Description du français FLE (L3) CM 1

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Description du français FLE (L3) CM 1

Chapitre 1 Les parties du discours 1.1 Les parties du discours invariables 1.1.1 Le verbe 1.1.2 Les constituants du groupe nominal Le pronom Pronom étymo : pro nomem : pour le nom, à la place du nom. Pronom : nature qu on peut définir protoypiquement par un rôle syntaxique précis celui de fonctionner comme un nom, et plus précisément, de remplir les différentes fonctions syntaxiques du nom actualisé, donc du syntagme nominal. Classe pronominale ++ hétérogène : morphologiquement et sémantiquement. Recouvre : pronom personnel pronom démonstratif pronom possessif pronom indéfini pronom relatif pronom interrogatif pronom numéral Malgré son étymologie, le pronom peut tout à fait se substituer à autre chose que des syntagmes nominaux : des adjectifs, des subordonnées, etc. «Délicieux, ce gâteau l est» «Je le sais, qu il est venu hier» Les pronoms peuvent aussi tout à fait ne RIEN remplacer : lorsque le pronom est représentant (donc anaphorique), il permet effectivement de représenter un subst (ou autre) déjà présent dans le cotexte ; lorsque le pronom est déictique, il perd sa fonction de reprise, et a donc simplement les mêmes fonctions syntaxiques que le nom. 1

On se trouve donc avec une catégorie très hybride, qui présente bcp de possibilités différentes, mais dont on peut qd même dire les choses suivantes : lorsqu il est représentant, le pronom adopte le fonctionnement syntaxique du mot qu il représente ; lorsqu il est déictique, le pronom adopte nécessairement un fonctionnement syntaxique nominal (même si on verra qu il n en conserve pas toujours toutes les caractéristiques syntaxiques) ; lorsqu il est représentant, il est aussi représentant référentiellement (pas forcément sémantiquement). Les pronoms peuvent actualiser 4 types de références différents : déictique ; anaphorique/ caraphorique donc représentant ; par défaut : ni la situation d énonciation, ni le cotexte ne permettent de trancher, et ce sont donc les traits sémantiques stables de certains de ces pronoms qui permettent de le faire : opposition entre animé/ inanimé est l exemple majeur (personne/rien) ; référence nulle (selon certaines interprétations) : c est le cas du pronom impersonnel il, qui serait sémantiquement vide, et constituerait un pur indice grammatical de la fonction sujet pour les verbes impersonnels. Les pronoms personnels Pronoms personnels évidemment liés la question de l ordination du discours, donc de l organisation dans l interlocution. Les pronoms personnels peuvent être déictiques ou représentants/anaphoriques, mais surtout, ils présentent encore en partie un fonctionnement casuel (forme différente selon la fonction) et entrent dans des variations qui leur sont propres. La petite difficulté supplémentaire, c est qu on y classe parfois aussi les formes en, y (qu on appelle aussi pronoms adverbiaux), ET qu on doit faire un sort à on, il, qui présentent des particularités. Mais avant d évoquer ces cas, il faut revenir sur les grandes propriétés des PP. Les PP dits «déictiques» // ceux qu on a identifiés comme pronoms de l interlocution : P1, P2 ; P4, P5 sont considérés comme des pronoms ancrés dans la situation d énonciation et qu on appelle donc exophorique : n entrent a priori pas dans des relations d anaphore ou de cataphore. /!\conception qui est à relativiser : Nous/ vous : je/ tu +x, avec x qui peut en fait être un délocuté (P3). Dans ce cas là, les PP nous et vous sont partiellement déictiques et partiellement représentants ; on peut aussi trouver des emplois particuliers, qui font hésiter entre déictique et anaphorique : «Marie, tu manges ton gâteau!» ; le discours rapporté peut aussi être problématique : «Marie dit : «je mange du gâteau».» dans ce cas, «je» est pleinement déictique dans le cadre du discours direct, mais en partie 2

