ÉTUDE SUR LA QUESTION DE LA DÉMENCE DANS NOTRE SOCIÉTÉ

Documents pareils
Pacte européen pour la santé mentale et le bien-être

Définition, finalités et organisation

Insuffisance cardiaque

Calendrier des formations INTER en 2011

L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

2 La chaîne de survie canadienne : espoir des patients cardiaques

Faites marcher votre cerveau, il a besoin d exercice!

Assurance maladie grave

Qu est-ce que la fibrillation auriculaire? (FA)

les télésoins à domicile

N.-B. 18 à 34 24,3 28,1 20,1 24,4. 35 à 54 36,7 23,0 31,6 49,3 55 à 64 18,7 18,7 21,3 16,9 65 et plus 20,3 30,2 26,9 9,4

MIEUX COMPRENDRE CE QU EST UN ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL AVC

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

Montréal, 24 mars David Levine Président et chef de la direction DL Strategic Consulting. DL Consulting Strategies in Healthcare

Le Plan libéral pour les soins familiaux

MÉMOIRE PRÉSENTÉ AU COMITÉ PERMANENT DES FINANCES SEPTEMBRE 2002 DE LA CHAMBRE DES COMMUNES

SYSTEMES D INFORMATION EN SANTE Journée régionale du 12 janvier Blois

Nouveau plan greffe : Axes stratégiques pour l avenir

Assurance de soins de longue durée

Qu est-ce que la maladie de Huntington?

Préoccupations en matière de retour au travail chez les personnes confrontées à un cancer et les personnes qui leur prodiguent des soins

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Recherche et relations internationales (RRI) Elisa Pylkkanen Directrice adjointe, partenariats internationaux

ÉVALUATION DE LA PERSONNE ATTEINTE D HYPERTENSION ARTÉRIELLE

La santé. Les établissements de l entité Mutualité Santé Services

Le contexte. Définition : la greffe. Les besoins en greffons en constante augmentation

PROGRESSEZ EN SPORT ET EN SANTÉ. Mieux vivre avec ma maladie chronique, Me soigner par l activité physique Programmes Santé

«Politique des ARS pour les seniors»

POLITIQUE FAMILIALE DU CANTON DE WESTBURY

Si je décédais prématurément, qui s occuperait de mes versements hypothécaires?

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

De l assurance hypothécaire et le remboursement de vos primes

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

PROJET EDUCATIF 1/ INTRODUCTION AU PROJET EDUCATIF : BUT, PUBLIC VISE ET DUREE DU PROJET

Magazine. Manion. Un mot sur les sociétés d assurance et la technologie des règlements. Dans ce numéro

HISTORIQUE DES SOINS PALLIATIFS ET ENJEUX POUR LE FUTUR

Principales causes de décès selon le groupe d âge et plus

Sommaire de l étude de l Alliance des femmes de la francophonie canadienne

Résumé du Cadre stratégique anti-pauvreté des TNO

PRÉSENTATION DU PROGRAMME. Le cœur à l école. PROGRAMME DE PRÉVENTION DE L ÉCHEC SCOLAIRE ET SOCIAL Volets préscolaire et 1 er cycle du primaire

Le guide du bon usage des médicaments

Votre partenaire pour construire une offre de santé adaptée aux territoires. Les services de soins et d accompagnement de la Mutualité Française

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

Conduire le monde a une sante bucco-dentaire optimale. La Vision 2020 de la FDI Une prospection sur l avenir de la santé bucco-dentaire

Présentation de Gil Desautels Vice-président principal - KCI

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

2È JOURNÉE NATIONALE DE FORMATION DES PHARMACIENS CANCER ET ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN : UN PREMIER PAS VERS LA RÉSILIENCE.

Le guide. Don d organes. Donneur ou pas. Pourquoi et comment je le dis. à mes proches.

La prise en charge de votre maladie, l accident vasculaire cérébral

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

Don d organes. Notre pays a une nouvelle loi sur la transplantation depuis juillet 2007.

