Ernest Burnelle (1908 1968)

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Transcription:

Ernest Burnelle (1908 1968) PIRLOT, Jules 2012, 6 pages Article disponible en ligne à l adresse : < http://www.carcob.eu/img/pdf/biographie_ernest_burnelle.pdf > Pour citer cet article : Référencement : PIRLOT, Jules, Ernest Burnelle (1908 1968), Bruxelles, CArCoB, 2012, [en ligne], < http://www.carcob.eu/img/pdf/biographie_ernest_burnelle.pdf >, (date de consultation).

BURNELLE Ernest 1908 1968 Député de Liège 1946 1949 et 1965 1968 Président du PCB KPB de 1961 à sa mort Ernest, Louis Burnelle est né à Liège le 12 juillet 1908. Sa mère Hélène Vincent native de Paris, est une femme de gauche. Son père Arthur Burnelle, né à Fexhe-Slins dans la région liégeoise est un ouvrier armurier travaillant à son domicile. Il est de tendance anarchiste mais il évoluera vers le socialisme puis le communisme. Il affronte les «forces de l ordre» lors d une manifestation pour le suffrage universel en 1911. Ernest Burnelle grandit sur les hauteurs de Liège, dans le quartier Saint-Gilles, aux confins de Saint-Nicolas, parmi les enfants de mineurs et d armuriers. Il reçoit une éducation athée. Diplômé instituteur par l École normale Jonfosse de la Ville de Liège à 19 ans, il poursuit avec succès un régendat scientifique à l École normale de l état de Nivelles. En autodidacte, il approfondit ses connaissances en mathématiques, étudie l allemand, l anglais, l italien et le néerlandais. Il s'intéresse au russe. En 1930, à l issue de son service militaire comme sous-officier d artillerie, il devient instituteur puis professeur de mathématiques à l Institut Jonfosse (école moyenne). Adepte d une pédagogie et d une politique progressiste, il participe aux formations de l Internationale des travailleurs liégeois, influencé par Théo Dejace, il se lance dans le syndicalisme et devient en 1937 président de la régionale liégeoise de la Centre du personnel enseignant socialiste, organisation syndicale affiliée au POB. Il devient secrétaire du Comité d action du personnel enseignant liégeois et du Front commun syndical rassemblant divers syndicats sectoriels. L époque est au rapprochement des socialistes et des communistes. Les jeunes enseignants de gauche comme Burnelle et Dejace appuient la Jeune garde socialiste unifiée (JGSU), le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) et le Rassemblement universel pour la Paix (RUP). Depuis le début des années trente, Ernest Burnelle est un admirateur de l URSS et de Julien Lahaut. En 1938, il adhère secrètement au PCB. En 1939, lors de la guerre de Finlande, il entraîne son organisation syndicale régionale à désavouer l orientation antisoviétique du POB. Il est mobilisé dès septembre 1939 et cantonné à Beez près de Namur. Le 10 mai son unité bat en retraite vers Narbonne, est rattrapée sur la Marne et capturée par l armée allemande. Considérée comme flamande elle est libérée à sa rentrée en Belgique sur le territoire de Beauraing. Ernest Burnelle revient chez lui et reprend son travail d enseignant. Il milite dans la structure clandestine du PCB. En mars 1941, il reçoit la mission de publier Liberté, organe de la fédération liégeoise. Il fait partie, sous le pseudonyme de Louis, de la direction du Front wallon pour l indépendance du pays, prototype liégeois du Front de l Indépendance (FI) et devient pour un temps rédacteur en chef de La Meuse, organe du FI. Il doit passer à la 2

