LA VILLE, ACTEUR DE DEVELOPPEMENT

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Transcription:

LA VILLE, ACTEUR DE DEVELOPPEMENT Défis à relever pour soutenir le développement urbain durable Actes du séminaire international de la CTB Bruxelles, 18-19 décembre 2007 Reflection and discussion paper - 2008/01

Les organisateurs tiennent à remercier toutes les personnes impliquées dans ce séminaire, tant au sein de la CTB qu ailleurs, pour leur contribution, leur appui, le temps et l énergie qu ils ont investis afin de rendre possible ce séminaire et la réalisation de ces comptes-rendus. Nous remercions tout particulièrement les orateurs pour leurs contributions et leurs articles ainsi que tous les participants pour leur présence et leurs commentaires critiques. Ce rapport a été rédigé par la CTB. Les opinions exprimées dans les articles sont celles des orateurs et ne reflètent pas nécessairement celles de la CTB. Pour toute remarque ou pour demander plus d informations, vous pouvez vous adresser à info@btcctb.org. Comité éditorial : Sara Feys (coordination), An Eijkelenburg, Paul Verlé Appui : Lies Decock, Bram Riems Editeur responsable : Carl Michiels, rue Haute 147, B-1000 Bruxelles, Belgique Communication externe : Julie Leduc Traduction et révision : Marie-Line Simon, Sophie Frère, Thierry Pirard, Emmie Vanneste (CTB), Lexitech, Linguanet Conception graphique : www.cibe-cvo.be Création et impression : CIBE vzw Ce document est imprimé sur du papier contenant 55% de fibres recyclées et 45% de pulpe certifiée FSC avec encre végétale. La CTB est certifiée pour son système de gestion environnementale suivant la norme internationale ISO 14 001 et le système d eco-audit européen EMAS. REG.NO.BE-BXL- 008 CTB-1

Sommaire Introduction 4 Discours 7 Discours d introduction Carl Michiels, CTB, Président du Comité de Direction 8 Discours d ouverture 10 Sabine Laruelle, Ministre belge de la coopération au développement Session 1 : Développement urbain : Point de la situation 13 Le développement urbain durable : Contexte actuel 14 Mohamed El Sioufi, Shelter Branch, Global Division, ONU-HABITAT Le monde en tenue de ville 20 Thomas Melin, Service Développement urbain, Sida, Suède Visionnaires et techniciens : rôles et relations dans la lutte contre la pauvreté urbaine et la réduction des dépendances externes 23 Terry Standley, ancien collaborateur d ONU-HABITAT et consultant indépendant Reconnaître les forces agissantes urbaines au-delà de la notion de pauvreté 25 Filip De Boeck, Institut de recherche anthropologique en Afrique (IARA), KULeuven, Belgique (animateur des débats) Débats Session 1 28 Session 2 : Aménagement urbain et logement 31 Vulnérabilité et violence - quel projet pour la planification urbaine? 32 Nabeel Hamdi, Université d Oxford Brookes et Unité Planification du développement, Royaume-Uni L espace comme ressource dans la réduction de la pauvreté et la gestion des conflits et des catastrophes naturelles 36 Kelly Shannon, ASRO (Architectuur, Stedenbouw en Ruimtelijke Ordening), KULeuven, Belgique Projet d assainissement et de réhabilitation urbaine du canal Tan Hoa-Lo Gom : Enseignements tirés 37 Ahn Le Dieu, Ho Chi Minh Ville, Vietnam La planification urbaine et le logement : Approches et méthodes 39 Benoît Legrand, CTB Cambodge (animateur des débats) Débats Session 2 40

Session 3 : Services de base : Accessibilité et fourniture 43 Services de base à l attention des plus pauvres : Défis et contraintes 44 David Satterthwaite, International Institute for Environment and Development (IIED), Royaume-Uni La santé en milieu urbain 48 Wolfhard Hammer, GTZ, Allemagne Expériences en matière de soins de santé en milieu urbain 50 Frank Haegeman, CTB Laos (rapporteur) Expériences en matière d infrastructures urbaines 52 Jan van Lint, CTB Vietnam (rapporteur) Pauvreté urbaine 53 Francis Lelo Nzuzi, CTB, République démocratique du Congo (animateur des débats) Un environnement différent, une approche différente? 54 Paul Bossyns, CTB, Belgique (animateur des débats) Débats Session 3 56 Session 4 : Gouvernance urbaine : le rôle des acteurs 61 Le développement urbain-contexte actuel 62 Rolf Dauskardt, Institute for Housing and Urban Development Studies (IHS), Pays-Bas Le rôle des partenaires de développement en termes de gouvernance locale 65 Raphaël Magyezi, Association ougandaise des gouvernements locaux, Ouganda Esmeraldas : une ville nouvelle pour de nouveaux citoyens 67 Ernesto Estupiñan Quintero, Maire d Esmeraldas, Équateur Soutenir le développement urbain durable : les agences de développement sont-elles prêtes à relever le défi? 69 Jean Bossuyt, European Centre for Development Policy Management (ECDPM), Pays-Bas Débats Session 4 71 Conclusions 75 Résumé, conclusions, suggestions 76 Han Verschure, Postgraduate Centre Human Settlements, ASRO (Architectuur, Stedenbouw en Ruimtelijke Ordening), KULeuven, Belgique Profil des orateurs 79 Pour en savoir plus 85