représentant (anaphorique de «Marie») dans le cadre du récit (déterminé par l incise). Cette particularité est due au fait que le locuteur du récit n est pas identique au locuteur du discours direct. On peut dans ce cas parler d «exophore rapportée» (exophore du discours direct rapportée par qqun d autre). Ces pronoms, du fait de leur morphologie, sont aussi appelés «pronoms essentiels» : càd qu ils ont des formes propres à leur emploi comme pronom personnel, et ne sont pas en concurrence avec d autres classes grammaticales. Les PP dits «représentants» // ceux qu on a identifiés comme délocutés, en dehors de l interlocution : P3 ; P6 pronoms considérés comme coupés de la situation d énonciation, donc endophoriques : leur référence dépend de l anaphore et de la cataphore. /!\Bien sûr, les PP dits «représentants» peuvent parfois apparaître dans des structures déictiques. Ces pronoms, du fait de leur morphologie, sont aussi appelés «pronoms accidentels», parce qu ils entrent en concurrence morphologique avec la classe des déterminants : «Je le vois» «le chien» «Je la vois» «la fille» «Je leur donne» «leur livre» Morphologie des PP La morphologie des PP prend en compte 6 paramètres : 1. La personne grammaticale. 2. Le nombre : opposition classique entre je/nous ; tu/vous ; il-elle/ils-elles qui est en fait problématique. Entre il/elle et ils/elles on a effectivement un rapport morphologique et sémantique de singulier à pluriel : il/elle + s ; une personne délocutée/ plusieurs personnes délocutées. Par contre de je à nous et tu à vous, on n a ni véritable pluriel morphologique, ni véritable pluriel sémantique. Nous/vous n est pas je/tu + s. Nous/vous ne renvoient pas forcément à plusieurs je/tu (cf. distinction faite plus haut). En plus de ça, les formes du pluriel nous/vous peuvent parfois être utilisées pour renvoyer à du singulier : nous de majesté ; vous de politesse. 3. Le genre : ne concerne que les pronoms représentants, qui sont potentiellement pluriréférentiels, et ont donc besoin d être spécifiés (P3 ; P6). À l inverse, les PP déictiques sont contextuellement déterminés, leur forme ne marque donc pas le genre. 4. La fonction : la variation selon la fonction correspond donc aux traces de fonctionnement casuel qu ont conservées les PP. 3

Sujet Complément direct Complément indirect je me me (/moi) tu te te (/toi) il/elle le/la lui (/elle) nous nous nous vous vous vous ils/elles les leur (eux/elles) Les PP sont donc extrêmement hétérogènes d un pdv morphologique : tous ne varient pas selon la fonction, et parmi ceux qui varient, les formes ne sont pas pleinement prédictibles (on a un paradigme reconnaissable avec je/tu (et encore : je donne me, alors que tu conserve sa consonne initiale pour former te) ; mais plus du tout avec il(s)/elle(s) : le/la/les formes d articles définis ; lui forme propre au PP ; leur forme de déterminant possessif). Différenciations selon la fonction raison pour laquelle on se sert de la pronominalisation pour désambiguïser les fonctions nominales incertaines (en français contemporain, les susbtantifs ne marquent plus la fonction). 5. forme conjointe/ forme disjointe : Forme disjointe : c est la forme pleine du PP : peut fonctionner comme élément autonome et donc porter l accent phrastique (tonique) ; peut être pensée, sémantico-référentiellement, comme un être en soi : «Moi, je...». Formes concernées : moi, toi, lui/elle, nous, vous, elles/eux. Ce sont les formes qu on actualise en les précédant d une préposition : à moi, à toi, etc. Forme conjointe : c est la forme dépendante du PP : le PP précède ou suit immédiatement le verbe ; ne peut en être séparé que par une autre forme conjointe ; ces formes sont atones ; on parle de pronoms clitiques : qui s appuient phonologiquement sur un support pour former une unité prosodique explique les phénomènes d élisions contextuelles, qui produisent des allomorphes : «elle te voit»/ «elle t appelle». C est parce que le pronom est phonologiquement dépendant qu il peut être élidé. Les clitiques peuvent être de différents types : ils sont dits proclitiques lorsqu ils sont placés devant l élément dont ils dépendent : «Elle t appelle» ; ils sont dits enclitiques lorsqu ils sont placés derrière l élément dont ils dépendent : «Appelle-moi» enclitiques problématiques : la dépendance est bien marquée par l apparition du tiret, mais le pronom récupère sa morphologie de forme disjointe (ne concerne que les P1 et P2). Dans ce cas, l enclitique a une forme de pronom disjoint, mais un fonctionnement syntaxique de pronom conjoint. Les formes conjointes de PP sont donc les suivantes : je, me, tu, te, il, elle, lui, le, la, nous, vous, ils, elles, leur, les + les enclitiques moi et toi. 4

6. Réfléchi ou non réfléchi : se : forme propre au réfléchi ; me, te, nous, vous : formes accidentellement/ contextuellement réfléchies. Distinguer entre les différents types de verbes pronominaux : (a) verbes essentiellement ou accidentellement pronominaux : PP inanalysable. Essentiellement : n existent qu à la forme pronominale («se souvenir») ; accidentellement : existent aussi à la forme non pronominale, mais subissent une subduction lorsqu ils deviennent pronominaux : («s affirmer» : sens subduit par rapport à «affirmer qqch») ; (b) constructions réflexives : verbes qui peuvent aussi être non pronominaux, mais pour lesquels le PP est analysable comme complément du verbe : ex. «Il se donne des bisous». 5