaphore Discours religieux: appel au registre métaphorique Le christianisme: prend au sens propre le figuré. Le Christ est vraiment Roi, Fils de Dieu, il réalise les prophéties à la lettre Terme grec pour désigner le non-figuré: kyrios
Interférence entre Kyrios (YHWH) et le non-figuré Il était donc conséquent qu on ne pût pas même assigner de nom propre (kurion onoma) à celui qui est en vérité. Ne vois-tu pas qu au Prophète désireux de savoir ce qu il faut répondre à ceux qui s enquièrent de son nom, Dieu dit: Je suis celui qui est, ce qui équivaut à: ma nature est d être, non d être dite (Philon, De Mutatione Nominum)
Jésus est Kurios -dans les deux sens du mot: Seigneur et Sens propre (non-figuré) des Ecritures/ Nom propre de Dieu/ Verbe fait chair Chez Duns Scot, plus de métaphore. Le sens propre (non-figuré et singularité) triomphe. Eloignement de la poésie
Nicolas de Cues (1401-1464) Dieu conçu comme coïncidence des opposés La logique classique ne vaut que pour le fini Dieu visé par un dépassement du savoir humain jusqu à un nonsavoir (docte ignorance)
Dieu atteint par un double dépassement «Je fus conduit par je crois, un don du Père des Lumières de qui vient tout don excellent- à embrasser les choses incompréhensibles de manière incompréhensible dans la docte ignorance, en dépassant les vérités incorruptibles connaissables humainement.»
Les objets mathématiques, meilleur point de départ pour viser Dieu Expression par excellence des virtualités de l esprit Les nombres, modèles des choses réelles Immutabilité des objets mathématiques: base solide pour viser l éternité de Dieu Dieu a créé le monde avec les arts math: nombre, poids, mesure Disqualification relative des arts libéraux littéraires: les choses sont des contradictions performatives
Contradiction performative des choses créées «De nous-mêmes, nous ne sommes rien et ne pouvons répondre rien d autre, nous n avons pas la connaissance de nous-mêmes, mais Celui-là seul nous connaît par l intellect duquel nous sommes ce qu il veut, ce qu il commande et ce qu il sait. En réalité nous sommes muettes. C est lui qui parle en nous toutes.»
Les figures théologiques: passages à la limite: de l infini quantitatif à l infini dans l être
Le dépassement théologique est dans le prolongement d une dynamique de dépassement constitutive de l esprit humain à l égard de ses propres productions Utilité d un guide pour ne pas s arrêter aux mots et aux concepts à propos de Dieu, et les traverser vers ce à quoi ils renvoient.
Spécificité des questions théologiques La question: genre inadéquat pour Dieu, car Dieu est audelà du oui et du non Dieu est présupposé de toute question Lorsque la question porte sur Dieu, la réponse jaillit de l intérieur même de la question, car Dieu n est extérieur à rien. Dieu est-il? Il est l être Dieu est-il un ange? Il est ce par quoi est l être de l ange, etc Grande simplicité de la théologie
L homme créateur comme image du Dieu créateur