Cristallographie. Architecture de la matière - Chapitre 3 MPSI

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Transcription:

Cristallographie Introduction...2 Les différents types de solide...2 Modélisation de la matière à l état solide...3 La cohésion des cristaux...3 Les limites du modèle du cristal parfait...4 I Notions de cristallographie...7 1 Réseau, nœuds et motifs...7 2 Maille...7 3 Population d une maille...8 4 Compacité et masse volumique...9 5 Coordinence...9 II Empilements compacts de sphères rigides...9 1 Cas à 2 dimensions...9 2 Les différents empilements compacts à 3 dimensions... 10 3 Les différents empilements pseudo-compacts à 3 dimensions... 10 4 Cas de l empilement compact à maille cubique faces centrées... 11 5 Cas de l empilement pseudo-compact à maille cubique simple... 14 6 Condition d occupation d un site cristallographique... 14 III Les cristaux métalliques... 15 1 La liaison métallique... 15 2 Les différentes mailles métalliques... 15 3 Le polymorphisme... 15 4 Les alliages métalliques... 15 IV Les cristaux ioniques... 16 1 Liaison ionique et cristal ionique... 16 2 «Règle de remplissage» d un cristal ionique... 16 3 Relation entre coordinence et rayons ioniques... 16 4 Structure de type CsCl... 17 5 Structure de type NaCl... 18 6 Structure de type ZnS (blende)... 19 Lycée Laperouse - Kerichen 1

V Les cristaux covalents... 20 1 Définition... 20 2 Cas du carbone diamant... 21 3 Cas du carbone graphite... 22 VI Les cristaux moléculaires... 23 1 Définition... 23 2 Cas de la glace... 23 3 Autres exemples... 23 VII Exercices... 24 1 Le fer α... 24 2 Le gadolinium... 24 3 Autres questions (pour s entrainer)... 24 4 La fluorine... 24 5 La glace... 25 6 Oxydes du magnésium et du cobalt... 25 7 Le fer... 25 Introduction La matière existe sous trois états physiques : - l état gazeux est caractérisé par un désordre des particules, qui sont en perpétuelle agitation et interagissent peu. Les deux autres états sont dits condensés, car les particules sont très proches les unes des autres. - l état liquide est beaucoup plus complexe. Les particules sont en mouvement permanent les unes par rapport aux autres, en contact mais de manière irrégulière. Les interactions moléculaires y sont plus importantes que dans les gaz. - dans l état solide, les positions d équilibre des particules sont immobiles les unes par rapport aux autres ; les forces d interactions sont très importantes. L étude de l état solide est donc plus facile, car elle repose sur des considérations géométriques d arrangement des particules dans l espace. La régularité de cet arrangement au niveau microscopique a été suggérée par la régularité de la forme externe des cristaux. Les différents types de solide Il existe deux types principaux de solides : Dans les solides réels cristallins, les atomes sont rangés les uns par rapport aux autres de façon régulière sur de vastes portions de l espace, de quelques micromètres à quelques dizaines de centimètres (cristaux géants, en particulier de quartz). Dans un cristal, il y a un ordre (présentant néanmoins des défauts) à longue distance. Les solides cristallisés sont obtenus par le refroidissement lent et régulier d un liquide, au cours duquel les atomes ont le temps de se réarranger. C est le cas du sucre (glucose cristallisé), du sel (NaCl cristallisé), de la plupart des métaux, etc. Ils présentent une température de fusion précise, marquant une discontinuité de structure entre le solide et le liquide. Lycée Laperouse - Kerichen 2

Dans les solides amorphes, les atomes sont fixes les uns par rapport aux autres, mais ne sont pas rangés de façon ordonnée : la connaissance de la structure du solide à un endroit donné ne permet pas de prévoir l arrangement des atomes à un autre endroit du solide. Il y a donc un ordre local mais pas d ordre à longue distance. L absence d ordre à longue distance implique que le solide est isotrope, c est-à-dire qu il a les mêmes propriétés (électriques, optiques,...) selon toutes les directions de l espace. Un solide amorphe est souvent obtenu en refroidissant très rapidement un liquide (trempe) ; les atomes, qui sont désordonnés à longue distance dans le liquide, n ont pas le temps de se réarranger au cours du refroidissement. Contrairement aux cristaux, ils n'ont pas de température de fusion nette, leur chauffage provoque leur ramollissement jusqu'à l'état liquide en passant par une succession d état vitreux. Quand on chauffe du verre ordinaire, il se ramollit, devient un liquide visqueux épais vers 600 C, de moins en moins visqueux quand la température augmente et passe sans discontinuité à l état liquide à plus de 1 000 C. L analyse aux rayons X confirme un arrangement désordonné des atomes analogues dans les corps amorphes et dans les liquides. Modélisation de la matière à l état solide La différence essentielle entre les solides cristallins et les solides amorphes provient du fait qu'un cristal est constitué par la répartition périodique dans deux ou trois dimensions d'un motif toujours identique (en fait d une maille à laquelle est associée un motif) formé d'atomes, d'ions ou de molécules, alors que dans un amorphe les motifs sont liés entre eux d'une manière irrégulière et suivant les lois du hasard. solide amorphe solide cristallin solide réel La plupart des propriétés d un cristal peuvent être interprétées à partir du modèle du cristal parfait. C est ce qui est exposé dans le paragraphe suivant sur la cohésion des cristaux. Mais le modèle du cristal parfait ne suffit pas toujours pour expliquer toutes les propriétés macroscopiques des cristaux : couleur, résistance à la traction ou au cisaillement... Il est alors indispensable de prendre en compte ses défauts. C est ce qui est exposé dans le paragraphe sur la limite du modèle du cristal parfait. La cohésion des cristaux Les interactions entre entités chimiques à l état solide sont importantes. La cohésion d un cristal est assurée par des forces d intensités variables selon le type de cristal. Les cristaux métalliques Dans le métal, chaque atome a perdu un ou plusieurs électrons ; on considère qu un métal peut être assimilé à un réseau de cations «baignant» dans un gaz d électrons libres. Les cations sont supposés lourds, immobiles et assimilés à des sphères dures (il n y a pas pénétration des nuages électroniques) de rayon r appelé rayon métallique. La cohésion du cristal est due à la force électrostatique entre cations et électrons. Cette liaison, de nature électrostatique, est non directionnelle, elle se manifeste dans toutes les directions. L énergie de liaison pour un cristal métallique est de l ordre de la centaine de kj.mol -1 (100 kj.mol -1 pour les alcalins et 800 kj.mol -1 pour les éléments de transition des couches profondes). Lycée Laperouse - Kerichen 3