introduction Le contexte Au cours des dernières décennies, les zones urbaines ont connu un développement sans précédent. Aujourd hui, quelque 50 % de la population mondiale, soit plus de 3 milliards d individus, vivent dans des villes ou des habitats urbains, et cette tendance semble devoir se poursuivre, particulièrement dans les pays pauvres. L urbanisation est un processus complexe et lié au contexte, comportant des aspects socio-économiques, politiques, environnementaux et spatiaux. Ceci pose des défis globaux qui exigeront des solutions appropriées en termes d organisation, de planification et de gestion, mais aussi une volonté et une reconnaissance politiques. Le paradigme de l aide a considérablement évolué au cours des 10 dernières années, en se recentrant sur la réduction de la pauvreté. Les principes de la Déclaration de Paris (2005), adoptés sous les auspices de l OCDE/ CAD, visent à accroître l impact de l aide au développement en encourageant une plus grande maturité des partenariats entre pays bénéficiaires et partenaires de développement. L accent se déplace clairement de la prestation de services vers le développement des capacités tant aux niveaux individuel, organisationnel et institutionnel. Parallèlement, vu les ressources limitées et la complexité de la situation, des choix stratégiques doivent être faits concernant les priorités et les méthodologies. Ceci nécessite une interaction entre de nombreuses parties prenantes dont les intérêts divergents, comprenant les autorités, le secteur privé, et surtout les citoyens eux-mêmes. Le séminaire Dans le droit fil de la tradition, la Coopération technique belge (CTB) a organisé, les 18 et 19 décembre 2007, son quatrième séminaire international annuel, intitulé «The urban [F]actor - Challenges facing sustainable urban development». Durant deux jours, des représentants de partenaires au développement et d agences d exécution, d organisations internationales, d instances gouvernementales, des experts actifs dans des projets de coopération au développement, des municipalités, des institutions académiques, des groupes de réflexion, des ONG, etc. se sont rassemblés pour débattre des défis à relever pour soutenir le développement urbain. L objectif global du séminaire était de se pencher et de réfléchir sur les rôles joués par les différents acteurs dans le développement urbain. Quel rôle la coopération internationale au développement peut-elle jouer dans la promotion du développement urbain durable? Comment les agences de développement peuvent-elles améliorer leurs activités opérationnelles en milieu urbain en vue de susciter un glissement de projets mis en œuvre dans des environnements urbains vers de véritables «projets urbains» et un développement urbain durable? M. Carl Michiels, Président du Comité de direction de la CTB, et Mme Sabine Laruelle, Ministre belge de la coopération au développement, ont ouvert le séminaire, qui s articulait autour de quatre sessions thématiques : développement urbain : point de la situation urbanisme et logement : approches et méthodologies services de base en milieu urbain : accessibilité et fourniture gouvernance urbaine : le rôle des acteurs Durant chaque session thématique, trois orateurs principaux ont présenté leur contribution au sujet. Leur présentation a été suivie par une période de débats et de questions, suscitées par les contributions des intervenants. Vu l étendue du thème et des questions abordées par le séminaire, les discussions ont bien entendu porté sur des sujets très divers. Néanmoins, certains thèmes et questions étaient récurrents : la dichotomie entre «rural» et «urbain» ; la question de la «mise à l échelle» et de la transférabilité des principes ; le sens de l approche multisectorielle ; la nécessité de nouveaux outils et instruments pour les villes et pour la coopération au développement en général ; le sens de la «participation» communautaire et la nécessité d un renforcement institutionnel et des capacités. CTB-4

Introduction Toutes ces préoccupations trouvent leur écho dans les textes et les transcriptions des discussions et, comme on pouvait s y attendre, certaines questions ont suscité des réponses controversées, tandis que d autres sont restés «ouvertes» ou «sans réponse». Quelques réflexions et lignes directrices pour le futur Dans cette section, nous souhaitons mettre en lumière certaines réalisations et réflexions clés suscitées par le séminaire. L organisation d un séminaire sur le thème du développement urbain s est avérée un choix pertinent et opportun : la compréhension du rôle des villes dans le développement est d une importance cruciale pour la coopération internationale au développement. Comme plusieurs orateurs l ont dit durant le séminaire, les villes ont besoin d être soutenues, non seulement parce que de nombreux pauvres y vivent, mais aussi parce qu elles constituent un [f]acteur clé pour le développement. La coopération internationale au développement et ses agences, telles que la CTB, doivent «marquer un temps» et s interroger pour évaluer de manière critique leur propre fonctionnement et leurs priorités. Les séminaires internationaux de ce type constituent une excellente plate-forme pour favoriser une sensibilisation tant au sein qu en dehors de la CTB et de la Coopération belge au développement. Ils encouragent une attitude réfléchie, critique et constructive. La complexité des contextes urbains a été soulignée et mise en évidence à maintes reprises durant le séminaire. Toutefois, tous les acteurs impliqués, y compris les agences de développement, doivent éviter le «marécage de la complexité». La complexité ne doit pas mener à l immobilisme ou à la paralysie. Les villes ont besoin d attention, dès aujourd hui : la complexité ne peut être un prétexte pour retarder le soutien. En outre, une vision dichotomique du réel (urbain-rural, riche-pauvre, formel-informel, etc.) peut aussi conduire à la paralysie. Les villes, dans toute leur complexité, requièrent une approche plus nuancée. Les précédents séminaires internationaux de la CTB traitaient des approches sectorielles (SWAps pour Sector Wide Approaches) et de la Déclaration de Paris, et ces deux sujets ont à nouveau été soulevés durant ce séminaire Les agences de coopération au développement ne doivent pas agir seules. Leurs interventions devraient être développées en partenariat et intégrées à une approche sectorielle ou même, comme cela a été suggéré, à des «approches axées sur la ville». Les principes d appropriation, d alignement et d harmonisation restent pertinents dans un contexte urbain. Tous les intervenants ont souligné à leur manière l importance de la «coopération» et de la «collaboration» entre les différents acteurs (qui ne sont pas nécessairement les partenaires «traditionnels») et entre tous les secteurs et tous les domaines de spécialisation. Garder l esprit ouvert et entretenir un dialogue permanent est crucial pour atteindre cet objectif. L intervention dans les villes est encore «rendue complexe» par le nombre d objectifs différents poursuivis par les parties prenantes et par la façon dont celles-ci divergents et s opposent, étant donné qu ils doivent être incorporés dans le même dialogue. Continuer le «business as usual» ne fonctionnera pas si nous voulons soutenir et exploiter les dynamiques locales initiées par des maires actifs, des associations de gouvernements locaux, des mouvements populaires, des organisations locales, etc. Reste une question importante : comment s y prendre? Bien que le renforcement des capacités n ait pas été explicitement à l ordre du jour, son importance a été soulignée à plusieurs reprises. C est par le biais du renforcement des capacités que les agences de développement peuvent soutenir au mieux les individus, les organisations et les institutions dans l exercice de leur rôle en faveur d un développement durable. CTB-5