LE GRAND ÉCART L INÉGALITÉ DE LA REDISTRIBUTION DES BÉNÉFICES PROVENANT DU FRACTIONNEMENT DU REVENU

Les personnes âgées et le système de santé : quelles sont les répercussions des multiples affections chroniques?

assurance collective Assurance médicaments Des solutions intégrées pour une gestion efficace

Déclaration médicale Prise d effet le 1 er octobre 2012

Fondation PremUp. Mieux naître pour mieux vivre

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

Retrouver une qualité de vie. Les implants dentaires : la meilleure solution naturelle. Education des patients

Ma vie Mon plan. Cette brochure appartient à :

PROJET DE TÉLÉMEDECINE

mentale Monsieur Falize la création et l utilisation d imagerie interactive, les associations noms-visages, la méthode des lieux.

La fibrillation auriculaire : au cœur du problème

«Améliorer les parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d autonomie»

BULLETIN TRAITEMENT Un guide complet à la santé et au bien être des7né aux personnes a9eintes du VIH/sida. Décembre 2011

IMMED Monitoring vidéo porté

C est votre santé Impliquez-vous

Les troubles non moteurs de la maladie de Parkinson. Comprendre la maladie de Parkinson

L INFIRMIÈRE CLINICIENNE SPÉCIALISÉE

POUR DIFFUSION IMMÉDIATE

Je m inscris au forfait, donc je consulte toujours dans ma maison médicale

Charte nutritionnelle

Prévention des chutes

La prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde

Investir dans des avenirs sains : Programme d action communautaire pour les enfants (PACE)

CONDUCTEUR ÂGÉ. Dr Jamie Dow. Medical Advisor on Road Safety Société de l assurance automobile du Québec LLE. Dr Jamie Dow

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Donneur ou pas... Pourquoi et comment je le dis à mes proches.

Table des matières. Première partie : Énergie et Polarité REMERCIEMENTS NOTE DE L AUTEURE COMMENT UTILISER CE GUIDE...

Le guide. pour tout comprendre. Agence relevant du ministère de la santé

> Présentation du programme > Peps Eurêka - Mémoire : Pour donner du Peps à ses neurones et à sa vie... 4

Proposition d assurance voyage VISITEURS AU CANADA

Éducation permanente des conseillers

Cadre de travail sur les relations avec les gouvernements et la défense des droits. Société canadienne de la sclérose en plaques

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

SANTÉ. E-BOOK équilibre. stop. cholesterol diabete hypertension. Réduire le cholestérol, l hypertension et le diabète SANS MEDICAMENT!

Politique de sécurité de l actif informationnel

Qu est-ce qu un sarcome?

Hospices cantonaux Centre Hospitalier Universitaire Vaudois DOSSIER DE PRESSE. Création du Centre romand hospitalo-universitaire de neurochirurgie

TRAVAUX DU GROUPE GUINEE/CONAKRY ET BISSAO

Repérage de la perte d autonomie

Décidezvous. Sinon, vos proches devront le faire pour vous. Informations sur le don d organes, de tissus et de cellules en cas de décès.

SECTION VI OUTILS DE GESTION DU RENDEMENT POUR DES FAMILLES D EMPLOIS COMMUNES POUR LES COMPÉTENCES COMPORTEMENTALES

Référentiel Officine

L assurance est là pour protéger votre famille... Voici comment RBC Banque Royale peut vous aider

Document d information dans le cadre de l installation d un cyclotron. à Saint-Louis

C est quoi un centre d apprentissage Les centres d apprentissage sont des lieux d exploration et de manipulation qui visent l acquisition de

DÉFINITION ET INSCRIPTION DE LA PRATIQUE AVANCÉE DANS LE PAYSAGE SUISSE DES SOINS INFIRMIERS

MÉMENTO DES AIDES DESTINÉES AUX PERSONNES VICTIMES D UN AVC AVC

Unité mobile de télémédecine au service de l urgence et du soin chronique M-V. Moreno, P. Chauvet, O. Ly

L original des questions et réponses du jeu Vérité et Santé

Transcription:

ÉTUDE SUR LA QUESTION DE LA DÉMENCE DANS NOTRE SOCIÉTÉ Notes d allocution pour le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie Par: Dr William E. Reichman, Président et Chef de la direction, Sciences de la santé Baycrest, au nom de SoinsSantéCAN 11 mai 2016