Propriétés : - excellente conductivité électrique, du fait de la présence des électrons libres. - bons conducteurs thermiques - pouvoir réfléchissant élevé - opacité : absorption de l'énergie lumineuse par les électrons libres - masses volumiques : en général élevée (sauf alcalins et alcalino-terreux) - dureté très variable (Pb, Na ou Au sont aisément déformables, alors que Ti est dur) - températures de fusion très variables (Hg est liquide à la température ambiante alors que W fond à 3400 C, d où son emploi dans les filaments d ampoules) Les cristaux ioniques Les cristaux ioniques sont des assemblages électriquement neutres de cations et d anions d électronégativités très différentes. Chaque ion s entoure d un maximum d ions de signe opposé. Les interactions qui assurent la cohésion du cristal sont de nature électrostatique. Les interactions électrostatiques étant souvent très fortes, les cristaux ioniques sont souvent très stables. L énergie de liaison pour un cristal ionique est comprise de l ordre de la centaine de kj.mol -1. Propriétés : - températures de fusion élevées (NaCl fond à 801 C) - souvent durs - isolants électriques à l état solide, alors qu ils sont conducteurs à l état fondu ou en solution (à l état solide, les charges sont fixes sur les atomes qui ne peuvent donc pas se déplacer). Les cristaux covalents Les cristaux covalents sont constitué d un empilement d atomes liés les uns aux autres par des liaisons covalentes. On peut voir un tel cristal comme une molécule géante figée. Les liaisons covalentes étant fortes, les cristaux ont des températures de fusion élevée. L énergie de liaison pour un cristal covalent est de l ordre la centaine de kj.mol -1. Les propriétés dépendent du type de l arrangement atomique. - les cristaux covalents peuvent être très durs (comme le diamant) - les électrons étant localisés dans les liaisons, le solide est souvent isolant (diamant) - mais il peut aussi être semi-conducteur (graphite, silicium) si certains e - sont délocalisés. Les cristaux moléculaires Les cristaux moléculaires sont constitués d un empilement de molécules. Les molécules sont liées les unes aux autres par des interactions assez faibles: de type Van der Waals (énergie de liaison de l ordre du kj.mol -1 ) ou liaison hydrogène (de l ordre de la dizaine de kj.mol -1 ). Propriétés : - il n y a pas de porteurs de charges dans ces solides qui sont des isolants - les liaisons entre les molécules étant faibles, le cristal a une température de fusion assez basse (dihydrogène : -259 C, eau : 0 C) ou se sublime facilement (I 2, CO 2 ), les molécules restant intactes au cours du processus. Les limites du modèle du cristal parfait Lors d une opération métallurgique de préparation d un métal, on estime sa pureté à 99,999% par exemple ; cela signifie que sur 10 23 atomes du métal, il y a 0,001% d impuretés, ce qui correspond tout de même à 10 18 atomes étrangers! Il est certes possible d obtenir des cristaux plus purs (un atome étranger sur 10 13 pour le silicium des circuits imprimés) mais de façon générale, et dans les cristaux naturels en particulier, les impuretés sont présentes et jouent un rôle non négligeable. Dans les cristaux transparents, les défauts ponctuels ou leurs associations peuvent former des «centres colorés» : en modifiant les niveaux d'énergie des ions ou atomes du cristal, ils modifient également les longueurs d'ondes absorbées et donc la couleur visible. Par exemple, pour le quartz (SiO 2, cristal ionique) : le quartz transparent, l'améthyste (violette) et la citrine (jaune) ne se distinguent que par leurs impuretés (voir photos page suivante). Lycée Laperouse - Kerichen 4