Comment pouvons-nous évoluer? Comment passer à l échelle supérieure? Comme l a dit un des orateurs de manière un peu brutale, «Nous en avons assez des projets pilotes, il nous faut des projets d envergure.» Plusieurs intervenants ont mentionné «l approche partenariat» en guise de réponse préliminaire à cette question : une bonne gouvernance urbaine n est possible qu en impliquant les secteurs public, privé et la société civile. De plus, il est clairement nécessaire d établir des liens avec des institutions académiques pour soutenir la recherche appliquée et le renforcement des institutions locales, car «nous avons besoin de partenaires locaux.» Compte-rendu La présente publication se veut un compte-rendu du séminaire et tente de restituer au mieux la dynamique des deux journées de présentations et de débats. C est une compilation de synthèses rédigées par certains orateurs et de transcriptions révisées d autres contributions sur base des enregistrements effectués durant le séminaire. Nous avons également ajouté un résumé des questions et réponses tirées de chaque session et une section avec des liens utiles et des lectures recommandées qui devrait permettre aux personnes intéressées d explorer plus en détail les sujets abordés. Nous espérons que cette publication contribuera à placer le développement urbain durable au rang de nos priorités et marquera le début d une intensification continue de nos efforts dans ce domaine. L équipe de rédaction «Villes, (f)acteurs de développement» une brochure thématique éditée par la CTB (2008) Cette brochure explore plusieurs expériences de la CTB menées dans des villes d Afrique, d Amérique latine et d Asie. D Ho Chi Minh Ville à Quito en passant par les communes de Kinsenso ou Kimbanseke à Kinshasa, ces projets illustrent différentes manières de contribuer au développement urbain. Pour recevoir une copie gratuite, envoyez-nous un message à l adresse info@btcctb.org. La brochure peut également être téléchargée sur le site web www.btcctb.org. Remarque : Toutes les présentations PowerPoint sont disponibles sur www.btcctb.org et se trouvent également sur le CD-ROM «The Urban [F]Actor», disponible sur demande : info@btcctb.org. CTB-6

Discours

DISCOURS D INTRODUCTION Carl Michiels, CTB, Président du Comité de Direction Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs, chers invités, chers amis et collègues, Pour la quatrième année consécutive, la Coopération Technique Belge a le plaisir de vous accueillir à son séminaire international de fin d année, que l on peut désormais considérer comme une tradition annuelle bien établie. Les années précédentes, des événements similaires ont été organisés sur le thème de la santé (2004), des approches SWAp dans le secteur de l éducation (2005) et l année dernière, le séminaire traitait de la mise en œuvre de la Déclaration de Paris. Cette année, nous aborderons un tout autre défi, non lié à un secteur particulier ou à des modalités d aide, mais à un contexte bien spécifique : le contexte urbain dans les pays en développement. 2007 est l année où, pour la première fois, la population mondiale urbaine excédera la population rurale, ce qui signifie qu à l heure actuelle, une personne sur deux est établie en zone urbaine. C est pour cette raison que le 21e siècle est souvent appelé le siècle urbain, au vu de l évolution et de l échelle sans précédent atteinte par le phénomène d urbanisation. Quelques exemples de nos pays partenaires entre les années 70 et aujourd hui illustrent bien ce phénomène. À Kinshasa, la population a augmenté de 2 millions d habitants dans les années 70 à environ 8,4 millions de nos jours. Dans le même temps, la population de villes comme Dakar, Quito et Ho Chi Minh Ville ont plus que doublé. Cela dit, la croissance urbaine mondiale est de plus en plus absorbée par des implantations urbaines secondaires ou moyennes, et c est en Afrique sub-saharienne que l on retrouve les taux de croissance urbaine les plus élevés. Cette croissance urbaine fait grimper la densité de manière critique, ce qui augmente la pression sur les ressources rares, l occupation des terres marginales et les besoins additionnels en services et commodités, qui sont déjà mis à rude épreuve, quand ils ne sont pas inexistants. L incidence sur les pauvres, en particulier, et les implications pour l urbanisme sont énormes. La portée de ces chiffres ne peut être ignorée. Ils illustrent l ampleur du défi que représente le développement urbain pour tous les acteurs concernés : les agences de développement, les gouvernements nationaux et locaux, les organisations de la société civile et les citadins du monde entier. D où ce séminaire intitulé : Le [f]acteur urbain - Défis à relever pour soutenir le développement urbain durable. La CTB a créé cette plate-forme en vue de rassembler une communauté de pratique, qui ne serait liée ni au secteur, ni aux acteurs. Nous aimerions stimuler les échanges entre les experts de terrain, les universitaires, la communauté des ONG, les experts du secteur privé (consultants) et les autorités. Pour permettre ces échanges, un éventail d orateurs reconnus et issus de différentes institutions ont été invités à présenter leur point de vue sur les défis à relever pour un développement urbain durable. Le séminaire a pour objectif de se pencher et de réfléchir sur les rôles joués par les différents acteurs dans le développement durable, tout en prenant en considération les bonnes pratiques internationales. En même temps, nous considérons cette réflexion comme une opportunité de se poser non seulement la question du «comment» des interventions en milieu urbain, mais aussi du «pourquoi» de l attention sans relâche portée au développement urbain. Le défi immense imposé par la croissance urbaine accélérée exige des réponses audacieuses dans un contexte où un grand nombre d acteurs se concentrent sur un large éventail de priorités parfois contradictoires. Le rôle de la coopération au développement internationale et des différentes agences de développement dans la promotion d un développement urbain durable devrait être examiné en détail. CTB-8