1 NOTES D ALLOCUTION DU D r William E. Reichman lors de sa comparution devant Le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie Étude sur la question de la démence dans notre société 11 mai 2016 Permettez-moi d abord de remercier le Comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie pour m avoir donné l occasion de comparaître et pour son leadership dans l étude des défis cruciaux posés par la démence sur la santé publique. Je suis ici au nom de SoinsSantéCAN, le porteparole national des organisations de soins de santé et des hôpitaux du Canada. Nous sommes déterminés à améliorer la santé des Canadiens par un système de soins de santé innovateur et fondé sur des éléments probants. En tant qu organisation, nous continuons de plaider en faveur d une stratégie et d un plan d action canadiens en matière de démence. Mes commentaires découlent de mes expériences professionnelles et personnelles par rapport à la démence. Je suis un médecin praticien spécialisé depuis près de 30 ans dans le soin de patients atteints de la maladie d Alzheimer et d autres formes de démence connexes. Mes recherches antérieures ont porté principalement sur le développement de médicaments pour le traitement de la maladie d Alzheimer et sur l efficacité des approches aux soins de la démence en milieu institutionnel. Je suis actuellement un professeur en psychiatrie à la Faculté de médecine de l Université de Toronto. Depuis 2008, je suis président et chef de la direction de Sciences de la santé Baycrest, à Toronto, un chef de file mondial en milieu de vie résidentiel, soins de santé, recherche, innovation et éducation en gériatrie. Presque tous nos clients sont atteints de multiples troubles physiques chroniques et de maladies du cerveau, comme l Alzheimer et l accident vasculaire cérébral. Nous hébergeons l Institut de recherche Rotman qui s est récemment classé au premier rang mondial pour l impact de ses travaux scientifiques sur la

2 compréhension que nous avons aujourd hui de la mémoire humaine et du vieillissement. Notre organisation dirige également le Centre canadien d innovation sur la santé du cerveau et le vieillissement (CCISCV), un accélérateur de solutions conçu pour améliorer les résultats des soins de santé et générer des avantages économiques en favorisant les collaborations entre des innovateurs mondiaux et les principales organisations de soins aux personnes âgées. Cet investissement de 123,5 millions de dollars sur cinq ans jouit du soutien généreux de 42 millions de dollars de l Agence de santé publique du Canada. Votre Comité a entendu diverses organisations et personnes prééminentes qui ont fourni des conseils d expert pour vous aider à mieux comprendre les défis locaux, nationaux et mondiaux de la démence. Vous êtes certainement conscients des coûts socioéconomiques anticipés associés à la démence. Je me joins à ces organisations pour inviter le gouvernement du Canada à adopter une stratégie et un plan d action canadiens en matière de démence et j offrirai des solutions pratiques reposant sur cinq piliers : Pilier 1. Promotion de la santé : Sensibiliser le public au maintien de la santé du cerveau à chaque stade de développement tout au long de la vie. Les bons soins périnataux, l éducation préscolaire enrichie et les efforts de sensibilisation en jeune âge améliorent le développement des cerveaux des enfants et des jeunes adultes. Encourager la bonne condition physique dès la petite enfance jusqu au début de l âge adulte favorise également la maturation cérébrale saine tout en bâtissant une réserve cognitive. En milieu de vie, l exercice régulier, le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaire, la limite de l apport calorique, la pratique d activités professionnelles stimulantes et la gestion du stress contribuent tous à maintenir la santé cérébrale. Plus tard dans la vie, la poursuite d activités récréatives stimulantes, la socialisation, l activité physique et la faible consommation de gras saturés sont toutes des mesures qui favorisent le vieillissement cognitif et émotionnel sain. Il est également essentiel