le quartz transparent L améthyste La citrine Lycée Laperouse - Kerichen 5

Un autre exemple, le rubis et le saphir sont tous deux des cristaux d alumine α, Al 2 O 3 ayant des impuretés différentes : - les traces de chrome donnent la couleur rouge au rubis (son nom vient du latin rubeus, qui veut dire rouge) ; ci-contre à gauche - «les» saphirs peuvent être incolores ou prendre des couleurs variées en fonction des impuretés (ci-contre, à droite) : - de fer et de titane pour «le» saphir (bleu), - de vanadium pour le violet, Si on calcule pour un cristal parfait la force nécessaire pour faire glisser un plan par rapport à un autre (cisaillement), il faut compter sur des forces de l ordre de 10 9 N. La force réellement requise est plutôt de l ordre de 10 6 N. Le modèle du cristal parfait ne permet donc pas de tout expliquer... Afin d expliquer cette facilité relative d un matériau à subir un cisaillement, il faut introduire la notion de dislocation. Dans la dislocation coin (voir ci-contre) il y a un plan de motifs qui s insère comme un coin dans une bûche. Le réseau se dilate dans la partie concernée pour laisser l espace nécessaire à ce plan partiel. Au niveau macroscopique lorsque l'on sollicite une pièce, un objet (lorsqu on le tire, on le comprime, on le tord...), celui-ci commence par se déformer de manière réversible (déformation élastique), c'est-à-dire que ses dimensions changent, mais il reprend sa forme initiale lorsque la sollicitation s'arrête. Si l on dépasse les conditions d élasticité, la déformation de vient plastique : la déformation est irréversible, il y a un réarrangement des positions des atomes au niveau microscopique. Certains matériaux, dits fragiles, cassent dans ce mode de déformation si la sollicitation est trop forte. Pour les matériaux dits ductiles, lorsque l'on augmente la sollicitation, on déforme de manière définitive la pièce sans qu elle ne casse (la ductilité désigne la capacité d'un matériau à se déformer plastiquement sans se rompre) ; lorsque l'on arrête la sollicitation, la pièce reste déformée (c'est par exemple le cas d'une petite cuillère qui a été tordue). Au niveau microscopique, la déformation se produit par un réarrangement de la position relative des éléments constitutifs du matériau. Dans les métaux, ceci se produit par un glissement des plans atomiques les uns sur les autres, à la manière des cartes à jouer d'un paquet, et ce glissement de plans atomiques se fait grâce au déplacement de défauts linéaires, les dislocations (de type coin par exemple). Lycée Laperouse - Kerichen 6

I Notions de cristallographie 1 Réseau, nœuds et motifs Dans les solides cristallins (ou cristaux), les atomes sont rangés les uns par rapport aux autres de façon régulière sur de vastes portions de l espace. Imaginons qu on prenne un cristal, et qu on le coupe en morceaux de plus en plus petits. On peut isoler la plus petite entité chimique permettant de décrire le cristal : c est le motif. - pour le cristal de fer, c est un atome de fer Fe - pour le cristal de NaCl, c est une paire d ions (Na + ; Cl - ) - pour le cristal de glucose, c est une molécule de glucose C 6 H 12 O 6 Un cristal est constitué de motifs structuraux qui se répètent régulièrement dans l espace. On appelle réseau le modèle formé par les points, appelés nœuds, qui représentent usuellement les positions de ces motifs (cas 1) mais ce n est pas obligatoire (voir cas 2). b a b a Cas 1 Cas 2 En résumé : réseau + motif = structure cristalline 2 Maille Comme on peut le voir ci-dessus, une maille bidimensionnelle est dans le cas général un parallélogramme formé par deux vecteurs a, b non colinéaires, tels que par translation d un vecteur ha kb (avec h et k entiers), on peut assurer le pavage complet du plan, c est-à-dire qu on reconstitue le cristal bidimensionnel (voir schémas précédents). Une maille tridimensionnelle est dans le cas général un parallélépipède formé par trois vecteurs a, b, c non coplanaires, tels que par translation d un vecteur ha kb lc (avec h, k et l entiers), on peut assurer le pavage complet de l espace, c est-à-dire qu on reconstitue le cristal tridimensionnel. Lycée Laperouse - Kerichen 7

Il existe une infinité de mailles possibles. Une maille élémentaire comprend un seul motif, la plus simple étant celle dont chaque sommet est occupé par un motif (maille primitive). Il existe une infinité de mailles élémentaires possibles, qui ont toutes (en 3D) le même volume ( a b). c On peut toujours décrire le réseau cristallin à l aide d une maille élémentaire. Cependant, il est parfois plus commode de décrire le réseau à l aide d une maille multiple, qui comporte plus d un motif. La multiplicité d une maille est par définition égale au nombre de nœuds par maille. Pour décrire une structure donnée, on choisit la maille la plus petite et qui présente le plus d éléments de symétrie. Les mailles élémentaires sont classées en sept systèmes cristallins : Les 3 mailles étudiées cette année sont les suivantes : cubique simple cubique centrée cubique faces centrées 3 Population d une maille La population d une maille est par définition égale La contribution d un motif à la valeur de la population Z de la maille dépend de sa position, elle est : - de s il est à l intérieur de la maille - de s il se situe sur une des faces de la maille - de s il se trouve sur une des arêtes de la maille - de s il est positionné sur un sommet de la maille Exemple : dans la fluorine (ou fluorure de calcium CaF 2 ) Lycée Laperouse - Kerichen 8