Discours Pour les agences de développement comme la CTB, un des défis majeurs est de comprendre les spécificités des contextes urbains et d adapter leurs activités opérationnelles de manière adéquate. Même pour un donateur aussi modeste que la Belgique, les projets de petite envergure peuvent et doivent constituer un levier permettant d obtenir des résultats importants en milieu urbain. Même si la pauvreté est le problème, l argent n est pas nécessairement la solution. Nous devrions susciter un glissement de projets mis en œuvre dans des environnements urbains vers des projets qui contribuent réellement à un développement urbain durable, tout en gardant à l esprit les principes de la Déclaration de Paris. Pour la pratique du développement et ses praticiens, cela implique un glissement d objectifs plutôt pratiques à des objectifs qui intègrent des questions tant pratiques que stratégiques. Avant de vous présenter notre Ministre de la Coopération au développement, Madame Sabine Laruelle, je me permets de vous souhaiter, au nom de la CTB, une discussion fructueuse et enrichissante. Nous espérons que ce séminaire pourra contribuer de manière utile à la compréhension du concept d implantation urbaine et des défis à relever pour un développement urbain durable. CTB-9

DISCOURS D OUVERTURE Sabine Laruelle, Ministre belge de la coopération au développement Mesdames, Messieurs, Chers amis, Je tiens à vous remercier pour l intérêt que vous manifestez pour ce séminaire international organisé par la Coopération Technique Belge et qui réunira pendant deux jours des experts de terrain, des universitaires, des groupes de réflexion et des autorités autour d un thème important : «Le facteur urbain - Défis à relever pour soutenir le développement urbain durable». «Avant le milieu du XXIe siècle ( ), la ville sera le principal lieu de vie de l essentiel de l humanité, écrit Jacques Attali dans «Une brève histoire de l avenir». Et il poursuit : «Des centaines de villes seront plus peuplées qu une centaine de pays d aujourd hui. Alors que plus des deux tiers des humains y vivront, des sommes gigantesques devront être consacrées à leur infrastructure. La ville sera le cadre des plus importants investissements collectifs et le premier collecteur d impôts. C est là que se concentrera l essentiel de l action politique à venir.» Même s il s agit d une œuvre de fiction, ces prévisions trouvent écho dans l évolution des dernières décennies qui ont vu les zones urbaines connaître un développement sans précédent. À l heure actuelle, quelque 3 milliards 300 millions de personnes vivent dans des villes ou des habitats urbains, c est déjà plus de 50% de la population mondiale! Cette tendance n est pas près de s arrêter, tout particulièrement dans les pays pauvres : d après les estimations des Nations unies, les villes compteront 5 milliards d habitants en 2030. Et plus de 90% de cette croissance devrait se concentrer dans les villes des pays en développement, surtout dans les cités de petite et moyenne taille. Ce développement aura un impact non seulement sur ces villes, mais aussi sur le monde dans son ensemble, suite à l accentuation des inégalités sociales et des pressions de plus en plus fortes sur l environnement. Il importe donc d agir! Le lien entre les zones rurales et urbaines est extrêmement complexe et interdépendant. Ainsi, les zones urbaines abritent de plus en plus de personnes issues des populations rurales et en quête de meilleures conditions de vie ou de travail, alors que la sécurité alimentaire dans les villes est largement tributaire de la production agricole rurale. Il n est dès lors pas étonnant que ce soit dans les villes que les concentrations de pauvreté soient les plus élevées : on estime que plus d un tiers des habitants des villes, soit plus d un milliard d individus, vivent, ou plutôt survivent, sans logement convenable ou accès aux services de base, dans des conditions précaires menaçant leur existence. Je suis donc convaincue de l importance du travail que vous allez accomplir durant ces deux journées de séminaire, au cours desquelles vous examinerez les phénomènes et les dynamiques du développement urbain dans toute sa complexité. Car cette question n est pas anecdotique : le développement urbain durable est l un des défis majeurs de notre époque. La Coopération belge s intéresse depuis de nombreuses années à la problématique du développement urbain. Des experts de la Coopération belge ont participé activement aux Conférences des Nations unies sur l Habitat, à Vancouver en 1976, Istanbul en 1996, New York en 2001, et Vancouver à nouveau en 2006. CTB-10

Discours La Belgique soutient depuis plus de 25 ans le Programme des Nations unies pour les Établissements humains, devenu ONU-HABITAT. Ce soutien régulier a fait de la Coopération belge l un des plus importants contributeurs de cette institution qui a pour but d améliorer les conditions de vie et d habitation des personnes précarisées dans les pays en développement. Ce partenariat nous a notamment permis d accorder, à travers le programme «Housing in development», une attention particulière au renforcement de la capacité des professionnels, des décideurs et des travailleurs de plus de trente pays d Afrique et d Asie pour améliorer les programmes de logement et augmenter l usage de technologies appropriées aux spécificités locales. Depuis 1995, la Coopération belge est l un des principaux contributeurs du programme multilatéral «Localising Agenda 21 : Action Planning for Sustainable Urban Development». Ce programme, implanté dans plusieurs villes du Viêt Nam, du Kenya, du Maroc et de Cuba, se focalise délibérément sur des cités de taille moyenne et encourage la solution de problèmes quotidiens pour les habitants, tels l amélioration du logement, l accès à l eau potable et aux sanitaires, et l amélioration de l environnement dans les villes. Il a aussi pour objectifs de renforcer la capacité à développer des visions à long terme et de stimuler le dialogue et la participation de tous les acteurs urbains dans leur rôle de partenaires réels du développement durable. En ce qui concerne la coopération indirecte, la Belgique soutient de nombreux programmes initiés par les universités et par les organisations non gouvernementales dans le domaine du développement urbain, notamment le projet «Housing for the Poor» mené par l ONG Selavip dans 16 pays en développement, ou les projets menés par les ONG Habitat et Développement, Coopibo, au Rwanda et en Tanzanie, ou Protos, en Haïti. Je tiens également à citer les actions menées par plusieurs de nos villes et communes, comme le soutien apporté par la ville de Bruxelles à la ville de Kinshasa, ou celui de Liège envers Lubumbashi, en République démocratique du Congo. Notre coopération bilatérale directe s est quant à elle investie dans un important projet à Ho Chi Minh Ville au Viêt Nam, qui a pris fin en 2006 ; elle développe aujourd hui des projets multisectoriels à Kampala en Ouganda. Les programmes d urgence initiés par la Belgique au Burundi et en République démocratique du Congo comportent de nombreux volets concernant les villes et l amélioration des conditions de vie de leurs habitants, notamment des projets d adduction d eau, d assainissement des égouts, de lutte contre l érosion et de réfection de routes dans plusieurs cités congolaises. Mesdames et Messieurs, Je n énumérerai pas toutes les actions de la Coopération belge ayant des implications urbaines. Je voudrais aussi insister sur l importance du secteur privé dans le développement urbain, et je pense notamment aux classes moyennes particulièrement actives dans toutes les villes du monde, aux artisans, aux commerçants et aux travailleurs qui assurent le dynamisme et la croissance de toutes les cités. Le secteur privé peut et doit jouer son rôle en matière de développement urbain, en partenariat avec les autorités publiques qui peuvent favoriser la mobilisation des fonds nécessaires à l investissement, garantir un climat politique et juridique favorable à celui-ci, et améliorer les services de base à la population. Pour les pays pauvres, le développement urbain est non seulement synonyme de nécessité d investissements, mais aussi d organisation et de gestion appropriées. Le développement urbain est un processus complexe qui se focalise sur des aspects socio-économiques, politiques et environnementaux, mais aussi sur des questions d occupation structurée de l espace urbain. CTB-11