3 d éviter les traumatismes crâniens pour réduire le risque de démence à un âge avancé. Pilier 2. Détection et intervention précoces : Sensibiliser le public aux premiers signes et symptômes de la démence et établir des cibles publiques pour le diagnostic précoce. L identification précoce des personnes qui éprouvent un déclin cognitif et l intervention rapide sont essentielles à la prévention de nombreuses conséquences évitables, y compris : la piètre conformité aux recommandations médicales; la prise de mauvaises décisions financières qui augmentent la vulnérabilité et l exploitation et les risques pour la sécurité, comme les pratiques de conduite dangereuses. Pilier 3. Soutien aux aidants familiaux : S assurer que les aidants ont accès à l information en temps opportun, à la gestion efficace des soins et à des services de soins de relève. L information pratique permet aux aidants de mieux comprendre la situation. Ainsi, ils éprouvent un sentiment accru d habilitation et une plus grande confiance, ce qui réduit l anxiété et la dépression. Dans bien des autorités, les adultes atteints de démence et leurs familles doivent naviguer à travers de nombreux fournisseurs de soins médicaux, de services sociaux, de services juridiques, de services financiers, de services de transport et de services de soins à domicile. Tout cela peut devenir bien difficile à coordonner. L accès à un seul gestionnaire ou coordonnateur des soins liés à la démence aide les familles à utiliser de la façon la plus rentable les services de soutien et de soins médicaux, tout en atténuant les risques sociaux et financiers associés à la démence. Les familles doivent également avoir accès à de l aide aux soins à domicile abordable pour la personne atteinte de démence. Par ailleurs, bien des aidants profitent aussi grandement de l accès abordable à des services de soins de relève pendant le jour (centres de jour pour personnes atteintes de démence), ainsi qu à des soins périodiques de nuit à domicile.

4 Pilier 4. Formation : Doter les professionnels des soins de santé des outils nécessaires pour établir des diagnostics clairs et soigner correctement les personnes qui vivent avec la démence. Il faut favoriser l amélioration de la formation des professionnels qui prodiguent des soins aux personnes atteintes de démence et l utilisation de meilleurs outils. Les milieux de soins où ces besoins sont les plus pressants sont notamment : les établissements de soins de première ligne, les établissements de soins de longue durée et les maisons de retraite, ainsi que les soins de santé communautaires à domicile. Certains des plus grands défis portent sur la prévention et la gestion des comportements réactifs associés à la démence, dont la résistance face aux soins, l agression, l agitation, les problèmes de sommeil et l anxiété et la dépression. Pilier 5. Recherche : Déterminer que la démence est un domaine prioritaire aux fins du financement fédéral de la recherche, à la mesure des efforts déployés pour éradiquer le cancer et la maladie cardiaque. Comme ceux des autres pays du G8, les organismes de financement de la recherche du Canada doivent rester résolus à soutenir tous les aspects des travaux de recherche liés à la démence, allant de la science de la découverte à la recherche translationnelle avancée à l échelle des systèmes. Le futur des interventions préventives et des traitements efficaces pour la démence réside dans les partenariats entre le milieu universitaire, le gouvernement, le milieu philanthropique et l industrie. Nous pouvons saisir l occasion Les Canadiens ont démontré qu ils peuvent relever les plus grands défis de santé publique lorsqu il le faut. Souvenons-nous des efforts concertés des gouvernements, des universitaires, des intervenants en sciences de la vie et des industries biomédicales qui pendant des décennies nous ont renseignés sur l importance de maintenir une bonne santé cardiaque et d éviter les facteurs de risque (p. ex., l hypertension, l obésité et le taux de cholestérol élevé). Aujourd hui, nous sommes tous conscients de l importance de rester actif

5 physiquement et de ne pas fumer. En somme, nous avons aidé les Canadiens à «penser à leur cœur». Nous avons fait de même avec le cancer. Dans un rapport de 2015, la Société canadienne du cancer souligne que «grâce aux efforts de prévention du cancer et de lutte contre cette maladie, on estime que plus de 143 000 décès ont été évités depuis que le taux de mortalité au Canada a atteint un sommet en 1988». Le rapport félicite également le Canada qui «est l un des rares pays à s être doté de registres du cancer fondés sur la population, qui permettent de surveiller le cancer dans toute la population. Les renseignements.. sont précieux pour surveiller les tendances relatives au cancer et servent de sources de données pour planifier la lutte contre le cancer, l attribution des ressources dans le domaine de la santé et la recherche.» Nos parents et nos grands-parents craignaient la maladie cardiaque et le cancer, mais par des efforts et des investissements publics ciblés, nous avons fait de grands progrès dans la prévention et le traitement de ces menaces à notre bienêtre. Pour notre génération et celle de nos enfants, nous devons maintenant faire de même pour la santé du cerveau et les maladies du cerveau, comme l Alzheimer. Travaillons maintenant ensemble à l adoption et à la mise en œuvre d une stratégie et d un plan d action canadiens en matière de démence. Merci.