4 Compacité et masse volumique La compacité est par définition égale au nombre qui mesure le taux d occupation réel de l espace C = volume occupé volume disponible La masse volumique est égale à : = = où M, V et Z représentent respectivement la masse molaire du motif, le volume et le nombre de motifs par maille. Démonstration (à savoir refaire très rapidement) : 5 Coordinence La coordinence est par définition égale au Exemple (pour un cristal ionique de CaF 2 ) : Ca 2+ / Ca 2+ = [ ] signifie qu un ion Ca 2+ est entouré de autres ions Ca 2+ (coordinence pour un c.f.c) F - / Ca 2+ = [ ] signifie qu un ion F - est entouré de ions Ca 2+ (F - au centre d un formé par des ions Ca 2+ ) Ca 2+ / F - = [ ] signifie qu un ion Ca 2+ est entouré de ions F - (le double de F - / Ca 2+ ) II Empilements compacts de sphères rigides 1 Cas à 2 dimensions Pour étudier simplement les assemblages, on modélise en première approximation les atomes ou les ions par des sphères au contact les unes des autres. La façon la plus compacte de disposer des sphères dans un plan correspond au nid d abeilles (les rangs successifs sont ainsi emboîtés) : voir figure 1. Une façon un peu moins compacte de disposer des sphères dans un plan correspond à la disposition en carré : voir figure 2. Lycée Laperouse - Kerichen 9

2 Les différents empilements compacts à 3 dimensions La façon la plus compacte d empiler les plans en nid d abeilles est de les décaler afin que les sphères d une couche s emboîtent dans des creux de la couche précédente : voir figure ci-contre. Autour de chaque sphère, il y a 6 creux mais seuls 3 peuvent être occupés. Il y a donc plusieurs empilements possibles en fonction des creux occupés. 2.1 Empilement A-B Si la troisième couche reprend des positions analogues à celle de la première, et ainsi de suite (empilement de type ABABAB...), alors on obtient la structure hexagonale compacte (hc) qui est celle de nombreux cristaux métalliques (Be, Mg, Zn... plutôt vers la gauche du tableau des éléments). 2.2 Empilement A-B-C Si la troisième couche reprend au contraire des positions complémentaires à celle de la première, et ainsi de suite (empilement de type ABCABCABC...), alors on obtient la structure cubique à faces centrées (cfc) qui est celle de nombreux cristaux métalliques (Fe, Cu, Al... plutôt vers la droite du tableau des éléments), non métalliques, ou des gaz rares. Remarque : les structures hc et cfc ne sont que les deux cas les plus caractéristiques (réguliers) ; dans la nature, d autres séquences associent différemment les trois couches A, B, C. Alors que les séquences mixtes ABAC ou ABCACB maintiennent respectivement les symétries hexagonales et cubiques faces centrées, des séquences comme ABABC conduisent à des symétries plus basses, le plus souvent monoclinique. 3 Les différents empilements pseudo-compacts à 3 dimensions 3.1 Empilement A-A Si on superpose des couches en carré sans emboîter les sphères de la couche suivante dans des creux de la couche précédente, alors on obtient une structure cubique simple (cs) moins compacte que les précédentes, qui intervient dans l interprétation de nombreux cristaux ioniques : Lycée Laperouse - Kerichen 10

3.2 Empilement A-B pseudo compact La façon la plus compacte d empiler les plans pseudo-compacts consiste à les décaler afin que les sphères d une couche s emboîtent dans des creux de la couche précédente. Il y a alors autant de creux que de sphères (quatre creux par sphère, dont chacun est partagé entre quatre sphères), et donc une seule façon d empiler les couches (alternance de type ABABAB... qui redonne la structure cfc) : voir figure 1. Figure 1 Figure 2 Figure 3 Une compacité intermédiaire peut être obtenue par une superposition de couches en carré encore moins compactes, mais avec emboîtage des sphères de la couche suivante dans des creux de la couche précédente ; on obtient alors une structure cubique centrée (cc) qui est celle de certains cristaux métalliques (Ba, Fe...) et qui intervient dans l interprétation de nombreux cristaux ioniques : voir figures 2 et 3. 4 Cas de l empilement compact à maille cubique faces centrées 4.1 Maille et condition de tangence La maille élémentaire est une maille cubique face centrée de côté a 4.2 Multiplicité 4.3 Coordinence C Lycée Laperouse - Kerichen 11

4.4 Compacité et masse volumique Dans l empilement compact cfc, la compacité est égale à 2 C 74% (compacité maximale) et la masse volumique est 6 égale à 4matome 4M 1 3 V N a Démonstration (à savoir refaire) : A 4.5 Les sites interstitiels Il est possible d'insérer des atomes plus petits dans les vides laissés par les atomes du réseau. Les sites disponibles sont caractérisés par les polyèdres dont les sommets sont définis par les atomes du réseau entourant le site. Remarques : - pour qu un atome s insère dans un site, son rayon doit être inférieur au rayon de la sphère r T ou r O du site (tétraédrique ou octaédrique). Les valeurs de ces rayons seront déterminées dans les cas des empilements compacts ABC et des empilements pseudo-compacts AA - pour les cristaux ioniques nous verrons que l ion qui s insère dans le site a un rayon légèrement plus grand que le rayon du site ; l empilement hôte n est alors plus compact. 4.6 Les sites octaédriques Le centre du cube O est un site d'insertion. L'atome qu'on peut y placer est entouré des atomes du réseau placés aux centres des faces de la maille. Il y en a donc... La coordinence de ce site est égale à. Ces 6 atomes sont les sommets d'un régulier (deux pyramides à bases carrées accolées par la base). On parle de site octaédrique. On remarquera que les milieux des arêtes du cube sont des sites identiques à celui du centre de la maille. Il y a donc... sites octaédriques par maille. On remarque également que les sites octaédriques constituent également un réseau cubique à faces centrées de même arête a. Lycée Laperouse - Kerichen 12