Cela requiert des interactions entre différentes parties prenantes, aux intérêts distincts, en ce compris les autorités, le secteur privé et les citoyens eux-mêmes. Cette attention aux populations locales est capitale pour nous car nous voulons que notre coopération au développement incite à placer l humain au cœur des préoccupations, fussent-elles géopolitiques. L attention apportée au développement urbain dans sa globalité est jusqu à présent restée limitée au sein de la coopération malgré les implications urbaines de nombreux projets. Mais l adoption par la Communauté internationale des Objectifs du Millénaire pour le Développement a déjà infléchi cette approche et induit une réflexion plus spécifique sur la lutte contre la pauvreté en milieu urbain. L Objectif n 7, relatif à l environnement durable, intègre explicitement l amélioration des conditions de vie des habitants des taudis (bidonvilles), qui n ont ni source sûre d eau potable, ni sanitaires. Ce séminaire a pour objectif de se pencher et de réfléchir sur les rôles joués par les différents acteurs dans le développement durable, tout en prenant en considération les bonnes pratiques internationales. Quel rôle la coopération internationale devrait-elle jouer dans la promotion du développement urbain durable? De quelle manière les agences de développement peuvent-elles améliorer leurs activités opérationnelles dans les contextes urbains en vue de susciter un glissement de «projets mis en œuvre dans des environnements urbains» vers de véritables «projets urbains» et d assurer un développement urbain durable? Quel rôle la coopération peut-elle jouer dans l avenir au vu de la complexité croissante de la problématique urbaine? L approche multisectorielle est une voie possible, tout comme des supports aux réformes institutionnelles visant à améliorer la bonne gouvernance. Forte de son expérience, la Belgique peut jouer un rôle de facilitateur dans la nécessaire coopération entre les bailleurs de fonds en faisant preuve d innovation, en s appuyant sur le travail en réseau et en investissant dans la formation. Mesdames et Messieurs, Pour continuer à contribuer efficacement au développement, il faudra adapter notre action à la réalité urbaine et aux besoins réels des populations des villes de la planète. J espère que les réflexions, les contacts, les échanges que vous aurez durant ces deux jours de séminaire participeront au renforcement de cette cohérence que nous devons impérativement développer pour répondre à ce défi majeur qu est le développement urbain harmonieux et durable. Je vous remercie de votre attention. CTB-12

Session 1 Développement urbain Point de la situation

LE DEVELOPPEMENT URBAIN DURABLE : CONTEXTE ACTUEL Déclaration de Madame Anna Tibaijuka, Sous-secrétaire générale des Nations unies, Directrice exécutive d ONU-HABITAT. Mohamed El Sioufi, ONU-HABITAT, Chef du Shelter Branch, Global Division. Madame le Ministre de la Coopération au développement, Monsieur le Directeur général, Monsieur le Président du Comité de direction de la CTB, Mesdames et Messieurs, Je suis heureux que la Coopération Technique Belge (CTB) ait consacré ce séminaire international annuel aux «défis à relever pour soutenir le développement urbain durable». Je vous félicite pour cet intérêt opportun, car 2007 est une année très particulière, une année qui marque un tournant dans l histoire de l homme. Pour la première fois, la moitié de l humanité vit en ville. Nous sommes à l amorce d une nouvelle ère urbaine. Et cette nouvelle ère s accompagne d un nouveau défi, le défi de l urbanisation durable. L ampleur et le rythme de l urbanisation : pourquoi nous devrions être inquiets Il est évident aujourd hui que certains des plus grands défis qui attendent l humanité dans ce nouveau millénaire sont l urbanisation rapide et chaotique et l intensification de la pauvreté urbaine. Depuis 1950, l humanité a connu son expansion la plus rapide, passant de 2,5 milliards à 6 milliards d êtres humains. 60% de cette hausse ont touché des zones urbaines, en particulier dans le monde en développement, où la population urbaine a plus que sextuplé en 50 ans à peine. L augmentation quasi-totale de la population qui est prévue entre 2001 et 2030, soit environ 2 milliards de personnes, se déroulera dans les zones urbaines. Près de la moitié de l augmentation, soit 1 milliard de personnes, sera concentrée dans des bidonvilles urbains. Ajoutons ce chiffre au milliard d habitants de bidonvilles déjà existants et nous pouvons constater clairement que le succès de la lutte pour le respect des Objectifs du Millénaire pour le développement se jouera dans les grandes villes. Les principaux défis à relever seront concentrés en Asie et en Afrique subsaharienne, en particulier dans les pays les moins avancés, où quelque 78% de la population urbaine vivent dans des bidonvilles. En termes de pourcentage, la proportion de la population urbaine mondiale passera de 50% de la population mondiale totale en 2007 à environ 60% en 2030. Chaque année, la population urbaine mondiale augmentera d environ 70 millions de personnes, soit l équivalent de sept nouvelles mégapoles de 10 millions d habitants chacune. L impact de cette hausse sera avant tout perceptible dans le monde en développement, en particulier en Asie du Sud et du Sud-Est et en Afrique subsaharienne. Qu implique cette expansion rapide de la population urbaine? La combinaison de l augmentation prévue de la population urbaine et de la population actuelle des bidonvilles, proche d un milliard de personnes, signifie que quelque 2,8 milliards de personnes auront besoin d un logement et de services urbains d ici 2030. L exactitude de ce chiffre n a pas beaucoup d importance. L essentiel est son ordre de grandeur. Près de 3 milliards de personnes, soit environ 40% de la population mondiale, auront besoin d un logement et d infrastructures et services urbains de base d ici 2030. Le besoin de logement dans cette période concernera environ 565 millions d unités de logement. Cela représente 22,6 millions d unités de logement par an ou la construction de 61 918 unités de logement par jour ou de 2 580 unités par heure. CTB-14