clandestinité. Faute de lui mettre la main dessus, les Allemands arrête son père. Commence alors pour Ernest Burnelle une vie de déplacements continuels qui se poursuit d ailleurs après la Libération. Cadre communiste, résistant armé, on le retrouve en juillet 1942, comme responsable de l agitation et de la propagande au Borinage. En octobre 1943, il est transféré comme secrétaire politique à Charleroi. En octobre 1944, il devient responsable national de la propagande puis en février 1945, rédacteur en chef du Drapeau rouge. Il ne répond pas à l invitation de la Ville de Liège à reprendre son poste à l école choisissant ainsi de poursuivre sa carrière politique. Il est élu député de Liège et conseiller communal en 1946. Au parlement il utilise son expérience d enseignant pour intervenir sur le budget de l instruction. La même année il entre au Comité central et devient secrétaire politique de sa fédération. Dès cette époque, son esprit critique déplait à la direction nationale. Il est appelé à Bruxelles, en mai 1947, comme secrétaire national à la propagande puis rétrogradé à Liège comme secrétaire d organisation en mai 1948. Il redevient rédacteur en chef du Drapeau rouge en août 1949 et il est renvoyé en 1950 comme secrétaire politique à Liège. Une note de la commission de contrôle s interroge d ailleurs sur les causes de cette instabilité et souligne qu en 1949n il s était désolidarisé de la direction du PCB, estimant que la collaboration entre le Bureau politique et le Comité central était infructueuse. En 1950, lors d une conversation privée, qui fut rapportée, il avait déclaré qu au parti «on ne peut pas dire ce qu on pense». En 1949, il n est pas réélu député. Il avait démissionné de son mandat communal et ne jouera plus de rôle politique au niveau local. Après l assassinat de Julien Lahaut, il apparaît avec René Beelen, comme le principal dirigeant de la fédération liégeoise. Celle-ci a entreprit une critique de la ligne du PCB jugée sectaire et coupée des masses. En 1952, après la défaite électorale communale de l automne, il devient le porte-parole d une opposition intérieure. Il est invité au Bureau politique à partir du premier décembre. La session du Comité central de mai 1954 qui se tient après un nouvel échec aux élections législatives, est décisive. La ligne défendue par le Bureau politique est remise en cause. Ernest Burnelle est élu officiellement au Bureau politique avec quelques amis et entre au Secrétariat. C est son équipe qui va préparer le XI e Congrès qui marque un tournant dans l histoire du PCB. Edgar Lalmand, secrétaire général présente le rapport du Comité central sortant, au XI e Congrès du PCB, tenu à Vilvorde du 9 au 12 décembre 1954. C est un rapport autocritique rédigé dans la ligne impulsée par Ernest Burnelle. Ce dernier, élu secrétaire prononce le discours de clôture. Il apparaît bien comme le véritable numéro un du PCB. Ce n est qu en 1961 qu il recevra le titre de président. Ce titre de caractère honorifique à l époque où Julien Lahaut l avait porté prend alors un caractère bien plus opérationnel. La période Burnelle est caractérisée par une critique du sectarisme et des fautes du passé comme la substitution à l objectif d abdication de Léopold III du mot d ordre «vive la république!» qu il avait pourtant assumé comme rédacteur en chef du Drapeau rouge en 1950, ou encore, comme l obstination à refuser le compromis du service militaire de 18 mois après le succès du mouvement contre les 24 mois. La nouvelle ligne vise le contact avec les masses. Elle renoue avec les orientations de la période 1935 1939, l aspiration à l unité du mouvement ouvrier, l investissement des militants communistes dans la FGTB, le positionnement du PCB comme relais politique du mouvement syndical. C est au cours de 3

cette période que les concepts de dictature du prolétariat, de parti d avant-garde sont retirés des statuts. Le congrès de Vilvorde avait évité toute crispation sur la question de l URSS. Le XX e Congrès du PCUS vient ébranler bien des convictions et ne soulève pas l enthousiasme d Ernest Burnelle. Il approuve l intervention soviétique en Hongrie en 1956, au nom de la lutte contre les fascistes qui veulent reprendre le pouvoir de ce pays. Dans ses discours, Burnelle établit un parallèle avec l intervention franco-anglaise contre l Egypte la même année, pour dire à l Occident qu il n a pas de leçons à donner. Il apprécie finalement la politique de Khrouchtchev, la coexistence pacifique et la conception d'un passage au socialisme en Europe occidentale par la voie parlementaire et une succession de réformes. En 1964, le renversement de Khrouchtchev inquiète le PCB. En 1965, il sera confronté au cas «Willems», un militant envoyé en formation avant-guerre, disparu dans un goulag, réhabilité et intégré à la société soviétique mais dont le retour en Belgique pourrait être l occasion d une campagne antisoviétique, ce que Burnelle ne souhaite pas. Fin des années cinquante et début des années soixante, le PCB soutien le FLN algérien, le mouvement lumumbiste au Congo et la révolution cubaine avec une modération qui énerve parfois les jeunes communistes, plus pressés d agir. Le PCB s oppose bien entendu à la guerre menée par les américains au Vietnam. Il combat l appartenance de la Belgique à l OTAN et se méfie du processus de construction d une communauté européenne occidentale. Quand le parti communiste chinois développe sa critique à l égard du «révisionnisme soviétique», Burnelle apparaît comme solidaire de l URSS et pourfendeur de la politique maoïste. À l époque du «printemps de Prague», il évoque la nécessité de démocratiser le socialisme mais insiste sur la souhaitable unité du mouvement communiste international et sur l alliance nécessaire entre la Tchécoslovaquie et l URSS. Nul ne sait comment il aurait réagi à l intervention militaire survenue quelques jours après son décès. Sur le plan de la politique intérieure, les élections de 1958 montrent que la nouvelle ligne n a pas inversé la tendance. Il faut attendre celles de 1961 et surtout les communales de 1964 et les législatives de 1965 pour voir une embellie. Burnelle redevient député de Liège. Le PCB récolte les fruits de son rôle dans les grèves de 1960 1961 et d un autre ajustement de ligne. En effet, il renoue avec l objectif d une Belgique fédérale qui était le sien à la veille de la guerre et qui avait été abandonné au début des années cinquante. Ernest Burnelle n avait jamais oublié son engagement wallon, il partageait les vues de Lahaut sur l autonomie wallonne, il avait participé au Congrès national wallon tenu à Bruxelles en 1948. Il est parfaitement à l aise dans le Mouvement populaire wallon et impulse la participation des communistes à la pétition de masse pour un référendum d initiative populaire. Le PCB mène campagne pour le fédéralisme et les réformes de structures anticapitalistes, il est le porteparole de la gauche syndicale wallonne. Il aspire à une nouvelle Belgique fondées sur trois régions et non sur une séparation communautaire. Alors que le PCB progresse en électeurs et en nombre de membres, la scission du mouvement communiste international a des retombées en Belgique. Autour de Jacques Grippa, figure importante de la Résistance, un courant prochinois se constitue. Il critique le révisionnisme du PCB et son abandon du marxisme-léninisme. Les tensions internes deviennent vives et se termine par des exclusions au congrès de 1963. Burnelle ne pratique pas le compromis. Pour 4