(démonstration à savoir refaire) Le rayon maximum r o de l'atome qu'on peut placer dans un site octaédrique 4.7 Les sites tétraédriques La maille peut être divisée en huit cubes d'arête 2 a Le centre de chacun de ces cubes est un site d'insertion. L'atome qu'on peut y placer est entouré de atomes du réseau. La coordinence de ce site est égale à. Ces quatre atomes sont les sommets d'un régulier. On parle de site tétraédrique. Le nombre de sites tétraédriques dans la maille est égal à. Calcul du rayon du site tétraédrique (démonstration à savoir refaire) T Le rayon maximum r T de l'atome qu'on peut placer dans un site tétraédrique Lycée Laperouse - Kerichen 13

5 Cas de l empilement pseudo-compact à maille cubique simple 5.1 Maille et condition de tangence La maille élémentaire est une maille cubique simple de côté a 5.2 Multiplicité 5.3 Coordinence 5.4 Compacité 5.5 Site cubique F E A B Le rayon maximum r C de l'atome qu'on peut placer dans un site cubique 6 Condition d occupation d un site cristallographique La coordinence de l espèce insérée X, et la condition d insertion sans déformation de la structure de base dépendent de la nature du site. Nature du site Coordinence de X Condition d insertion Cubique C Octaédrique O Tétraédrique T Exemple de l hydrure de zirconium ZrH 2 : les rayons atomiques sont r(zr) = 160n pm et r(h) = 35 pm et le les atomes de Zirconium forment un réseau cubiques face centrées. Lycée Laperouse - Kerichen 14

III Les cristaux métalliques 1 La liaison métallique Voir introduction 2 Les différentes mailles métalliques A de très rares exceptions près, les métaux cristallisent selon les structures compactes d empilement de sphères rigides (cfc et hc) et la structure pseudo-compacte cc. Exemples de maille c.f.c compacte : Ni, Cu, Ag, Au, Fe, Pd, Pt... Exemple de maille hexagonale compacte : Mg, Zn,Ti α... Exemples de maille c.s. pseudo compacte : Li, Na, K, Cs, Fe α... 3 Le polymorphisme On parle de polymorphisme lorsqu un cristal métallique peut exister sous différentes structures cristallines (variétés allotropiques). Ainsi le fer (sous une pression de 1 Bar) existe sous la forme cubique centrée (Fe α ) en dessous de 906 C, sous la forme cubique faces centrées (Fe γ ) entre 906 C et 1390 C puis de nouveau sous la forme cubique centrée (Fe δ ) entre 1390 C et 1535 C (au dessus de cette température, le fer est liquide). Le passage d une variété à une autre se fait à pression et température constante ; il s agit d une transition de phase. 4 Les alliages métalliques Des atomes étrangers peuvent, selon leur taille, pénétrer dans le réseau d une structure métallique de base ; on obtient des alliages. - Par refroidissement d un mélange de métaux liquides, on peut obtenir des solutions solides de substitution : des atomes étrangers remplacent des atomes du réseau hôte. C est le cas par exemple du bronze (cuivre - étain), du laiton (cuivre - zinc), de l acier (fer - carbone). L or à 18 carats : dans 24 g d or, il y a 18 g d atomes d Au et 6 g d atomes de Cu ce qui correspond à un mélange équimolaire d atomes dans un réseau cfc. La substitution est encore plus complète si les métaux sont voisins dans le tableau périodique : rubidium - césium (bloc s), cuivre - nickel (bloc d) - Même lorsque la structure du réseau hôte possède une compacité maximale (74%), il reste toujours 26% d espace inoccupé ; des atomes peuvent venir se placer dans les sites interstitiels du réseau hôte, on parle de solutions solides d insertion. On peut ainsi augmenter la dureté des métaux de base par carburation (insertion d atomes d oxygène) ou nitruration (insertion d atomes d azote). Lycée Laperouse - Kerichen 15