Session 1: Développement urbain: Point de la situation La pauvreté urbaine et le défi des bidonvilles Nos recherches révèlent une augmentation de la population des bidonvilles de l ordre de 100 000 personnes par jour. La plupart des habitants de bidonvilles n ont pas accès à un logement correct ni à une source sûre d eau potable et de sanitaires. Ils vivent dans des conditions de surpeuplement, souvent dans des endroits marginaux et dangereux. Ils sont entourés de déchets bruts qui affectent leur santé et celle de leurs enfants. Pourquoi sommes-nous arrivés à cette situation? Que cachent ces tendances alarmantes? Nous nous posons cette question depuis la conférence Habitat II de 1996. Nos recherches continues montrent la présence de plusieurs facteurs. Premièrement, le discours du développement durable s est peu intéressé, au fil des ans, à l urbanisation et au développement urbain. Beaucoup continuent de croire que les efforts consacrés au développement rural auront un impact sur les migrations. Peu importe de savoir si la réussite sera au rendez-vous ou pas. Nous avons atteint le stade où la croissance urbaine résulte majoritairement de l augmentation naturelle de la population urbaine existante et plus d une migration. Deuxièmement, la source principale de croissance économique des pays en développement se trouve de plus en plus dans les villes. Dans de nombreux pays, l industrie et les services forment une part toujours croissante du revenu national par rapport à l agriculture. En Asie, les zones urbaines représentent généralement 30 à 40% de la population et environ 60% du PNB. La plupart des emplois sont créés dans le secteur informel de l économie - environ 7 nouveaux emplois sur 10 en Afrique subsaharienne. La croyance populaire selon laquelle l économie informelle finira par être absorbée par l économie formelle ne se produit pas. Une troisième raison est liée à l idée déjà ancienne que les pauvres urbains vivent mieux que les pauvres ruraux puisqu ils ont accès à des services et infrastructures de base, vu la proximité de ceux-ci. Le rapport 2006-2007 sur l État des villes dans le monde, publié par ONU-HABITAT, démystifie pour la première fois cette présomption majeure. Ce rapport démontre que les habitants de bidonvilles risquent davantage de mourir jeunes, de souffrir de malnutrition et de maladies, d être moins éduqués et de bénéficier de moins de possibilités d emploi que le reste de la population. La mortalité infantile et juvénile est directement liée aux conditions de vie dans les bidonvilles et pas aux revenus. Ces conditions sont le surpeuplement, le manque de sécurité, la contamination de la nouriture et le manque d accès à l eau potable, aux sanitaires et l évacuation des ordures. Bref, les habitants de bidonvilles souffrent d un double danger : ils vivent dans des conditions périlleuses et leur situation désespérée constitue le point faible de l action des pouvoirs publics et de l aide au développement internationale. La pauvreté urbaine et la sécurité d occupation Mais la vie dans les bidonvilles revêt une autre dimension qui est peut-être encore plus pernicieuse et qui contribue incontestablement à l engrenage de la pauvreté. Je me réfère ici au problème de l absence de sécurité d occupation et au fait de vivre sous la menace constante de l expulsion. Les bidonvilles sont tolérés tant qu ils offrent à l économie une réserve de main-d œuvre bon marché à proximité de là où elle est nécessaire. Quand la valeur des terrains occupés excède celle de la main-d œuvre bon marché, les habitants de bidonvilles sont inéluctablement expulsés. En tant qu agence des Nations unies chargée de la promotion des droits au logement, nous avons peu d arguments à avancer contre les lois du marché. Cependant, l absence de procédure régulière et de compensation, sous forme de solutions de logement de remplacement ou de compensation financière, voire des deux, est tout bonnement inacceptable. Les expulsions irrégulières par la force touchent plus de 2 millions de personnes chaque année. CTB-15

Les grandes villes et le changement climatique La semaine dernière, dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique de Bali, j ai soutenu que l urbanisation modifiait irréversiblement nos schémas de production et de consommation. Aujourd hui, selon nos évaluations, 75% de la consommation d énergie mondiale ont lieu dans les grandes villes et 80% des émissions de gaz à effet de serre à l origine du réchauffement de la planète proviennent des zones urbaines. Le réchauffement de la planète aggrave les problèmes environnementaux, sociaux et économiques existants et engendre de nouveaux défis. Toutefois, il est vital de reconnaître que les grandes villes et les citadins ne sont pas seulement les victimes du changement climatique, mais font également partie du problème. Cela implique qu ils doivent aussi faire partie de toute solution durable. Vu ce qui précède, le lien entre le changement climatique et le problème de la pénurie d eau ne peut pas être appréhendé correctement si l on omet de considérer le programme d urbanisation et le développement des bidonvilles. La mission de l ONU Aujourd hui, l urbanisation est enfin prise au sérieux. En 1996, lors de la Conférence Habitat II d Istanbul, 171 pays ont ratifié le Programme pour l habitat, un guide complet sur le développement urbain inclusif et participatif. En 2000, les dirigeants mondiaux se sont engagés en faveur des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Les cibles 10 et 11 relatives à l eau et à l assainissement ainsi qu à l aménagement des bidonvilles, dans le cadre de l objectif 7 visant à assurer un environnement durable, ont une forte connotation urbaine. En 2001, l Assemblée générale a adopté une résolution faisant passer ONU-HABITAT du stade de centre à celui de programme des Nations unies à part entière et a invité ONU-HABITAT à mettre sur pied le Forum urbain mondial comme un groupe de réflexion sur les questions urbaines. L experience d ONU-HABITAT dans l appréhension des défis urbains Je souhaiterais vous faire partager certaines des expériences que nous avons accumulées au cours des 15 dernières années en relevant des défis urbains par l intégration de contributions normatives et opérationnelles aux programmes et projets. Ces réussites sont le résultat de partenariats entre ONU-HABITAT et une multitude de donateurs et d agences d exécution : => Programme «Rapid Urban Sector Profiling for Sustainability» (RUSPS) Vous n êtes pas sans savoir que les problèmes urbains sont très complexes et devraient être envisagés dans une perspective intégrée plutôt que via des approches sectorielles à portée limitée. ONU-HABITAT a élaboré le programme «Rapid Urban Sector Profiling for Sustainability» dans le but de soutenir la définition, à l échelle locale et nationale, de politiques de réduction de la pauvreté urbaine contribuant à la mise en œuvre des OMD. L approche s appuie sur les termes de référence standard de l étude sur le profil du secteur urbain qui ont été définis par l UE et exploités par ONU-HABITAT, sur la base de l expérience acquise avec les programmes «Agendas 21 locaux», «Cités viables», etc. Le RUSPS est une évaluation concrète rapide des besoins urbains prioritaires, des lacunes en matière de renforcement des capacités et des réponses institutionnelles existantes à l échelon local et national. Les thèmes analysés sont notamment : la gouvernance locale, les établissements humains et les bidonvilles, les terres et la sécurité d occupation, le genre, le développement économique local, les services de base et l environnement urbain. CTB-16