lui, l appel à l unité du mouvement communiste international est une invitation à isole la Chine. La scission reste marginale mais gêne le PCB en cette période de redressement. La direction groupée autour de Burnelle subit ensuite la fronde de René Noël, autre résistant de grande stature qui s appuie sur la fédération du Borinage et critique un rapprochement trop complaisant à ses yeux avec la FGTB et le PSB. Il prépare à Cuesmes, une alliance avec des chrétiens progressistes, l expérience de l UDP est en marche. La vision d avenir d Ernest Burnelle reposait sur l espoir d une radicalisation de l Action commune socialiste, d une croissance parallèle du PSB et du PCB, d une consolidation du front commun syndical avec la CSC et du détachement des démocrates-chrétiens liés au MOC, de la droite du PSC. Pour le PCB, 1965 marque une apogée. Les années suivantes voient un reflux du nombre de membres, en 1966 le Drapeau rouge cesse sa parution quotidienne et devient un hebdomadaire. Burnelle s inquiète du manque d activités des cellules d entreprise, du manque d initiatives et d unité intérieure, des hésitations et de la démotivation des militants. Il faut dire que le PSB se redresse et que le Rassemblement wallon est devenu un concurrent sérieux. En 1966, René Beelen, vice-président du PCB et principal dirigeant liégeois décède laissant un vide que sa fédération ne peut combler. Ernest Brunelle est réélu député en mars 1968. En juin il est frappé par une hémorragie cérébrale, en plein discours, dans son quartier d origine, lors d un colloque des mouvements wallons. Il avait gardé un domicile à Liège et était affilié à une cellule locale, même s il résidait à Ixelles chez sa compagne Lucienne dite Lucette Bouffioux, avocate, veuve d un prisonnier politique, elle-même résistance, militante communiste depuis 1936. En raison de cet éloignement de sa cité, Burnelle n avait plus souhaité faire partie du conseil communal. Le 6 août, il décède sans être sorti du coma. La participation massive à ses funérailles montre son ancrage dans le mouvement ouvrier. Les discours de circonstance sont prononcés par l ambassadeur d URSS, un représentant du Parti communiste français, Frans Van den Branden au nom de l aile flamande du PCB et Marc Drumaux, vice-président et successeur d Ernest Burnelle à la tête du PCB. Tour à tour, ils ont salué la mémoire d un ami indéfectible de l URSS, d un Wallon qui comprenait les Flamands, de celui qui avait vaincu le sectarisme et le dogmatisme et luttait pour le socialisme et la démocratie. Au cimetière liégeois de Robermont, Rodolphe Gillet, au nom du Front de l indépendance rend hommage au résistant. 5

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : CArCoB, dossiers Burnelle, Bouffioux et Willems de la CCP. CArCoB, XI e Congrès du Parti Communiste de Belgique, Vilvorde, 9 12 décembre 1954. BURNELLE, Ernest, «Le problème des réformes et de la révolution en Belgique», in : La Nouvelle revue internationale, Prague, 1964, réédition dans les Cahiers marxistes, n 46, juin 1978. Ce que veulent les communistes, rapport au XIII e Congrès du PCB, Bruxelles, S.P.E., 1957. Courrier hebdomadaire du CRISP, 17 janvier 1964 et 3 décembre 1965. «Petites fleurs rouges de la grande grève, contribution à l histoire du PCB. 1960 1965», in : Cahiers marxistes, n 222, juin juillet 2002. DELFORGE, Paul, «Burnelle Ernest», in : Encyclopédie du mouvement wallon, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000. Le XIV e Congrès du Parti communiste de Belgique, Anvers, 1963. PIRLOT, Jules, «Burnelle Ernest», in : Dictionnaire biographique des militants du mouvement ouvrier en Belgique, tome 1, s.d., EVO. Solutions belges pour le progrès social, la paix et le socialisme, Bruxelles, S.P.E., 1956. 6