IV Les cristaux ioniques 1 Liaison ionique et cristal ionique Des mesures de conductivité prouvent que, à l état fondu, les sels contiennent des ions. A l état solide, les sels sont de très mauvais conducteurs. Pourtant la méthode de la diffraction par rayons X prouve que les sels solides sont toujours constitués d ions. Et elle prouve de plus que les sels sont des assemblages triplement périodiques d ions de signes contraires : les cristaux ioniques. Nous avons vu plus tôt dans l année que la A - B liaison est d autant plus ionique que la différence d électronégativité 4 entre les atomes est importante. Exemple de NaCl : χ(na) = 0,95 et χ(cl) = 3,15 D après le diagramme de Ketelaan ci-contre, NaCl est donc un cristal de type ionique. Ce sont les interactions de type électrostatique qui sont responsables de la cohésion du cristal. Ces interactions sont non directionnelles. L énergie de liaison pour un cristal ionique est comprise entre 200 et 500 kj.mol -1. Pour rappel, nous avons vu qu elle était comprise entre 100 et 800 kj.mol -1 pour un métal. Par comparaison, nous savons qu elle est comprise entre 0,1 et 10 kj.mol -1 pour des interactions de Van der Waals (et qu elle peut aller jusqu à 40 kj.mol -1 pour une liaison hydrogène). 2 «Règle de remplissage» d un cristal ionique - tout cristal est électriquement neutre. - les ions les plus petits, généralement les cations, occupent les sites interstitiels du sous réseau hôte, constitué par les ions les plus gros, généralement les anions. - les forces de nature électrostatique tendent à rapprocher les cations et les anions. En conséquence il s établit généralement des contacts entre les ions de signes contraires tandis que les ions de mêmes signes ne sont pas en contact. - l ion qui s insère dans le site a un rayon légèrement plus grand que le rayon du site ; le sous réseau hôte n est donc pas organisé selon un assemblage parfaitement compact. Le rapport r + / r - permet de savoir le type de site qui peut être occupé par le cation. Par exemple, dans le cas du cristal ionique de chlorure d ammonium NH 4 Cl, les ions Cl - forment un réseau cubique simple pseudo compact et les rayons ioniques ont pout valeurs : r(cl - ) = 187 pm et r(nh 4 + ) = 148 pm 1,9 métallique ionique moléculaire 2,5 4 A + B 2 3 Relation entre coordinence et rayons ioniques 3-1 0,225 2 3-1 0,73 2-1 0,414 1 r r Type de site occupé Coordinence X + /X - = X - /X + (ici) Type de cristal Lycée Laperouse - Kerichen 16

4 Structure de type CsCl 4.1 Contenu de la maille D C Ions Cl - : réseau Ions Cs + : occupe le centre du cube (site ) Nombre d'ions Cl - par maille : Nombre d'ions Cs + par maille : A B donc motif CsCl par maille. La coordinence est... pour Cs + et pour Cl - 4.2 Sous réseaux décalés 4.3 Compacité Il y a contact entre les sphères + et les sphères - selon.. r Cas de CsCl : a = 0,412 nm et r + = 0,169 nm ; r - = 0,181 nm (donc 0, 93) r 4 3 4 3 r r La compacité d un cristal de CsCl est égale à C 3 3 0,64 et sa masse volumique est 3 a M CsCl 1 égale à =3,99 kg.dm -3 (mêmes relations littérales pour un cristal de type CsCl). 3 N a A Lycée Laperouse - Kerichen 17

4.4 Conclusion Structure d un cristal ionique de type CsCl : r Cette structure n est possible que si 0,73 3-1 1 r Autres exemples : CsBr, CsI, NH 4 Cl... 5 Structure de type NaCl 5.1 Contenu de la maille Ions Cl - : réseau A B Ions Na + : occupe le milieu des arêtes et le centre du cube (sites.) Nombre d'ions Cl - par maille : Nombre d'ions Na + par maille : D C donc motifs NaCl par maille. La coordinence est pour Na + et... pour Cl - 5.2 Sous réseaux décalés 5.3 Compacité A B D C Lycée Laperouse - Kerichen 18

r Cas de NaCl : a =0,556 nm ; r + = 0,097 nm ; r - = 0,161 nm (donc 0, 60 r ) 4 3 4 3 4 r r 3 3 La compacité d un cristal de NaCl est égale à C 0,67 et sa masse volumique 3 a M NaCl 1 est égale à 4 = 2,16 kg.dm -3 (mêmes relations littérales pour un cristal de type NaCl). 3 N a 5.4 Conclusion Structure d un cristal ionique de type NaCl A r Cette structure n est possible que si 0,414 2-1 3-1 0,73 r Autres exemples : KCl, MgO, CaO, FeO... 6 Structure de type ZnS (blende) 6.1 Contenu de la maille Ions soufre S 2- : réseau Les ions zinc Zn 2+ occupent un site. nombre d'ions S 2- par maille : nombre d'ions Zn 2+ par maille : Le rôle joué par les deux ions peut être permuté. La coordinence est. pour les deux ions. 6.2 Sous réseaux décalés (voir exercice 8) Lycée Laperouse - Kerichen 19

6.3 Compacité Dans un petit cube d'arête 2 a : le centre est occupé par Zn 2+. Les ions Zn 2+ et S 2- sont tangents selon la ½ diagonale principale de ce petit cube donc r Pour ZnS : r 74 pm r 184 pm donc 0,40 r 4 3 4 3 4 r r 3 3 La compacité d un cristal de ZnS est égale à C 0,70 0,67 et sa masse volumique 3 a M NaCl 1 est égale à 4 = 4,10 kg.dm -3 (mêmes relations littérales pour un cristal de type ZnS). 3 N a A 6.4 Conclusion La structure d un cristal ionique de type ZnS 3 r Cette structure n est possible que si 0,225-1 2-1 0, 414 2 r Autres exemples : AgI, ZnO V Les cristaux covalents 1 Définition Un cristal covalent (ou macrocovalent) est un cristal pour lequel les atomes sont unis par des liaisons covalentes. Un cristal covalent est constitué de macromolécules covalentes de taille infinie à 1D (cas du polyéthylène haute densité), à 2D (cas du graphite) ou à 3D (cas du diamant). Lorsque les liaisons sont covalentes, l emplacement des atomes qui entourent un atome X donné est conditionné par la valence de l atome X. La géométrie autour de l atome X est la même dans le cristal que dans la molécule isolée. Ce n était pas le cas des cristaux métalliques et ioniques pour lesquels les liaisons ne possédaient pas de direction privilégiée (la coordinence était alors très élevée). Lycée Laperouse - Kerichen 20