Session 1: Développement urbain: Point de la situation Ces profils ont été mis en œuvre dans plus de 20 pays entre 2004 et 2007. Les activités de suivi comprennent notamment un programme de planification stratégique de 50 villes moyennes d Égypte, des programmes de réhabilitation en Somalie et en Afghanistan ainsi que des activités de planification et de budgétisation participatives au Sénégal, en République démocratique du Congo et au Mozambique. Nous envisageons actuellement la conclusion d un accord avec le secrétariat ACP/CE en vue, d une part, d assurer le suivi d un programme participatif d assainissement des bidonvilles dans 12 pays africains et, d autre part, d établir des profils rapides dans 18 pays supplémentaires. Ce programme a été principalement financé par les pouvoirs publics italiens et la CE. => Programmes «Agendas 21 locaux» et «Cités viables» Au cours des quinze dernières années, les programmes «Agendas 21 locaux» et «Cités viables», financés par la Belgique et les Pays-Bas, ont aidé les autorités locales à identifier et résoudre des problèmes d environnement clés. Les programmes se concentrent sur le développement durable de villes secondaires, en les aidant à identifier des secteurs d intervention stratégiques, à mobiliser des acteurs et des ressources locaux, à mettre sur pied des partenariats et à entreprendre des actions concrètes. Les programmes appuient aussi un réseau d institutions nationales et régionales qui apportent une assistance technique dans le domaine de l aménagement urbain et aident à transposer les enseignements tirés dans des cadres juridiques spécifiques aux pays. Les deux programmes ont soutenu plus de 60 villes en Afrique, dans les États arabes, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Dans ces villes, des résultats concrets ont été obtenus dans des domaines thématiques allant de l assainissement et de la gestion des déchets solides à la mobilité urbaine, en passant par le patrimoine naturel et culturel, les fleuves et lacs urbains, les infrastructures de front de mer, la pollution atmosphérique et l accès aux services urbains. L expérience acquise avec ces programmes représente le fondement sur lequel ONU-HABITAT a bâti sa stratégie en vue d aider les grandes villes du monde en développement à relever le nouveau défi du changement climatique. À cet égard, nous sommes actuellement en train de mettre sur pied un réseau de développement urbain durable (Sustainable Urban Development Network SUD-Net) qui se concentrera dans un premier temps sur les grandes villes et le changement climatique. Via ce réseau, nous espérons créer des partenariats entre des autorités locales et des instituts d enseignement supérieur. Cela contribuerait à renforcer les capacités qui font tant défaut et sont requises pour intégrer les préoccupations relatives au changement climatique dans les processus de planification et de budgétisation des autorités locales. => Programme de développement urbain en Somalie (Somalia Urban Development Programme SUDP) Le SUDP est un programme parapluie qui coordonne les interventions dans le secteur urbain, dans la région somalienne. Le programme a été défini sur la base des besoins évalués et des priorités identifiées dans le profil de secteur urbain susmentionné et il a été testé sur le terrain en 2002. Sur un financement provenant essentiellement de la CE, ONU-HABITAT a conduit un consortium formé de 4 agences des Nations unies et de 2 ONG internationales. Les partenaires sont aujourd hui au nombre de 15. L objectif de ce programme complet est d intégrer trois volets principaux à l échelle locale : (1) la gouvernance, notamment des réformes légales et institutionnelles, un renforcement de la gouvernance municipale et de la participation de la société civile aux activités de planification ; (2) la gestion urbaine, notamment la planification stratégique, la maîtrise du développement, la gestion des valeurs foncières, le règlement des litiges et la restitution, les finances municipales, la fourniture des services de base et le développement économique local ; et (3) la mise en œuvre de projets locaux. Les projets du SUDP sont mis en œuvre dans les grands centres urbains de la région somalienne. CTB-17

