Discours de M. Gérard COLLOMB Sénateur-Maire de Lyon A l occasion du 20 e anniversaire de la disparition de Jean Couty et de la présentation du livre «Jean Couty», de Lydia Harambourg, aux éditions Cercle d Art Hôtel de Ville de Lyon Vendredi 28 octobre 2011 ** * 1
Chère Simone Couty, Cher Charles, Chère Myriam, Monsieur le Président des Amis de Jean Couty, Cher Edouard Couty, Mesdames et Messieurs les Députés, Monsieur le Directeur Régional des Affaires Culturelles Adjoint, Chère Lydia Harambourg, Monsieur le Directeur des Editions du Cercle d Art, Cher Philippe Monsel, Mesdames et Messieurs les membres du Corps consulaire, Mesdames et Messieurs les Elus, Mesdames et Messieurs, Chers Amis, Vous accueillir à l Hôtel de Ville pour la présentation de ce très beau livre de Lydia Harambourg aux éditions du Cercle d Art est pour moi à la fois un honneur et un immense plaisir. Voici vingt ans que Jean Couty nous a quittés et peut-être que jamais sa présence dans notre Cité n a été aussi forte qu aujourd hui. Ce matin, le jardin aquatique qui portera désormais son nom a été inauguré à la Confluence. Je veux vous redire ce soir ma fierté que le nom de Jean Couty soit attaché à ce site exceptionnel, dans l un des plus beaux paysages de Lyon, sur ces bords de Saône qui lui étaient si chers et qu il avait si bien représentés depuis sa maison de l île Barbe. 2
Jean Couty aimait Lyon, il aimait la ville et ses métamorphoses successives. Lui, passionné d architecture ; lui, ancien élève de Tony Garnier, avait mieux que personne représenté ses chantiers. Nous ne pouvions, je crois, lui rendre plus bel hommage que de graver son nom sur cet espace emblématique du Lyon du XXI e siècle. J ai rencontré Jean Couty dans les années 80, alors que j étais conseiller municipal du 9 e arrondissement. Chacun sait ici l affection que j avais pour l homme, pour sa famille. Et vous, Chère Simone, savez plus que toute autre le respect profond que m inspirait Jean. Evidemment, la beauté d une œuvre ne dépend pas de la bonté de l homme qui l a conçue. Mais pour moi, le grand peintre que fut Jean Couty est indissociable de l homme qu il était, de ses valeurs, de ses engagements. Chère Lydia Harambourg, Vous le rappelez dans le très beau texte que vous lui consacrez : son humanisme se lit dans sa peinture. Une certaine perception du monde, une certaine idée de l homme affleurent dans les correspondances qu il parvient à établir entre le visible et l invisible, la matière et l esprit, entre le profane et le sacré. 3
Pour s en convaincre, il suffit de contempler ses œuvres, de sa vision des églises romanes, qui portent toujours la marque de la main de l homme, au «Bénédicité», qui avait suscité l admiration de Picasso. Je veux, Chère Simone, Cher Charles, vous remercier très chaleureusement, vous qui nous offrez ce soir la chance de pouvoir contempler quatre grandes œuvres de jean Couty : «Le Pont Bonaparte avec Saint-Jean», qui vous a accueilli tout à l heure en haut des marches de l escalier d honneur, «Les Ouvriers au chantier», juste derrière moi au-dessus de l estrade, «Les Filles de joie», parce que tout était œuvre pour Jean Couty et puis, ce beau tableau de «L Ile Barbe», qu il avait réalisé tout spécialement pour vous, Chère Simone, en 1975. Comme toute son œuvre, ces quatre peintures illustrent bien cette continuité que Jean Couty parvenait à instaurer entre temporel et intemporel, entre sensualité et mysticisme. Entre ces deux pôles, le trait d union est toujours le même : c est l émotion, c'est-à-dire ce sans quoi, pour lui, l art ne pouvait exister. Jean Couty était un humaniste. Cette perception du monde, cette idée de l homme, visibles dans sa peinture, étaient en réalité la matière même de sa vie. Cela aussi, Chère Lydia Harambourg, vous le rappelez dans votre ouvrage. Aux heures sombres de l Occupation, il avait participé au premier mouvement chrétien de la Résistance, «Temps présent», assistant à des réunions à la Chronique sociale, rue du Plat, aux côtés d Emmanuel Mounier ou d Hubert Beuve-Méry. 4