2 Cas du carbone diamant C'est une macromolécule tridimensionnelle. Le carbone diamant est transparent, est un isolant électrique et possède une très grande dureté. Sa température de fusion est élevée (3500 C) car l énergie de liaison est importante pour les liaisons covalentes. 2.1 Contenu de la maille et remplissage des sites Le carbone a une structure électronique en la méthode VSEPR (hors programme) permet donc de prévoir une géométrie. autour de l atome de carbone. Les atomes de carbone occupent 2.2 Population 2.3 Compacité 2.4 Cycle Le carbone graphite peut aussi être vu comme un empilement de couches (liés entre elles par des liaisons covalentes, fortes) avec des atomes de carbone formant des cycles de type cyclohexane en conformation chaise. Lycée Laperouse - Kerichen 21

3 Cas du carbone graphite 3.1 Description microscopiques et propriétés macroscopiques Il existe plusieurs structures cristallines du graphite. Dans le graphite hexagonal, le carbone fait une double liaison et deux simples liaisons. La méthode VSEPR (hors programme) permet de prévoir une géométrie Le graphite a une structure bidimensionnelle en feuillets : dans chaque plan, un atome de carbone est lié à trois autres atomes pour constituer une structure hexagonale. 3.2 Contenu de la maille La maille primitive (schéma de droite) est un prisme droit à base losange qui a pour paramètres cristallins a = 245,62 pm et c = 669,43 pm. La distance entre les feuillets A et B est égale à c / 2 Les liaisons mises en jeu entre 2 feuillets sont des liaisons faibles de type Van Der Waals. Le clivage du graphite est facile par glissement des plans les uns par rapport aux autres. Chaque atome de carbone a 4 électrons de valence et est engagé dans 3 liaisons ; il existe donc un électron célibataire par atome de carbone ; on peut donc définir un feuillet comme la juxtaposition d un grand nombre de cycles benzéniques ; cela indique une importante délocalisation des électrons et confirme la conduction du graphite dans la direction des feuillets. La population est égale à. 3.3 Compacité et masse volumique 4 a La compacité est égal à C... 0, 17 (faible en raison de la distance entre les plans 27c 3 ZM 12.10 3 graphitiques) et la masse volumique est égale à 2,27 10 kg. m N AV 2 3 N A ( a c) 2 4 3 Lycée Laperouse - Kerichen 22

VI Les cristaux moléculaires 1 Définition Les cristaux covalents contenaient des macromolécules. Dans les cristaux moléculaires, les nœuds du réseau sont des molécules de faible atomicité ayant la même géométrie qu à l état gazeux et conservant leur individualité dans le réseau cristallin. La cohésion du cristal est due aux liaisons entre les molécules qui peuvent être de type : - liaison hydrogène (cas de la glace) - interaction de Van der Waals (cas du diiode) Les énergies de liaison étant faibles, les températures de fusion le sont aussi : 20,45 K pour H 2 ; 54,75 K pour O 2 ; 74,95 K pour Ar 2 Cas de la glace La glace présente plusieurs variétés allotropiques qui ont toutes en commun l environnement tétraédrique autour de chaque molécule d eau. La distance O-H dans une molécule d eau est égale à d m = 98 pm et la distance O-H entre deux molécules différentes (liaison hydrogène) est égale à d h = 177 pm. Dans le cas de la glace cubique, les positions des atomes d oxygène correspondent à celles des atomes de carbone dans la structure du diamant. Masse volumique de la glace dans le cas cubique (voir exercice 5) : 3 Autres exemples Lycée Laperouse - Kerichen 23