=> Réseau global d outils fonciers (Global Land Tool Network GLTN) Le GLTN, un réseau de réseaux globaux, se concentre sur la définition, à l échelle nationale et mondiale, des outils fonciers à grande échelle requis pour la défense des plus pauvres et de l égalité des sexes. Ces outils permettront et aideront à atteindre l Objectif 7, Cible 11, des OMD. Les objectifs sont : (1) améliorer la connaissance globale, la prise de conscience et les outils en vue de favoriser une gestion foncière en faveur des plus pauvres et de l égalité des sexes et (2) renforcer, le cas échéant, les capacités dans certains pays afin de mettre en œuvre des outils en faveur des plus pauvres et de l égalité des sexes dans le but d améliorer la sécurité d occupation des populations pauvres. La Suède et la Norvège sont les principaux donateurs financiers du système de «Basket Fund» évolutif. Les autres partenaires sont notamment des organismes multilatéraux, la société civile et des instituts de formation. Le GLTN se concentre sur cinq thèmes qui permettront de surmonter les entraves existantes à l aménagement foncier en faveur des plus pauvres : droits et registres fonciers, aménagement foncier, gestion foncière, droit foncier et valeur foncière. 18 outils ont été identifiés dans ces thèmes. Harmonisation, alignement et coordination du secteur foncier en vue de la réduction de la pauvreté au Kenya En accord avec le nouveau programme sur l efficacité de l aide au développement, le groupe des partenaires de développement sur le secteur foncier (Development Partners Group on Land DPGL) entend fournir et gérer l aide apportée au secteur foncier kenyan en vue de répondre aux principes d harmonisation, d alignement et de coordination (HAC). Ce groupe met l accent sur : le renforcement de la capacité des pouvoirs publics à élaborer et mettre en œuvre des politiques et des programmes fonciers ; l alignement de l aide des donateurs sur les priorités des pouvoirs publics ; l élimination des doubles emplois et des chevauchements dans les initiatives d aide. Le DPGL, formé en 2003, a soutenu le Ministère de l Aménagement foncier par l entremise du Programme d aide à la réforme foncière (Land Reform Support Programme LRSP), qui impliquait le soutien de l élaboration d une politique foncière, la mise en œuvre de cette politique, la transformation des institutions, la définition de Systèmes de gestion des informations foncières (Land Information Management Systems LIMS) en faveur des plus pauvres, la mise en œuvre de recommandations sur l attribution illégale de terres publiques et la définition de Directives concernant l expulsion par la force (Forced Eviction Guidelines) au Kenya. Les partenaires du développement soutenant le «Basket Fund» sont Sida, DFID, DCI (aide irlandaise) et USAID. => Partenariats urbains pour la réduction de la pauvreté (Urban Partnerships for Poverty Reduction UPPR) Depuis 2000, le gouvernement du Bangladesh, le PNUD et ONU-HABITAT soutiennent un projet de partenariats locaux pour la réduction de la pauvreté urbaine (Local Partnerships for Urban Poverty Alleviation Project LPUPAP). Ce projet a démontré la réussite d une approche communautaire du partenariat en vue de réduire la pauvreté urbaine au bénéfice d environ 300 000 personnes pauvres. L UPPR profitera des expériences positives de ce projet et des enseignements tirés de son analyse et de l évaluation de son incidence sur la pauvreté. DFID alloue environ 120 millions de dollars US sur une période de 7 ans (2007-2014) pour améliorer les moyens de subsistance et les conditions de vie de 3 millions de citadins pauvres et extrêmement pauvres au Bangladesh. Le projet (UPPR) encouragera les partenariats avec des communautés pauvres urbaines, des autorités locales, la société civile et le secteur privé. L objectif est la réduction de la pauvreté urbaine au Bangladesh par l amélioration des moyens de subsistance et des conditions de vie de 3 millions de citadins pauvres et extrêmement pauvres, en particulier des femmes et des filles (3 % de la cible 11 des OMD). Les résultats comprennent notamment : une amélioration des cadres de vie, une amélioration des conditions économiques et un environnement de politique urbaine en faveur des populations pauvres. CTB-18

Session 1: Développement urbain: Point de la situation Plan stratégique et institutionnel à moyen terme d ONU-HABITAT - la voie à suivre Afin d extrapoler ces expériences et de relever les défis de l Urbanisation durable, nous avons amorcé un processus d élaboration de notre plan stratégique et institutionnel à moyen terme (Medium Term Strategic and Institutional Plan MTSIP) pour la période 2008-2013. La Vision du MTSIP est d instaurer «une urbanisation durable par le biais du Programme pour l habitat : un logement adéquat pour tous et un développement durable des établissements humains». Notre mission est de «contribuer à réunir, d ici 2013, les conditions nécessaires pour permettre à des efforts internationaux et nationaux concertés de mettre en place une urbanisation plus durable, notamment par des actions visant à endiguer le développement des bidonvilles et à préparer le terrain en vue d une réduction ultérieure du nombre d habitants de bidonvilles et d une inversion de la tendance à travers le monde.» Cinq domaines cibles se renforçant mutuellement ont été identifiés comme une approche intégrée de la mise en œuvre d une urbanisation plus durable : advocacy, suivi et partenariats efficaces ; la promotion de méthodes participatives dans le domaine de l aménagement urbain et de la gouvernance urbaine ; la promotion de la gestion foncière et du logement en faveur des populations pauvres ; des infrastructures et des services urbains de base respectueux de l environnement ; le renforcement des systèmes de financement des établissements humains. Nous vous invitons à vous joindre à nous et à nos partenaires du monde entier afin d appréhender les problèmes urbains dans l esprit de notre plan stratégique et institutionnel à moyen terme (MTSIP). Nous nous réjouissons notamment d aborder, dans les prochains mois, de nouveaux domaines de collaboration possibles avec la Coopération belge au Développement qui apporte, via divers programmes, un soutien constant à ONU-HABITAT depuis 1979. 4e session du Forum urbain mondial Avec plus de 10 000 délégués, la troisième session du Forum urbain mondial, qui s est tenue à Vancouver en 2006, a démontré un intérêt croissant pour l avenir des établissements humains. Ministres et maires, industriels et habitants de bidonvilles ont tous reconnu la nécessité de joindre leurs efforts pour surmonter la crise urbaine. Le gouvernement chinois accueillera la 4e session du Forum urbain mondial dans la ville de Nankin, du 13 au 17 octobre 2008. Le thème sera «l Urbanisation harmonieuse» et se concentrera sur : l harmonie sociale, économique, environnementale, spatiale, historique et générationnelle. J espère que les États membres et tous les partenaires du Programme pour l habitat se prépareront correctement au Forum urbain mondial et profiteront de l occasion pour présenter leurs meilleures pratiques afin que nous continuions d apprendre les uns des autres dans la mise en œuvre du Programme pour l habitat dans ce monde urbanisé et mondialisé. CTB-19