Au sein de la revue fondée par Stanislas Fumet, «Les Temps Nouveaux», il avait réalisé le premier dessin de la résistance intellectuelle, avec, en exergue, ce vers de Verlaine : «L espoir luit comme un brin de paille dans l étable». Dans sa maison de l île Barbe, il avait accueilli journalistes et critiques d art devenus de grands Résistants comme Emmanuel d Astier de la Vigerie, fondateur du Mouvement Libération-Sud, Claude Aveline, membre du Réseau du Musée de l Homme ou encore Simone et Louis Martin-Chauffier, tous deux agents du Mouvement Libération. De cette époque, Jean Couty nous a laissé des œuvres marquantes, comme «Le Calvaire», représentant la rafle des Juifs en plein cœur de Lyon, ou quelques années plus tard, «Le partage du pain», mettant en scène le premier repas d un homme revenu de l enfer de la déportation. Cher Philippe Monsel, Je sais combien les valeurs de la Résistance qu avait défendues Jean Couty furent, dès sa création, celles de la prestigieuse maison d édition que vous dirigez. En fondant après-guerre les éditions du Cercle d Art, Picasso et son ami Charles Feld avaient en effet voulu honorer la mémoire du fondateur de la galerie «Le Cercle d art», Eugen Fried, assassiné par la Gestapo en 1943. La grandeur de cette aventure éditoriale du Cercle d Art, c est cette cohérence entre les idéaux que vous n avez cessé de promouvoir et les travaux que publiez. Pour cette monographie de Jean Couty, cette cohérence est frappante. Je veux ce soir remercier toutes celles et tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce très beau livre, qui place Jean Couty dans la lignée des grands noms de la peinture française. 5
Je veux également remercier l association des Amis de Jean Couty qui, aux côtés de Simone et de Charles, sont à l origine de ces cérémonies. Car ils réalisent depuis plus de dix ans et je me souviens d une belle exposition que nous avions eue à l Hôtel Dieu un travail exceptionnel pour diffuser et valoriser l œuvre de ce grand artiste. Au moment où nous commémorons ensemble les vingt ans de sa disparition, je pense évidemment à tous ceux qui, comme vous, avaient à cœur de faire connaître sa peinture. Je pense à notre ami, à votre ami Jean-Jacques Lerrant, qui nous a quittés au début de cette année 2011 et qui avait participé avec vous à la fondation de cette association. Je crois qu il aurait aimé être avec nous ce soir ; lui, l homme de culture, qui aimait tant la peinture et la création ; lui, qui avait tant œuvré pour que Lyon ne soit plus une Cité «que les grands talents inquiètent et que les grandes lumières offusquent». Au fond, en montrant l apport de Jean Couty à la peinture française, cette monographie est l occasion de rappeler toute la valeur de la création pour notre société. C est l une des valeurs que porte notre municipalité. C est la raison pour laquelle avec mes équipes, nous promouvons depuis dix ans la création sous toutes ses formes et dans tous les domaines. C était, hier, le Festival Lumière. C est en ce moment-même, la Biennale d Art contemporain, devenue événement de référence dans le monde de l art actuel. 6
Notre rassemblement ce soir est à l image de cette dynamique. Et c est pour moi une grande fierté qu à Lyon, nous sachions à la fois promouvoir la créativité et valoriser notre patrimoine culturel. Merci, Chère Simone, Cher Charles, de nous permettre de contempler, de redécouvrir ces œuvres de l immense artiste que fut Jean Couty. C était à la fois un grand artiste et un homme hors du commun. Je vous remercie. 7