VII Exercices 1 Le fer α Dans un métal comme le fer α, les atomes supposés sphériques forment un réseau cubique centré. La longueur de la maille sera noté a. 1- Faire un schéma de la maille puis une projection de cette maille dans un plan horizontal en indiquant la cote de l atome si celle-ci est différente de 0 ou 1. 2- Calculer a. 3- Le réseau étant compact, déterminer le rayon atomique du fer. Données : M(Fe) = 55,85 g.mol -1 ; ρ(fe) = 7,87 g.cm -3 2 Le gadolinium Le gadolinium cristallise selon une structure hexagonale compacte idéale (cette structure étant hors programme, les paramètres utiles doivent vous être fournis vous les avez en page 11). Sa masse atomique et sa masse volumique sont respectivement M = 157,3 g.mol -1 et ρ = 7,89 x 10 3 kg.m -3 1- Calculer les paramètres a et c de la maille cristalline. 2- Déterminer la compacité et la coordinence du gadolinium dans cette structure. 3 Autres questions (pour s entrainer) 1- Le chlorure de césium a une masse volumique de 3,97 kg/dm 3 et cristallise dans le système cubique centré. Le motif (le cube) a un côté de 0,412 nm et contient l équivalent d une molécule CsCl (M CsCl = 168 g/mol). Calculer la valeur du nombre d Avogadro. 2- Le tungstène cristallise dans le système cubique centré dont le côté du cube mesure 0,316 nm. Combien il y a t-il d atomes de tungstène par maille? Quelle est la densité de ce métal? Réponse : densité = 19,348 3- Un composé inconnu a une masse volumique de 4,56 t/m 3. Il cristallise dans le système quadratique dont la maille élémentaire à les dimensions suivantes : a = b = 0,658 nm et c = 0,593 nm. Si la maille élémentaire contient quatre molécules, calculer la masse moléculaire de ce composé. Réponse : M = 176,3 g/mol 4- La masse volumique du fluorure de calcium, CaF 2, est de 3180 kg/m 3 à 20 C. Calculer la dimension du cube qui contient quatre ions Ca 2+. Réponse : a = 0,5464 nm 4 La fluorine La figure ci-contre donne la représentation de la structure cubique de la fluorine. 1- Décrire le réseau des cations et les positions des anions dans la maille. 2- Déterminer le nombre de chacun des ions par maille. 3- En déduire la formule du motif (et le nombre de motif par maille). Cette formule est-elle cohérente avec la charge des ions? 4- Déterminer la relation entre le paramètre a de la maille cubique et les rayons r + et r - des ions. 5- En déduire la compacité C. 6- Exprimer puis calculer la masse volumique sachant que M Ca = 40,1 g.mol -1, M F = 19,0 g.mol -1, r + = 99 pm et r - = 136 pm. Lycée Laperouse - Kerichen 24

5 La glace Après avoir relu les données sur les distances O-H dans le cas de l eau, prouver que la glace flotte sur l eau liquide (vous prouverez cette propriété dans le cas de la glace cubique). 6 Oxydes du magnésium et du cobalt Les oxydes MgO et CoO qui admettent tous deux une maille cubique sont supposés ioniques. 1- Préciser et décrire sommairement le type structural auquel appartiennent ces deux oxydes sachant que la coordinence des cations est égale à 6. 2- Soit le paramètre de maille a (MgO) = 420 pm et le rayon ionique R (Mg+) = 70 pm. Calculer le rayon de l ion oxyde R (O2-) et en déduire si le sous réseau anionique est compact ou non dans l oxyde de magnésium. 3- Déterminer la valeur du paramètre de maille a (CoO) en admettant un rayon ionique R (Co2+) = 78 pm. 7 Le fer Le fer existe sous trois variétés cubiques polymorphiques. Pour des températures comprises entre 910 C et 1400 C, la variété cristalline stable (notée Fe γ ou austénite) est de structure cubique face centrée. Le paramètre de la maille sera noté a. 1. Représenter la maille élémentaire de l austénite. 2. On suppose que les atomes de fer sont des sphères indéformables de rayon R et que la structure est compacte. Donner la définition de la compacité C et en déduire l expression littérale de C (expression à démontrer). Déterminer sa valeur dans le cas de l austénite 3. Donner le nombre et la position des sites tétraédrique présents dans cette maille. 4. Donner le nombre et la position des sites octaédriques présents dans cette maille. 5. La variété cristalline stable à des températures inférieures à 910 C, (notée Fe α) est de structure cubique centrée. Le paramètre de la maille sera noté a. 5.1. Représenter la maille élémentaire du Fe α 5.2. Déterminer la compacité du Fe α (expression littérale à démontrer). 5.3. Indiquer le nombre et la position des sites octaédriques présents dans cette maille (en fait ces sites ne sont qu approximativement octaédriques, le polygone de coordination étant un octaèdre déformé : certains atomes voisins sont à la distance a/2 du site, d autres à la distance a 2 / 2). 6. L austénite peut dissoudre une proportion notable de carbone (jusqu à 2 % en masse) et former des aciers, alors que la variété Fe α n en accommode que 0,02 % (en masse). Les atomes de carbone sont insérés dans les sites octaédriques du fer de rayon R i. Les paramètres de maille pour le fer α et l austénite valent respectivement a = 286,6 pm et a = 359,1 pm. La taille des sites octaédriques en fonction du paramètre de maille est égale à 0,147a pour une structure cubique à face centrée et à 0,067a pour une structure cubique centrée. 6.1. Démontrer la relation r = 0,147a dans le cas de la maille cubique face centrée (sans utiliser la relation donnant le rayon maximum d un site octaédrique en fonction de R, mais en la redémontrant). 6.2. Expliquer pourquoi les aciers sont obtenus principalement à partir de la variété austénite? 6.3. Donner l expression littérale et numérique en kg.m -3 de la masse volumique du fer α et de l austénite en fonction du paramètre de maille. 6.4. Expérimentalement, on observe que les densités des variétés Fe Fe et Fe, stable entre 1400 C et la température de fusion et cristallisant dans une maille cubique, sont identiques. Proposer une (ou des) interprétation(s) possibles. Lycée Laperouse - Kerichen 25